Vă rog să citiți acest text selectat de mine, în speranța că vă poate interesa. Cu prietenie, Dan Culcer
Dragi compatrioţi!
Cu prilejul Zilei Naţionale a României, Centrul Bucovinean de Artă pentru
conservarea şi promovarea culturii tradiţionale româneşti Cernăuţi în
parteneriat cu Centrul Cultural Bucovina şi Liga tineretului român "Junimea",
cu sprijinul Ministerului pentru cultură al Ucrainei şi Administraţia Regională
de Stat Cernăuţi, organizează la Cernăuţi, în perioada 10 - 11 decembrie 2011
ZILELE CULTURII TRADIŢIONALE ROMÂNEŞTI.
Din program:
10 decembrie 2011
12.00 - Deschiderea Festivă a ediţiei a V-a a Festivalului Internaţional
de folclor autentic românesc „SĂ-MI CÂNŢI, COBZAR”
Cernăuţi, Piaţa Integrităţii
19.00 - Spectacol folcloric
Căminul cultural Boian, Satul Boian, raionul Noua Suliţa
11 decembrie 2011
10.00 - Simpozionul de folclor şi etnografie "Vatra dulce strămoşească"
Centrul Bucovinean de Artă, Cernăuţi, str.28 iunie, nr.7
Expoziţie de fotografie „ Istoria unui neam”
Societatea Mihai Eminescu, Cernăuţi, Piaţa Centrală, nr. 9
13.00 - Spectacolul de Gală al ediţiei a V-a a Festivalului Internaţional
de folclor autentic românesc „SĂ-MI CÂNŢI, COBZAR”.
Târgul meşterilor populari
PALATULUI ACADEMIC al Universităţii Bucovinene de medicină
Cernăuţi, str. Schiller, nr.11
Intrarea liberă. Vă aşteptăm cu drag! Mai multe detalii pe site-ul: www.artbuc.cv.ua
marți, 29 noiembrie 2011
luni, 28 noiembrie 2011
Hajnalka Vincze. L' Europe face à un monde multipolaire en déséquilibre
Vă rog să citiți acest text selectat de mine, în speranța că vă poate interesa. Cu prietenie, Dan Culcer
L' Europe face à un monde multipolaire en déséquilibre
The Federalist Year LI, 2009, (basée sur l intervention au Séminaire international organisé sous l égide du Comité pour l Etat Fédéral Européen, Strasbourg, 7 mars 2009)
Langue originale de la publication: Anglais
"Nous sommes impassibles comme si l Histoire attendait, comme si nous avions le temps de transformer nos mentalités, comme si nous avions l éternité devant nous." (, 1950)
La place de l’Europe est loin d’être assurée sur l’échiquier géopolitique, actuellement en pleine reconfiguration. Pourtant, cela fait déjà un bon moment que les évolutions en cours sont amorcées et que les grandes lignes de ces mutations se dessinent de manière plutôt limpide. Ce que l’on désignait, au lendemain de la disparition de l’Union soviétique, comme « le moment unipolaire » touche inexorablement à sa fin, n’en déplaisent à ceux qui voulaient, et pour certains voudraient encore, y placer tous leurs espoirs. Les Etats-Unis, toujours soucieux de maintenir leur leadership dans les affaires de la planète, ont été longtemps agacés d’entendre parler de « monde multipolaire ». Ils y voyaient l’expression codée d’un complot anti-américain. Auquel agacement les responsables européens, en particulier français, n’avait de cesse de rétorquer qu’il s’agissait non point d’un projet, mais d’un constat tout simple.
Etat des lieux – hier comme aujourd’hui
Or ce constat n’est pas aussi nécessairement réjouissant que l’on pourrait croire de prime abord. Car si un ordre mondial articulé autour d’un seul pôle prédominant comporte incontestablement la tentation forte de l’abus de pouvoir, la multipolarité n’est pas pour autant, elle non plus, la panacée : elle n’est ni une garantie ni une valeur en soi. A vrai dire, rien ne nous assure qu’un système multipolaire soit forcément basé sur des rapports équilibrés et coopératifs. De surcroît, et ceci concerne directement les citoyens de notre vieux continent, rien ne nous dit non plus que l’Europe figurera parmi les futurs pôles de puissance. Bien au contraire. Si les tendances actuelles se poursuivent et se confirment, elle risque de devenir, comme Hubert Védrine l’avait judicieusement observé, « l’idiot du village global ».[1] D’après l’ancien ministre français des Affaires étrangères, l’Europe se condamnerait en s’attachant à sa conception très ingénue (et très solitaire) selon laquelle nous serions déjà dans une grande famille, celle de « la communauté internationale ». Ajoutons-y tout de suite une autre tare. A savoir l’aisance stupéfiante avec laquelle l’écrasante majorité des gouvernements européens se sont habitués à vivre dans la dépendance d’une puissance tierce. De ce point de vue, l’identité de celle-ci est tout à fait secondaire. Pour l’heure, il s’agit de l’Amérique, mais une fois les fondements matériels (perte/abandon d’autonomie dans les secteurs stratégiques) et psychologiques (réflexes d’alignement et d’autocensure des élites) d’une situation de subordination sont établis, le piège de l’abdication de la souveraineté se referme - et la sujétion se perpétue qui que soit la puissance tutélaire.
A leur grand désarroi, les Européens ne peuvent même pas trouver réconfort dans l’idée que le danger serait nouveau, les mutations récentes, et leurs propres faiblesses dues à des difficultés d’adaptation dans un monde qui change à une vitesse vertigineuse. Car les questions de fond auxquelles ils doivent répondre d’urgence sont posées depuis de longues décennies. Pour témoin, un rapport rédigé il y a plus de trente ans par le Premier ministre belge Leo Tindemans, qui avait dressé le diagnostic avec une impressionnante exactitude.[2] Les thèmes qu’il évoque et les interrogations qu’il soulève ont pu changer de forme ou d’intensité, mais certainement pas de nature.
Les propos prémonitoires du Rapport Tindemans
C’est en décembre 1975 que le Premier ministre Tindemans adresse son rapport à ses homologues européens, mais la plupart des observations qu’il contient gardent, de nos jours encore, toute leur fraîcheur. Son analyse reste pertinente lorsqu’il parle des défis à l’échelle globale : « L’inégalité dans la distribution des richesses menace la stabilité du système économique mondial, l’épuisement des ressources pèse sur l’avenir de la société industrielle, l’internationalisation de la vie économique accroît la dépendance de notre système de production ». De même, le document n’a pas vieilli d’une ride quand il met en exergue les risques que comporte le recul des Etats : « Depuis trente ans, le poids relatif et l’influence de nos États dans le monde n’ont cessé de se dégrader. Parallèlement, l’emprise des gouvernements nationaux sur les leviers qui permettent d’influencer l’avenir de nos sociétés s’est constamment réduite. Sur le plan interne comme sur le plan externe, la marge de manœuvre des États a diminué. Le danger est grand de cette double spirale d’impuissance, qui conduit de la faiblesse à la dépendance, source elle-même de nouveaux abandons ».
Les propos de Tindemans restent aussi d’actualité lorsqu’il s’agit des attentes des citoyens, et des impératifs stratégiques que l’Europe ne doit surtout pas perdre de vue si elle veut être en mesure d’y répondre : « Nos peuples attendent de l’Union européenne qu’elle exprime, là où il le faut et où on l’attend, la voix de l’Europe. Que notre action commune défende efficacement nos intérêts légitimes, qu’elle assure les bases d’une véritable sécurité dans un monde plus équitable ». Pour ce faire, « L’Europe doit fuir à la fois l’isolement, le repli sur soi qui la mettrait en marge de l’histoire, mais aussi la sujétion, l’étroite dépendance, qui l’empêcherait d’exprimer sa voix. Elle doit retrouver une certaine maîtrise de son destin ». Sur ce point, le Premier ministre belge se révèle être complètement au diapason avec le sentiment profond, et remarquablement constant, des citoyens. Ce n’est pas un hasard si, dans les Eurobaromètres successifs, la PESC (politique étrangère et de sécurité commune) et la Défense européenne continuent de bénéficier du soutien massif (plus de 70%) de l’opinion publique – avec une majorité écrasante (plus de 80%) lorsqu’il s’agit de préciser que cette politique européenne « doit être indépendante des Etats-Unis ».
En effet, l’une des principales vertus du Rapport Tindemans est que, concernant nos relations avec l’Amérique, il n’hésite pas de mettre le doigt sur les vérités qui dérangent. Même de nos jours, il est rare de trouver des responsables européens prêts à admettre des évidences tel le fait que si l’Europe s’est construite, c’est aussi, sinon surtout, pour pouvoir peser face aux Etats-Unis. Ou à évoquer l’hypothèse, ô combien sacrilège, que nos intérêts respectifs peuvent ne pas toujours être identiques au sein de cette grande famille transatlantique qui, par ailleurs, n’est pas non plus forcément monolithique. « Les relations avec les États-Unis, qui sont à la fois alliés, nos partenaires et parfois nos concurrents, posent à l’Union européenne des questions d’une grande ampleur. La nécessité pour l’Europe de parler d’une seule voix dans ses rapports avec les États-Unis est une des motivations profondes de la construction européenne ». L’objectif est d’« établir avec les États-Unis des rapports fondés sur le principe de l’égalité, exempts de toute idée de sujétion, qui reflètent à la fois ce qu’il y a de commun dans nos valeurs fondamentales, nos intérêts et nos responsabilités, et ce qu’il y a de différent dans le destin de nos deux régions du monde ».
Le facteur américain au cœur du problème
Or sur ce point crucial, qui constitue le nœud des questions de fond concernant la construction européenne, les visions des Etats membres restent incompatibles les unes avec les autres. Ou, pour reprendre les termes euphémistiques du rapport Tindemans, les capitales européennes sont loin, très loin, « d’arriver à une appréciation rigoureusement identique des rapports entre les États-Unis et l’Europe ». Rien d’étonnant à cela. Les Etats-Unis ont toujours été le grand sujet tabou des discussions en matière de PESC, et ceci malgré le fait que les prises de position des uns et des autres se définissent essentiellement par rapport à ce non-dit qu’est la position, bien connue et/ou discrètement communiquée d’avance, des autorités washingtoniennes. Et malgré aussi le fait que la première question que se posent les responsables des pays tiers au sujet de la politique étrangère et de défense de l’UE, est de savoir si elle se construit comme un complément ou comme un contrepoids à la politique américaine. Question laissée indéfiniment en suspens.
Déjà en 1973, lors de la rédaction de la « Déclaration sur l’identité européenne », une différence subtile, mais parlante, entre les versions anglaise et française rend compte des visions diamétralement opposées. Pour les Français, les relations avec l’Amérique ne doivent pas influencer, d’aucune manière, l’affirmation d’une politique européenne qu’ils veulent voir indépendante (« Les liens étroits qui existent entre les Etats-Unis et l’Europe des Neuf n’affectent pas la détermination des Neuf de s’affirmer comme une entité distincte et originale »), alors même que les Britanniques préfèrent souligner qu’ils nient jusqu’à l’idée même d’une éventuelle contradiction entre les deux (“The close ties between the United States and Europe of the Nine do not conflict with the determination of the Nine to establish themselves as a distinct and original entity.” ).[3]
Cette opposition fondamentale est à l’origine des tribulations futures de la PESC/PESD (politique européenne de sécurité et de défense), et explique bon nombre d’organigrammes surréalistes, de formules fantasques et d’épisodes ubuesques. Comme l’avait observé Nicole Gnesotto, ancienne directrice de l’Institut des Etudes de sécurité de l’UE : « Alors que les Européens peuvent assez facilement tomber d’accord sur une vision plus ou moins commune du monde, ils sont divisés sur le rôle de l’Union pour gérer les crises du monde. Puisque ce rôle est largement fonction du type de relations que chacun des Etats membres souhaite construire avec les Etats-Unis, de manière bilatérale ou dans les cadres de l’OTAN, les Européens n’ont jamais pu se mettre d’accord sur la finalité de leur coopération politique et militaire. Les débats récurrents sur les vertus ou vices de la multipolarité ou de l’unipolarité, ainsi que les discussions sur le degré possible de l’autonomie européenne en matière de défense, sont les illustrations les plus caricaturales de cette division latente parmi les Européens concernant le rôle de l’Union et ses relations avec la superpuissance américaine ».[4]
Au risque de se répéter, il convient d’insister sur le fait que les relations de dépendance ou d’autonomie que nous définissons par rapport à l’Amérique aujourd’hui, verrouillent nos positions vis-à-vis n’importe quelle puissance à l’avenir. La sujétion implique des conséquences durables, tant sur le plan matériel que psychologique. La résignation à la dépendance technologique et industrielle signifie que nous acceptons un décrochage définitif, avec nos secteurs stratégiques soit réduits à une fonction de sous-traitance, soit complètement détruits. Psychologiquement, le fait de s’en remettre à quelqu’un d’autre pour sa propre défense forge progressivement une culture de déresponsabilisation et nous ôte toute dignité. C’est dans cette perspective que dans son livre Jean-François Deniau, négociateur français du Traité de Rome et premier Commissaire européen chargé de relations extérieures, a mis en avant l’exigence d’une Europe indépendante (« il n’y en a pas d’autre »), et attiré l’attention sur les questions de défense : « parce que tôt ou tard, elles conditionnent toutes les autres et parce qu’il n’y a pas de sentiment d’identité sans l’exercice de responsabilités, la plus importante des responsabilités étant celle qui consiste à rester capable de choisir son destin, autrement dit de se défendre ».[5]
Mythes, illusions et naïvetés
A l’instar de Jean Monnet, Deniau disait avoir confiance en « la force des idées simples ». Or, les relations transatlantiques se sont avérées être, à cet égard, l’exception qui confirme la règle. Si le mélange de lieux communs, de grands élans rhétoriques, de petits calculs mesquins et d’aveuglement émotico-idéologique qui constitue, du côté européen, le fondement de nos rapports avec l’Amérique, continue de résister au temps en dépit de la logique la plus élémentaire, c’est parce que nos élites n’ont eu de cesse de propager des conceptions profondément naïves (ou coupablement trompeuses) sur les questions de puissance et d’autonomie.
Questions de puissance
La réticence des Européens à réfléchir en termes de puissance se traduit, entre autres, par leurs tentatives de minimiser la prégnance des réalités géopolitiques et par leur croyance béate en l’utopie d’une « Europe puissance civile ».
Le mythe de la « postmodernité »
Par tradition, les Européens apparaissent particulièrement sensibilisés à l’héritage de l’histoire et tout ce qui va avec : cultures, identités, méfiance vis-à-vis d’interprétations unidimensionnelles ou simplistes. Or l’importance que l’on attache à ces facteurs nous différencie de nos cousins d’outre-Atlantique. Comme l’avait noté Javier Solana, Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité commune : « Quand les Américains disent ‘c’est l’histoire’ (it is history'), ils entendent souvent par là que ceci n’a plus d’importance. Quand les Européens disent ‘c’est l’histoire’, c’est en général pour indiquer le contraire ».[6] N’empêche que, depuis le début des années 1990, les élites européennes ont été de plus en plus séduites par les thèses américaines sur « la fin de l’Histoire », et obnubilées par les incantations, souvent déguisées en discours droitsdelhommiste, sur le merveilleux et irrésistible projet qu'est l’exportation du modèle occidental.
L’idéologie postmoderniste ne se contente pas de nous placer, en quelque sorte, « au-delà » de l’histoire, elle entend nous mettre aussi « en dehors » de la géographie. A nouveau, deux visions s’affrontent, ce qui se reflète, en l’occurence, dans les versions anglaises et françaises du texte de la Stratégie européenne de sécurité. Lequel document sert pourtant, aux responsables européens dans leurs relations avec des dirigeants étrangers, comme une carte de visite. Or, une fois de plus, les minuscules nuances dans les traductions rendent compte de divergences profondes. Si pour les Français « Même à l’ère de la mondialisation, la géographie garde toute son importance. », pour les Anglais il suffit de noter que “Even in an era of globalisation, geography is still important.” (« Même à l’ère de la mondialisation, la géographie est importante encore ». [7] On y retrouve le face-à-face habituel entre le réalisme géopolitique et une conception qui, au nom du post-modernisme, souhaiterait pouvoir faire fi des réalités. Cependant, les faits sont parlants. Notre Europe constitue le petit bout occidental du vaste continent eurasiatique (au point que les géographes, eux, nomme l’Europe de pseudo-continent), tandis qu’elle reste séparée de l’Amérique, au grand regret des atlantistes de tous bords, par 6000 kilomètres d’océan Atlantique. « L’Amérique ne fait pas partie de l Europe... Je crois l’avoir découvert sur la carte », avait remarqué le Général de Gaulle à l’époque, non sans une pointe d’ironie.
