O intreprindere cu acelasi nume a luat in antrepriză furnizarea de apă potabilă intr-una din republicile bananiere din America centrala. Pretul apei a fost multiplicat cu nu stiu cât. Dan C
Bechtel, tête de pont du business américain
Gilles Fontaine - 01/03/2003 - L'Expansion
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Bouygues Vinci ou Suez ne craignent rien autant que cette entreprise d'ingénierie, qui rabat les contrats d'après-guerre au profit des Etats-Unis.
Dans cet immeuble ordinaire d'une vingtaine d'étages situé au coeur du quartier d'affaires de San Francisco, une petite unité de baroudeurs civils se prépare, dans la plus grande discrétion, à investir l'Irak. Le building est la propriété de la Bechtel Corporation, n° 1 américain de la construction et de l'ingénierie, et derrière ses façades marron se dessinent déjà les premières ébauches de la reconstruction de ce grand pays stratégique du Moyen-Orient.
Le groupe californien s'est fait le spécialiste des chantiers mastodontes, l'indispensable rebâtisseur des zones dévastées par la guerre, le négociateur avisé des appels d'offres en tout genre. De toute sa puissance, il écarte la concurrence étrangère, qui dans ce domaine là est souvent française. En mars 1991, ses commandos d'ingénieurs d'affaires avaient débarqué dans le sillage des forces armées américaines pour remettre en état les puits de pétrole incendiés par les Irakiens. Les managers américains avaient mené en urgence les opérations de lutte contre les incendies et, dans la foulée, engagé la reconstruction des installations pétrolifères : plus de 2 000 kilomètres de pipeline, des dizaines de bâtiments, des centaines d'entrepôts et de réservoirs... Douze ans plus tard, les équipes de Bechtel constituent un élément essentiel du plan de bataille de Washington. De leur aptitude à remettre rapidement en marche les installations irakiennes et les grandes infrastructures du pays dépend la stabilité du marché pétrolier mondial, et donc aussi, dans une certaine mesure, la santé de l'économie américaine.
Comme à son habitude, le groupe de San Francisco se montre extrêmement discret sur son implication dans ce gigantesque contrat. Le secret est inscrit dans le code génétique de cette entreprise plus que centenaire. « Il n'y a aucune raison pour que le public entende parler de nous, nous ne vendons rien au public », avait coutume de dire l'ancien PDG Stephen Bechtel. Le capital du groupe est entièrement aux mains de la famille et des membres de l'état-major, qui doivent toutefois rendre leur paquet d'actions à la compagnie - à un prix déterminé à l'avance - en cas de départ, ou de décès.
Sur le papier, le bilan du constructeur impressionne. Jugez du peu : Bechtel emploie quelque 50 000 personnes dans le monde et a engrangé, l'an dernier, 13,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires, l'équivalent de l'activité de Bouygues. L'entreprise se targue d'avoir décroché près de 20 000 contrats dans 140 pays au cours du siècle écoulé, et son nom est associé à plusieurs ouvrages mythiques tels que le Hoover Dam (le plus grand barrage des Etats-Unis), la base militaire de Da Nang, au Vietnam, ou encore le tunnel sous la Manche...
L'entreprise est en revanche extrêmement discrète sur ses profits. Ils permettent cependant aux héritiers Bechtel de se hisser à la cinquantième place des plus grosses fortunes américaines, selon le pointage réalisé en 2002 par le magazine Forbes. Ridley, 50 ans, actuel PDG, et son père Stephen, 77 ans, aujourd'hui retraité, pèsent chacun plus de 3,2 milliards de dollars. Tous deux sont les dignes héritiers de Warren Bechtel, un entrepreneur de l'Oklahoma qui avait fait fortune au début du xxe siècle en enchaînant les contrats de construction sur le chantier de la voie ferrée de la côte ouest. Le wagon qui lui servait à la fois de bureau et de maison est aujourd'hui exposé devant le siège du groupe.
Entre 1960 et 1990, Stephen Jr, son petit-fils, a bouleversé les habitudes tranquilles de l'entreprise. Cet ingénieur, diplômé de l'université Stanford, a injecté la politique dans son business, tissant un impressionnant réseau d'amitiés au sein de l'administration américaine. La liste des anciens salariés et consultants de la compagnie compte notamment trois anciens patrons de la CIA (John McCone, Richard Helms et William Casey), un ancien secrétaire d'Etat (George Schultz), un ex-secrétaire à la Défense (Caspar Weinberger) et quelques diplomates de renom comme Philip Habib, envoyé spécial de Ronald Reagan au Moyen-Orient.
