luni, 26 septembrie 2016

Crimes et pitié : la révélation d'un holocauste caché



Crimes et pitié : la révélation d'un holocauste caché


James Bacque, Crimes and Mercies, The Fate of German Civilians Under Allied Occupation 1944-1950 [«Crimes et pitié, le sort des civils allemands sous l'occupation alliée, 1944-1950»].

Présenté par Eric Blair
Le nouveau livre de l'historien canadien James Bacque Crimes and Mercies [1997] est une suite à son travail de 1989, Other Losses [publié en français sous le titre Morts pour raisons diverses, NDT].
Alors ce dernier livre se concentre sur le sort des millions de prisonniers de guerre allemands à la fin de la 2ème Guerre Mondiale, dont les Alliés provoquèrent délibérément la mort de plus d'un million, par une combinaison de maladies, d'exposition aux intempéries, et de famine, son nouveau livre se concentre surtout sur le triste sort de 60 millions de civils allemands dans l'après-guerre.
Publié en septembre [1997], Crimes and Mercies fait plus de 300 pages. Cela inclut plus de 30 cartes, photos et illustrations; un avant-propos d'un historien spécialisé, Alfred De Zayas, et une introduction de l'auteur; 8 chapitres, avec un index, une bibliographie, des notes, et des appendices.
Mais c'est probablement à la page 131 que nous trouvons l'épicentre du livre, et sa thèse sismique; c'est là, dans un petit tableau de statistiques, que les découvertes de Bacque peuvent être vues d'un seul coup d'oeil:

Total de Morts


Minimum
Maximum
Expulsés (1945-50)
2,100,000
6,000,000
Prisonniers (1941-50)
1,500,000
2,000,000
Résidents (1946-50)
5,700,000
5,700,000



Totaux
9,300,000
13,700,000
"Les «expulsés» désignent les 16 millions de personnes d'ethnie allemande qui furent chassés de leurs habitats ancestraux en Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, et partout en Europe à la fin de la guerre. Ce chiffre comprend surtout des femmes, des enfants et des vieillards qui, avec quelques maigres bagages et soumis à la profonde hostilité des populations locales, se mirent en route vers ce qui restait de l'Allemagne.
Les «prisonniers» sont bien sûr les prisonniers de guerre allemands dont parle le premier livre de James Bacque.
Les «résidents» désignent ici la population civile allemande qui survécut à la 2ème Guerre Mondiale.
Selon Bacque, à cause des conditions extraordinairement dures imposées par les Alliés (c'est-à-dire les Britanniques, les Français, les Soviétiques et les Américains), au moins 9,3 millions d'Allemands, et peut-être jusqu'à 13,7 millions, étaient morts en 1950, sans aucune nécessité.
German boy scavenges for foodIl écrit: «C'est beaucoup plus d'Allemands qu'il n'en mourut dans les batailles, raids aériens et camps de concentration pendant la guerre. Des millions de ces gens moururent lentement de faim sous les yeux des vainqueurs chaque jour pendant des années».
Ajoutant: «Ces morts n'ont jamais été honnêtement reconnues ni par les Alliés ni par le gouvernement allemand».
C'est cette malhonnêteté, qui est en partie du silence, en partie de l'indifférence, en partie de la haine anti-allemande, ainsi que de l'érudition corrompue, que Bacque veut corriger avec le présent volume. [Image: Un enfant allemand aux pieds nus fouille une poubelle à la recherche de nourriture, Hambourg 1945.]
Dans la ligne conductrice du récit et à côté de celui-ci, il y a un grand nombre de motifs récurrents.
C'est l'exposition de l'inhumanité sans pudeur des dirigeants alliés: Roosevelt, Churchill, Staline et De Gaulle.
MorgenthauMais c'est le Secrétaire américain au Trésor, Henry Morgenthau Jr, qui est le grand méchant de la pièce, celui qui couva l'oeuf du serpent: le Plan Morgenthau, vicieux et revanchard, visant à la «pastoralisation» (lire: la désindustrialisation et la subjugation abjecte) du peuple allemand. [Image: Henry Morgenthau, Jr.]
Conçu, «annulé», mis en oeuvre par la directive punitive JCS / 1067, le Plan Morgenthau ravagea l'économie allemande, et par extension la fragile économie européenne.
A cause de lui, la reconstruction allemande de l'après-guerre fut reportée à la fin de 1948; à ce moment des millions de civils allemands avaient déjà péri.
Par effet de contraste, le héros du livre -- à qui le livre est dédicacé -- est Herbert Hoover.
Ce fut Hoover qui, dans l'esprit de la charité chrétienne et fidèle à ses racines de Quaker [les Quakers forment un mouvement religieux protestant, connu pour son attachement à la non-violence et à la charité, NDT] conduisit un effort d'aide alimentaire à l'échelle mondiale pendant la période d'après-guerre; sauvant par cette action, affirme Bacque, probablement jusqu'à 80 millions de vies; un point final dans un livre d'histoire rempli de statistiques décourageantes.
Hoover fit aussi campagne pour un programme d'aide alimentaire pour améliorer les conditions désespérées régnant en Allemagne, ce qui, avec le Plan Marshall, aida à mettre fin au cauchemar Morgenthau et sauva littéralement des millions de gens d'une mort lente.
Bacque jette aussi un éclairage sévère sur les médias occidentaux, depuis le New York Times jusqu'en bas, pour avoir dissimulé ou nié injustement la complicité des Alliés dans de nombreuses atrocités; pour leur trahison insensée de la résistance allemande anti-hitlérienne, des Cosaques anti-communistes et des Polonais Libres [anti-communistes]; et des hideuses cruautés qu'ils infligèrent, eux les vainqueurs, aux femmes allemandes sans défense, mais sans crainte, qui tentaient d'aider leurs maris malades et affamés, internés dans les camps de prisonniers des Alliés.
La détermination de Bacque à faire la lumière sur certaines vérités, cachées ou négligées depuis longtemps, concernant les Alliés occidentaux et leurs actions souvent peu glorieuses pendant et après la 2ème Guerre Mondiale, provoquera, aussi sûrement que la nuit succède au jour, l'animosité de la coterie de mythologues qui ont rabâché la notion simpliste de l'héroïsme et de la décence des Alliés -- et de la méchanceté exclusive des Allemands -- pendant le dernier demi-siècle.
Se souvenant de son parcours cahoteux après la publication de Other Losses, l'historien James Bacque s'attend à la même tempête après la publication de Crimes and Mercies.
Au Canada, dans le courrier des lecteurs du Toronto Globe and Mail, le débat a déjà commencé; et les signes de mécontentement, sinon de méchanceté, sont déjà évidents. Mais ce qui est encourageant est que Bacque pense aussi que la vérité sur cette tragique page de l'histoire allemande finira par être enfin connue.