Le mythe de « L’Europe, puissance civile »
Le Président français Nicolas Sarkozy, avec son habituelle propension à marteler des évidences, tombe parfois sur des tabous qu’il brise, du coup, avec une désinvolture nonchalante. C’est ainsi qu’il observe, dans les colonnes du New York Times, que «L’Europe ne peut pas être une puissance économique sans assurer sa propre sécurité ».[8] Par cette remarque, pourtant aussi simple que logique, le chef de l’Etat achève d’un trait un demi-siècle de mascarade transatlantique. Avec, comme dommage collatéral, l’arsenal complet de la propagande pacifiste. En effet, l’abdication des responsabilités en matière militaire a des répercussions directes dans tous les domaines, et met en péril la survie même de l’ensemble d’un modèle sociétal. Indépendamment de ce que cette abdication se fasse par croyance béate en la paix universelle ou par esprit de servilité vis-à-vis d’une puissance étrangère. Comme l’avait relevé, avec une franchise tout à fait inhabituelle dans les milieux bruxellois, Robert Cooper (éminence grise de Javier Solana et directeur général des Affaires externes et politico-militaires du secrétariat général du Conseil) : « c’est extrêmement insatisfaisant que 450 millions d’Européens dépendent tellement de 250 millions d’Américains pour leur défense. Il n’y a pas de défense gratuite. A un point ou un autre, les Européens vont devoir payer pour ces arrangements. Rien ne garantit que les intérêts américains et européens vont toujours se coïncider ».[9] Tôt ou tard, on reçoit toujours la facture…
Nos amis d’outre-Atlantique ne s’en cachent pas d’ailleurs. Un document officiel publié par le Département de la Défense sous l’administration Clinton eut le mérite de tirer les choses au clair : « Nos alliés doivent être sensibilisés au lien qui existe entre le soutien américain à leur sécurité et leurs actions dans les domaines tels que la politique commerciale, le transfert des technologies et la participation aux opérations de sécurité multinationales ».[10] Et ce ne sont pas que des paroles en l’air. Déjà en 1962, en plein milieu de la guerre froide, le vice-président des Etats-Unis en visite à Berlin, l’endroit le plus sensible de l’Europe, avait brandi la menace de retirer les troupes américaines d’Allemagne si le Marché commun freinait les exportations de poulets américains vers le vieux continent…
Outre de nous mettre à la merci des pressions, voire chantages, d’un tiers, le refus de la puissance nous prive aussi de toute crédibilité, donc de toute influence réelle sur la scène internationale. Les épisodes tel celui de l’aéroport de Sarajevo, reconstruit grâce au financement européen, mais inauguré par le Secrétaire d’Etat américain ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Comme l’avait noté Robert Cooper : « l’absence de force militaire crédible signifie que lorsqu’il s’agit des questions comme le Kosovo, l’Irak ou l’Afghanistan, les décisions clés sont prises à Washington ». Et ce malgré un engagement financier robuste et la présence massive de soldats européens sur les théâtres d’opération. Dans une vraie situation de crise, poursuit Cooper, « les Européens se retrouveraient extrêmement dépendants de la bienveillance de l’Amérique ». Or du point de vue de la puissance ou l’impuissance de l’Europe, la présence ou l’absence de « force militaire crédible » n’est pas une question de chiffres, mais une question d’autonomie. L’américaine Kori Schake, professeur à l’Académie militaire West Point, experte au Conseil de sécurité nationale pendant le premier mandat du Président Bush et conseillère en sécurité nationale du candidat républicain John McCain lors de la campagne électorale de 2008 avait brillamment mis le doigt sur ce truisme : « Sans disposer de forces militaires véritablement autonomes, les besoins de l’Europe sont subordonnés aux priorités des Etats-Unis. L’UE reste l’otage des préoccupations et du veto potentiel des Etats-Unis… ».[11] Voilà qui a le mérite d’être clairement dit.
Questions d’indépendance
A l’évidence, tout le monde ne voit pas d’un mauvais œil la subordination des intérêts européens aux desiderata de l’Amérique. Ceux qui, de part et d’autre de l’Atlantique, y trouvent leur compte ou s’y résignent ont le plus souvent recours aux trois arguments fallacieux qui suivent.
Le mythe du soutien américain au renforcement de l’Europe
Il est toujours de bon ton de rappeler le soutien indéfectible que Washington n’aurait cessé d’apporter à la construction de l’Europe. En laissant ici de côté la question des mobiles de cet appui américain (beaucoup moins altruistes que l’on n’aimerait admettre), on se limitera à soulever la question de sa cible. En d’autres termes, il convient surtout de préciser quelle sorte d’Europe les Etats-Unis encouragent-ils de se construire. Certes, il ne fait aucun doute que l’Amérique reste toujours un partisan inconditionnel, et fut même un des instigateurs, du Marché commun – du moins tant que celui-ci rejette sagement l’idée même de devenir une véritable Communauté économique. Celle-ci se distinguant du premier par la mise en place de politiques… tarifaires, commerciales, agricoles ou industrielles, toutes susceptibles, par définition, de protéger les intérêts des citoyens européens. A l’instar de celles que mènent de leur côté, et à juste titre, les autorités américaines. Dans la même veine, si les Etats-Unis ont fini par accepter, après des années de véhémentes protestations et de mises en garde, le lancement de la PESC/PESD, c’est parce qu’ils pensent pouvoir la confiner à des rôles qui leur soient utiles : paravent de légitimation politique (à leurs actions diplomatico-militaires), réservoir de supplétifs (déploiement, sous commandement ou contrôle US, de soldats européens), et marché captif (au bénéfice des industries d’armement américaines). Toujours est-il que Washington continue d’y voir un risque potentiel d’émancipation de ses alliés, et veille donc surtout à torpiller toute initiative susceptible, de près ou de loin, de mettre en cause sa position hégémonique.
Car derrière les remontrances convenues et les ricanements obligatoires au sujet de la prétendue « incapacité européenne » (illustrée par de poétiques images de « pygmées » et de « tigres en papier »), les préoccupations américaines sont d’une toute autre nature. Zbigniew Brzezinski, chef de file des milieux démocrates en matière de diplomatie et de sécurité, eut l’obligeance de nous les expliquer dans un de ses livres : « Avec le potentiel économique de l’UE qui équivaut déjà celui de l’Amérique et avec les deux entités déjà se heurtant dans les domaines financier et commercial, une Europe militairement émergente pourrait devenir une formidable concurrente pour l’Amérique. Elle constituerait inévitablement un défi à l’hégémonie US. (…) Une Europe politiquement forte, capable de rivaliser en matière économique, et qui ne serait plus militairement dépendante des Etats-Unis remettrait inévitablement en cause la suprématie américaine (…) et confinerait la sphère de la prédominance des USA grosso modo à la région du Pacifique ».[12] Ce n’est donc pas une surprise si Brzezinski encourage, et il n’est pas le seul, « la complémentarité, mais pas l’autonomie » de l’Europe vis-à-vis les Etats-Unis.
Le mythe de la complémentarité Europe-Amérique
L’éloge de cette « complémentarité » est, depuis quinze ans, un exercice obligatoire dans les milieux transatlantiques. Il n’en comporte pas moins deux erreurs de base. D’une part, dans l’acception partagée par l’Amérique et la plupart des gouvernements européens, la complémentarité s’opère en sens unique : elle signifie, bien entendu, celle de l’Europe par rapport à l’Amérique. Aussi, il n’est pas difficile de voir qu’entre la volonté de maintien d’un contrôle absolu dans les affaires de sécurité européenne (qu’incarne l’OTAN, cadre institutionnel de la tutelle US) et le désir d’une marge de manœuvre autonome (qu’exprime, malgré toutes les tergiversations internes, la mise en route de la Défense européenne), la tension est structurelle. Par conséquent, les deux non seulement ne sont pas complémentaires, mais risquent même d’être antinomiques. Comme l’avait observé Michael Cox, professeur des Relations internationales à The London School of Economics, auditionné par la Commission de la Chambre des Communes britannique : la contradiction peut être gérée « tant que la PESD ne sera pas réellement sérieuse ». Toutefois, « si la PESD devenait vraiment sérieuse, il pourrait y avoir une incompatibilité », et « il serait possible d'envisager une situation où la main gauche pourrait commencer à se battre avec la main droite ».[13]
De surcroît, l’exemple de la Grande-Bretagne est là pour témoigner des conséquences, désastreuses pour la souveraineté, d’une politique menée sous la bannière de la complémentarité. Pour l’ancien patron des exportations militaires de la Grande-Bretagne, Tony Edwards, son pays « maintient sa capacité de projection au prix d’une dépendance excessive par rapport aux Etats-Unis pour la technologie, les équipements, le soutien et le renseignement ».[14] L’analyse de l’ex-président de la Commission de Renseignement de Sa Majesté, M. Rodric Braithwaite, n’est pas plus rassurante. Pour lui, « Les décideurs politiques américains trouvent les Britanniques utiles en tant que valets d’armes à l'ONU et à l'OTAN, et comme des alliés militaires plutôt compétents quand de faire la guerre. De temps en temps, ils essaient d'utiliser les Britanniques comme un potentiel cheval de Troie, si la construction européenne semble sur la voie d’être trop bien réussie ». Braithwaite précise également qu’à force de chercher la « complémentarité » avec l’Amérique, désormais « dans une guerre réelle, les forces britanniques ne vont opérer que faisant partie intégrante des forces américaines, sous commandement américain et servant des intérêts américains ». Le verdict est sans appel : « Contrairement aux Français qui ont préféré un chemin plus solitaire, mais indépendant, la coopération avec les Américains a privé les Britanniques d'une grande partie de leur indépendance ».[15] Reste à voir si, en échange, ils ont réussi, ou du moins auraient une chance de réussir, à obtenir ne serait-ce qu’un minium d’influence. Sans surprise, la réponse est non – et un non retentissant.
Le mythe d’une influence possible sur Washington
Pour une illustration récente, il suffit de regarder la prestation du Premier ministre Blair dans l’affaire irakienne – et sa « récompense » en termes d’influence. Côté politique, l’ambassadeur britannique a lui-même avoué par la suite que Londres n’avait pas été tenu au courant (encore moins associé à l’élaboration) des plans de l’après-guerre. Côté militaire, quelques révélations de la presse ont mis en exergue qu’une fois placées sous commandement américain, les forces britanniques ne disposent plus de leurs propres moyens (incident emblématique dès le début de l’opération Iraqi Freedom : les troupes britanniques engagées au sol auraient eu besoin de l’appui de leurs propres avions – mais leurs appels sont restés sans effet. Le commandement américain a préféré envoyer les appareils britanniques à l’appui des forces US – en plus des avions US). Côté diplomatique, Londres n’a pas vraiment eu plus de succès. En témoignent les efforts de plus en plus désespérés déployés par Tony Blair pour pouvoir afficher ne serait-ce qu’un semblant de contrepartie en échange de son soutien inconditionnel. Washington ne leur a pas donné de suite – ni sur le dossier israélo-palestinien, ni sur celui du changement climatique. Comme le disait l’ancien chancelier allemand Helmut Schmidt, la relation anglo-américaine « est tellement spéciale que seuls les Britanniques sont au courant qu’elle existe ».
Et même les fidèles Britanniques commencent à avoir des doutes… D’après un rapport du prestigieux Chatham House, publié en décembre 2006 et signé par le directeur sortant, le cas de Tony Blair est surtout symptomatique d’une erreur d’appréciation plus générale, celle de la surévaluation des possibilités d’influence. En effet, « l'échec fondamental (de la politique extérieure de Blair) a été son incapacité à influencer l'administration Bush de quelque façon significative, malgré le sacrifice – militaire, politique et financier – qu'avait consenti le Royaume-Uni ». Or, poursuit le rapport, « étant donné la complexité byzantine de la politique washingtonienne, il a toujours été peu réaliste de croire que des puissances extérieures – aussi loyales qu’elles soient – puissent avoir beaucoup d’influence sur le processus américain de prise de décision ».[16] Mais pourquoi, au juste, devraient-elles avoir de l’influence sur la décision des autorités américaines qui ont pour mandat de défendre les intérêts de leurs propres citoyens ? En réalité, la question n’est pas celle de l’influence, mais celle d’une coopération éventuelle. Or qui dit coopération dit réciprocité. Le problème pour l’Europe, c’est qu’à partir d’une situation de dépendance il est impossible de participer à une coopération équilibrée. L’une des parties est toujours en mesure de quitter, ou de menacer de quitter, la coopération sans que son potentiel stratégique s’en trouve diminué, tandis que l’autre (ayant démantelé les bases de son autonomie) s’y trouve verrouillée. Bref, il faut être deux pour pouvoir coopérer sur un pied d’égalité. Le chemin qui pourrait y mener un jour est donc le même que celui qui doit conduire à l’autonomie.
Questions d’Europe : le mythe de l’ « européanisation » comme solution miracle
Force est de constater que ce chemin ne se dégage pas automatiquement d’une intégration européenne toujours plus poussée. Celle-ci pourrait même conduire, à défaut d’une prise de conscience urgente et générale des enjeux, exactement à l’inverse. Pour y voir plus clair, il faut d’abord dissiper un amalgame trompeur. En notant que le terme « européen » a deux aspects bien distincts. Le premier désigne, dans une acception bureaucratico-institutionnelle, le niveau européen par opposition au, et comme étant au-dessus du, niveau national. Le second nous définit par rapport au reste du monde et se réfère, dans une acception politico-stratégique cette fois-ci, à des intérêts et des priorités spécifiques à notre continent. Or les deux ne se confondent point. La supranationalisation ne nous mène pas mécaniquement à la prise en compte et à la poursuite des intérêts européens au sens géopolitique. Hélas, dans l’état actuel des choses, elle risque d’avoir l’effet contraire. Etant donné que la plupart des Etats membres sont réticents, voire hostiles à l’idée d’une Europe indépendante, tout « progrès » dans l’intégration, sous forme, par exemple, de passage au vote à la majorité dans les domaines stratégiquement sensibles, signifierait la mise en minorité immédiate de toute ambition de puissance et d’autonomie.
Les deux sortes de tensions intra-européennes à l’origine de la plupart des blocages font partie, de ce point de vue, d’une seule et même problématique. Que ce soit l’affrontement entre logique nationale et logique fédérale, ou entre vision autonomiste (en faveur d’une Europe indépendante) et vision atlantiste (préconisant une Europe soi-disant complémentaire des Etats-Unis), c’est autour de la question de souveraineté que s’articule le fond des débats. Or, si l’on part du principe que l’on construit l’Europe pour défendre, et non pas pour détruire, la souveraineté de ses peuples, les deux sortes de tensions sont indissociablement liées. En effet, un pays avec un haut degré d’indépendance et une conscience aiguë des enjeux de puissance (la France, pour ne pas la nommer) n’acceptera, et dans l’intérêt de l’Europe toute entière ne doit surtout pas accepter, le jeu supranational qu’à la condition que les mêmes exigences stratégiques de puissance et d’autonomie soient assumées et défendues, avec la même intransigeance et au même degré, par les autorités bruxelloises. Tant que la majorité des Etats membres s’y opposera, toute poussée intégrationniste ne pourra que nous verrouiller, toujours davantage, dans une position de dépendance définitive. D’un autre côté, Tindemans avait déjà averti qu’« un édifice inachevé ne peut pas défier le temps: il doit être complété, sinon il s’écroule ». Pour trancher ce nœud gordien, il faudra surtout en finir, une fois pour toutes, avec les mythes ; autrement dit rompre avec les illusions/idéologies pacifistes et atlantistes.
Comme l’avait formulé Jean Monnet dans ses Mémoires : « Les échecs que j’ai rencontrés étaient moins souvent le fait de gens bornés par nature que d’esprits délibérément fermés à l’évidence, que la loyauté envers leur système de référence rendait aveugles ».
Hajnalka Vincze
[1] Audition de Hubert Védrine devant la Commission sur le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, 4 octobre 2007.
[2] Rapport sur l’Union européenne, dit « Rapport Tindemans », Bruxelles, 29 décembre 1975.
[3] Declaration on The European Identity, 14 December 1973, Copenhagen. Déclaration sur l’identité européenne, 14 décembre 1973, Copenhague.
[4] Nicole Gnesotto, EU, US: visions of the world, visions of the other, in Shift or Rift – Assessing US-EU relations after Iraq, (ed. Gustav Lindstrom), Institut des études de sécurité de l’UE, Paris 2003.
[5] Jean-François Deniau, La découverte de l’Europe, Paris, Seuil, 1994.
[6] Discours de Javier Solana à l’Institut des études de sécurité de l’UE, 6 octobre 2006, Paris.
[7] A Secure Europe In a Better World – The European Security Strategy, 12 December 2003. Une Europe sûre dans un monde meilleur – Stratégie européenne de sécurité, 12 décembre 2003.
[8] Entretien du Président Nicolas Sarkozy avec le quotidien « The New York Times », 24 septembre 2007.
[9] Robert Cooper, The Breaking of Nations, Atlantic Books, London, 2004.
[10] Report on the Bottom-up Review, Les Aspin, Secretary of Defense, October 1993.
[11] Kori Schake, “The United States, ESDP and Constructive Duplication”, in J. Howorth and J.T.S. Keeler (eds.), Defending Europe: The EU, NATO and the Quest for European Autonomy, Palgrave MacMillan, 2003, pp.107-132.
[12] Zbigniew Brzezinski, The Choice : domination or leadership, Perseus Books, New York, 2004.
