miercuri, 25 noiembrie 2015

La stratégie du chaos par Manlio Dinucci

Vă rog să citiți acest text selectat de mine, în speranța că vă poate interesa. Cu prietenie, Dan Culcer

« L’ART DE LA GUERRE »

La stratégie du chaos
par Manlio Dinucci


Alors que Thierry Meyssan montrait, dans un récent Focus, que l’attaque militaire perpétrée à Paris le 13 novembre était le fruit de l’engagement terroriste de la France, Manlio Dinucci poursuit cette logique. Il explique que cette crise entre les puissances sponsors du terrorisme fait le jeu de Washington. Après avoir eux-mêmes initié, en 1978, l’usage du terrorisme en Afghanistan contre l’Urss, les États-Unis observent avec délectation leurs élèves (la Turquie, l’Arabie saoudite et la France) se déchirer. Il ne restera d’autre État que l’Empire.
RÉSEAU VOLTAIRE | ROME (ITALIE) | 17 NOVEMBRE 2015
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Drapeaux en berne dans les pays de l’Otan pour « le 11 septembre de la France », pendant que le président Obama annonce aux médias : « Nous vous fournirons des informations sérieuses sur ceux qui sont responsables ».

Pas besoin d’attendre, c’est déjà clair.

L’énième massacre d’innocents a été provoqué par la série de bombes à fragmentation géopolitique, qui ont explosé selon une stratégie précise. Celle mise en acte depuis que les USA, après avoir gagné la confrontation avec l’URSS, se sont auto-proclamés « le seul État avec une force, une portée et une influence en toute dimension —politique, économique, militaire— réellement globales », se proposant d’« empêcher que toute puissance hostile ne domine une région —l’Europe occidentale, l’Asie orientale, le territoire de l’ex Union soviétique et l’Asie sud-occidentale— dont les ressources seraient suffisantes pour générer une puissance globale ». Dans ce but les USA ont réorienté depuis 1991 leur propre stratégie et, en s’accordant avec les puissances européennes, celle de l’Otan. Depuis lors ont été fragmentés ou démolis avec la guerre (ouverte et/ou couverte), un après l’autre, les États considérés comme un obstacle au plan de domination globale —Irak, Yougoslavie, Afghanistan, Libye, Syrie, Ukraine et autres— alors que d’autres encore (dont l’Iran) sont dans le collimateur. Ces guerres, qui ont broyé des millions de victimes, ont désagrégé des sociétés entières, en créant un masse énorme de désespérés, dont la frustration et la rébellion débouchent d’une part dans une résistance réelle, mais de l’autre se trouvent exploitées par la CIA et autres services secrets (y compris français) pour séduire des combattants dans un « djihad » de fait fonctionnel à la stratégie USA/Otan.

Ainsi s’est formée une armée ombre, constituée de groupes islamistes (souvent concurrents) employés à miner de l’intérieur l’État libyen pendant que l’Otan l’attaquait, puis pour une opération analogue en Syrie et Irak. De cela est né Daesh (ÉI), dans lequel ont conflué des « combattants étrangers » parmi lesquels des agents de services secrets, qui a reçu des milliards de dollars et des armes modernes de l’Arabie saoudite et d’autres monarchies arabes, alliées des USA et en particulier de la France. Stratégie qui n’est pas nouvelle : il y a plus de 35 ans, pour faire tomber l’URSS dans le « piège afghan », furent recrutés par l’intermédiaire de la CIA des dizaines de milliers de moudjahiddines de plus de 40 pays. Parmi ceux-là le riche saoudien Ossama Ben Laden, arrivé en Afghanistan avec 4 000 hommes, celui-là même qui allait ensuite fonder Al-Qaïda en devenant « l’ennemi numéro un » des USA. Washington n’est pas l’apprenti sorcier incapable de contrôler les forces mises en marche. Il est le centre moteur d’une stratégie qui, en démolissant des États entiers, provoque une réaction en chaîne chaotique de divisions et conflits à utiliser selon l’antique méthode du « diviser pour régner ».