Emmanuel Wathelet . Ce que le film « Demain » ne vous a pas dit

Ce que le film « Demain » ne vous a pas dit
    •    23 Sep 2016
    •    Emmanuel Wathelet
DSource http://www.investigaction.net/ce-que-le-film-demain-ne-vous-a-pas-dit/


Je voudrais d’abord dire combien les monnaies locales, les potagers urbains, la permaculture, une constitution citoyenne, les pédagogies actives ou encore le respect des salariés dans des entreprises dites « horizontales » sont, pour moi, des initiatives séduisantes. D’ailleurs, j’achète bio, mes enfants sont dans une école Freinet et j’ai fait ma thèse sur l’absence de hiérarchie formelle sur Wikipédia. Mais voilà, il y a un malentendu. Un malentendu répété à l’envi, résumé par le film « Demain » dont le slogan promet de « parcourir le monde des solutions ». Je démontre dans cet article que, non, malheureusement, il n’y a dans ces alternatives aucune « solution » et j’en suis le premier désolé.
Ce qui sous-tend les quelques « alternatives » citées dans le premier paragraphe, c’est l’idée selon laquelle il est possible de changer le monde pas à pas, en partant du quotidien des gens et sans exiger d’eux ni prise de risque, ni sacrifice. Pas étonnant que les spectateurs de Cyril Dion et Mélanie Laurent ressentent à ce point une « positive attitude » après la représentation du film « Demain » !
Cette idée a un nom : le réformisme. La pensée réformiste est la conviction selon laquelle un monde meilleur est possible pourvu que l’on adopte les réformes nécessaires. Elle s’appuie sur l’idée que les défauts du capitalisme peuvent être jugulés en adoptant de nouveaux comportements et en votant de nouvelles lois. Aller au travail en train ou à vélo, consommer bio ou échanger des services sont autant de nouveaux comportements lesquels, agrégés les uns aux autres, produiraient l’inéluctable effet de remplacer le système capitaliste corrompu par un capitalisme « sain ». Dans ce nouveau système, la croissance est garantie par l’énergie verte exigée par les électeurs, de même que les excès de la finance et de la spéculation sont régulés par des hommes politiques courageux. Ainsi, le changement vient des (petites) gens et, par contagion, investit l’ensemble de la société. Merveilleux.
Le problème d’une telle vision est qu’elle occulte complètement l’acteur le plus important de la société capitaliste : le capitaliste lui-même ! Chacune des initiatives citées, poussée au terme de sa logique, s’opposera en réalité frontalement à des intérêts puissants que la perspective exclusivement locale fait oublier. Ainsi, si tout le monde cultive son potager en respectant l’environnement et en produisant ses semences, Monsanto ne vendra plus ni ses OGM, ni son glyphosate. Si les citoyens créent des sociétés de journalistes pour empêcher leurs médias d’être détenus par des milliardaires jouant aux rédac-chefs, c’est Bolloré, Niel, Drahi ou Dassault qui verront rouge (si je puis dire !). Si la fabrication de médicaments devient « open source », que diront Pfizer, Glaxo et consorts ? Pas la peine d’en rajouter, vous avez compris le principe.
L’autre erreur, c’est de croire que tout ça, c’est pour après. Dans une certaine mesure, c’est pourtant vrai : la directive de l’UE interdisant les potagers amateurs était un hoax – ce qui n’implique pas qu’une telle décision serait impensable. Toutefois, la règlementation européenne sur les semences est tellement discriminante que seules les variétés des grosses industries répondent aux critères. On voit là la puissance des lobbies…qui agissent aujourd’hui et non pas…demain !
Mais est-ce valable dans tous les secteurs ? Certes oui. Dans leur film, Cyril Dion et Mélanie Laurent s’attardent longuement sur l’expérience de constitution citoyenne en Islande, mais il ne leur faut que quelques secondes pour rappeler que cette dernière est bloquée depuis plusieurs années par le parlement ! Forcément, la constitution allait « contre les intérêts » des députés. Mais ça n’aurait pas été très « positive attitude » de souligner l’échec.
Prenons un autre exemple : le commerce équitable. Le commerce équitable consiste à dire que l’injustice que subissent les paysans du sud (et encore, on parle des producteurs, pas nécessairement des ouvriers agricoles travaillant sous le soleil de plomb) peut être dépassée en « réformant » le commerce classique avec un label rigoureux impliquant des mécanismes de contrôle. Le commerce équitable est-il, à prix de vente égal avec des produits non équitables, rentable ? Non. Preuve en est que ces produits sont plus chers que la moyenne. Il en résulte que ceux qui peuvent se payer ces produits sont précisément ceux qui sont suffisamment riches. Or, les plus riches d’entre nous font partie des privilégiés du système capitaliste. Autrement dit, c’est parce qu’il y a des inégalités par ailleurs que le commerce équitable est possible. Le commerce équitable n’a donc pas pour vocation de se substituer à l’ensemble du commerce puisque, par définition, un privilégié ne peut l’être qu’en comparaison à d’autres qui ne le sont pas. Ici, non plus, pas de changement réel. On pourrait continuer comme ça indéfiniment, avec chacune des « solutions » qui fleurissent un peu partout et qui ressemblent finalement plus à des pansements au système capitaliste, voire à une pernicieuse caution morale.