[13] House of Commons Defence Committee, The future of NATO and European defence, 20 mars 2008.
[14] Contribution au Livre vert de la Commission, apportée par M. Tony Edwards et citée dans « Le marché européen des équipements de défense : l’article 296 du Traité instituant la Communauté européenne et le Livre vert de la Commission européenne », rapport rédigé par Franco Danieli, à l’Assemblée générale de l’Union de l’Europe occidentale, 6 décembre 2005.
[15] Rodric Braithwaite, End of the affair, Prospect Magazine n° 86, mai 2003.
[16] Victor Bulmer-Thomas, Blair’s Foreign Policy and its Possible Successor(s), Chatham House, December 2006.
Texte complet: http://www.thefederalist.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=451&lang=enhttp://www.thefederalist.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=451&lang=en
(Hajnalka Vincze, L Europe face à un monde multipolaire en déséquilibre, The Federalist Year LI, 2009, (basée sur l intervention au Séminaire international organisé sous l égide du Comité pour l Etat Fédéral Européen, Strasbourg, 7 mars 2009), 32 000 caractères)
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Traduction rapide dans la langue suivante:
L' Europe face à un monde multipolaire en déséquilibre
The Federalist Year LI, 2009, (basée sur l intervention au Séminaire international organisé sous l égide du Comité pour l Etat Fédéral Européen, Strasbourg, 7 mars 2009)
Langue originale de la publication: Anglais
"Nous sommes impassibles comme si l Histoire attendait, comme si nous avions le temps de transformer nos mentalités, comme si nous avions l éternité devant nous." (, 1950)
La place de l’Europe est loin d’être assurée sur l’échiquier géopolitique, actuellement en pleine reconfiguration. Pourtant, cela fait déjà un bon moment que les évolutions en cours sont amorcées et que les grandes lignes de ces mutations se dessinent de manière plutôt limpide. Ce que l’on désignait, au lendemain de la disparition de l’Union soviétique, comme « le moment unipolaire » touche inexorablement à sa fin, n’en déplaisent à ceux qui voulaient, et pour certains voudraient encore, y placer tous leurs espoirs. Les Etats-Unis, toujours soucieux de maintenir leur leadership dans les affaires de la planète, ont été longtemps agacés d’entendre parler de « monde multipolaire ». Ils y voyaient l’expression codée d’un complot anti-américain. Auquel agacement les responsables européens, en particulier français, n’avait de cesse de rétorquer qu’il s’agissait non point d’un projet, mais d’un constat tout simple.
Etat des lieux – hier comme aujourd’hui
Or ce constat n’est pas aussi nécessairement réjouissant que l’on pourrait croire de prime abord. Car si un ordre mondial articulé autour d’un seul pôle prédominant comporte incontestablement la tentation forte de l’abus de pouvoir, la multipolarité n’est pas pour autant, elle non plus, la panacée : elle n’est ni une garantie ni une valeur en soi. A vrai dire, rien ne nous assure qu’un système multipolaire soit forcément basé sur des rapports équilibrés et coopératifs. De surcroît, et ceci concerne directement les citoyens de notre vieux continent, rien ne nous dit non plus que l’Europe figurera parmi les futurs pôles de puissance. Bien au contraire. Si les tendances actuelles se poursuivent et se confirment, elle risque de devenir, comme Hubert Védrine l’avait judicieusement observé, « l’idiot du village global ».[1] D’après l’ancien ministre français des Affaires étrangères, l’Europe se condamnerait en s’attachant à sa conception très ingénue (et très solitaire) selon laquelle nous serions déjà dans une grande famille, celle de « la communauté internationale ». Ajoutons-y tout de suite une autre tare. A savoir l’aisance stupéfiante avec laquelle l’écrasante majorité des gouvernements européens se sont habitués à vivre dans la dépendance d’une puissance tierce. De ce point de vue, l’identité de celle-ci est tout à fait secondaire. Pour l’heure, il s’agit de l’Amérique, mais une fois les fondements matériels (perte/abandon d’autonomie dans les secteurs stratégiques) et psychologiques (réflexes d’alignement et d’autocensure des élites) d’une situation de subordination sont établis, le piège de l’abdication de la souveraineté se referme - et la sujétion se perpétue qui que soit la puissance tutélaire.
A leur grand désarroi, les Européens ne peuvent même pas trouver réconfort dans l’idée que le danger serait nouveau, les mutations récentes, et leurs propres faiblesses dues à des difficultés d’adaptation dans un monde qui change à une vitesse vertigineuse. Car les questions de fond auxquelles ils doivent répondre d’urgence sont posées depuis de longues décennies. Pour témoin, un rapport rédigé il y a plus de trente ans par le Premier ministre belge Leo Tindemans, qui avait dressé le diagnostic avec une impressionnante exactitude.[2] Les thèmes qu’il évoque et les interrogations qu’il soulève ont pu changer de forme ou d’intensité, mais certainement pas de nature.
Les propos prémonitoires du Rapport Tindemans
C’est en décembre 1975 que le Premier ministre Tindemans adresse son rapport à ses homologues européens, mais la plupart des observations qu’il contient gardent, de nos jours encore, toute leur fraîcheur. Son analyse reste pertinente lorsqu’il parle des défis à l’échelle globale : « L’inégalité dans la distribution des richesses menace la stabilité du système économique mondial, l’épuisement des ressources pèse sur l’avenir de la société industrielle, l’internationalisation de la vie économique accroît la dépendance de notre système de production ». De même, le document n’a pas vieilli d’une ride quand il met en exergue les risques que comporte le recul des Etats : « Depuis trente ans, le poids relatif et l’influence de nos États dans le monde n’ont cessé de se dégrader. Parallèlement, l’emprise des gouvernements nationaux sur les leviers qui permettent d’influencer l’avenir de nos sociétés s’est constamment réduite. Sur le plan interne comme sur le plan externe, la marge de manœuvre des États a diminué. Le danger est grand de cette double spirale d’impuissance, qui conduit de la faiblesse à la dépendance, source elle-même de nouveaux abandons ».
Les propos de Tindemans restent aussi d’actualité lorsqu’il s’agit des attentes des citoyens, et des impératifs stratégiques que l’Europe ne doit surtout pas perdre de vue si elle veut être en mesure d’y répondre : « Nos peuples attendent de l’Union européenne qu’elle exprime, là où il le faut et où on l’attend, la voix de l’Europe. Que notre action commune défende efficacement nos intérêts légitimes, qu’elle assure les bases d’une véritable sécurité dans un monde plus équitable ». Pour ce faire, « L’Europe doit fuir à la fois l’isolement, le repli sur soi qui la mettrait en marge de l’histoire, mais aussi la sujétion, l’étroite dépendance, qui l’empêcherait d’exprimer sa voix. Elle doit retrouver une certaine maîtrise de son destin ». Sur ce point, le Premier ministre belge se révèle être complètement au diapason avec le sentiment profond, et remarquablement constant, des citoyens. Ce n’est pas un hasard si, dans les Eurobaromètres successifs, la PESC (politique étrangère et de sécurité commune) et la Défense européenne continuent de bénéficier du soutien massif (plus de 70%) de l’opinion publique – avec une majorité écrasante (plus de 80%) lorsqu’il s’agit de préciser que cette politique européenne « doit être indépendante des Etats-Unis ».
En effet, l’une des principales vertus du Rapport Tindemans est que, concernant nos relations avec l’Amérique, il n’hésite pas de mettre le doigt sur les vérités qui dérangent. Même de nos jours, il est rare de trouver des responsables européens prêts à admettre des évidences tel le fait que si l’Europe s’est construite, c’est aussi, sinon surtout, pour pouvoir peser face aux Etats-Unis. Ou à évoquer l’hypothèse, ô combien sacrilège, que nos intérêts respectifs peuvent ne pas toujours être identiques au sein de cette grande famille transatlantique qui, par ailleurs, n’est pas non plus forcément monolithique. « Les relations avec les États-Unis, qui sont à la fois alliés, nos partenaires et parfois nos concurrents, posent à l’Union européenne des questions d’une grande ampleur. La nécessité pour l’Europe de parler d’une seule voix dans ses rapports avec les États-Unis est une des motivations profondes de la construction européenne ». L’objectif est d’« établir avec les États-Unis des rapports fondés sur le principe de l’égalité, exempts de toute idée de sujétion, qui reflètent à la fois ce qu’il y a de commun dans nos valeurs fondamentales, nos intérêts et nos responsabilités, et ce qu’il y a de différent dans le destin de nos deux régions du monde ».
Le facteur américain au cœur du problème
Or sur ce point crucial, qui constitue le nœud des questions de fond concernant la construction européenne, les visions des Etats membres restent incompatibles les unes avec les autres. Ou, pour reprendre les termes euphémistiques du rapport Tindemans, les capitales européennes sont loin, très loin, « d’arriver à une appréciation rigoureusement identique des rapports entre les États-Unis et l’Europe ». Rien d’étonnant à cela. Les Etats-Unis ont toujours été le grand sujet tabou des discussions en matière de PESC, et ceci malgré le fait que les prises de position des uns et des autres se définissent essentiellement par rapport à ce non-dit qu’est la position, bien connue et/ou discrètement communiquée d’avance, des autorités washingtoniennes. Et malgré aussi le fait que la première question que se posent les responsables des pays tiers au sujet de la politique étrangère et de défense de l’UE, est de savoir si elle se construit comme un complément ou comme un contrepoids à la politique américaine. Question laissée indéfiniment en suspens.
Déjà en 1973, lors de la rédaction de la « Déclaration sur l’identité européenne », une différence subtile, mais parlante, entre les versions anglaise et française rend compte des visions diamétralement opposées. Pour les Français, les relations avec l’Amérique ne doivent pas influencer, d’aucune manière, l’affirmation d’une politique européenne qu’ils veulent voir indépendante (« Les liens étroits qui existent entre les Etats-Unis et l’Europe des Neuf n’affectent pas la détermination des Neuf de s’affirmer comme une entité distincte et originale »), alors même que les Britanniques préfèrent souligner qu’ils nient jusqu’à l’idée même d’une éventuelle contradiction entre les deux (“The close ties between the United States and Europe of the Nine do not conflict with the determination of the Nine to establish themselves as a distinct and original entity.” ).[3]
Cette opposition fondamentale est à l’origine des tribulations futures de la PESC/PESD (politique européenne de sécurité et de défense), et explique bon nombre d’organigrammes surréalistes, de formules fantasques et d’épisodes ubuesques. Comme l’avait observé Nicole Gnesotto, ancienne directrice de l’Institut des Etudes de sécurité de l’UE : « Alors que les Européens peuvent assez facilement tomber d’accord sur une vision plus ou moins commune du monde, ils sont divisés sur le rôle de l’Union pour gérer les crises du monde. Puisque ce rôle est largement fonction du type de relations que chacun des Etats membres souhaite construire avec les Etats-Unis, de manière bilatérale ou dans les cadres de l’OTAN, les Européens n’ont jamais pu se mettre d’accord sur la finalité de leur coopération politique et militaire. Les débats récurrents sur les vertus ou vices de la multipolarité ou de l’unipolarité, ainsi que les discussions sur le degré possible de l’autonomie européenne en matière de défense, sont les illustrations les plus caricaturales de cette division latente parmi les Européens concernant le rôle de l’Union et ses relations avec la superpuissance américaine ».[4]
Au risque de se répéter, il convient d’insister sur le fait que les relations de dépendance ou d’autonomie que nous définissons par rapport à l’Amérique aujourd’hui, verrouillent nos positions vis-à-vis n’importe quelle puissance à l’avenir. La sujétion implique des conséquences durables, tant sur le plan matériel que psychologique. La résignation à la dépendance technologique et industrielle signifie que nous acceptons un décrochage définitif, avec nos secteurs stratégiques soit réduits à une fonction de sous-traitance, soit complètement détruits. Psychologiquement, le fait de s’en remettre à quelqu’un d’autre pour sa propre défense forge progressivement une culture de déresponsabilisation et nous ôte toute dignité. C’est dans cette perspective que dans son livre Jean-François Deniau, négociateur français du Traité de Rome et premier Commissaire européen chargé de relations extérieures, a mis en avant l’exigence d’une Europe indépendante (« il n’y en a pas d’autre »), et attiré l’attention sur les questions de défense : « parce que tôt ou tard, elles conditionnent toutes les autres et parce qu’il n’y a pas de sentiment d’identité sans l’exercice de responsabilités, la plus importante des responsabilités étant celle qui consiste à rester capable de choisir son destin, autrement dit de se défendre ».[5]
Mythes, illusions et naïvetés
A l’instar de Jean Monnet, Deniau disait avoir confiance en « la force des idées simples ». Or, les relations transatlantiques se sont avérées être, à cet égard, l’exception qui confirme la règle. Si le mélange de lieux communs, de grands élans rhétoriques, de petits calculs mesquins et d’aveuglement émotico-idéologique qui constitue, du côté européen, le fondement de nos rapports avec l’Amérique, continue de résister au temps en dépit de la logique la plus élémentaire, c’est parce que nos élites n’ont eu de cesse de propager des conceptions profondément naïves (ou coupablement trompeuses) sur les questions de puissance et d’autonomie.
Questions de puissance
La réticence des Européens à réfléchir en termes de puissance se traduit, entre autres, par leurs tentatives de minimiser la prégnance des réalités géopolitiques et par leur croyance béate en l’utopie d’une « Europe puissance civile ».
Le mythe de la « postmodernité »
Par tradition, les Européens apparaissent particulièrement sensibilisés à l’héritage de l’histoire et tout ce qui va avec : cultures, identités, méfiance vis-à-vis d’interprétations unidimensionnelles ou simplistes. Or l’importance que l’on attache à ces facteurs nous différencie de nos cousins d’outre-Atlantique. Comme l’avait noté Javier Solana, Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité commune : « Quand les Américains disent ‘c’est l’histoire’ (it is history'), ils entendent souvent par là que ceci n’a plus d’importance. Quand les Européens disent ‘c’est l’histoire’, c’est en général pour indiquer le contraire ».[6] N’empêche que, depuis le début des années 1990, les élites européennes ont été de plus en plus séduites par les thèses américaines sur « la fin de l’Histoire », et obnubilées par les incantations, souvent déguisées en discours droitsdelhommiste, sur le merveilleux et irrésistible projet qu'est l’exportation du modèle occidental.
L’idéologie postmoderniste ne se contente pas de nous placer, en quelque sorte, « au-delà » de l’histoire, elle entend nous mettre aussi « en dehors » de la géographie. A nouveau, deux visions s’affrontent, ce qui se reflète, en l’occurence, dans les versions anglaises et françaises du texte de la Stratégie européenne de sécurité. Lequel document sert pourtant, aux responsables européens dans leurs relations avec des dirigeants étrangers, comme une carte de visite. Or, une fois de plus, les minuscules nuances dans les traductions rendent compte de divergences profondes. Si pour les Français « Même à l’ère de la mondialisation, la géographie garde toute son importance. », pour les Anglais il suffit de noter que “Even in an era of globalisation, geography is still important.” (« Même à l’ère de la mondialisation, la géographie est importante encore ». [7] On y retrouve le face-à-face habituel entre le réalisme géopolitique et une conception qui, au nom du post-modernisme, souhaiterait pouvoir faire fi des réalités. Cependant, les faits sont parlants. Notre Europe constitue le petit bout occidental du vaste continent eurasiatique (au point que les géographes, eux, nomme l’Europe de pseudo-continent), tandis qu’elle reste séparée de l’Amérique, au grand regret des atlantistes de tous bords, par 6000 kilomètres d’océan Atlantique. « L’Amérique ne fait pas partie de l Europe... Je crois l’avoir découvert sur la carte », avait remarqué le Général de Gaulle à l’époque, non sans une pointe d’ironie.