L’attaque terroriste à Paris, accomplie par une main d’œuvre convaincue de frapper l’Occident, est arrivée avec une parfaite opportunité au moment où la Russie, en intervenant militairement, a bloqué le plan USA/Otan de démolition de l’État syrien et a annoncé des contre-mesures militaires à la croissante expansion de l’Otan à l’Est. L’attaque terroriste, en créant en Europe un climat de siège, « justifie » une montée en puissance militaire accélérée des pays européens de l’Otan, y compris l’augmentation de leur dépense militaire réclamée par les USA, et ouvre la voie à d’autres guerres sous commandement étasunien.

La France qui jusqu’à présent avait conduit « contre l’État islamique en Syrie seulement des attaques sporadiques » écrit le New York Times, a effectué dans la nuit de dimanche « en représailles, l’attaque aérienne la plus agressive contre la ville syrienne de Raqqa, en touchant des objectifs de l’ÉI indiqués par les États-Unis ». Parmi lesquels, précisent des fonctionnaires états-uniens, « quelques cliniques et un musée ».
Manlio Dinucci

Traduction
Marie-Ange Patrizio


Source
Il Manifesto (Italie)



Manlio Dinucci

Géographe et géopolitologue. Derniers ouvrages publiés : Laboratorio di geografia, Zanichelli 2014 ; Geocommunity(en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013 ;Escalation. Anatomia della guerra infinita, Ed. DeriveApprodi 2005.

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Source : « La stratégie du chaos », par Manlio Dinucci, Traduction Marie-Ange Patrizio, Il Manifesto (Italie), Réseau Voltaire, 17 novembre 2015,www.voltairenet.org/article189306.html

Nul besoin d’état d’urgence pour lutter contre les terroristes par Sergio Coronado

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Nul besoin d’état d’urgence pour lutter contre les terroristes
par Sergio Coronado


Seuls six députés ont voté contre la loi française de renouvellement et d’extension de l’état d’urgence : Pouria Amirshahi, Isabelle Attard, Sergio Coronado, Noël Mamère, Barbara Romagnan et Gérard Sebaoun. Ils ont compris que les commanditaires des attentats étaient de pseudos alliés de la France et que la réponse à apporter aux attentats était d’abord de changer ces alliances déshonorantes. Ils ont choisi de défendre la démocratie plutôt que de céder à l’hystérie générale. Nous leur exprimons notre reconnaissance et reproduisons ici une tribune de l’un d’entre eux, l’écologiste Sergio Coronado.
RÉSEAU VOLTAIRE | PARIS (FRANCE) | 20 NOVEMBRE 2015

Les djihadistes ont frappé Paris au cœur : aux environs du stade de France, dans les Xe et XIe arrondissements, où je vivais il y a quelques mois, au Bataclan, où je suis allé souvent faire la fête. Ils avaient pour cible la jeunesse, notre façon de vivre, nos libertés. Ce vendredi 13 fut effroyable. Tant de victimes, tant de morts.

Les forces de l’ordre et de sécurité qui ont risqué leur vie pour protéger notre sécurité, et les professionnels de santé à l’œuvre ont suscité une admiration unanime, bien au-delà de nos frontières. Les messages de solidarité et d’amitié venus du monde entier nous sont parvenus comme des baisers de réconfort.

L’objectif des assassins est clair ; créer les conditions d’une guerre civile au cœur même du pays, en y introduisant la haine, en s’attaquant aux libertés qui font la vie de chaque jour : la liberté de circuler, de se réunir, de manifester...

Ces djihadistes qui tuent au nom de Daech n’ont pas de frontières, se meuvent dans un espace transnational et dans le cyberespace. Ils recrutent dans toute l’Europe, en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient. Ils sont en partie le fruit des interventions occidentales en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie, dont nous n’avons jamais tiré le bilan. Sans doute parce que nous n’avons jamais eu à nous prononcer sur le bien-fondé de ces interventions.

L’état d’urgence a été instauré par la loi du 3 avril 1955 durant la guerre d’Algérie. Il n’a d’ailleurs guère servi, à l’époque, à décourager les attentats sur le territoire français. En revanche, il a ouvert la voie au vote des pouvoirs spéciaux en mars 1956.