Vous allez me dire : c’est déprimant ! Oui et non. Oui parce qu’en effet, ce n’est pas « si simple » de changer le monde. Non parce que, définitivement, il est possible de changer le monde. Mais cela implique d’être conscient que ce qu’on voyait comme une solution n’est peut-être qu’une première étape amenant à un blocage nécessaire. Cela implique également d’accepter que changer le monde n’est pas sans risque et ne se fera pas sans sacrifice.
Reprenons avec un exemple. Que des habitants se mettent ensemble pour rédiger une nouvelle constitution, qu’ils prennent conscience qu’ils en sont capables et que le résultat est à la hauteur de la mission assignée, c’est éminemment positif… Mais une fois l’alternative capable de rivaliser avec ce à quoi elle s’oppose, elle dérange. La confrontation est inévitable, la stratégie du « pas à pas » ayant fait long feu. C’est ici que le réformisme atteint ses limites et qu’intervient l’idéal révolutionnaire. Oui, je sais, c’est un peu abrupt. Pourtant, lorsqu’un peuple opprimé souhaite s’émanciper de son dictateur, la révolution est unanimement reconnue comme salutaire. La relative invisibilité du caractère totalitariste du capitalisme (sous couvert d’accepter la critique et même d’intégrer des ébauches…d’alternatives !) ne doit pas faire oublier la malbouffe, les licenciements collectifs, l’écart sans cesse plus grand entre les riches et les pauvres, les guerres pour les matières premières et celles qui enrichissent les industries de l’armement.
Face à ces multiples « blocages » dont on a montré qu’ils sont insolubles par une stratégie du pas à pas, la pensée révolutionnaire se pose comme l’opportunité d’opérer l’ultime « déclic ». Par exemple, les Islandais pourraient considérer leurs députés comme illégitimes et décider démocratiquement d’en élire ou d’en tirer au sort de nouveaux…tout en usant des moyens adéquats, éventuellement manu militari, pour arriver à leur fin. Ni sans risque, ni sans sacrifice disais-je… Dans ce contexte, on comprend que les peuples freinent des quatre fers, quitte à avaler des couleuvres – les Grecs en savent quelque chose. On sait toujours ce qu’on s’apprête à perdre, on ne sait rien de ce qu’on pourrait gagner. Faire la révolution est une décision qui se prend souvent au bord du gouffre, c’est-à-dire dans la pire des positions, celle qui permet le moins d’anticiper le système d’après.
De plus, toute une population ne sera jamais en même temps au bord du gouffre. Certains en sont loin, d’autres sont déjà tombés. Le changement ne viendra que par ceux qui ont le moins à perdre et le plus à gagner, c’est-à-dire les classes les plus exploitées par le capitalisme dont les « bobos » tentés par le bio ne font évidemment pas partie. Ces classes devront se mettre ensemble et constituer une masse critique, tout en étant correctement informées. Or, la masse critique est de facto tuée dans l’œuf par la façon qu’a le capitalisme d’opposer les pauvres entre eux (il n’y a qu’à voir le succès du Front National auprès des ouvriers) tandis que l’information est aux mains des plus puissants peu enclins à céder leur outil de propagande.
Que penser de tout ça ? D’abord qu’il faut continuer à « faire sa part » comme le rappelle la légende du colibri racontée par Pierre Rabhi. Parce que ça crée du lien social et ça démontre, en effet, qu’il serait possible (au conditionnel !) de vivre autrement. Ensuite, il faut garder en tête que bien avant qu’une alternative soit mise en œuvre unanimement, ceux qui pourraient en subir les conséquences (les multinationales, les milliardaires, etc.) luttent déjà contre elle. Pire, les différents lobbies et entreprises transnationales ne se contentent pas d’anticiper les « alternatives au système », ils continuent de renforcer ce système chaque jour avec de nouvelles propositions (TTIP, CETA), de nouvelles fusions (Bayer et Monsanto), de nouveaux licenciements (Caterpillar, Alstom), de nouvelles guerres. L’action à l’échelon local est donc nécessaire mais insuffisante : doit y être associé l’activisme politique à l’échelle des structures : lois, directives, projets de traités, etc. Enfin, il faut reconnaître qu’un véritable changement implique toujours une certaine prise de risques : répression violente des pouvoirs en place, incertitudes quant au nouveau système, périodes d’instabilité, instrumentalisations diverses, embargos économiques, menaces à la souveraineté nationale.
S’il est important de penser les alternatives indépendamment des obstacles, parce que cela donne le courage de s’y mettre, il l’est encore plus de penser les processus. Pour que la révolution ne soit pas à la manière de celle des planètes un « retour à la case départ », mais un véritable « monde de solutions » – même provisoires.
Source: Investig’Action
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Ce que le film « Demain » ne vous a pas dit