Le mythe de « L’Europe, puissance civile »
Le Président français Nicolas Sarkozy, avec son habituelle propension à marteler des évidences, tombe parfois sur des tabous qu’il brise, du coup, avec une désinvolture nonchalante. C’est ainsi qu’il observe, dans les colonnes du New York Times, que «L’Europe ne peut pas être une puissance économique sans assurer sa propre sécurité ».[8] Par cette remarque, pourtant aussi simple que logique, le chef de l’Etat achève d’un trait un demi-siècle de mascarade transatlantique. Avec, comme dommage collatéral, l’arsenal complet de la propagande pacifiste. En effet, l’abdication des responsabilités en matière militaire a des répercussions directes dans tous les domaines, et met en péril la survie même de l’ensemble d’un modèle sociétal. Indépendamment de ce que cette abdication se fasse par croyance béate en la paix universelle ou par esprit de servilité vis-à-vis d’une puissance étrangère. Comme l’avait relevé, avec une franchise tout à fait inhabituelle dans les milieux bruxellois, Robert Cooper (éminence grise de Javier Solana et directeur général des Affaires externes et politico-militaires du secrétariat général du Conseil) : « c’est extrêmement insatisfaisant que 450 millions d’Européens dépendent tellement de 250 millions d’Américains pour leur défense. Il n’y a pas de défense gratuite. A un point ou un autre, les Européens vont devoir payer pour ces arrangements. Rien ne garantit que les intérêts américains et européens vont toujours se coïncider ».[9] Tôt ou tard, on reçoit toujours la facture…
Nos amis d’outre-Atlantique ne s’en cachent pas d’ailleurs. Un document officiel publié par le Département de la Défense sous l’administration Clinton eut le mérite de tirer les choses au clair : « Nos alliés doivent être sensibilisés au lien qui existe entre le soutien américain à leur sécurité et leurs actions dans les domaines tels que la politique commerciale, le transfert des technologies et la participation aux opérations de sécurité multinationales ».[10] Et ce ne sont pas que des paroles en l’air. Déjà en 1962, en plein milieu de la guerre froide, le vice-président des Etats-Unis en visite à Berlin, l’endroit le plus sensible de l’Europe, avait brandi la menace de retirer les troupes américaines d’Allemagne si le Marché commun freinait les exportations de poulets américains vers le vieux continent…
Outre de nous mettre à la merci des pressions, voire chantages, d’un tiers, le refus de la puissance nous prive aussi de toute crédibilité, donc de toute influence réelle sur la scène internationale. Les épisodes tel celui de l’aéroport de Sarajevo, reconstruit grâce au financement européen, mais inauguré par le Secrétaire d’Etat américain ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Comme l’avait noté Robert Cooper : « l’absence de force militaire crédible signifie que lorsqu’il s’agit des questions comme le Kosovo, l’Irak ou l’Afghanistan, les décisions clés sont prises à Washington ». Et ce malgré un engagement financier robuste et la présence massive de soldats européens sur les théâtres d’opération. Dans une vraie situation de crise, poursuit Cooper, « les Européens se retrouveraient extrêmement dépendants de la bienveillance de l’Amérique ». Or du point de vue de la puissance ou l’impuissance de l’Europe, la présence ou l’absence de « force militaire crédible » n’est pas une question de chiffres, mais une question d’autonomie. L’américaine Kori Schake, professeur à l’Académie militaire West Point, experte au Conseil de sécurité nationale pendant le premier mandat du Président Bush et conseillère en sécurité nationale du candidat républicain John McCain lors de la campagne électorale de 2008 avait brillamment mis le doigt sur ce truisme : « Sans disposer de forces militaires véritablement autonomes, les besoins de l’Europe sont subordonnés aux priorités des Etats-Unis. L’UE reste l’otage des préoccupations et du veto potentiel des Etats-Unis… ».[11] Voilà qui a le mérite d’être clairement dit.
Questions d’indépendance
A l’évidence, tout le monde ne voit pas d’un mauvais œil la subordination des intérêts européens aux desiderata de l’Amérique. Ceux qui, de part et d’autre de l’Atlantique, y trouvent leur compte ou s’y résignent ont le plus souvent recours aux trois arguments fallacieux qui suivent.
Le mythe du soutien américain au renforcement de l’Europe
Il est toujours de bon ton de rappeler le soutien indéfectible que Washington n’aurait cessé d’apporter à la construction de l’Europe. En laissant ici de côté la question des mobiles de cet appui américain (beaucoup moins altruistes que l’on n’aimerait admettre), on se limitera à soulever la question de sa cible. En d’autres termes, il convient surtout de préciser quelle sorte d’Europe les Etats-Unis encouragent-ils de se construire. Certes, il ne fait aucun doute que l’Amérique reste toujours un partisan inconditionnel, et fut même un des instigateurs, du Marché commun – du moins tant que celui-ci rejette sagement l’idée même de devenir une véritable Communauté économique. Celle-ci se distinguant du premier par la mise en place de politiques… tarifaires, commerciales, agricoles ou industrielles, toutes susceptibles, par définition, de protéger les intérêts des citoyens européens. A l’instar de celles que mènent de leur côté, et à juste titre, les autorités américaines. Dans la même veine, si les Etats-Unis ont fini par accepter, après des années de véhémentes protestations et de mises en garde, le lancement de la PESC/PESD, c’est parce qu’ils pensent pouvoir la confiner à des rôles qui leur soient utiles : paravent de légitimation politique (à leurs actions diplomatico-militaires), réservoir de supplétifs (déploiement, sous commandement ou contrôle US, de soldats européens), et marché captif (au bénéfice des industries d’armement américaines). Toujours est-il que Washington continue d’y voir un risque potentiel d’émancipation de ses alliés, et veille donc surtout à torpiller toute initiative susceptible, de près ou de loin, de mettre en cause sa position hégémonique.
Car derrière les remontrances convenues et les ricanements obligatoires au sujet de la prétendue « incapacité européenne » (illustrée par de poétiques images de « pygmées » et de « tigres en papier »), les préoccupations américaines sont d’une toute autre nature. Zbigniew Brzezinski, chef de file des milieux démocrates en matière de diplomatie et de sécurité, eut l’obligeance de nous les expliquer dans un de ses livres : « Avec le potentiel économique de l’UE qui équivaut déjà celui de l’Amérique et avec les deux entités déjà se heurtant dans les domaines financier et commercial, une Europe militairement émergente pourrait devenir une formidable concurrente pour l’Amérique. Elle constituerait inévitablement un défi à l’hégémonie US. (…) Une Europe politiquement forte, capable de rivaliser en matière économique, et qui ne serait plus militairement dépendante des Etats-Unis remettrait inévitablement en cause la suprématie américaine (…) et confinerait la sphère de la prédominance des USA grosso modo à la région du Pacifique ».[12] Ce n’est donc pas une surprise si Brzezinski encourage, et il n’est pas le seul, « la complémentarité, mais pas l’autonomie » de l’Europe vis-à-vis les Etats-Unis.
Le mythe de la complémentarité Europe-Amérique
L’éloge de cette « complémentarité » est, depuis quinze ans, un exercice obligatoire dans les milieux transatlantiques. Il n’en comporte pas moins deux erreurs de base. D’une part, dans l’acception partagée par l’Amérique et la plupart des gouvernements européens, la complémentarité s’opère en sens unique : elle signifie, bien entendu, celle de l’Europe par rapport à l’Amérique. Aussi, il n’est pas difficile de voir qu’entre la volonté de maintien d’un contrôle absolu dans les affaires de sécurité européenne (qu’incarne l’OTAN, cadre institutionnel de la tutelle US) et le désir d’une marge de manœuvre autonome (qu’exprime, malgré toutes les tergiversations internes, la mise en route de la Défense européenne), la tension est structurelle. Par conséquent, les deux non seulement ne sont pas complémentaires, mais risquent même d’être antinomiques. Comme l’avait observé Michael Cox, professeur des Relations internationales à The London School of Economics, auditionné par la Commission de la Chambre des Communes britannique : la contradiction peut être gérée « tant que la PESD ne sera pas réellement sérieuse ». Toutefois, « si la PESD devenait vraiment sérieuse, il pourrait y avoir une incompatibilité », et « il serait possible d'envisager une situation où la main gauche pourrait commencer à se battre avec la main droite ».[13]
De surcroît, l’exemple de la Grande-Bretagne est là pour témoigner des conséquences, désastreuses pour la souveraineté, d’une politique menée sous la bannière de la complémentarité. Pour l’ancien patron des exportations militaires de la Grande-Bretagne, Tony Edwards, son pays « maintient sa capacité de projection au prix d’une dépendance excessive par rapport aux Etats-Unis pour la technologie, les équipements, le soutien et le renseignement ».[14] L’analyse de l’ex-président de la Commission de Renseignement de Sa Majesté, M. Rodric Braithwaite, n’est pas plus rassurante. Pour lui, « Les décideurs politiques américains trouvent les Britanniques utiles en tant que valets d’armes à l'ONU et à l'OTAN, et comme des alliés militaires plutôt compétents quand de faire la guerre. De temps en temps, ils essaient d'utiliser les Britanniques comme un potentiel cheval de Troie, si la construction européenne semble sur la voie d’être trop bien réussie ». Braithwaite précise également qu’à force de chercher la « complémentarité » avec l’Amérique, désormais « dans une guerre réelle, les forces britanniques ne vont opérer que faisant partie intégrante des forces américaines, sous commandement américain et servant des intérêts américains ». Le verdict est sans appel : « Contrairement aux Français qui ont préféré un chemin plus solitaire, mais indépendant, la coopération avec les Américains a privé les Britanniques d'une grande partie de leur indépendance ».[15] Reste à voir si, en échange, ils ont réussi, ou du moins auraient une chance de réussir, à obtenir ne serait-ce qu’un minium d’influence. Sans surprise, la réponse est non – et un non retentissant.
Le mythe d’une influence possible sur Washington
Pour une illustration récente, il suffit de regarder la prestation du Premier ministre Blair dans l’affaire irakienne – et sa « récompense » en termes d’influence. Côté politique, l’ambassadeur britannique a lui-même avoué par la suite que Londres n’avait pas été tenu au courant (encore moins associé à l’élaboration) des plans de l’après-guerre. Côté militaire, quelques révélations de la presse ont mis en exergue qu’une fois placées sous commandement américain, les forces britanniques ne disposent plus de leurs propres moyens (incident emblématique dès le début de l’opération Iraqi Freedom : les troupes britanniques engagées au sol auraient eu besoin de l’appui de leurs propres avions – mais leurs appels sont restés sans effet. Le commandement américain a préféré envoyer les appareils britanniques à l’appui des forces US – en plus des avions US). Côté diplomatique, Londres n’a pas vraiment eu plus de succès. En témoignent les efforts de plus en plus désespérés déployés par Tony Blair pour pouvoir afficher ne serait-ce qu’un semblant de contrepartie en échange de son soutien inconditionnel. Washington ne leur a pas donné de suite – ni sur le dossier israélo-palestinien, ni sur celui du changement climatique. Comme le disait l’ancien chancelier allemand Helmut Schmidt, la relation anglo-américaine « est tellement spéciale que seuls les Britanniques sont au courant qu’elle existe ».
Et même les fidèles Britanniques commencent à avoir des doutes… D’après un rapport du prestigieux Chatham House, publié en décembre 2006 et signé par le directeur sortant, le cas de Tony Blair est surtout symptomatique d’une erreur d’appréciation plus générale, celle de la surévaluation des possibilités d’influence. En effet, « l'échec fondamental (de la politique extérieure de Blair) a été son incapacité à influencer l'administration Bush de quelque façon significative, malgré le sacrifice – militaire, politique et financier – qu'avait consenti le Royaume-Uni ». Or, poursuit le rapport, « étant donné la complexité byzantine de la politique washingtonienne, il a toujours été peu réaliste de croire que des puissances extérieures – aussi loyales qu’elles soient – puissent avoir beaucoup d’influence sur le processus américain de prise de décision ».[16] Mais pourquoi, au juste, devraient-elles avoir de l’influence sur la décision des autorités américaines qui ont pour mandat de défendre les intérêts de leurs propres citoyens ? En réalité, la question n’est pas celle de l’influence, mais celle d’une coopération éventuelle. Or qui dit coopération dit réciprocité. Le problème pour l’Europe, c’est qu’à partir d’une situation de dépendance il est impossible de participer à une coopération équilibrée. L’une des parties est toujours en mesure de quitter, ou de menacer de quitter, la coopération sans que son potentiel stratégique s’en trouve diminué, tandis que l’autre (ayant démantelé les bases de son autonomie) s’y trouve verrouillée. Bref, il faut être deux pour pouvoir coopérer sur un pied d’égalité. Le chemin qui pourrait y mener un jour est donc le même que celui qui doit conduire à l’autonomie.
Questions d’Europe : le mythe de l’ « européanisation » comme solution miracle
Force est de constater que ce chemin ne se dégage pas automatiquement d’une intégration européenne toujours plus poussée. Celle-ci pourrait même conduire, à défaut d’une prise de conscience urgente et générale des enjeux, exactement à l’inverse. Pour y voir plus clair, il faut d’abord dissiper un amalgame trompeur. En notant que le terme « européen » a deux aspects bien distincts. Le premier désigne, dans une acception bureaucratico-institutionnelle, le niveau européen par opposition au, et comme étant au-dessus du, niveau national. Le second nous définit par rapport au reste du monde et se réfère, dans une acception politico-stratégique cette fois-ci, à des intérêts et des priorités spécifiques à notre continent. Or les deux ne se confondent point. La supranationalisation ne nous mène pas mécaniquement à la prise en compte et à la poursuite des intérêts européens au sens géopolitique. Hélas, dans l’état actuel des choses, elle risque d’avoir l’effet contraire. Etant donné que la plupart des Etats membres sont réticents, voire hostiles à l’idée d’une Europe indépendante, tout « progrès » dans l’intégration, sous forme, par exemple, de passage au vote à la majorité dans les domaines stratégiquement sensibles, signifierait la mise en minorité immédiate de toute ambition de puissance et d’autonomie.
Les deux sortes de tensions intra-européennes à l’origine de la plupart des blocages font partie, de ce point de vue, d’une seule et même problématique. Que ce soit l’affrontement entre logique nationale et logique fédérale, ou entre vision autonomiste (en faveur d’une Europe indépendante) et vision atlantiste (préconisant une Europe soi-disant complémentaire des Etats-Unis), c’est autour de la question de souveraineté que s’articule le fond des débats. Or, si l’on part du principe que l’on construit l’Europe pour défendre, et non pas pour détruire, la souveraineté de ses peuples, les deux sortes de tensions sont indissociablement liées. En effet, un pays avec un haut degré d’indépendance et une conscience aiguë des enjeux de puissance (la France, pour ne pas la nommer) n’acceptera, et dans l’intérêt de l’Europe toute entière ne doit surtout pas accepter, le jeu supranational qu’à la condition que les mêmes exigences stratégiques de puissance et d’autonomie soient assumées et défendues, avec la même intransigeance et au même degré, par les autorités bruxelloises. Tant que la majorité des Etats membres s’y opposera, toute poussée intégrationniste ne pourra que nous verrouiller, toujours davantage, dans une position de dépendance définitive. D’un autre côté, Tindemans avait déjà averti qu’« un édifice inachevé ne peut pas défier le temps: il doit être complété, sinon il s’écroule ». Pour trancher ce nœud gordien, il faudra surtout en finir, une fois pour toutes, avec les mythes ; autrement dit rompre avec les illusions/idéologies pacifistes et atlantistes.
Comme l’avait formulé Jean Monnet dans ses Mémoires : « Les échecs que j’ai rencontrés étaient moins souvent le fait de gens bornés par nature que d’esprits délibérément fermés à l’évidence, que la loyauté envers leur système de référence rendait aveugles ».
Hajnalka Vincze
[1] Audition de Hubert Védrine devant la Commission sur le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, 4 octobre 2007.
[2] Rapport sur l’Union européenne, dit « Rapport Tindemans », Bruxelles, 29 décembre 1975.
[3] Declaration on The European Identity, 14 December 1973, Copenhagen. Déclaration sur l’identité européenne, 14 décembre 1973, Copenhague.
[4] Nicole Gnesotto, EU, US: visions of the world, visions of the other, in Shift or Rift – Assessing US-EU relations after Iraq, (ed. Gustav Lindstrom), Institut des études de sécurité de l’UE, Paris 2003.
[5] Jean-François Deniau, La découverte de l’Europe, Paris, Seuil, 1994.
[6] Discours de Javier Solana à l’Institut des études de sécurité de l’UE, 6 octobre 2006, Paris.
[7] A Secure Europe In a Better World – The European Security Strategy, 12 December 2003. Une Europe sûre dans un monde meilleur – Stratégie européenne de sécurité, 12 décembre 2003.
[8] Entretien du Président Nicolas Sarkozy avec le quotidien « The New York Times », 24 septembre 2007.
[9] Robert Cooper, The Breaking of Nations, Atlantic Books, London, 2004.
[10] Report on the Bottom-up Review, Les Aspin, Secretary of Defense, October 1993.
[11] Kori Schake, “The United States, ESDP and Constructive Duplication”, in J. Howorth and J.T.S. Keeler (eds.), Defending Europe: The EU, NATO and the Quest for European Autonomy, Palgrave MacMillan, 2003, pp.107-132.
[12] Zbigniew Brzezinski, The Choice : domination or leadership, Perseus Books, New York, 2004.
[13] House of Commons Defence Committee, The future of NATO and European defence, 20 mars 2008.
[14] Contribution au Livre vert de la Commission, apportée par M. Tony Edwards et citée dans « Le marché européen des équipements de défense : l’article 296 du Traité instituant la Communauté européenne et le Livre vert de la Commission européenne », rapport rédigé par Franco Danieli, à l’Assemblée générale de l’Union de l’Europe occidentale, 6 décembre 2005.
[15] Rodric Braithwaite, End of the affair, Prospect Magazine n° 86, mai 2003.
[16] Victor Bulmer-Thomas, Blair’s Foreign Policy and its Possible Successor(s), Chatham House, December 2006.