Aujourd’hui, la menace est diffuse, sporadique, pouvant resurgir à tout moment. Elle est à la fois extérieure et interne. Ce sont en effet des jeunes français, des Européens qui tuent et massacrent là où ils ont grandi, là où ils ont vécu. Dès lors, l’hypothèse d’un état d’urgence qui dure plus longtemps que ce qui est prévu existe. Or l’état d’urgence est un état d’exception donc nécessairement temporaire, alors que la menace s’inscrit dans la durée, permanente selon les termes du Premier ministre.

Dans ce contexte, la prorogation de l’état d’urgence est-elle une nécessité ?

Est-ce à dire que l’état de droit est un état de faiblesse ?

Je crois à l’instar de Robert Badinter que l’état de droit n’est pas un état de faiblesse.

Des moyens importants ont été déployés depuis un an, et des moyens supplémentaires seront octroyés à la justice, à la police, au renseignement. Ces moyens ne dépendent pas de l’état d’urgence.

Depuis 1986, notre Parlement n’a eu de cesse de renforcer l’arsenal judiciaire contre le terrorisme. Plusieurs mesures rognant les libertés publiques et annoncées au moment de leur adoption comme temporaires ont ensuite été pérennisées.

De nombreuses modalités de poursuite, d’instruction et de jugement existent déjà dans le droit pour lutter contre le terrorisme. Pour dire les choses clairement, elles sont déjà exorbitantes du droit commun : c’est ainsi de la garde à vue, des perquisitions de nuit, des visites domiciliaires et saisies, des contrôles d’identité et fouilles des véhicules, des moyens de preuve allégés, du jugement des accusés et des délais de prescription. La procédure pénale en matière terroriste est déjà une procédure d’exception.

L’état d’urgence n’est pas en lui-même, malheureusement, de nature à écarter le danger. Il sert surtout à montrer que l’on agit, sans que son efficacité supérieure n’ait été démontrée. Les garanties de l’état de droit ne sont pas un obstacle à la lutte contre le terrorisme. La mise à l’écart de l’institution judiciaire est un risque pour notre démocratie. Alors qu’environ 2500 personnes travaillent au renseignement, à peine 150 personnes le font du côté judiciaire. Ce déséquilibre signifie que les juges n’ont pas les moyens de traiter les renseignements qui leur sont transmis.

Parce que mon intime conviction est que l’état d’urgence n’offre aucune supériorité opérationnelle dans la lutte contre le terrorisme, qu’il représente tout au contraire une suspension de notre état de droit, et donc des risques pour nos libertés, j’ai décidé de voter contre le projet de loi qui proroge l’état d’urgence.
Sergio Coronado


Sergio Coronado

Député (Europe écologie - Les Verts) des Français d’Amérique latine et des Caraïbes (depuis 2012).

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Source : « Nul besoin d’état d’urgence pour lutter contre les terroristes », par Sergio Coronado, Réseau Voltaire, 20 novembre 2015,www.voltairenet.org/article189349.html

La France et Israël lancent une nouvelle guerre en Irak et en Syrie par Thierry Meyssan

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COLONIALISME

La France et Israël lancent une nouvelle guerre en Irak et en Syrie
par Thierry Meyssan

D’une main, le gouvernement français mobilise tous ses médias pour focaliser sa population sur les attentats du 13 novembre, puis sur la Cop21. De l’autre, il profite de l’inattention générale pour lancer avec Israël une nouvelle guerre en Irak et en Syrie. Son objectif n’est plus de renverser le régime laïque syrien, ni de détruire son armée, mais désormais de créer un État colonial à cheval sur l’Irak et la Syrie, géré par des Kurdes, afin de prendre en tenailles les États arabes. Le rêve d’une puissance israélienne du Nil à l’Euphrate est de retour.