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Je voudrais d’abord dire combien les monnaies locales, les potagers urbains, la permaculture, une constitution citoyenne, les pédagogies actives ou encore le respect des salariés dans des entreprises dites « horizontales » sont, pour moi, des initiatives séduisantes. D’ailleurs, j’achète bio, mes enfants sont dans une école Freinet et j’ai fait ma thèse sur l’absence de hiérarchie formelle sur Wikipédia. Mais voilà, il y a un malentendu. Un malentendu répété à l’envi, résumé par le film « Demain » dont le slogan promet de « parcourir le monde des solutions ». Je démontre dans cet article que, non, malheureusement, il n’y a dans ces alternatives aucune « solution » et j’en suis le premier désolé.

Ce qui sous-tend les quelques « alternatives » citées dans le premier paragraphe, c’est l’idée selon laquelle il est possible de changer le monde pas à pas, en partant du quotidien des gens et sans exiger d’eux ni prise de risque, ni sacrifice. Pas étonnant que les spectateurs de Cyril Dion et Mélanie Laurent ressentent à ce point une « positive attitude » après la représentation du film « Demain » !
Cette idée a un nom : le réformisme. La pensée réformiste est la conviction selon laquelle un monde meilleur est possible pourvu que l’on adopte les réformes nécessaires. Elle s’appuie sur l’idée que les défauts du capitalisme peuvent être jugulés en adoptant de nouveaux comportements et en votant de nouvelles lois. Aller au travail en train ou à vélo, consommer bio ou échanger des services sont autant de nouveaux comportements lesquels, agrégés les uns aux autres, produiraient l’inéluctable effet de remplacer le système capitaliste corrompu par un capitalisme « sain ». Dans ce nouveau système, la croissance est garantie par l’énergie verte exigée par les électeurs, de même que les excès de la finance et de la spéculation sont régulés par des hommes politiques courageux. Ainsi, le changement vient des (petites) gens et, par contagion, investit l’ensemble de la société. Merveilleux.
Le problème d’une telle vision est qu’elle occulte complètement l’acteur le plus important de la société capitaliste : le capitaliste lui-même ! Chacune des initiatives citées, poussée au terme de sa logique, s’opposera en réalité frontalement à des intérêts puissants que la perspective exclusivement locale fait oublier. Ainsi, si tout le monde cultive son potager en respectant l’environnement et en produisant ses semences, Monsanto ne vendra plus ni ses OGM, ni son glyphosate. Si les citoyens créent des sociétés de journalistes pour empêcher leurs médias d’être détenus par des milliardaires jouant aux rédac-chefs, c’est Bolloré, Niel, Drahi ou Dassault qui verront rouge (si je puis dire !). Si la fabrication de médicaments devient « open source », que diront Pfizer, Glaxo et consorts ? Pas la peine d’en rajouter, vous avez compris le principe.
L’autre erreur, c’est de croire que tout ça, c’est pour après. Dans une certaine mesure, c’est pourtant vrai : la directive de l’UE interdisant les potagers amateurs était un hoax – ce qui n’implique pas qu’une telle décision serait impensable. Toutefois, la règlementation européenne sur les semences est tellement discriminante que seules les variétés des grosses industries répondent aux critères. On voit là la puissance des lobbies…qui agissent aujourd’hui et non pas…demain !
Mais est-ce valable dans tous les secteurs ? Certes oui. Dans leur film, Cyril Dion et Mélanie Laurent s’attardent longuement sur l’expérience de constitution citoyenne en Islande, mais il ne leur faut que quelques secondes pour rappeler que cette dernière est bloquée depuis plusieurs années par le parlement ! Forcément, la constitution allait « contre les intérêts » des députés. Mais ça n’aurait pas été très « positive attitude » de souligner l’échec.
Prenons un autre exemple : le commerce équitable. Le commerce équitable consiste à dire que l’injustice que subissent les paysans du sud (et encore, on parle des producteurs, pas nécessairement des ouvriers agricoles travaillant sous le soleil de plomb) peut être dépassée en « réformant » le commerce classique avec un label rigoureux impliquant des mécanismes de contrôle. Le commerce équitable est-il, à prix de vente égal avec des produits non équitables, rentable ? Non. Preuve en est que ces produits sont plus chers que la moyenne. Il en résulte que ceux qui peuvent se payer ces produits sont précisément ceux qui sont suffisamment riches. Or, les plus riches d’entre nous font partie des privilégiés du système capitaliste. Autrement dit, c’est parce qu’il y a des inégalités par ailleurs que le commerce équitable est possible. Le commerce équitable n’a donc pas pour vocation de se substituer à l’ensemble du commerce puisque, par définition, un privilégié ne peut l’être qu’en comparaison à d’autres qui ne le sont pas. Ici, non plus, pas de changement réel. On pourrait continuer comme ça indéfiniment, avec chacune des « solutions » qui fleurissent un peu partout et qui ressemblent finalement plus à des pansements au système capitaliste, voire à une pernicieuse caution morale.
Vous allez me dire : c’est déprimant ! Oui et non. Oui parce qu’en effet, ce n’est pas « si simple » de changer le monde. Non parce que, définitivement, il est possible de changer le monde. Mais cela implique d’être conscient que ce qu’on voyait comme une solution n’est peut-être qu’une première étape amenant à un blocage nécessaire. Cela implique également d’accepter que changer le monde n’est pas sans risque et ne se fera pas sans sacrifice.
Reprenons avec un exemple. Que des habitants se mettent ensemble pour rédiger une nouvelle constitution, qu’ils prennent conscience qu’ils en sont capables et que le résultat est à la hauteur de la mission assignée, c’est éminemment positif… Mais une fois l’alternative capable de rivaliser avec ce à quoi elle s’oppose, elle dérange. La confrontation est inévitable, la stratégie du « pas à pas » ayant fait long feu. C’est ici que le réformisme atteint ses limites et qu’intervient l’idéal révolutionnaire. Oui, je sais, c’est un peu abrupt. Pourtant, lorsqu’un peuple opprimé souhaite s’émanciper de son dictateur, la révolution est unanimement reconnue comme salutaire. La relative invisibilité du caractère totalitariste du capitalisme (sous couvert d’accepter la critique et même d’intégrer des ébauches…d’alternatives !) ne doit pas faire oublier la malbouffe, les licenciements collectifs, l’écart sans cesse plus grand entre les riches et les pauvres, les guerres pour les matières premières et celles qui enrichissent les industries de l’armement.
Face à ces multiples « blocages » dont on a montré qu’ils sont insolubles par une stratégie du pas à pas, la pensée révolutionnaire se pose comme l’opportunité d’opérer l’ultime « déclic ». Par exemple, les Islandais pourraient considérer leurs députés comme illégitimes et décider démocratiquement d’en élire ou d’en tirer au sort de nouveaux…tout en usant des moyens adéquats, éventuellement manu militari, pour arriver à leur fin. Ni sans risque, ni sans sacrifice disais-je… Dans ce contexte, on comprend que les peuples freinent des quatre fers, quitte à avaler des couleuvres – les Grecs en savent quelque chose. On sait toujours ce qu’on s’apprête à perdre, on ne sait rien de ce qu’on pourrait gagner. Faire la révolution est une décision qui se prend souvent au bord du gouffre, c’est-à-dire dans la pire des positions, celle qui permet le moins d’anticiper le système d’après.
De plus, toute une population ne sera jamais en même temps au bord du gouffre. Certains en sont loin, d’autres sont déjà tombés. Le changement ne viendra que par ceux qui ont le moins à perdre et le plus à gagner, c’est-à-dire les classes les plus exploitées par le capitalisme dont les « bobos » tentés par le bio ne font évidemment pas partie. Ces classes devront se mettre ensemble et constituer une masse critique, tout en étant correctement informées. Or, la masse critique est de facto tuée dans l’œuf par la façon qu’a le capitalisme d’opposer les pauvres entre eux (il n’y a qu’à voir le succès du Front National auprès des ouvriers) tandis que l’information est aux mains des plus puissants peu enclins à céder leur outil de propagande.
Que penser de tout ça ? D’abord qu’il faut continuer à « faire sa part » comme le rappelle la légende du colibri racontée par Pierre Rabhi. Parce que ça crée du lien social et ça démontre, en effet, qu’il serait possible (au conditionnel !) de vivre autrement. Ensuite, il faut garder en tête que bien avant qu’une alternative soit mise en œuvre unanimement, ceux qui pourraient en subir les conséquences (les multinationales, les milliardaires, etc.) luttent déjà contre elle. Pire, les différents lobbies et entreprises transnationales ne se contentent pas d’anticiper les « alternatives au système », ils continuent de renforcer ce système chaque jour avec de nouvelles propositions (TTIP, CETA), de nouvelles fusions (Bayer et Monsanto), de nouveaux licenciements (Caterpillar, Alstom), de nouvelles guerres. L’action à l’échelon local est donc nécessaire mais insuffisante : doit y être associé l’activisme politique à l’échelle des structures : lois, directives, projets de traités, etc. Enfin, il faut reconnaître qu’un véritable changement implique toujours une certaine prise de risques : répression violente des pouvoirs en place, incertitudes quant au nouveau système, périodes d’instabilité, instrumentalisations diverses, embargos économiques, menaces à la souveraineté nationale.
S’il est important de penser les alternatives indépendamment des obstacles, parce que cela donne le courage de s’y mettre, il l’est encore plus de penser les processus. Pour que la révolution ne soit pas à la manière de celle des planètes un « retour à la case départ », mais un véritable « monde de solutions » – même provisoires.
Source: Investig’Action
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Ce que le film « Demain » ne vous a pas dit