Texte complet: http://www.thefederalist.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=451&lang=enhttp://www.thefederalist.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=451&lang=en
(Hajnalka Vincze, L Europe face à un monde multipolaire en déséquilibre, The Federalist Year LI, 2009, (basée sur l intervention au Séminaire international organisé sous l égide du Comité pour l Etat Fédéral Européen, Strasbourg, 7 mars 2009), 32 000 caractères)
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Florian Dumitru Soporan. De la exportul revoluţiei la parteneriatul energetic: provocări mai vechi şi mai noi ale proximităţilor ruso-europene
Vă rog să citiți acest text selectat de mine, în speranța că vă poate interesa. Articol interesant. A se lua în seamă și teoriile geopolitice ale lui Alexandre Dugin, cu spațiul euroasiatic. Există și informații în alte limbi decât limba rusă. Cu prietenie, Dan Culcer
http://www.acum.tv/articol/41402/
Antrenată în pasionanta dezbatere ce vizează identificarea unor soluţii de perspectivă pentru gestionarea crizei datoriilor suverane, cronicizată pe durata ultimului an şi ilustrând odată în plus distanţa care separă intenţiile grandioase ale proiectului european de mediocrele performanţe instituţionale de până acum, opinia publică pare să fi trecut în plan secund un eveniment care ar putea avea urmări decisive pentru viitoarele raporturi de forţe în planul competiţiei economice globale. La 8 noiembrie, în prezenţa unor înalţi oficiali şi factori de decizie în domeniul politicilor energetice, a avut loc ceremonia de inaugurare oficială a Nord Stream, gazoductul construit de un consorţiu condus de Gazprom care urmează să asigure transportul gazelor naturale ruseşti destinat consumatorilor europeni, evitând riscurile unor dispute cu statele de tranzit precum cea din ianuarie 2009. Pentru aceia care identifică în actualele eşecuri de etapă suferite de sistemul financiar mondial un reviriment al socialismului poate părea straniu că la 84 de ani de la revoluţia proletară care îşi propunea să devină punctul de plecare pentru revoluţia mondială, Rusia condusă azi de foştii cekişti să celebreze concretizarea unei iniţiative care va aduce în Germania, nu inspiraţia vreunei ideologii cu propensiuni universaliste, ci energie pură, destinată eventual să-i ofere acesteia din urmă atuuri în redefinirea propriului model de dezvoltare. Resentimente similare, cu expresii ce variază de la reflecţia mefientă a specialistului, la stridenţele obiective ale notaţiei de presă, se regăsesc şi la extremitatea opusă a spectrului de idei, în rândurile celor care clamează permanenţa pericolului rusesc şi identifică în orice apropiere între Rusia şi Europa, germenii unor ameninţări potenţiale. O circumstanţă obiectivă sau poate doar o altă farsă a istoriei, socialismul utopic şi realist şi abordările rusofobe îşi au originea în dezbaterile de idei din prima jumătate a secolului al XIX-lea, iar caracterul sentenţios al concluziilor asumate de aceşti inamici ireconciliabili s-a accentuat în momente de criză. Dacă adepţii contestaţiei inspirate de ideile stângii radicale îşi găsesc puţini susţinători pe solul fostei patrii a sovietelor, iar opoziţia anticapitalistă se concentrează asupra politicilor publice inspirate de marile corporaţii multinaţionale, tema pretinsei dependenţe a Europei de sursele de energie controlate de Rusia şi eventualele consecinţe politice ale acestei relaţii asimetrice, generează implicaţii mai actuale, acutizate şi de revigorarea naţionalismului economic şi a soluţiilor economice protecţioniste. Supravieţuirea prejudecăţilor referitoare la caracterul ireconciliabil al confruntării Rusia-Europa mai ales la nivelul mentalului colectiv al naţiunilor baltice şi central-europene, care şi-au regăsit identitatea europeană în contextul creat de Perestroika şi Glasnosti, dovedeşte faptul că inteligentsia locală nu a ieşit din captivitatea paradigmelor venerabilului Bruno de Olomouc, care într-un alt moment de criză, identifica în relaţiile cu naţiunile răsăritene ameninţări pentru apartenenţa la christianitas.
Mediocritatea unei defensive
Încă de la originile sale, proiectul unei axe energetice între Rusia şi Germania a născut controverse în ţările de origine şi în cele limitrofe. Formule de tipul „Gazprom: noua Armată Roşie” sau „ofensiva energetică a Kremlinului” şi-au câştigat dreptul de cetate în publicistica noastră, iar analize geopolitice de substanţă mai oscilează în a aprecia această ultimă expresie a parteneriatului ruso-german iniţiat după venirea la putere a preşedintelui Putin drept un nou episod al expansiunii ruse către vest sau un mijloc prin care Germania îşi va impune agenda proprie în transformarea Uniunii Europene într-un competitor real în planul relaţiilor internaţionale. Astfel de aprecieri fac apel la un larg spectru de argumente, iar principala sursă de legitimare este dată de caracterul încă extrem de politizat al problematicii conexe energiei, de gradul ridicat de implicare a actorilor politici în promovarea intereselor unor corporaţii. Cazul de o nedreaptă celebritate al Gazprom nu este unul singular, în ultimul deceniu cota de piaţă a companiilor direct sau indirect de state a crescut constant, ca şi rezervele de hidrocarburi şi capacităţile de producţie deţinute de acestea din urmă. Fenomenul se manifestă şi în cadrul liberalei pieţe europene, fiecare stat membru are propriul său Gazprom, dacă ne putem îngădui această licenţă, şi îi promovează interesele în funcţie de capacitatea de influenţă la nivel global. Din perspectiva decidenţilor politici de la Kremlin, companiile energetice şi miniere au reprezentat începând de la sfârşitul anilor ‚90 mize politice de prim ordin mai ales în plan intern, controlul acestora asigurând resursele necesare pentru captarea bunăvoinţei societăţii, beneficiară într-o oarecare măsură a prosperităţii generate de exploatarea resurselor naturale şi de creşterea constantă a preţurilor la materii prime. Nord Stream nu a fost o excepţie din acest punct de vedere, şi a avut semnificaţii politice şi de imagine evidente. Dacă iniţierea şi diferitele faze ale implementării sale au antrenat o acerbă competiţie între furnizorii locali şi partenerii lor externi, această provocare tehnologică a reprezentat în planul imaginii o expresie a puterii noii Rusii care lăsa în urmă „Vremurile Tulburi” ale reformelor liberale şi dezagregării teritoriale şi insecurităţii economice şi îşi reafirma statutul de actor politic şi economic de prim ordin. Noua strategie a puterii a presupus o anume redistribuire a activelor, în sensul preluării, uneori prin practici care fac obiectul unor litigii arbitrate de instanţe internaţionale, a unora din exploatările intrate în posesia unor oameni de afaceri locali sau investitori străini. Astfel de iniţiative, precum şi apariţia sutelor de subsidiare al Gazprom, implicate în ofensiva de afaceri şi de imagine în marile state ale Uniunii Europene, au putut avea aspectul unei invazii care utiliza în beneficiul propriu eforturile de liberalizare a pieţei energiei, iniţiate de Comisia Europeană în ultimele decenii. Reputaţia corporaţiilor ruseşti continuă să aibă de suferit datorită suspiciunilor de corupţie. Un recent raport de specialitate sublinia disponibilitatea acestora de a recurge la mită ca mijloc de promovare a propriilor afaceri. Fenomenul nu este totuşi, oricât ne-am putea dori, apanagiul antreprenorilor ruşi şi este suficient să avem în vedere o sumară trecere în revistă a investigaţiilor care au vizat marile bănci de investiţii de pe Wallstreet. Aceste realităţi determinate într-o oarecare măsură şi de sinuozităţile pe care le-a cunoscut societatea şi infrastructura instituţională atât în Rusia cât şi în Uniunea Europeană nu sunt argumente de natură să inhibe dezvoltarea parteneriatului dintre cei doi poli de putere ai lumii contemporane şi potenţialul acestuia de a genera soluţii de dezvoltare sustenabilă pentru ambele părţi, rezultate din îmbinarea sinergiilor. O premisă esenţială în emanciparea iniţiativelor economice de prejudecăţi ideologice ar putea consta în acceptarea vulnerabilităţilor şi atuurilor celor două părţi. În pofida dezbaterilor, analizelor şi studiilor de fezabilitate, Uniunea Europeană nu dispune de o politică energetică articulată, iar perspectivele sale sunt la fel de îndepărtate ca şi compatibilizarea fiscală. Edificatoare în acest sens sunt interpretările noilor reglementări adoptate de Comisia Europeană vizând eliminarea practicilor anticoncurenţiale în producţia şi transportul de resurse energetice. Dincolo de caracterul mai mult sau mai puţin oportun al acestora, instrumentalizarea în disputa cu invocatul monopol al Gazprom şi aplicarea discreţionară în unele state tinde să afecteze climatul de încredere între actorii pieţei, cu impact imediat asupra derulării unor investiţii. În aceeaşi ordine de idei, recenta investigaţie a unor practici anticoncurenţiale având ca obiect companii afiliate Gazprom, adaugă noi subiecte în seria disputelor cu Rusia şi contribuie indirect la alimentarea tendinţelor naţionaliste şi antioccidentale latente la nivelul backgroundului intelectual al birocraţilor de la Kremlin. Supraevaluarea riscurilor unei prezenţe mai active a Gazprom în piaţa europeană a energiei inspiră opţiuni economice care pot avea efecte de bumerang mai grave decât suportul acordat radicalilor islamişti pe durata conflictului din Afganistan. Diversificarea surselor de energie a preliminat iniţierea unor proiecte precum Nabucco, având la bază costuri enorme şi acorduri politice cu regimuri impredictibile şi cu disponibilităţi democratice prea puţin evidente, precum cele din Azerbaidjan sau Turkmenistan. Necesitatea identificării unor resurse energetice proprii a impulsionat importul de dincolo de Atlantic a iniţiativelor şi tehnologiei legate de gazele de şist, ignorând riscurile legate de poluarea apelor freatice sau a unei relaţii între procesul de fragmentarea rocilor şi intensificarea mişcărilor seismice. O interesantă dezbatere pe acest subiect are loc în prezent în Marea Britanie, dar din păcate, astfel de teme îşi găsesc un spaţiu periferic pe agenda publică a Europei de Est, unde guvernele oferă cu entuziasm licenţe de explorare, iar volatilitatea morală a elitelor şi gradul de pauperitate al populaţiei expun regiunea unor riscuri poate mai grave decât catastrofa de la Cernobîl. Interesul pentru creşterea ratelor de profit şi optimizarea costurilor la energie poate fi servit şi de efortul sistematic de a inventa inamici ş ide a ridica bariere, în mai mare măsură decât investiţia în educaţie, cercetare şi tehnologie, mijloace care ar relativiza orice tip de dependenţă. Până acum însă, ambiţioasele proiecte vizând creşterea competitivităţii Uniunii Europene rămân subiectele predilecte ale seminariilor, conferinţelor şi declaraţiilor politice, dar concretizarea lor continuă să fie mediocră, o dovadă în acest sens este soarta pe care a avut-o implementarea Agendei Lisabona sau ritmul discuţiilor despre un eventual pact pentru competitivitate. Nici companiile energetice europene nu au dovedit în ultimii ani un apetit sporit pentru performanţă managerială, iar perpetuarea unor modele anacronice de business le-a diminuat potenţialul de a concura cu corporaţiile di nStatele Unite sau Canada, implicate în operaţiuni de preluare, fuziuni şi achiziţii de zeci de miliarde de dolari.
Fantezii expansioniste şi guvernanţă corporatistă
Celălalt partener al acestei ecuaţii, Rusia şi compania care deţine monopolul în exportul său de gaze naturale întâmpină provocări de o complexitate aproape similară. În ciuda relaţiei privilegiate cu statul care deţine, direct sau indirect, peste 52% din acţiunile companiei şi a condiţionalităţilor politice menţionate anterior, Gazprom se confruntă chiar în piaţa internă cu concurenţa companiilor petroliere locale şi a micilor producători de gaz, Rosneft şi Novatek fiind cei mai cunoscuţi dintr-o lungă listă de rivali, iar ascendentul conferit de rezervele pe care le deţine este contrabalansat de restricţiile la creşterea preţurilor pe piaţa internă, aflată la începutul liberalizării şi de necesitatea unor investiţii enorme în explorare şi producţie. Managementul companiei îşi propunea la ultima Adunare Generală a Acţionarilor (avem de-a face cu o companie publică, listată pe bursele din Londra, Frankfurt şi New York), să construiască un nou Gazprom, în sensul dezvoltării unor noi centre de producţie în Yamal, Siberia de Est şi zona arctică, destinate să înlocuiascăvechile câmpuri din perioada sovietică, aflate într-un evident declin. Numai reducerea cererii de gaze naturale determinată de recesiune a evitat o catastrofă pentru corporaţia care a produs 10% din produsul intern brut al Rusiei, care oscilează între ambiţii de dominaţie globală şi nevoia de a subvenţiona politicile sociale ale puterii, cu sacrificarea ratelor de profitabilitate. Compatibilităţile ruso-europene funcţionează şi în privinţa invaziei de stereotipii la care este expusă elaborarea de politici publice şi strategii economice, iar în cazul Gazprom, aceasta s-a tradus prin targetarea expansiunii geografice fără raţiuni economice concrete, în defavoarea unor investiţii în tehnologie. Deşi proiectele hegemonice ale Rusiei ar fi reclamat creşterea capacităţilor de lichefiere a gazului, Gazprom operează doar un singur terminal, preluat şi acesta de la Royal Dutchs Shell şi de la partenerii japonezi ai acesteia. Reticenţele europene şi circumstanţele economice au determinat o anume reorientare a Gazprom către Extremul Orient, Africa şi America Latină, iar insistenţa autorităţilor pentru creşterea capacităţii de a genera profituri prin produse cu valoare adăugată ridicată au generat identificarea de noi variante de business în zona exploatărilor petroliere, producţiei de energie electrică şi petrochimiei. În aceeaşi direcţie, teribila armă de şantaj a Moscovei s-a dovedit în măsură să-şi dezvolte capacităţile de colaborare cu competitori din piaţa liberă, ultimii ani consemnând interesante schimburi de active în Rusia, Africa de Nord şi Marea Nordului. Parafrazându-l pe cronicarul moldovean, numai timpul ne va putea arăta dacă această strategie izvorâtă mai mult din necesităţile pragmatice decât dintr-un mecanism clasic de luare a deciziilor va fi încununată de succes sau dacă procesele de modernizare ale Rusiei vor avea urmări de profunzime, cu tot caracterul lor octroat. O concluzie care azi pare rezonabilă ar fi aceea că o soluţie la problemele cu care Rusia şi Europa se confruntă poate fi dată de recursul la memorie, dar nu la trecutul conflictelor şi al cămăşii însângerate, ci la compromisul pragmatic care a permis reconcilierea franco-germană din anii ‚50 şi a preliminat construcţia europeană. Proiecte pragmatice precum Nord Stream pot fi impulsuri semnificative în acest sens, sau dimpotrivă, ataşamentul protagoniştilor pentru propriile angoase le-ar putea transforma în noi simboluri ale eşecului.
De la exportul revoluţiei la parteneriatul energetic: provocări mai vechi şi mai noi ale proximităţilor ruso-europene
de Florian Dumitru Soporan (13-11-2011)Antrenată în pasionanta dezbatere ce vizează identificarea unor soluţii de perspectivă pentru gestionarea crizei datoriilor suverane, cronicizată pe durata ultimului an şi ilustrând odată în plus distanţa care separă intenţiile grandioase ale proiectului european de mediocrele performanţe instituţionale de până acum, opinia publică pare să fi trecut în plan secund un eveniment care ar putea avea urmări decisive pentru viitoarele raporturi de forţe în planul competiţiei economice globale. La 8 noiembrie, în prezenţa unor înalţi oficiali şi factori de decizie în domeniul politicilor energetice, a avut loc ceremonia de inaugurare oficială a Nord Stream, gazoductul construit de un consorţiu condus de Gazprom care urmează să asigure transportul gazelor naturale ruseşti destinat consumatorilor europeni, evitând riscurile unor dispute cu statele de tranzit precum cea din ianuarie 2009. Pentru aceia care identifică în actualele eşecuri de etapă suferite de sistemul financiar mondial un reviriment al socialismului poate părea straniu că la 84 de ani de la revoluţia proletară care îşi propunea să devină punctul de plecare pentru revoluţia mondială, Rusia condusă azi de foştii cekişti să celebreze concretizarea unei iniţiative care va aduce în Germania, nu inspiraţia vreunei ideologii cu propensiuni universaliste, ci energie pură, destinată eventual să-i ofere acesteia din urmă atuuri în redefinirea propriului model de dezvoltare. Resentimente similare, cu expresii ce variază de la reflecţia mefientă a specialistului, la stridenţele obiective ale notaţiei de presă, se regăsesc şi la extremitatea opusă a spectrului de idei, în rândurile celor care clamează permanenţa pericolului rusesc şi identifică în orice apropiere între Rusia şi Europa, germenii unor ameninţări potenţiale. O circumstanţă obiectivă sau poate doar o altă farsă a istoriei, socialismul utopic şi realist şi abordările rusofobe îşi au originea în dezbaterile de idei din prima jumătate a secolului al XIX-lea, iar caracterul sentenţios al concluziilor asumate de aceşti inamici ireconciliabili s-a accentuat în momente de criză. Dacă adepţii contestaţiei inspirate de ideile stângii radicale îşi găsesc puţini susţinători pe solul fostei patrii a sovietelor, iar opoziţia anticapitalistă se concentrează asupra politicilor publice inspirate de marile corporaţii multinaţionale, tema pretinsei dependenţe a Europei de sursele de energie controlate de Rusia şi eventualele consecinţe politice ale acestei relaţii asimetrice, generează implicaţii mai actuale, acutizate şi de revigorarea naţionalismului economic şi a soluţiilor economice protecţioniste. Supravieţuirea prejudecăţilor referitoare la caracterul ireconciliabil al confruntării Rusia-Europa mai ales la nivelul mentalului colectiv al naţiunilor baltice şi central-europene, care şi-au regăsit identitatea europeană în contextul creat de Perestroika şi Glasnosti, dovedeşte faptul că inteligentsia locală nu a ieşit din captivitatea paradigmelor venerabilului Bruno de Olomouc, care într-un alt moment de criză, identifica în relaţiile cu naţiunile răsăritene ameninţări pentru apartenenţa la christianitas.
