luni, 23 noiembrie 2020

La nécessité de reconnaître la République du Haut-Karabagh

Vă rog să citiți acest text selectat de mine, în speranța că vă poate interesa. Cu prietenie, Dan Culcer


Le mercredi 25 novembre, le Sénat va voter sur un projet de résolution « portant sur la nécessité de reconnaître la République du Haut-Karabagh », co-signé par les deux principales composantes de la majorité sénatoriale de droite et les trois groupes de gauche. Cette résolution revêt une importance capitale pour la France en termes de politique étrangère, de défense de la démocratie et de protection des droits de l’homme.

Territoire arménien depuis plus de vingt siècles, le Haut-Karabagh a été rattaché à l’Azerbaïdjan soviétique en juillet 1921 sur décision unilatérale de Staline. Jusqu’à la chute de l’URSS, le Haut-Karabagh disposait d’un statut de région autonome, en vertu duquel les autorités du Haut-Karabakh ont recouru au droit de sécession de l’URSS et ont proclamé leur indépendance en 1991, en vue d’un rattachement avec la République d’Arménie. Pour rétablir leur contrôle sur la région, les autorités azerbaïdjanaises ont alors lancé une guerre qui s’est soldée par la victoire militaire des Arméniens et la signature d’un cessez-le-feu en mai 1994. Depuis, aucune résolution pacifique et négociée entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan n’a été trouvée, le peuple du Haut-Karabakh défendant son droit à l’autodétermination, tandis que l’Azerbaïdjan campe sur le principe d’intégrité territoriale, sans dissimuler son ambition de reprendre le contrôle du territoire par la force.

Le 27 septembre 2020, l’Azerbaïdjan a lancé – en étroite collaboration avec la Turquie – une offensive militaire de grande envergure contre la République du Haut-Karabakh. Pendant quarante-quatre jours, les Arméniens ont résisté, mais l’Azerbaïdjan, fort de son armement sophistiqué et de l’expertise de son allié turc, s’est imposé sur le champ de bataille, ne reculant devant aucun crime de guerre : utilisation d'armes à sous-munitions contre des zones peuplées, frappes au phosphore blanc pour incendier les forêts, mobilisation de plusieurs milliers de djihadistes syriens acheminés par la Turquie, bombardements d’infrastructures civiles et de lieux de culte, tortures et décapitations, etc.

Le 9 novembre dernier, l’Arménie s’est vue contrainte de signer un cessez-le-feu humiliant lui imposant de céder plusieurs territoires. Cependant, cet accord de cessez-le-feu n’est pas un traité de paix. Si d’un point de vue juridique, le principe de l’intangibilité des frontières et celui du droit à l’autodétermination des peuples sont souvent contradictoires, la solution à la question actuelle du Haut-Karabakh n’est pas juridique, mais bien politique. En vue d’un règlement négocié et durable du conflit, il est donc indispensable de placer les Arméniens sous la protection de la communauté internationale en reconnaissant l’indépendance du Haut-Karabakh.

Sur le plan géopolitique, de nombreux éléments démontrent que la Turquie est à l’origine de l’offensive lancée récemment contre la population du Haut-Karabagh, que ce soit par la mise à disposition de son équipement militaire, le déploiement de mercenaires ayant servi au sein de groupes djihadistes en Syrie et un soutien diplomatique sans faille à ses « frères azéris ». Ce conflit meurtrier, qui se déroule aux confins de deux régions particulièrement instables – le Caucase et le Moyen-Orient – comporte un risque d’escalade impliquant potentiellement des puissances régionales. La politique expansionniste conduite par la Turquie, facteur majeur de déstabilisation dans différentes régions du monde, constitue une menace pour la sécurité de la France et de l’Europe dans son ensemble, ainsi que pour les valeurs culturelles et démocratiques. Car ce que le tandem turco-azéri vise avec cette offensive, ce sont non seulement des vies humaines, des biens matériels, mais aussi une démocratie. En effet, depuis vingt-cinq ans, la République du Haut-Karabagh a développé ses propres institutions politiques et fonctionne comme un Etat indépendant et démocratique, à l’inverse de l’Azerbaïdjan, une dictature qui réprime férocement sa propre population et qui a progressivement éradiqué tous les activistes des droits de l’homme, les journalistes indépendants et les ONG.

Malgré la présence d’une force russe d’interposition pendant cinq ans dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu, la population arménienne du Haut-Karabakh continue de faire face au risque d’anéantissement. Même si les forces russes parviennent à imposer une stabilité temporaire, la perspective à l’issue de cette période est parfaitement claire : nouvelle guerre et parachèvement du nettoyage ethnique du Haut-Karabakh. Pour rappel, lorsqu’elle était sous administration azérie, la population arménienne du Haut-Karabagh a été soumise de façon répétée à des massacres organisés, notamment à Soumgaït (25-27 février 1988), à Kirovabad (23 novembre 1988), à Bakou (12-19 janvier 1990) et à Maragha (10 avril 1992). Comme l’ont documenté de nombreuses organisations internationales et ONG, les hommes d’Etat azéris, à commencer par le président Ilham Aliev, appellent couramment à l’éradication des Arméniens de la région. Faut-il rappeler que les Arméniens ont subi l’un des premiers génocides du XXe siècle en 1915, et que le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, a souvent répété sa volonté de parachever l’œuvre commencée par ses prédécesseurs ottomans ?