RÉSEAU VOLTAIRE | SKOPJE (MACÉDOINE) | 23 NOVEMBRE 2015


Sur cette carte, publiée par Robin Wright dans le New York Times en 2013, on distingue le Sunnistan que Daesh créera en juin 2014 et où il proclamera le Califat, et le Kurdistan que la France et Israël veulent créer en 2016. On notera que cette carte ne prévoit rien pour les chrétiens qui devraient être soit transférés en Europe, soit exterminés.
Au G20, Moscou et Washington imposent de couper le financement de Daesh

Le sommet du G20 à Antalya (Turquie) s’est certes préoccupé d’économie, mais surtout de la situation au Proche-Orient. De nombreuses négociations bilatérales ont eu lieu au cours du sommet et nous ignorons les détails de ce qui a été évoqué et conclu durant ces apartés.

Cependant, le président russe, Vladimir Poutine, a dénoncé sans les nommer les États participant à la conférence qui sponsorisent Daesh. Il a montré à ses collègues des photographies satellites des convois de camions-citernes traversant la Turquie pour vendre le pétrole volé par l’organisation terroriste en Irak et en Syrie [1]. Publiquement mis en cause pour ses violations des résolutions du Conseil de sécurité et son financement de Daesh, le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, a accusé le coup. Selon l’opposition turque, Bilal Erdoğan (le fils du président) dirige personnellement ce trafic [2].

Les présidents Poutine et Obama se sont mis d’accord pour détruire les camions-citernes de la famille Erdoğan et mettre ainsi un terme au trafic pétrolier. Le jour même, l’US CentralCommand bombardait pour la première fois depuis un an et demi des camions-citernes en Irak, tandis que l’armée russe en détruisait plus de 500 en Syrie [3].

La Russie et les États-Unis ont contraint la France à se joindre à cette opération. Faisant mine de réagir aux attentats de Paris, le président Hollande annonça sans rougir qu’il donnait ordre à ses armées de bombarder des objectifs de Daesh en Syrie, tandis que le président Poutine donnait publiquement instruction aux armées russes de se coordonner avec la France et de la traiter « comme » un allié [4]. Le président français rencontrera prochainement ses homologues états-unien et russe.

Il semble que des dispositions effectives aient été prises pour isoler les 24 établissements bancaires que Daesh utilise depuis l’Irak pour transférer de l’argent ; des dispositions que le sous-secrétaire d’État US David S. Cohen tentait vainement d’imposer depuis des mois [5].
La France et les « faucons libéraux » organisent une nouvelle guerre

Prenant acte qu’il devrait retirer Daesh de Syrie, le groupe d’États, de multinationales et de personnalités US qui organise la guerre a alors décidé d’en lancer une troisième.

Le « Printemps arabe » (février 2011 à janvier 2013) avait été lancé par le département d’État US. Il s’agissait de renverser les régimes laïques arabes, qu’ils soient alliés ou résistant aux États-Unis, et de les remplacer par des dictatures des Frères musulmans. Après avoir renversé les présidents tunisien et égyptien lors des « révolutions » du Jasmin et du Lotus, la guerre fut déclarée à la Libye et à la Syrie (comme prévu par le Traité de Lancaster House de novembre 2010), mais les puissances coloniales ne parvinrent pas à attaquer l’Algérie (prise d’otages d’In Amenas). 
La seconde guerre de Syrie (juillet 2012 à octobre 2015) avait été lancée par la France, les « faucons libéraux » US (Hillary Clinton, Jeffrey Feltman, David Petraeus, etc.) et Israël, financée par un groupe d’États (Turquie, Qatar, Arabie saoudite, etc.) et de multinationales (Exxon-Mobil, KKR, Academi, etc.). Il ne s’agissait plus tant de changer le régime, que de « faire saigner » le pays et de détruire son armée (plus de 100 000 soldats syriens sont déjà morts en luttant contre le terrorisme). Elle a pris fin avec l’intervention militaire de la Russie. 
La troisième guerre de Syrie (depuis le 20 novembre 2015) est initiée par certains membres du même groupe, cette fois en vue de créer un nouvel État au Nord de la Syrie et de l’Irak, de manière à prendre en tenaille les peuples arabes résistant à l’expansionnisme israélien [6].