Mediocritatea unei defensive
Încă de la originile sale, proiectul unei axe energetice între Rusia şi Germania a născut controverse în ţările de origine şi în cele limitrofe. Formule de tipul „Gazprom: noua Armată Roşie” sau „ofensiva energetică a Kremlinului” şi-au câştigat dreptul de cetate în publicistica noastră, iar analize geopolitice de substanţă mai oscilează în a aprecia această ultimă expresie a parteneriatului ruso-german iniţiat după venirea la putere a preşedintelui Putin drept un nou episod al expansiunii ruse către vest sau un mijloc prin care Germania îşi va impune agenda proprie în transformarea Uniunii Europene într-un competitor real în planul relaţiilor internaţionale. Astfel de aprecieri fac apel la un larg spectru de argumente, iar principala sursă de legitimare este dată de caracterul încă extrem de politizat al problematicii conexe energiei, de gradul ridicat de implicare a actorilor politici în promovarea intereselor unor corporaţii. Cazul de o nedreaptă celebritate al Gazprom nu este unul singular, în ultimul deceniu cota de piaţă a companiilor direct sau indirect de state a crescut constant, ca şi rezervele de hidrocarburi şi capacităţile de producţie deţinute de acestea din urmă. Fenomenul se manifestă şi în cadrul liberalei pieţe europene, fiecare stat membru are propriul său Gazprom, dacă ne putem îngădui această licenţă, şi îi promovează interesele în funcţie de capacitatea de influenţă la nivel global. Din perspectiva decidenţilor politici de la Kremlin, companiile energetice şi miniere au reprezentat începând de la sfârşitul anilor ‚90 mize politice de prim ordin mai ales în plan intern, controlul acestora asigurând resursele necesare pentru captarea bunăvoinţei societăţii, beneficiară într-o oarecare măsură a prosperităţii generate de exploatarea resurselor naturale şi de creşterea constantă a preţurilor la materii prime. Nord Stream nu a fost o excepţie din acest punct de vedere, şi a avut semnificaţii politice şi de imagine evidente. Dacă iniţierea şi diferitele faze ale implementării sale au antrenat o acerbă competiţie între furnizorii locali şi partenerii lor externi, această provocare tehnologică a reprezentat în planul imaginii o expresie a puterii noii Rusii care lăsa în urmă „Vremurile Tulburi” ale reformelor liberale şi dezagregării teritoriale şi insecurităţii economice şi îşi reafirma statutul de actor politic şi economic de prim ordin. Noua strategie a puterii a presupus o anume redistribuire a activelor, în sensul preluării, uneori prin practici care fac obiectul unor litigii arbitrate de instanţe internaţionale, a unora din exploatările intrate în posesia unor oameni de afaceri locali sau investitori străini. Astfel de iniţiative, precum şi apariţia sutelor de subsidiare al Gazprom, implicate în ofensiva de afaceri şi de imagine în marile state ale Uniunii Europene, au putut avea aspectul unei invazii care utiliza în beneficiul propriu eforturile de liberalizare a pieţei energiei, iniţiate de Comisia Europeană în ultimele decenii. Reputaţia corporaţiilor ruseşti continuă să aibă de suferit datorită suspiciunilor de corupţie. Un recent raport de specialitate sublinia disponibilitatea acestora de a recurge la mită ca mijloc de promovare a propriilor afaceri. Fenomenul nu este totuşi, oricât ne-am putea dori, apanagiul antreprenorilor ruşi şi este suficient să avem în vedere o sumară trecere în revistă a investigaţiilor care au vizat marile bănci de investiţii de pe Wallstreet. Aceste realităţi determinate într-o oarecare măsură şi de sinuozităţile pe care le-a cunoscut societatea şi infrastructura instituţională atât în Rusia cât şi în Uniunea Europeană nu sunt argumente de natură să inhibe dezvoltarea parteneriatului dintre cei doi poli de putere ai lumii contemporane şi potenţialul acestuia de a genera soluţii de dezvoltare sustenabilă pentru ambele părţi, rezultate din îmbinarea sinergiilor. O premisă esenţială în emanciparea iniţiativelor economice de prejudecăţi ideologice ar putea consta în acceptarea vulnerabilităţilor şi atuurilor celor două părţi. În pofida dezbaterilor, analizelor şi studiilor de fezabilitate, Uniunea Europeană nu dispune de o politică energetică articulată, iar perspectivele sale sunt la fel de îndepărtate ca şi compatibilizarea fiscală. Edificatoare în acest sens sunt interpretările noilor reglementări adoptate de Comisia Europeană vizând eliminarea practicilor anticoncurenţiale în producţia şi transportul de resurse energetice. Dincolo de caracterul mai mult sau mai puţin oportun al acestora, instrumentalizarea în disputa cu invocatul monopol al Gazprom şi aplicarea discreţionară în unele state tinde să afecteze climatul de încredere între actorii pieţei, cu impact imediat asupra derulării unor investiţii. În aceeaşi ordine de idei, recenta investigaţie a unor practici anticoncurenţiale având ca obiect companii afiliate Gazprom, adaugă noi subiecte în seria disputelor cu Rusia şi contribuie indirect la alimentarea tendinţelor naţionaliste şi antioccidentale latente la nivelul backgroundului intelectual al birocraţilor de la Kremlin. Supraevaluarea riscurilor unei prezenţe mai active a Gazprom în piaţa europeană a energiei inspiră opţiuni economice care pot avea efecte de bumerang mai grave decât suportul acordat radicalilor islamişti pe durata conflictului din Afganistan. Diversificarea surselor de energie a preliminat iniţierea unor proiecte precum Nabucco, având la bază costuri enorme şi acorduri politice cu regimuri impredictibile şi cu disponibilităţi democratice prea puţin evidente, precum cele din Azerbaidjan sau Turkmenistan. Necesitatea identificării unor resurse energetice proprii a impulsionat importul de dincolo de Atlantic a iniţiativelor şi tehnologiei legate de gazele de şist, ignorând riscurile legate de poluarea apelor freatice sau a unei relaţii între procesul de fragmentarea rocilor şi intensificarea mişcărilor seismice. O interesantă dezbatere pe acest subiect are loc în prezent în Marea Britanie, dar din păcate, astfel de teme îşi găsesc un spaţiu periferic pe agenda publică a Europei de Est, unde guvernele oferă cu entuziasm licenţe de explorare, iar volatilitatea morală a elitelor şi gradul de pauperitate al populaţiei expun regiunea unor riscuri poate mai grave decât catastrofa de la Cernobîl. Interesul pentru creşterea ratelor de profit şi optimizarea costurilor la energie poate fi servit şi de efortul sistematic de a inventa inamici ş ide a ridica bariere, în mai mare măsură decât investiţia în educaţie, cercetare şi tehnologie, mijloace care ar relativiza orice tip de dependenţă. Până acum însă, ambiţioasele proiecte vizând creşterea competitivităţii Uniunii Europene rămân subiectele predilecte ale seminariilor, conferinţelor şi declaraţiilor politice, dar concretizarea lor continuă să fie mediocră, o dovadă în acest sens este soarta pe care a avut-o implementarea Agendei Lisabona sau ritmul discuţiilor despre un eventual pact pentru competitivitate. Nici companiile energetice europene nu au dovedit în ultimii ani un apetit sporit pentru performanţă managerială, iar perpetuarea unor modele anacronice de business le-a diminuat potenţialul de a concura cu corporaţiile di nStatele Unite sau Canada, implicate în operaţiuni de preluare, fuziuni şi achiziţii de zeci de miliarde de dolari.
Fantezii expansioniste şi guvernanţă corporatistă
Celălalt partener al acestei ecuaţii, Rusia şi compania care deţine monopolul în exportul său de gaze naturale întâmpină provocări de o complexitate aproape similară. În ciuda relaţiei privilegiate cu statul care deţine, direct sau indirect, peste 52% din acţiunile companiei şi a condiţionalităţilor politice menţionate anterior, Gazprom se confruntă chiar în piaţa internă cu concurenţa companiilor petroliere locale şi a micilor producători de gaz, Rosneft şi Novatek fiind cei mai cunoscuţi dintr-o lungă listă de rivali, iar ascendentul conferit de rezervele pe care le deţine este contrabalansat de restricţiile la creşterea preţurilor pe piaţa internă, aflată la începutul liberalizării şi de necesitatea unor investiţii enorme în explorare şi producţie. Managementul companiei îşi propunea la ultima Adunare Generală a Acţionarilor (avem de-a face cu o companie publică, listată pe bursele din Londra, Frankfurt şi New York), să construiască un nou Gazprom, în sensul dezvoltării unor noi centre de producţie în Yamal, Siberia de Est şi zona arctică, destinate să înlocuiascăvechile câmpuri din perioada sovietică, aflate într-un evident declin. Numai reducerea cererii de gaze naturale determinată de recesiune a evitat o catastrofă pentru corporaţia care a produs 10% din produsul intern brut al Rusiei, care oscilează între ambiţii de dominaţie globală şi nevoia de a subvenţiona politicile sociale ale puterii, cu sacrificarea ratelor de profitabilitate. Compatibilităţile ruso-europene funcţionează şi în privinţa invaziei de stereotipii la care este expusă elaborarea de politici publice şi strategii economice, iar în cazul Gazprom, aceasta s-a tradus prin targetarea expansiunii geografice fără raţiuni economice concrete, în defavoarea unor investiţii în tehnologie. Deşi proiectele hegemonice ale Rusiei ar fi reclamat creşterea capacităţilor de lichefiere a gazului, Gazprom operează doar un singur terminal, preluat şi acesta de la Royal Dutchs Shell şi de la partenerii japonezi ai acesteia. Reticenţele europene şi circumstanţele economice au determinat o anume reorientare a Gazprom către Extremul Orient, Africa şi America Latină, iar insistenţa autorităţilor pentru creşterea capacităţii de a genera profituri prin produse cu valoare adăugată ridicată au generat identificarea de noi variante de business în zona exploatărilor petroliere, producţiei de energie electrică şi petrochimiei. În aceeaşi direcţie, teribila armă de şantaj a Moscovei s-a dovedit în măsură să-şi dezvolte capacităţile de colaborare cu competitori din piaţa liberă, ultimii ani consemnând interesante schimburi de active în Rusia, Africa de Nord şi Marea Nordului. Parafrazându-l pe cronicarul moldovean, numai timpul ne va putea arăta dacă această strategie izvorâtă mai mult din necesităţile pragmatice decât dintr-un mecanism clasic de luare a deciziilor va fi încununată de succes sau dacă procesele de modernizare ale Rusiei vor avea urmări de profunzime, cu tot caracterul lor octroat. O concluzie care azi pare rezonabilă ar fi aceea că o soluţie la problemele cu care Rusia şi Europa se confruntă poate fi dată de recursul la memorie, dar nu la trecutul conflictelor şi al cămăşii însângerate, ci la compromisul pragmatic care a permis reconcilierea franco-germană din anii ‚50 şi a preliminat construcţia europeană. Proiecte pragmatice precum Nord Stream pot fi impulsuri semnificative în acest sens, sau dimpotrivă, ataşamentul protagoniştilor pentru propriile angoase le-ar putea transforma în noi simboluri ale eşecului.
duminică, 27 noiembrie 2011
Mariela NEAGU. Diavolul se ascunde în Legea adopțiilor
Vă rog să citiți acest text selectat de mine, în speranța că vă poate interesa. Cu prietenie, Dan Culcer
Diavolul se ascunde în Legea adopțiilor
Autor: Mariela NEAGU
Mult și cu patos s-a scris în România ultimilor douăzeci de ani despre
subiectul adopțiilor internaționale din România. Articolele, de regulă, spuneau
fie povestea unui copil care trăiește fericit într-o familie din Europa sau
America, fie citau rapoartele critice ale Comisiei Europene și ale
Parlamentului European, relatînd despre copiii plecați din România și dispăruți
fără urmă. Recent, Camera Deputaților (cameră decizională) a adoptat o nouă
lege a adopțiilor. Vom prezenta un istoric al problemei, referindu-ne, în
partea a II-a a articolului, la noile prevederi din Legea adopțiilor.
Nu demult, în luna iunie a acestui an, ProTV a demarat o campanie proadopții
care a stors lacrimi și multe semnături pentru modificarea Legii adopțiilor –
emoționantă, dar mai ales îngrijorătoare armonie între Guvern, televiziune și
Parlament.
Adopțiile internaționale au fost, ani de-a rîndul, una dintre cele mai
profitabile afaceri din România de după 1989. Bazele de date cu copiii care au
plecat din România în perioada 1990-1997 s-au pierdut sistematic și nu au mai
rămas decît niște estimări de mii sau de zeci de mii de copii plecați din țară
în acea perioadă.
În 1997, Guvernul a venit cu o politică inovatoare prin care a
descentralizat așa-numitele case de copii (numite, de atunci, „centre de
plasament“, un termen mai degrabă financiar) și a reglementat adopția internațională:
copilul putea fi declarat abandonat, adoptabil și adoptat în România sau în
străinătate. Ca să fie treaba bine făcută, responsabilitatea găsirii de familii
pentru copii a fost încredințată unor organisme private autorizate (OPA). Avocați
cu experiență în afaceri cu copii și soții de VIP-uri dîmbovițene și-au făcut
îndată ONG-uri care să intermedieze adopții internaționale. Atît de mult exces
de zel au avut OPA-urile în a rezolva problema copiilor din instituții încît,
după trei ani de la aplicarea acestei legi, România a ajuns pe locul trei în
lume la numărul de copii exportați, după Rusia și China, cu peste 3.000 de
copii plecați într-un an, pentru care cumpărătorii au plătit, în medie, 30.000
de euro/copil.
Adopțiile internaționale, sursă de corupție
Dar cum politicile Statului român erau la acea vreme monitorizate de
Uniunea Europeană, mulți politicieni de la Bruxelles au început să ridice din
sprîncene cînd au privit mai atent politica României în acest domeniu și au
aflat despre corupția și abuzurile care o însoțeau: copii declarați adoptabili
în urma unor semnături obținute prin presiuni sau vizite neconsemnate ale părinților,
lipsa a mii de rapoarte de monitorizare postadopție, copii ale căror dosare au
dispărut, copii rămași în țară fără identitate, cu ale căror certificate de naștere
se pare că au părăsit țara alți copii, copii plecați spre insule exotice sau
Alaska, minori adoptați la vîrste cuprinse între 15-17 ani. Și lista poate
continua. Faptul că unii copii au ajuns în familii care i-au crescut așa cum se
cuvine ține de întîmplare și nu de garanția pe care ar fi trebuit s-o ofere
legislația, instituțiile și cei care lucrează în acest sistem. Din cînd în cînd
mai apărea cîte o știre cu un copil adoptat din Ialomița în Irlanda, mort în
urma bătăilor aplicate de tatăl adoptiv; sau cu un băiat de 10 ani adoptat din
România și abuzat sexual de tatăl adoptiv în SUA, abuz descoperit întîmplător
(abuzatorul a uitat să șteargă imaginile de pe camera video pe care o
închiriase).
Adopția internațională este o afacere coruptă. O afacere cu țări care
trimit copii (întotdeauna țări sărace, cu un indice ridicat de corupție) și țări
primitoare, în care persoane sau cupluri sînt dispuse să plătească sume
serioase de bani în schimbul unui copil. Oficiul Român pentru Adopții a muncit
din greu pentru a modifica o lege elaborată înainte de aderare, apelînd la
expertiză europeană, reușind să oprească corupția și abuzurile din acest
domeniu, închizînd robinetul adopțiilor internaționale. În scurt timp, numărul
copiilor declarați abandonați a scăzut, iar numărul familiilor de români care
doreau să adopte copii a depășit numărul copiilor adoptabili.
O dovadă de responsabilitate a unei țări este să găsească cele mai bune
modalități ca să-și protejeze copiii care nu pot crește în propria familie: creșterea
lor de către rude, de familii de asistenți maternali, în case de tip familial
sau adopție (națională). Fiecare dintre aceste opțiuni își are rostul său, iar
rolul celor care lucrează în acest domeniu de la asistenți sociali la psihologi
și judecători este să determine ce este cel mai bine pentru un copil, ținînd
cont de toate nevoile lui, de atașamentul lui și de tot ce a dobîndit pînă în
acel moment. Asemenea judecăți se fac în toate statele europene. Nici o țară
europeană nu are o lege care să excludă adopția internațională, dar nici un
profesionist nu ia în considerare o asemenea opțiune pentru aceste țări.