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Je voudrais d’abord dire combien les monnaies locales, les potagers urbains, la permaculture, une constitution citoyenne, les pédagogies actives ou encore le respect des salariés dans des entreprises dites « horizontales » sont, pour moi, des initiatives séduisantes. D’ailleurs, j’achète bio, mes enfants sont dans une école Freinet et j’ai fait ma thèse sur l’absence de hiérarchie formelle sur Wikipédia. Mais voilà, il y a un malentendu. Un malentendu répété à l’envi, résumé par le film « Demain » dont le slogan promet de « parcourir le monde des solutions ». Je démontre dans cet article que, non, malheureusement, il n’y a dans ces alternatives aucune « solution » et j’en suis le premier désolé.

Ce qui sous-tend les quelques « alternatives » citées dans le premier paragraphe, c’est l’idée selon laquelle il est possible de changer le monde pas à pas, en partant du quotidien des gens et sans exiger d’eux ni prise de risque, ni sacrifice. Pas étonnant que les spectateurs de Cyril Dion et Mélanie Laurent ressentent à ce point une « positive attitude » après la représentation du film « Demain » !
Cette idée a un nom : le réformisme. La pensée réformiste est la conviction selon laquelle un monde meilleur est possible pourvu que l’on adopte les réformes nécessaires. Elle s’appuie sur l’idée que les défauts du capitalisme peuvent être jugulés en adoptant de nouveaux comportements et en votant de nouvelles lois. Aller au travail en train ou à vélo, consommer bio ou échanger des services sont autant de nouveaux comportements lesquels, agrégés les uns aux autres, produiraient l’inéluctable effet de remplacer le système capitaliste corrompu par un capitalisme « sain ». Dans ce nouveau système, la croissance est garantie par l’énergie verte exigée par les électeurs, de même que les excès de la finance et de la spéculation sont régulés par des hommes politiques courageux. Ainsi, le changement vient des (petites) gens et, par contagion, investit l’ensemble de la société. Merveilleux.
Le problème d’une telle vision est qu’elle occulte complètement l’acteur le plus important de la société capitaliste : le capitaliste lui-même ! Chacune des initiatives citées, poussée au terme de sa logique, s’opposera en réalité frontalement à des intérêts puissants que la perspective exclusivement locale fait oublier. Ainsi, si tout le monde cultive son potager en respectant l’environnement et en produisant ses semences, Monsanto ne vendra plus ni ses OGM, ni son glyphosate. Si les citoyens créent des sociétés de journalistes pour empêcher leurs médias d’être détenus par des milliardaires jouant aux rédac-chefs, c’est Bolloré, Niel, Drahi ou Dassault qui verront rouge (si je puis dire !). Si la fabrication de médicaments devient « open source », que diront Pfizer, Glaxo et consorts ? Pas la peine d’en rajouter, vous avez compris le principe.
L’autre erreur, c’est de croire que tout ça, c’est pour après. Dans une certaine mesure, c’est pourtant vrai : la directive de l’UE interdisant les potagers amateurs était un hoax – ce qui n’implique pas qu’une telle décision serait impensable. Toutefois, la règlementation européenne sur les semences est tellement discriminante que seules les variétés des grosses industries répondent aux critères. On voit là la puissance des lobbies…qui agissent aujourd’hui et non pas…demain !
Mais est-ce valable dans tous les secteurs ? Certes oui. Dans leur film, Cyril Dion et Mélanie Laurent s’attardent longuement sur l’expérience de constitution citoyenne en Islande, mais il ne leur faut que quelques secondes pour rappeler que cette dernière est bloquée depuis plusieurs années par le parlement ! Forcément, la constitution allait « contre les intérêts » des députés. Mais ça n’aurait pas été très « positive attitude » de souligner l’échec.
Prenons un autre exemple : le commerce équitable. Le commerce équitable consiste à dire que l’injustice que subissent les paysans du sud (et encore, on parle des producteurs, pas nécessairement des ouvriers agricoles travaillant sous le soleil de plomb) peut être dépassée en « réformant » le commerce classique avec un label rigoureux impliquant des mécanismes de contrôle. Le commerce équitable est-il, à prix de vente égal avec des produits non équitables, rentable ? Non. Preuve en est que ces produits sont plus chers que la moyenne. Il en résulte que ceux qui peuvent se payer ces produits sont précisément ceux qui sont suffisamment riches. Or, les plus riches d’entre nous font partie des privilégiés du système capitaliste. Autrement dit, c’est parce qu’il y a des inégalités par ailleurs que le commerce équitable est possible. Le commerce équitable n’a donc pas pour vocation de se substituer à l’ensemble du commerce puisque, par définition, un privilégié ne peut l’être qu’en comparaison à d’autres qui ne le sont pas. Ici, non plus, pas de changement réel. On pourrait continuer comme ça indéfiniment, avec chacune des « solutions » qui fleurissent un peu partout et qui ressemblent finalement plus à des pansements au système capitaliste, voire à une pernicieuse caution morale.