Bechtel a maintes fois prouvé l'efficacité de ses réseaux. Durant l'été 1996, plusieurs hauts responsables du groupe avaient accompagné Mickey Kantor, secrétaire d'Etat au Commerce de Bill Clinton, lors d'une visite officielle dans les Balkans. Au même moment, quelques observateurs politiques s'étaient interrogés sur les raisons d'un cadeau de Bechtel au Parti démocrate : 125 000 dollars - à peu près le montant cumulé des dons des cinq années précédentes - versés par la compagnie, pourtant réputée proche des républicains, au parti de Clinton. Mickey Kantor lui-même avait fait l'étonné. Le 3 avril 1998, le constructeur signait avec le gouvernement croate un contrat de 600 millions de dollars, financé en partie par un prêt de l'Export-Import Bank - l'équivalent américain de la Coface -, pour la construction d'une autoroute entre Bregana et Dubrovnik. Un porte-parole de Bechtel avait nié toute relation entre le don et l'obtention du contrat. L'intervention des politiques américains et l'obtention du prêt garanti avaient en tout cas été décisives pour le succès du groupe, et les concurrents européens se plaignent en coulisse des pratiques musclées de leur rival. Mais ce mécontentement ne s'est encore jamais traduit par des actions en justice.
Difficile pourtant de se fâcher avec ce mastodonte, compte tenu de son influence, mais aussi de la palette étendue de ses métiers. Bechtel est en effet présent sur toute la chaîne de la construction, bâtisseur mais aussi donneur d'ordres et concepteur de projets. Un mélange des genres qui frise parfois le conflit d'intérêts. Comme au Liban, pendant les années 90 : Bechtel, très actif dans la reconstruction du pays, conseillait également le gouvernement libanais dans ses appels d'offres. Un responsable d'un groupe de BTP français reproche à Bechtel d'avoir déjà, à plusieurs reprises, « puisé de la matière grise » chez ses concurrents dans des projets dont il était maître d'oeuvre.
Mais la success story Bechtel a aussi ses revers et ses contradictions. En 1984, le groupe était sur le point de démarrer, pour le compte de Bagdad, la construction d'un pipeline entre l'Irak et la Jordanie. Un contrat de 1 milliard de dollars. Mais au dernier moment, Saddam Hussein avait fait machine arrière, exigeant que le gouvernement israélien de Shimon Peres s'engage à ne pas détruire l'installation. Au début de 1985, le constructeur américain avait pris contact avec Bruce Rappaport, homme d'affaires suisse très proche des autorités israéliennes. Peu après, le gouvernement Peres était secoué par une sombre affaire de pots-de-vin, et le grand projet de pipeline avait été abandonné. Bechtel ne gagne pas à tous les coups.
Quand les Français imitaient Bechtel
Face à la puissance de feu de la machine à contrats Bechtel et de ses réseaux politiques, les entreprises françaises se sont organisées. Mal préparées au début des années 90, elles avaient raté le coche de la reconstruction du Liban et du Koweït. Aussi, dès la fin des hostilités en Bosnie, les industriels français étaient sur le terrain, prêts à en découdre cette fois. Sous l'égide du ministère de la Défense, une vingtaine de spécialistes civils de tous horizons - BTP, transports, justice, éducation... -, nantis d'un grade fictif d'officier de réserve, avaient été envoyés sur place au printemps 1994. Leur mission : réaliser l'audit du pays ravagé par la guerre et chiffrer les différents projets de reconstruction. Atout supplémentaire pour ce groupe d'étude : la possibilité de compter sur le soutien logistique des troupes françaises déployées dans la région et leur parfaite connaissance du terrain. Mais le manque de coordination politique et les rivalités interministérielles réduiront presque à néant leurs efforts.
La France, c'est 166 missions économiques à l'étranger
Plus de 2 000 agents du ministère des Finances sont implantés dans 118 pays. Leur rôle : accompagner et soutenir les entreprises françaises qui souhaitent prospecter de nouveaux marchés, s'implanter à l'étranger et sécuriser leurs transactions.
Source : Dree
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