Dans le cadre du Groupe de Minsk dont elle assure la co-présidence aux côtés de la Russie et des Etats-Unis depuis 1994, la France a toujours affirmé sa position de neutralité et sa volonté de promouvoir un processus négocié de règlement du conflit. Avec ce projet de résolution, la France se trouve aujourd’hui face à une opportunité : celle de s’affirmer comme le fer de lance de la défense des valeurs de la civilisation européenne face l’alliance turco-azérie qui viole impunément les principes humanitaires les plus élémentaires. Trente-cinq ans après son déclenchement, il est temps que ce conflit gelé issu de l’effondrement de l’URSS trouve sa solution définitive, afin que les générations futures ne continuent pas à payer de leur sang le prix de l’inaction de la communauté internationale.

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On Wednesday, November 25, the Senate will vote on a draft resolution “on the need to recognize the Republic of Nagorno-Karabakh”, co-signed by the two main components of the right-wing senatorial majority and the three left-wing groups. This resolution is of capital importance for France in terms of foreign policy, the defense of democracy and the protection of human rights.

An Armenian territory for over twenty centuries, Nagorno-Karabakh was reunited with Soviet Azerbaijan in July 1921 by Stalin’s unilateral decision. Until the fall of the USSR, Nagorno-Karabakh had an autonomous region status, under which the Nagorno-Karabakh authorities resorted to the right of secession from the USSR and proclaimed their independence in 1991, with a view to joining the Republic of Armenia. To reestablish their control over the region, the Azerbaijani authorities then launched a war which ended in the military victory of the Armenians and the signing of a ceasefire in May 1994. Since then, no peaceful and negotiated resolution between Armenia and Azerbaijan have not been found, the people of Nagorno-Karabakh defending their right to self-determination, while Azerbaijan stands on the principle of territorial integrity, without concealing its ambition to regain control of the territory by force.

On September 27, Azerbaijan launched - in close collaboration with Turkey - a large-scale military offensive against the Nagorno-Karabakh Republic. For forty-four days, the Armenians resisted, but Azerbaijan, with its sophisticated weaponry and the expertise of its Turkish ally, imposed itself on the battlefield, not shrinking from any war crimes: use cluster munitions against populated areas, white phosphorus strikes to set fire to forests, mobilization of several thousand Syrian jihadists transported by Turkey, bombardments of civilian infrastructure and places of worship, torture and beheading, etc.

On November 9, Armenia was forced to sign a humiliating ceasefire requiring it to cede several territories. However, this ceasefire agreement is not a peace treaty. If from a legal point of view, the principle of the inviolability of borders and that of the right to self-determination of peoples are often contradictory, the solution to the current issue of Nagorno-Karabakh is not legal, but political. . For a negotiated and lasting settlement to the conflict, it is therefore essential to place the Armenians under the protection of the international community by recognizing the independence of Nagorno-Karabakh.

On the geopolitical level, many elements show that Turkey is at the origin of the offensive launched recently against the population of Nagorno-Karabakh, whether by the provision of its military equipment, the deployment of mercenaries having served within jihadist groups in Syria and unfailing diplomatic support for his "Azeri brothers". This deadly conflict, which unfolds on the borders of two particularly unstable regions - the Caucasus and the Middle East - carries a risk of escalation potentially involving regional powers. The expansionist policy pursued by Turkey, a major factor of destabilization in various regions of the world, constitutes a threat to the security of France and of Europe as a whole, as well as to cultural and democratic values. Because what the Turkish-Azeri tandem is aiming for with this offensive are not only human lives, material goods, but also democracy. Indeed, for twenty-five years, the Republic of Nagorno-Karabakh has developed its own political institutions and functions as an independent and democratic state, unlike Azerbaijan, a dictatorship which fiercely represses its own population and which has gradually eradicated all human rights activists, independent journalists and NGOs.

Despite the presence of a Russian interposition force for five years under the ceasefire agreement, the Armenian population of Nagorno-Karabakh continues to face the risk of annihilation. Even if Russian forces succeed in enforcing temporary stability, the prospect for the end of this period is perfectly clear: another war and the completion of the ethnic cleansing of Nagorno-Karabakh. As a reminder, when it was under Azeri administration, the Armenian population of Nagorno-Karabakh was repeatedly subjected to organized massacres, notably in Sumgait (25-27 February 1988), in Kirovabad (23 November 1988), in Baku. (January 12-19, 1990) and in Maragha (April 10, 1992). As many international organizations and NGOs have documented, Azeri statesmen, starting with President Ilham Aliev, routinely call for the eradication of Armenians from the region. Need we remind you that the Armenians suffered one of the first genocides of the 20th century in 1915, and that the Turkish President, Recep Tayyip Erdoğan, has often repeated his desire to complete the work begun by his Ottoman predecessors?

Within the framework of the Minsk Group, of which it has co-chaired alongside Russia and the United States since 1994, France has always affirmed its position of neutrality and its desire to promote a negotiated process for the settlement of the conflict. With this draft resolution, France today finds itself faced with an opportunity: that of asserting itself as the spearhead of the defense of the values ​​of European civilization in the face of the Turkish-Azeri alliance which violates the most basic humanitarian principles with impunity. Thirty-five years after its outbreak, it is time for this frozen conflict resulting from the collapse of the USSR to find its final solution, so that future generations do not continue to pay with their blood the price of the inaction of the International community.