Vous allez me dire : c’est déprimant ! Oui et non. Oui parce qu’en effet, ce n’est pas « si simple » de changer le monde. Non parce que, définitivement, il est possible de changer le monde. Mais cela implique d’être conscient que ce qu’on voyait comme une solution n’est peut-être qu’une première étape amenant à un blocage nécessaire. Cela implique également d’accepter que changer le monde n’est pas sans risque et ne se fera pas sans sacrifice.
Reprenons avec un exemple. Que des habitants se mettent ensemble pour rédiger une nouvelle constitution, qu’ils prennent conscience qu’ils en sont capables et que le résultat est à la hauteur de la mission assignée, c’est éminemment positif… Mais une fois l’alternative capable de rivaliser avec ce à quoi elle s’oppose, elle dérange. La confrontation est inévitable, la stratégie du « pas à pas » ayant fait long feu. C’est ici que le réformisme atteint ses limites et qu’intervient l’idéal révolutionnaire. Oui, je sais, c’est un peu abrupt. Pourtant, lorsqu’un peuple opprimé souhaite s’émanciper de son dictateur, la révolution est unanimement reconnue comme salutaire. La relative invisibilité du caractère totalitariste du capitalisme (sous couvert d’accepter la critique et même d’intégrer des ébauches…d’alternatives !) ne doit pas faire oublier la malbouffe, les licenciements collectifs, l’écart sans cesse plus grand entre les riches et les pauvres, les guerres pour les matières premières et celles qui enrichissent les industries de l’armement.
Face à ces multiples « blocages » dont on a montré qu’ils sont insolubles par une stratégie du pas à pas, la pensée révolutionnaire se pose comme l’opportunité d’opérer l’ultime « déclic ». Par exemple, les Islandais pourraient considérer leurs députés comme illégitimes et décider démocratiquement d’en élire ou d’en tirer au sort de nouveaux…tout en usant des moyens adéquats, éventuellement manu militari, pour arriver à leur fin. Ni sans risque, ni sans sacrifice disais-je… Dans ce contexte, on comprend que les peuples freinent des quatre fers, quitte à avaler des couleuvres – les Grecs en savent quelque chose. On sait toujours ce qu’on s’apprête à perdre, on ne sait rien de ce qu’on pourrait gagner. Faire la révolution est une décision qui se prend souvent au bord du gouffre, c’est-à-dire dans la pire des positions, celle qui permet le moins d’anticiper le système d’après.
De plus, toute une population ne sera jamais en même temps au bord du gouffre. Certains en sont loin, d’autres sont déjà tombés. Le changement ne viendra que par ceux qui ont le moins à perdre et le plus à gagner, c’est-à-dire les classes les plus exploitées par le capitalisme dont les « bobos » tentés par le bio ne font évidemment pas partie. Ces classes devront se mettre ensemble et constituer une masse critique, tout en étant correctement informées. Or, la masse critique est de facto tuée dans l’œuf par la façon qu’a le capitalisme d’opposer les pauvres entre eux (il n’y a qu’à voir le succès du Front National auprès des ouvriers) tandis que l’information est aux mains des plus puissants peu enclins à céder leur outil de propagande.
Que penser de tout ça ? D’abord qu’il faut continuer à « faire sa part » comme le rappelle la légende du colibri racontée par Pierre Rabhi. Parce que ça crée du lien social et ça démontre, en effet, qu’il serait possible (au conditionnel !) de vivre autrement. Ensuite, il faut garder en tête que bien avant qu’une alternative soit mise en œuvre unanimement, ceux qui pourraient en subir les conséquences (les multinationales, les milliardaires, etc.) luttent déjà contre elle. Pire, les différents lobbies et entreprises transnationales ne se contentent pas d’anticiper les « alternatives au système », ils continuent de renforcer ce système chaque jour avec de nouvelles propositions (TTIP, CETA), de nouvelles fusions (Bayer et Monsanto), de nouveaux licenciements (Caterpillar, Alstom), de nouvelles guerres. L’action à l’échelon local est donc nécessaire mais insuffisante : doit y être associé l’activisme politique à l’échelle des structures : lois, directives, projets de traités, etc. Enfin, il faut reconnaître qu’un véritable changement implique toujours une certaine prise de risques : répression violente des pouvoirs en place, incertitudes quant au nouveau système, périodes d’instabilité, instrumentalisations diverses, embargos économiques, menaces à la souveraineté nationale.
S’il est important de penser les alternatives indépendamment des obstacles, parce que cela donne le courage de s’y mettre, il l’est encore plus de penser les processus. Pour que la révolution ne soit pas à la manière de celle des planètes un « retour à la case départ », mais un véritable « monde de solutions » – même provisoires.
Source: Investig’Action
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Ce que le film « Demain » ne vous a pas dit