Les organisateurs de la guerre ayant pris conscience qu’il ne leur sera plus possible de continuer d’agir contre la Syrie sont convenus de reprendre et de continuer le programme qui a déjà conduit à la création du Soudan du Sud, en 2012. Ce projet correspond au plan d’Alain Juppé (mars 2011) et à celui publié par Robin Wright (septembre 2013) qui prévoyaient qu’après avoir utilisé Daesh pour créer un Sunnistan, il conviendrait de créer un Kurdistan [7].

Il ne s’agit plus ni d’une guerre prétendument idéologique (Printemps arabe), ni prétendument religieuse (Seconde Guerre de Syrie), mais prétendument ethnique.En 1956, le likoudnik David Ben Gourion et le socialiste Guy Mollet se rencontraient secrètement à Sèvres pour conclure une alliance et s’emparer du Canal de Suez. Aujourd’hui leurs successeurs, le likoudnik Benjamin Netanyahu et le socialiste François Hollande, ont conclu un pacte pour s’emparer du Nord de l’Irak et de la Syrie. Jadis, les puissances coloniales pratiquaient la « politique de la canonnière », aujourd’hui, elles préfèrent utiliser le terrorisme.

Les opérations secrètes sur le terrain

Pour ce faire, ils sont parvenus à retourner le parti kurde syrien marxiste-léniniste YPG (désormais dénommé « Forces démocratiques de Syrie ») et à l’allier au clan Barzani d’Irak. Certes, les deux groupes sont kurdes, mais ne parlent pas la même langue, ils se sont entretués durant toute la Guerre froide, et se réclament d’idéologies diamétralement opposées [8].

Rappelons au passage que, désormais, le Gouvernement régional kurde d’Irak est une dictature. Son président Massoud Barzani, un agent du Mossad installé par le Royaume-Uni et les États-Unis, s’accroche au pouvoir depuis la fin de son mandat, en juin 2013 [9].

Ils ont poussé les « Forces démocratiques » (sic) à kurdiser de force les populations non-Kurdes du Nord de la Syrie (octobre 2015), provoquant le soulèvement des arabes et des chrétiens assyriens et la colère de Damas, mais aucune réaction internationale [10]. Il n’y en avait d’ailleurs pas eu lors de l’annexion des champs pétroliers de Kirkouk par le Gouvernement régional kurde d’Irak (été 2014), l’opinion publique internationale n’ayant d’yeux que pour le nettoyage ethnique pratiqué par Daesh. À l’époque, non seulement les grandes puissances n’avaient pas condamné la guerre de conquête du Gouvernement régional kurde d’Irak, mais avaient proposé de lui fournir directement des armes, sans passer par le Gouvernement central de Bagdad, prétendument pour lutter contre Daesh.

Les parties au conflit n’annonceront pas faire la guerre pour créer un État colonial israélien et prendre les États arabes résistants en tenaille, mais dès que cela sera nécessaire déclareront lutter pour un Kurdistan indépendant ; une position grotesque puisque le territoire concerné n’a jamais appartenu au Kurdistan historique et que les Kurdes y sont largement minoritaires (moins de 30 % de la population).

Le 5 novembre, la France annonçait l’envoi du porte-avions Charles-De-Gaulle sur zone, prétendument pour lutter contre Daesh, en réalité pour se positionner en vue de la 3ème guerre de Syrie [11]. Le bâtiment a quitté Toulon, son port d’attache, le 18 novembre.

Du 13 au 15 novembre, le Gouvernement régional du Kurdistan d’Irak, appuyé par les « Forces démocratiques de Syrie » ont repoussé Daesh du Mont Sinjar (Irak). En réalité, les soldats de Daesh s’étaient retirés ne laissant que 300 hommes face à une coalition de plusieurs dizaines de milliers de soldats. La zone libérée n’a pas été restituée au Gouvernement irakien, mais annexée par le Gouvernement régional kurde d’Irak.