De altfel, motivul pentru care adopția internațională este aproape exclusă
din Convenția ONU privind Drepturile Copilului este acela că, pe parcursul
sesiunilor de scriere a Convenției (anii ’80), au fost semnalate extrem de
multe cazuri de corupție din diferite țări ale lumii. Așa cum spune profesorul
american David Smolin, adopția internațională în general a dus la „spălare de
copii“ (child laundering), legitimînd și stimulînd, în multe cazuri, practici
de cumpărare, de trafic sau de răpire de copii.
Ce prevede noua lege
Cu grabă și discreție surprinzătoare, Camera Deputaților a adoptat acum
două săptămîni modificările la Legea adopției înaintate Parlamentului, la
începutul acestui an, de către Guvern.
Modificarea principală a acestei legi este că cetățenii români pot adopta
copii, indiferent de țara în care trăiesc. Acest tip de adopție, intrînd sub
sfera adopției internaționale, a fost pînă acum oprit. Totodată, adopția internă este redefinită ca
fiind adopția în care adoptatorul și adoptatul au „reședința obișnuită“ în
România. Deși Consiliul Legislativ a recomandat păstrarea vechii definiții cu
sintagma „au domiciliul în România“ (întrucît conceptul de „reședință obișnuită“
nu este folosit în legislația românească și va naște confuzii), Parlamentul a
ignorat comentariile Consiliului Legislativ.
Cu alte cuvinte, vor putea adopta copii din România toți cei care își vor
stabili aici „reședința obișnuită“, inclusiv cetățenii statelor UE/SEE sau
străinii care au drept de rezidență permanentă sau drept de ședere în România.
Totodată, adopțiile internaționale se deschid pentru cetățenii străini căsătoriți
cu cetățeni români și pentru rudele de gradul IV, adică pentru verișori, deși
diferența de vîrstă între adoptator și adoptat trebuie să fie de 18 ani, iar un
astfel de grad de rudenie este greu de probat.
Aparent, nimic rău pînă aici, totul pare a fi așa cum scrie la carte, în
interesul superior al copilului. Și poate că n-am avea motive de îngrijorare
dacă n-am vorbi despre copii vulnerabili, într-o țară în care, cu 10 ani în
urmă, venitul adus de adopțiile internaționale (înainte de stoparea acestora)
ajunsese la 150 de milioane de dolari pe an. Bani care ajungeau prin buzunarele
tuturor celor implicați în lanțul declarării adoptabilității unui copil pînă la
exportul acestuia într-o țară înstărită de pe planetă.
În România, salariile și sporurile celor care lucrează în protecția
copilului au fost tăiate sistematic, în timp ce volumul de muncă a crescut. O țară
în care unii avocați, asistenți sociali și alți intermediari au făcut averi
fabuloase convingînd mamele să-și dea consimțămîntul pentru adopție.
Cîteva semne de întrebare
De aceea, există o serie de semne de întrebare legate de noua lege și de
rapiditatea cu care s-a mișcat aceasta, de la Oficiul Român pentru Adopții la
Guvern, de la Guvern la comisiile și plenul Senatului, apoi la comisiile și
plenul Camerei Deputaților. Dacă această lege a fost făcută în interesul
superior al copilului, ținînd cont de prevederile noului Cod Civil (care invocă
drept unul dintre principiile adopției pe cel al continuității, legat de
originea etnică, de religie și de cultura în care a crescut copilul – principiu
preluat din Convenția ONU privind Drepturile Copilului), de ce noua lege
extinde posibilitățile de adopție internațională, dar dispare din lege – în mod
la fel de discret – articolul prin care asistenții maternali care doresc să
adopte copilul ce le-a fost încredințat spre creștere, aveau întîietate? Vă
imaginați un avocat specializat în adopții venind și smulgînd un copil de cîțiva
anișori din brațele celor care l-au crescut și care doresc să-l adopte, dar
care nu au forța financiară de a se lupta cu o lege strîmbă care nu-i
protejează? Și aceasta nu este singura prevedere care va acționa împotriva
interesului copilului. Copiii care se află în plasament la rude de gradul 4 vor
putea și ei să ajungă adoptabili, dacă așa va considera asistentul social care
se ocupa de cazul respectiv. Îmi este greu să înțeleg de ce este în interesul
unui copil să fie luat din familia extinsă și să fie dus într-o familie
necunoscută, chiar dacă are un venit mai bun. Orice cunoscător al Convenției
Europene a Drepturilor Omului ar fi nemulțumit citînd o astfel de prevedere,
avînd în vedere consecințele pe care le-ar putea produce, mai ales într-o țară
în care nu există tribunale pentru minori și nici judecători specializați
pentru cauze cu minori.
Aparent, conform legii, adopțiile vor fi mai rapide și principiul celerității
din cauzele cu minori este întărit prin termenul de 14 zile în care trebuie
judecată o cauză. Știți ce termene au ajuns să dea instanțele din România? De 14-15 luni. Calculatorul instanței de
judecată nu distinge cauzele cu minori de alte cauze și nici unul dintre
guvernele postdecembriste nu a făcut vreun efort pentru a înființa instanțe sau
măcar secții specializate pentru cauzele cu minori.
Dacă se dorește grăbirea procesului de adopție, atunci de ce termenul de
primire a atestatului de potențial adoptator a fost extins de la o lună la două
luni, cu termen de contestare pentru solicitant de numai 5 zile? Potențialii
adoptatori nu vor mai trebui să probeze capacitatea de a crește un copil, ciabilitățile (!) parentale, iar garanțiile materiale că pot crește un copil au
fost înlocuite cu „situația economică a persoanei/familiei, analizată din
perspectiva resurselor de venit, a continuității acestora, precum și a
cheltuielilor persoanei/familiei“. De aici putem deduce că serviciile de protecția
copilului vor trebui să-și angajeze analiști financiari sau să colaboreze cu
personalul băncilor pentru a putea face o analiză temeinică a noilor prevederi
legale.
O altă inovație adusă de noua lege este că, în cazul în care atestatul unei
persoane/familii este refuzat și, în urma contestației, Oficiul Român pentru
Adopții permite o nouă evaluare, aceasta poate fi făcută numai de cabinete
private de asistenți sociali sau de avocați, costul reevaluării fiind însă
suportat de către cei care doresc să adopte. Aceștia trebuie să plătească,
probabil, pentru încăpățînarea lor de a nu se lăsa cu una, cu două înfrînți de
lipsa de profesionalism a unor persoane din sistem.
În genere, modificările făcute sînt, în principal, în interesul românilor
din străinătate care doresc să adopte copii: oameni și cu bani, și cu drept de
vot. Dar, așa cum spunea Günter Verheugen, fostul Comisar pentru Extindere, în
ultima lui vizită la București, din decembrie 2010, „adopția înseamnă să găsești
o familie ca să faci un copil fericit; atunci cînd cauți un copil ca să faci o
familie fericită, se deschide o piață de copii“.
Mariela NEAGU a fost coordonator de programe în domeniul drepturilor
copilului și societății civile la Delegația Comisiei Europene din România, în
perioada 1997-2006, și președintele Autorității Naționale pentru Protecția
Drepturilor Copilului, în 2007-2009. Acum este expert în drepturile copilului
la Asociația Children’s High Level Group, o organizație neguvernamentală, al
cărei președinte este baroana Emma Nicholson, fost raportor al Parlamentului
European pentru România.
joi, 24 noiembrie 2011
Sfatul Țării. APEL CATRE ROMANII DE PRETUTINDENI
Vă rog să citiți acest text selectat de mine, în speranța că vă poate interesa. Cu prietenie, Dan Culcer
BINE DE STIUT SI NEUITAT- APEL CATRE ROMANII DE PRETUTINDENI !!!
Stimaţi ROMANI DE PRETUTINDENI!
Sfatul Tării constatând ca şi Dvs.,continua DEGRADARE a
VIETII NOASTRE, caracterizată totodată şi de maximizarea NESIGURANTEI
zilei de mâine, VA INVITA să analizaţi-URMATOARELE GANDURI-azi în faza
de ANTEPROIECT- spre a le înscrie-după primirea OPINIILOR celor ce doresc să se implice-în scopul de a declansa impreună organizarea unei REVOLUTII MORALE PASNICE !
Pentru detalii, vă rugăm să studiaţi textul ce urmează :
VA MULTUMIM
Cap I
Principiile Sfatului şi OPTIUNLE SALE PRAGMATICE -cadru g-ral ../vezi statut/
-Nu
luptăm niciodată IMPOTRIVA vreunei persoane fizice sau decidente-deci
NU DISTRUGEM ceva sau pe cineva, ci NE PROPUNEM sa CONSTRUIM ceva ce
merita ACEST POPOR-NOROD, in scopul UNEI VIETI NORMALE in PACE si
ARMONIE!
-Pe cei vinovaţi, îi sfătuim să rămână la dispozitia PUTERII UNOR LEGI DREPTE , noi acceptând LEGILE MORALEI DIVINE, incluzând şi regula: "NOI NU VREM MOARTEA PACATOSULUI ci INDREPTAREA LUI" ;
-Ne
aşteaptă judecata de "apoi ", la indemâna DUMNEZEULUI ADEVARAT,
judecata pe care NIMENI NU O POATE OCOLI ! / nici "soldatul nici
impăratul !"/
-Orice
initiativă se bizuie pe un Anteproiect ce devine executoriu, dupa
ACORDUL DEMOCRATIC AL FORTELOR ELECTORALE majoritar dovedite CINSTIT şi
în cazul unor îndoieli sau decizii majore, FINALA doar prin REFERENDUM
!
- PENTRU NIMENI : NU EXISTA PRIVILEGII, SECRETE sau LEGI SPECIALE !
-PROFESIONISTII,
doar aceştia pot fi FOLOSITI în treburile cetăţii şi CONTROLUL se va
face de BENEFICIARUL AUTENTIC, NU UN OARECARE MANDATAT abuziv !
-LIBERTATEA
DE EXPRIMARE paşnică este UN DREPT ce NU POATE fi îngrădit de nimeni
şi in nicio imprejurare.....; Acest drept este un DREPT DIVIN !?
-SOLIDARITATEA
naţională-in vremeri de restrişte- trebuie să însemne pentru o
naţiune, un moment în care-dela OPINCA la VLADICA-, toti facem
SACRIFICII...
Cap. II Reluare selectivă...
" CE-TI DORESC EU TIE, DULCE ROMANIE, TARA mea....."
I. IN CE LUME TRAIM CU ADEVARAT........
*
Din ian. 2009 Sfatul Tării, avertiza -fără succes- conaţionalii-că
SUNTEM FALS MANIPULATI anume: că ne aflăm IN FATA unei CRIZE ECONOMICE
ciclice a CAPITALISMULUI..; CA IN REALITATE NOI şi OMENIREA suntem cu toţii :
"LA RASCRUCEA dintre SFARSITUL celui de al 2-lea VAL-industrial- şi INCEPUTUL celui de al 3-lea VAL, al unei LUMI NOI marcată în fapt-FOND de O PROFUNDA CRIZA MORALA / SPIRITUALA-de CONSTIINTA ascunsă perfid de şi sub dictatura forţelor MALEFICE mondiale ! Se omit VOIT avertismente precum şi cele ale lui :
Andre Malraux : Secolul 21 va FI RELIGIOS SAU NU VA FI DELOC !
*
DECIDENTII ştiuţi ai lumii ATEE... , cu sprinul SLUGILOR SATANEI /SS/,
AU DECIS, după secole de exploatare în care au ACUMULAT BOGATIII
IMENSE, iar SARACIA a cuprins majoritatea populaţiei lumii şi afectat
grav distrugerea
ECOSISTEMULUI Divin......, au decis să instaureze-sub amenintarea războiului
nuclear-,O NOUA ORDINE MONDIALA in care prin forta, DICTATURA, să ne SUBJUGE, unui GUVERN unic de marionete!
**Disoluţia familiei, consumismul, dezmăţul sexual., plata nemuncii
/incurajarea lenii, cazinouri-cluburi cu jocuri de noroc, instrănarea
avutiei prin furt instituţinalizat, excrocarea capitalului şi
indatorări inrobitoare etc./ se extind şi consolidează exploziv, formând 2 clase de cetaţeni cu interese ANTAGONICE : TAGMA JEFUITORILOR protejată de legi făcute de ei şi NORODUL-POPORUL a cărui sursa de venit este cea de a-şi vinde capacitatea de muncă pe nimic !;
JEFUITORII îsi apară averile, lăsând câmp liber: violenţei,
alcoolismului, depravării morale, crimei organizate, creşterea
sinuciderilor, etc. In acest scenariu diabolic construit sub masca
manipulării prin minciună, ne vor OMORA pe multi dintre ce stau azi pe
tuşă sau in cârciuni, bordeluri, sau acceptă incultura-ignoranţa,
impinşi spre a se predea declarând " ASTA-I VIATA "; totodată biserica
lansează false principii sataniste ca "FERICITI CEI SARACI...;" iar în
acest timp falşii slujitori ai lui Dumnezeu, se ingrasă, fac averi,
extind pedofilia şi HUZURUL, sunt protejaţi de false legi-ierarhii,
înşelând enoriaşii !
***ACUM trăim apocaliptic: bogatii de PRETUTINDENI SI-au REpropus recent folosind metode IMORALE, EXTERMINAREA a miliarde
de SARACI la nivel planetar, fiecărui stat revenindu-i o cota
inclusiv Romaniei, de milioane; CONCRET exterminarea săracilor, va
incepe în aceasta toamna-iarna când FOAMETEA, SUBNUTRITIA,
BOLILE-inclusiv provocate prin alimente, vaccinuri, false medicamente-,
vor secera VIETI NEVINOVATE !
II.CE-I de FACUT-câteva soluţii supuse dezbaterii şi deciziei soc.
civile..
A. ADRESANTUL salvator: clasa formată din SARACII TARII SI AI LUMII:
*EI : NORODUL=PLEBEII-PROLETARII-tineri sau bătrâni-, cei care reprezintă 2/3 din alegătorii ţării, CEI CARE MUNCESC CINSTIT şi cu ADEVARAT-cu braţele sau mintea-{ cei care PRODUC PLUS VALOAREA, temelia dezvoltării societăţii şi progresului...}
*EI :"ALBINELE=EXPLOATATII"-care asigură nemijlocit BUNASTAREA INTREGEI TARI şi pot FACE să fie EFICIENTA AVUTIA NATIONALA moştenită şi adăogată-[inclusiv a CELOR ce nu produc ci DOAR CONSUMA-TRANTORII=EXPLOTATORII ]; PRIN renaştere spirituală-morală,
lepădându-se DE FORTELE MALEFICE ale lui LUCIFER şi INTORCANU-SE la
DUMNEZEUL ADEVARAT-al FORTELOR BENEFICE-SUNT, POT SI TREBUIE, ca
înainte de JUDECATA DE APOI, SA REDEVINA FORTA DECIDENTA a TUTUROR
COMPETITIILOR vieţii noastre, cea de toate zilele !
* DOAR EI,
CONSTIENTIZAND ca MILENIUL trei este UN NOU DRUM, care la nivel
PLANETAR INSEAMNA o LUME a CREDINTEI, A PACII, ARMONIEI, BUNASTARII,
fără SARACIE, BOLI, EXPLOATATORI, MANIPULARI...;EI sunt CEI ce POT
ASIGURA, ceace CREATORUL şi-a DORIT=RAIUL PE PAMANT şi VIATA VESNICA A
SUFLETELOR ce I-au respectat LEGILE.....!
NOUL DRUM al mileniului III inseamnă:
Concluziv : O ROMANIE MORAL-CRESTINA, DOAR a ROMANILOR [ EI să fie singurii
STAPANI în casele LOR, pe glia LOR, pe bogaţiile-munca LOR cinstită-
alături de FAMILIA şi copiii NOSTRI, cu bucuriile sau lupta NOASTRA.! ]
Străinii sunt doar INVITATII NOSTRI, iar etniile minoritare vor fi
acceptate doar ca cetaţeni egali in drepturi-fără privilegii sau
PRETENTII teritoriale şi altele....
B.
Mai jos unele soluţii de IESIRE din falsa-provocata CRIZA MONDIALA
zisă ECONOMICA; IN REALITATE/reiau/ ne aflăm intr-o CRIZA SPIRITUALA-MORALA-de CONSTIINTA , insemnând atitudini ferme, PRIN :
1. SCHIMBAREA directiei, ABANDONANAREA capitalismului- imperialist... care VREA:-MAXIMIZAREA
EXPLOATARII POPOARELOR, EXTERMINAREA SARACILOR şi instalarea noii
ORDINI MONDIALE: A FORTELOR RAULUI = DOMNIA-DICTATURA SATANEI SI
SLUGILOR sale!