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Je voudrais d’abord dire combien les monnaies locales, les potagers urbains, la permaculture, une constitution citoyenne, les pédagogies actives ou encore le respect des salariés dans des entreprises dites « horizontales » sont, pour moi, des initiatives séduisantes. D’ailleurs, j’achète bio, mes enfants sont dans une école Freinet et j’ai fait ma thèse sur l’absence de hiérarchie formelle sur Wikipédia. Mais voilà, il y a un malentendu. Un malentendu répété à l’envi, résumé par le film « Demain » dont le slogan promet de « parcourir le monde des solutions ». Je démontre dans cet article que, non, malheureusement, il n’y a dans ces alternatives aucune « solution » et j’en suis le premier désolé.

Ce qui sous-tend les quelques « alternatives » citées dans le premier paragraphe, c’est l’idée selon laquelle il est possible de changer le monde pas à pas, en partant du quotidien des gens et sans exiger d’eux ni prise de risque, ni sacrifice. Pas étonnant que les spectateurs de Cyril Dion et Mélanie Laurent ressentent à ce point une « positive attitude » après la représentation du film « Demain » !
Cette idée a un nom : le réformisme. La pensée réformiste est la conviction selon laquelle un monde meilleur est possible pourvu que l’on adopte les réformes nécessaires. Elle s’appuie sur l’idée que les défauts du capitalisme peuvent être jugulés en adoptant de nouveaux comportements et en votant de nouvelles lois. Aller au travail en train ou à vélo, consommer bio ou échanger des services sont autant de nouveaux comportements lesquels, agrégés les uns aux autres, produiraient l’inéluctable effet de remplacer le système capitaliste corrompu par un capitalisme « sain ». Dans ce nouveau système, la croissance est garantie par l’énergie verte exigée par les électeurs, de même que les excès de la finance et de la spéculation sont régulés par des hommes politiques courageux. Ainsi, le changement vient des (petites) gens et, par contagion, investit l’ensemble de la société. Merveilleux.
Le problème d’une telle vision est qu’elle occulte complètement l’acteur le plus important de la société capitaliste : le capitaliste lui-même ! Chacune des initiatives citées, poussée au terme de sa logique, s’opposera en réalité frontalement à des intérêts puissants que la perspective exclusivement locale fait oublier. Ainsi, si tout le monde cultive son potager en respectant l’environnement et en produisant ses semences, Monsanto ne vendra plus ni ses OGM, ni son glyphosate. Si les citoyens créent des sociétés de journalistes pour empêcher leurs médias d’être détenus par des milliardaires jouant aux rédac-chefs, c’est Bolloré, Niel, Drahi ou Dassault qui verront rouge (si je puis dire !). Si la fabrication de médicaments devient « open source », que diront Pfizer, Glaxo et consorts ? Pas la peine d’en rajouter, vous avez compris le principe.
L’autre erreur, c’est de croire que tout ça, c’est pour après. Dans une certaine mesure, c’est pourtant vrai : la directive de l’UE interdisant les potagers amateurs était un hoax – ce qui n’implique pas qu’une telle décision serait impensable. Toutefois, la règlementation européenne sur les semences est tellement discriminante que seules les variétés des grosses industries répondent aux critères. On voit là la puissance des lobbies…qui agissent aujourd’hui et non pas…demain !
Mais est-ce valable dans tous les secteurs ? Certes oui. Dans leur film, Cyril Dion et Mélanie Laurent s’attardent longuement sur l’expérience de constitution citoyenne en Islande, mais il ne leur faut que quelques secondes pour rappeler que cette dernière est bloquée depuis plusieurs années par le parlement ! Forcément, la constitution allait « contre les intérêts » des députés. Mais ça n’aurait pas été très « positive attitude » de souligner l’échec.
Prenons un autre exemple : le commerce équitable. Le commerce équitable consiste à dire que l’injustice que subissent les paysans du sud (et encore, on parle des producteurs, pas nécessairement des ouvriers agricoles travaillant sous le soleil de plomb) peut être dépassée en « réformant » le commerce classique avec un label rigoureux impliquant des mécanismes de contrôle. Le commerce équitable est-il, à prix de vente égal avec des produits non équitables, rentable ? Non. Preuve en est que ces produits sont plus chers que la moyenne. Il en résulte que ceux qui peuvent se payer ces produits sont précisément ceux qui sont suffisamment riches. Or, les plus riches d’entre nous font partie des privilégiés du système capitaliste. Autrement dit, c’est parce qu’il y a des inégalités par ailleurs que le commerce équitable est possible. Le commerce équitable n’a donc pas pour vocation de se substituer à l’ensemble du commerce puisque, par définition, un privilégié ne peut l’être qu’en comparaison à d’autres qui ne le sont pas. Ici, non plus, pas de changement réel. On pourrait continuer comme ça indéfiniment, avec chacune des « solutions » qui fleurissent un peu partout et qui ressemblent finalement plus à des pansements au système capitaliste, voire à une pernicieuse caution morale.
Vous allez me dire : c’est déprimant ! Oui et non. Oui parce qu’en effet, ce n’est pas « si simple » de changer le monde. Non parce que, définitivement, il est possible de changer le monde. Mais cela implique d’être conscient que ce qu’on voyait comme une solution n’est peut-être qu’une première étape amenant à un blocage nécessaire. Cela implique également d’accepter que changer le monde n’est pas sans risque et ne se fera pas sans sacrifice.
Reprenons avec un exemple. Que des habitants se mettent ensemble pour rédiger une nouvelle constitution, qu’ils prennent conscience qu’ils en sont capables et que le résultat est à la hauteur de la mission assignée, c’est éminemment positif… Mais une fois l’alternative capable de rivaliser avec ce à quoi elle s’oppose, elle dérange. La confrontation est inévitable, la stratégie du « pas à pas » ayant fait long feu. C’est ici que le réformisme atteint ses limites et qu’intervient l’idéal révolutionnaire. Oui, je sais, c’est un peu abrupt. Pourtant, lorsqu’un peuple opprimé souhaite s’émanciper de son dictateur, la révolution est unanimement reconnue comme salutaire. La relative invisibilité du caractère totalitariste du capitalisme (sous couvert d’accepter la critique et même d’intégrer des ébauches…d’alternatives !) ne doit pas faire oublier la malbouffe, les licenciements collectifs, l’écart sans cesse plus grand entre les riches et les pauvres, les guerres pour les matières premières et celles qui enrichissent les industries de l’armement.
Face à ces multiples « blocages » dont on a montré qu’ils sont insolubles par une stratégie du pas à pas, la pensée révolutionnaire se pose comme l’opportunité d’opérer l’ultime « déclic ». Par exemple, les Islandais pourraient considérer leurs députés comme illégitimes et décider démocratiquement d’en élire ou d’en tirer au sort de nouveaux…tout en usant des moyens adéquats, éventuellement manu militari, pour arriver à leur fin. Ni sans risque, ni sans sacrifice disais-je… Dans ce contexte, on comprend que les peuples freinent des quatre fers, quitte à avaler des couleuvres – les Grecs en savent quelque chose. On sait toujours ce qu’on s’apprête à perdre, on ne sait rien de ce qu’on pourrait gagner. Faire la révolution est une décision qui se prend souvent au bord du gouffre, c’est-à-dire dans la pire des positions, celle qui permet le moins d’anticiper le système d’après.
De plus, toute une population ne sera jamais en même temps au bord du gouffre. Certains en sont loin, d’autres sont déjà tombés. Le changement ne viendra que par ceux qui ont le moins à perdre et le plus à gagner, c’est-à-dire les classes les plus exploitées par le capitalisme dont les « bobos » tentés par le bio ne font évidemment pas partie. Ces classes devront se mettre ensemble et constituer une masse critique, tout en étant correctement informées. Or, la masse critique est de facto tuée dans l’œuf par la façon qu’a le capitalisme d’opposer les pauvres entre eux (il n’y a qu’à voir le succès du Front National auprès des ouvriers) tandis que l’information est aux mains des plus puissants peu enclins à céder leur outil de propagande.
Que penser de tout ça ? D’abord qu’il faut continuer à « faire sa part » comme le rappelle la légende du colibri racontée par Pierre Rabhi. Parce que ça crée du lien social et ça démontre, en effet, qu’il serait possible (au conditionnel !) de vivre autrement. Ensuite, il faut garder en tête que bien avant qu’une alternative soit mise en œuvre unanimement, ceux qui pourraient en subir les conséquences (les multinationales, les milliardaires, etc.) luttent déjà contre elle. Pire, les différents lobbies et entreprises transnationales ne se contentent pas d’anticiper les « alternatives au système », ils continuent de renforcer ce système chaque jour avec de nouvelles propositions (TTIP, CETA), de nouvelles fusions (Bayer et Monsanto), de nouveaux licenciements (Caterpillar, Alstom), de nouvelles guerres. L’action à l’échelon local est donc nécessaire mais insuffisante : doit y être associé l’activisme politique à l’échelle des structures : lois, directives, projets de traités, etc. Enfin, il faut reconnaître qu’un véritable changement implique toujours une certaine prise de risques : répression violente des pouvoirs en place, incertitudes quant au nouveau système, périodes d’instabilité, instrumentalisations diverses, embargos économiques, menaces à la souveraineté nationale.
S’il est important de penser les alternatives indépendamment des obstacles, parce que cela donne le courage de s’y mettre, il l’est encore plus de penser les processus. Pour que la révolution ne soit pas à la manière de celle des planètes un « retour à la case départ », mais un véritable « monde de solutions » – même provisoires.
Source: Investig’Action
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duminică, 18 septembrie 2016