Bien qu’elle fasse mine de ne pas soutenir cette opération et de la condamner, la Turquie l’a approuvée lors du Traité secret Juppé-Davoutoglu de 2011. Si le pseudo-Kurdistan était créé, elle ne manquerait pas d’y repousser les militants du PKK.
La résolution 2249 autorise de facto la nouvelle guerre

Le 20 novembre, la Russie tentait de faire passer une nouvelle fois la proposition de résolution qu’elle avait rédigée pour la séance du 30 septembre et qu’elle avait été contrainte de retirer [12]. Tout au plus modifiait-elle son texte en incluant des références aux attentats de Souse, du Sinaï, d’Ankara, de Beyrouth et de Paris, ainsi qu’en mentionnant l’article 51 de la Charte (droit à la légitime défense). Une seconde fois, elle devait renoncer à son texte et laisser passer une proposition française légalisant toute intervention militaire contre Daesh en Syrie et en Irak, ce que le Conseil approuvait à l’unanimité (résolution 2249) [13]. Bien qu’elle puisse être interprétée de plusieurs manières, la résolution piétine de facto la souveraineté nationale de l’Irak et de la Syrie. Elle autorise les grandes puissances à s’y ingérer pourvu qu’elles prétendent lutter contre Daesh [14]. Il s’agit évidemment de libérer le Nord de la Syrie de Daesh, non pas pour le restituer à la Syrie, mais pour y proclamer un État indépendant sous autorité kurde.

La Russie ne s’est pas opposée à cette résolution et l’a votée. Il semble qu’elle souhaite pour le moment profiter du plan franco-israélien pour repousser Daesh hors de Syrie sans pour autant accepter le principe d’un pseudo-Kurdistan. La création d’un tel État n’a aucune légitimité en droit international (les Kurdes de Syrie ne sont pas opprimés, mais jouissent des mêmes droits que les autres citoyens). Elle rouvre la question des droits des minorités déjà posée par la création du Kosovo par l’Otan. Elle autorise de facto tout groupe ethnique, quelle que soit sa situation politique, à revendiquer un État indépendant, ce qui implique par voie de conséquence la possible dissolution de la plupart des États au monde —y compris la France— et le triomphe de la « globalisation ».


À retenir : 
Le Kremlin et la Maison-Blanche se sont entendus pour couper les financements de Daesh. Ils ont bombardé en Irak et en Syrie les camions-citernes de la société de Bilal Erdoğan et isolé les banques de Daesh. 
Après l’annexion des champs pétroliers de Kirkouk en juin 2014, Israël et la France sont parvenus à poursuivre l’extension du territoire du Gouvernement régional kurde d’Irak (annexion des Monts Sinjar) et à lancer la conquête du territoire non-Kurde du Nord de la Syrie par le YPG désormais dénommé « Forces démocratiques de Syrie ». Ils entendent à terme faire fusionner les deux entités et proclamer l’indépendance d’un État prétendument kurde. 
La création d’un pseudo-Kurdistan dans des territoires non-Kurdes n’a aucune légalité en droit international. Elle vise uniquement, avec celle du Sud Soudan, à prendre en tenaille les principaux États arabes (Égypte, Syrie et Irak) pour réaliser le rêve d’une puissance israélienne du Nil à l’Euphrate.



[2] « Le rôle de la famille Erdoğan au sein de Daesh »,Réseau Voltaire, 26 juillet 2015.

[3] « L’armée américaine a détruit 116 camions-citernes de l’EI », Robert Burns, Associated Press, 16 novembre 2015.


[5] “Why Is Money Still Flowing to ISIS ?”, The Editorial Board, The New York Times Sunday Review, October 10, 2015.

[6] « Comment Israël veut relancer la guerre au Levant », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 11 mai 2015.

[7] “Imagining a Remapped Middle East”, Robin Wright, The New York Times Sunday Review, September 29, 2013.

[8] « Le Kurdistan et le Califat », « Le "Kurdistan", version israélienne », par Thierry Meyssan, Al-Watan(Syrie), Réseau Voltaire, 7 et 13 juillet 2014.




[12] “Russian draft resolution on Counterterrorism”,Voltaire Network, 1 October 2015.

[13] “Resolution 2249 on combating ISIS”, Voltaire Network, 20 November 2015.

[14] « Le Conseil de sécurité adopte une résolution appelant à la lutte contre Daech », Centre de Nouvelles de l’Onu, 20 novembre 2015.