2. ACCEPTAREA unei NOI DIRECTII cea: A RECONCILIERII omului cu DUMNEZEU, NATURA-mediul inconjurator- şi toti semenii, prin:
" LEGEA IUBIRII UNIVERSALE a LUI DUMNEZEU şi APROAPELUI" şi :
-LEPADAREA definitivă de SLUJITORII SATANEI lui deghizaţi /SS/;
-VIATA LUMEASCA TREBUIE să urmeze destinul DIVIN=nemurirea !
-CA după moarte, TOTI ne vom afla în faţa la JUDECATORULUI,
iar FAPTELE, ne vor conduce LA FERICIREA sau SUFERINTA VESNICA !
3.
REFORMAREA politicienilor este o TINTA falsă, TINTA ADEVARATA este cea
a DECIZIEI de a parasi VECHIUL DRUM si a VIRA pe DRUMUL CU SENS UNIC,
calea prezisă cândva de A.Malraux: "SEC.21 va fi religios sau NU VA FI DELOC", cuprinzând "REFORMAREA STATULUI" în sensul-parţial mai jos... :
+ STAT NATIONAL UNITAR ROMAN REINTREGIT=cel dobândit la 1 dec. 1918 =
şi NEUTRALITATE-NEATARNARE /neangajat in structuri sau politici
partizane de tipul : NATO, Uniunea europeană, .../
+ Denumirea ISTORICA a tării să fie : DACIA-ROMANIA / căci noi nu
suntem urmaşii Romei, ci ai geto dacilor LIBERI, care au scuturat jugul
lui Traian după 164 de ani de asuprire..../
+ Stat NICIODATA MULTINATIONAL, ci UN STAT AL CETATENILOR
ROMANI fără discriminări rasiale-xenofobe ; TOTI suntem EGALI IN FATA
LEGII, etniile vor avea doar libertăţi culturale; O SINGURA LIMBA şi un POPOR ;
+REINTRODUCEREA PEDEPSEI CU MOARTEA, inclusiv pentru delicte economice
ca: SUBMINAREA ECONOMIEI NATIONALE sau ACTIUNI speculative-bursa,
jocuri de noroc, imoralitate, ce aduc grave PREJUDICII SIGURANTEI
STATULUI de DREPT si a SIGURANTEI BIOLOGICE A POPULATIEI sau A
ECHILIBRULUI BIO SFEREI;
+ INTERZICEREA FINANTARII dela BUGET a PARTIDELOR POLITICE, a
oricăror alte forme de organizaţii-asociaţii-firme cu caracter PRIVAT;
+ INTERZICEREA funcţionarii organizaţiilor-partidelor pe criterii ETNICE / vor funcţiona doar cu caracter etno cultural şi finanţate cu capital privat./
+ BOGATIILE SOLULUI, SUBSOLULUI, apelor, pădurilor, pământul,
mijloacele de productie-transport ce participă la SIGURANTA BIOLOGICA a
POPULATIEI, vor fi TOATE în admnistrarea STATULUI- prin REnaţionalizare-!
+ EMITEREA, circulaţia monedei naţionale se va face DOAR prin
structuri bancare NATIONALE sub coordonarea Bancii Naţionale. In
schimburile de mărfuri, se va folosi şi o altă monedă, printr-o singură
Banca de Comert exterior în administrarea Bancii Nationale. Bancile cu
capital mixt sau străin vor fi interzise ! Normalizare monetară : REnationalizarea capitalului şi controlul fluctuaţiilor speculative a banilor....!
+ Se va reactualiza legea 18/1968 privind averile ILICITE, prin
confiscare totală, inclusiv in cazuri flagrante şi cu pedeapsa cu
moartea ! şi infiinţarea imediată a PUSCARIEI datornicilor, cu privare
de libertate imediat după constatare../
+ LAICIZAREA religiilor şi INTERZISA finanţarea acestora dela Buget;
se vor sustine doar de credincioşi, toate CHELTUIELILE-inclusiv
constructiile.....
+ TOATE VENITURILE LUNARE se vor impozita progresiv, plecând dela o
SCARA UNICA se SALARIZARE in raport cu calificarea, vechimea în muncă,
eficienţa dovedită; un NOMENCLATOR UNIC de SALARIZARE care va avea
raportul 1 câstigul minim şi 7 cel maxim-indiferent de locul de
munca-stat sau privat /demnitarii-managerii, pentru rezultate dovedite,
vor putea primi max. 20 % primă din valoarea salariului incasat /;
+ MUNCA cinstita dovedita, INOVAREA şi Economisirea, vor constitui
temeiul dobândirii unor VENITURI-BUNURI personale sau colective.
+ PROPRIETAREA privata va fi limitata la un DREPTUL DE A AVEA O
LOCUINTA CIVILIZATA, O CASA DE VACANTA, max. 50 Ha teren ARABIL care va
fi lucrat individual sau in asociatii colective; Nelucrarea
pământului reprezintă un DELICT penal, mergând până la confiscare;
+ NIMENI nu este mai presus de lege, va insemna EXPLICIT RASPUNDEREA
MANAGERIALA GESTIONARA, care in cazul unor rezultate păguboase, vor FI
RECUPERATE integral dela vinovati şi condamnaţi ca atare;
+ ORICE bugetar va putea primi temporar in interesul serviciului, locuinţă
gratuită
pe timp limitat, în spaţii din proprietatea sa / CAMINE / iar fiecare
se va deplasa dela şi la locul de munca pe cheltuiala sa... /
+ Toate investiţiile-cheltuielile bugetate, vor FI TRANSPARENTE-nimic
secretizat şi angajate, controlate, DECONTATE prin comisiile soc.
CIVILE BENEFICIARE ! PREJUDICIILE sunt delicte PENALE-de recuperat dela
decidenţi !
+ EXECUTIA Bugetelor de Stat sau PRIVATE va fi făcută public şi dela o anumită sumă-interes naţional-, vor fi aprobate prin referendum .
+ Ministerele vor fi max. 10 şi se vor interzice alte structuri
conexe; schemele vor fi aprobate anual prin Buget si vor cuprinde doar
uneori maxim 5 mijloace de transport obişnuite, la dispoziţie doar in
timpul şi interesul seviciului-fără folosirea pentru deplasări la şi
dela locul de muncă.
+ Legea Lustratiei va intra in vigoare IMEDIAT, DAR rescrisă pe
principiul Declaratiei dela Timişoara -art 8/1991; TOTI
CALAII-torţionarii vor fi judecaţi şi condamnaţi penal, cu recuperarea
daunelor extinzăndu- la 4 generaţii-cu circumstanţe atenuante in cazul
celor care se AUTODENUNTA şi au realizat o inţelegere, prin tribunal,
privind reparaţiile morale şi materiale-;
+ Parlamentul UNICAMERAL va avea maxim 221 parlamentari - alesi pentru
fiecare 100.000 locuitori cu drept de vot şi făcând parte din acea
comunitate. Alegerea pe liste NOMINALE, iar susţinerea poate fi făcută
de partide, soc civilă organizată sau independenţi. DEVINE ALES cel
care a dobândit MAJORITATEA DE VOTURI exprimate, dar validarea se va
face doar dacă au participat minim 75% din cei cu drept de VOT-incluzând
şi diaspora=toti cetăţenii cu dublă cetăţenie. Statul nu va finanţa
campania nimănui şi nici subvenţiona activitaţi politice...-sedii, birouri parlamentare, mijloace de transport, deplasări, etc.; campaniile TOATE prin autofinantare personală../
+ Camera deputaţilor va funcţiona în VECHEA clădire a Parlamentului
din dealul Mitropoliei şi va avea pentru cheltuieli de
funcţionare-admnistrare, max 30% din suma retribuiilor BRUTE ale
parlamentarilor; retribuţia şi programul lor se va incadra în
reglementarile generale ale bugetarilor : PRIVILEGII ZERO-sunt
salariaţi normali- în drepturi şi obligaţiuni ...-
+ Justitia se va reforma TOTAL; Structurile speciale-ANI etc. se vor
desfiinţa - reformare din temelii ! ; TRIBUNALELE vor avea NORME de
eficientă şi program ca toti bugetarii şi retribuţia legată de
rezultatele efective; erorile judiciare vor fi imputate şi
consecintele-inclusiv cheltuielile- recuperate dela vinovati şi
niciodată din Buget... !
+Barourile se desfiinţează şi avocatii pledanţi vor fi calificatii
după un stagiu de minim 4 ani, iar costurile-veniturile lor vor fi
contabilizate şi ca în oricare din celelalte profesii liberale ! Evaziunea nu va ierta pe nimeni !
4.
UN CAPITOL prioritar : DESFIINTAREA excepţiilor in cazuri de
austeritate, RECESIUNE sau stari de NECESITATE; insemnând concret:
+
TOATE veniturile-salariile incasate vor avea ca limită unică maximă
de supravietuire anume: nu va depasi : 10 ori, pensia unui fost
membru CAP.. ;
+ Statul nu va mai face POMENI de orice fel-ex. INCURAJAREA din BUGET a tinerilor ce vor sa devină afacerişti PRIVATI.....!
+
INVESTITIILE vor fi total transparente NATIONAL şi in comisii vor fi
OBLIGATORIU reprezentanţii soc. civile ! CELE ESUATE vor fi imputate
recuperate de DECIDENTII la nivel central /abilitaţi prin Lege.../.
+ Alte câteva in curs de definitivare sau propuse cde COLEGI de acţiuni identificaţi sau IDENTIFICABILI ....!?
Si cateva ATENTIONARI din alte atitudini ale Sfatului...
*
Constatând nepăsarea-nesimţirea adresanţilor unor partide pretins
Social Democrate, ca şi alte structuri, mi se confimat TEZA-
constatarea ca TOTI POLITICIENII noştri fac PARTE, inclusiv cei numiţi
independenţi sau PATRONATE-SINDICATE sunt fiecare cu cote de
participaţie variabilă, din grupul TAGMEI JEFUITORILOR, imbogăţiti
deopotrivă FARA MUNCA-trântori, în dauna albinelor IMPUTINATE voit.
TRAGEM TRISTA CONCLUZIE generalizată ad-hoc:
" LUPTA DE MILENII
DINTRE Bunul-UNICUL CREATOR al tuturor văzutelor şi nevăzutelor, al
finitului cunoscut ca şi al INFINITULUI NECUNOSCUT oamenilor, pentru
ERADICAREA RAULUI promovat de SATANA, a INTRAT INTR-O FAZA DECIVA-UCIGATOARE de VIETI !.
SATANA a reusit sa GLOBALIZEZE PACATUL PRIMAR şi este GATA SA
FOLOSESCA TOATE FORTELE SPRE TINTA SA DE MILENII VISATA:
SA
INSTAUREZE SATANISMUL pe PAMANT prin EXTERMINAREA FIZICA a cca 2
miliarde din cele 6 cca.miliarde TRAITORI PE PAMANT, prin ORICE
MIJLOACE-RAZBOAIE, BOLI provocate, MEDICAMENTE nocive vieţii şi
printr-o ALIMENTATIE obţinută prin MUTATII GENETICE UCIGASE etc. !"
**CE-I de FACUT CU PRUDENTA, de TOTI cei care DORESC SA-SI SALVEZE VIATA: NORODUL productiv sau pensionat !
a. SA NU NE MAI IMPLICAM în acţiuni de stradă,
chiar NON VIOLENTE CACI RISCAM SA MURIM DEGEABA ! REPRESIUNEA este
gata:=PUSCA ESTE ATINTITA spre FIECARE DINTRE NOI şi orice victimă,
este o victorie a programului exterminării a min. 3 mil. de
conaţionali, indiferent vârsta ;
b. SA CONSTIENTIZAM : VISTERIA este GOALA,
datorită nouă care: unii din necunoştere, alţii doritori de
distracţii-cărciumă,droguri,femei,jocuri de noroc etc.- DAR alţii
PLATITI să ne aducă în STADIUL DE SCLAVI-muritori de FOAME prin tehnica
ASASINATUI ECONOMIC CAPITALIST indemnându-ne :
-SA ACCEPTAM doctrina CAPITALISTA A PRIVATIZARII avuţiei cu ORICE PRET şi dintr-o TARA BOGATA, am devenit mai saraci ca pe vremea fanarioţilor-;
-AU INCURAJAT NEMUNCA-LENEA cu INDEMNUL atunci când ne era foame, {COMUNISTII ne trimiteau la muncă respectând lozinca: "CINE NU MUNCESTE,NU MANANCA"
şi de foame am respectat-o şi nimeni nu era dator} SA INTRAM în PRIMA
BANCA dela colţul străzii UNDE, fără Buletin, ni se ACORDAU PE LOC-fără
vreo garanţie-ORICE sumă DORITA! { devenind, AMNEZICI, deşi bunicii, dascălii noştri ne-au învăţat să economisim şi să ştim că: BANUL ESTE OCHIUL DRACULUI"! }
-AU făcut pentru HOTII PUTERII, Legea GARANTIEI STATULUI /banii noştri/: FALIMENTUL şi DATORIILE LOR, le ACHITA din pungă NOASTRA a celor cinstiţi...!
c. SA TINEM MINTE că INDATORAREA este TEHNICA SCLAVIZARII şi CA IMPRUMUTUL făcut, a FOST-ESTE PENTRU EI SI BOGATII LUMII şi că ACEASTA /zero pe vremea lui Ceauşescu/
depăşeşte 120 mld. de Euro şi al cărui nivel creşte cu dobânzile
inrobitoare anual cu mai mult de 30 mld. şi că restituirea lor,-fără
măsuri DIVINE...-se va face de NOROD.. [DACII LIBERI ] incluzând şi strănepoţii noştri !?.
INVATATURA
: NU VA MAI IMPRUMUTATI NICIODATA, chiar cu ademenirea de COFINANTARE,
căci piaţa muncii va cădea mult timp, FOAMEA ne va duce la disperare,
iar SANSA ca slugile să fie mai bine platite, este minimă..../Poate
doar cu poveţele prezentate, însuşite de fiecare, vom putea dormi puţin
mai liniştiţi, DAR siguri pe NOI şi Doamne ajută-ne ! atâta timp când suntem incă VII!
d.
SA TRECEM la PLANUL DE SUPRAVITUIRE BIOLOGICA A NEAMULUI sub
CHEMAREA-practica generaţiilor precedente, în VREMURILE-nu puţine- de
RESTRISTE: " LA IARBA VERDE VERDE DE ACASA...." Insemnând:
-să arăm, semănăm, sădim, etc. TOT PAMANTUL arabil, grădini, livezi,
vii, ce-l avem nemuncit: noi, vecinii, rudele, prietenii, iar OGRADA să
o repopulăm cu ANIMALELE care ne pot asigura impreună HRANA ns. şi
piaţa agricolă care renăscută, VA FI şi benefică DEZINTOXICARII...
- să ne reparăm CASA şi ACARETURILE pentru o toamnă roditoare şi o viaţa intr-o IARNA lungă şi grea şi plină de neprevăzut..;
- SA ne asigurăm APA bună, a IZVOARELOR naturale, asigurându-ne astfel
impotriva posibilei situaţii de răzmeriţa provocată, de otrăvirea apei;
- SA avem lemne, chiar dacă avem şi GAZE=nu le vom mai putea PLATI !
- Să lichidăm DEPOZITELE bancare, investind şi în UTILAJE agricole,
acţiune la care COPIII NOSTRI-NEPOTII acum în străini, au şansa de a le
achiziţiona convenabil şi mai mult, când unii se întorc, AU CU CE
MUNCI !
- ORICE PAS să FIE bine gândit, cu Sfatul comunitătii care se poate
organiza prin clasica prietenie ancestrală- conlucrarea cu
VECINUL,...aproapele nostru..
- NU contaţi pe ajutorul dela stat: EL nu mai este al nostru, decât la TV....
e.
INDEMNATI-VA TINERII să se CASATORESCA şi să FACA COPII, amintindu-le
noi bunicii, că mulţi ne-am făcut familii, FARA AVERE, fără să avem
VENITURI asigurate, fără pemperşi, doar cu braţele, mintea ns. şi
iubirea fără prihană ; şi FARA SA AVEM CARCIUMI la fiecare 100 mtr.!
f. REINVIATI claca, Caminul Cultural, HORA, gradinită, şcoala cu dascali buni..
g. Rugati-vă la BUNUL DUMNEZEU, cel prezent mereu în fiinţa noastră..
Vă rog să ne reîntalnim, cât mai mulţi cu MARELE SFAT AL
TARII propus, cu optinismul omului NEINVINS incă de "SS" "TJ" prin
puterea IUBIRII APROAPELUI şi DUMNEZEU, recitind seara, ISTORIA
ROMANILOR, DACILOR si altor neamuri care au supraviţuit raboaielor,
lipsurilor şi ne-au DAT VIATA CELOR de AZI !
NU UITATI că VIOLENTA naşte VIOLENTA la pătrat, că cine scoate sabia, de sabie va muri; TOLERANTA, IUBIREA, FAMILIA sunt VIATA..
Rog: INTELEGETI NEAMURI-SEMENI şi IMPLICATI-VA, căci...ştim :
CU NOI POATE fi SI DUMNEZEU
!
Aristide Buzuloiu
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