Septembrie 2015 . O siriancă denunță la Belgrad falșii refugiați «sirieni»

Vidéo : une Syrienne dénonce les faux réfugiés et les manipulations occidentales

Publié le 7 septembre 2015 - par - 173 commentaires - 509 390 vues
Syrienne
Voici un discours percutant à faire circuler. Une Syrienne prend la parole à Belgrade pour dénoncer les faux réfugiés et l’Occident lors de la manifestation organisée par le Mouvement national serbe « Obraz » de dimanche dernier.
Quelques phrases choc :
Les personnes que vous voyez dans les rues de Belgrade en route pour l’Allemagne ou la Hollande, ne sont pas de vrais Syriens.
Laissez-moi vous poser cette question : si l’Occident ne veut pas que ces réfugiés périssent en mer, pourquoi ne lèvent-t-il pas les sanctions qui pèsent sur le peuple Syrien qui ont déjà coûté 143 milliards de dollars à la Syrie ?
Si ce n’est pas dans l’agenda de l’Occident, pourquoi n’aide-t-il pas les Syriens à rester [chez eux] en aidant l’armée syrienne à se débarrasser des terroristes et faire de la Syrie un pays sûr de nouveau ?
Pourquoi le reste des Syriens reste et résiste ?
Il dépouille la Syrie des gens qui peuvent reconstruire le pays. Il veut briser la Syrie et le peuple Syrien. D’un côté, il veut voler les docteurs syriens et leurs meilleurs étudiants et cela entraînera une fuite des cerveaux. Et d’un autre côté, les multinationales veulent une main d’œuvre bon marché de façon à baisser les salaires.
Jusqu’à maintenant, nous avons perdu cent mille soldats qui se battaient contre les extrémistes. Je n’ai pas entendu l’Occident pleurer sur ceux qui ont donné leur vie pour défendre la nation et laissant derrière eux des familles éplorées qui ont besoin d’aide.
Et d’un autre côté il s’efforce d’aider des personnes qui fuient leur pays. Beaucoup d’entre eux sont des djihadistes et, qui plus est, ils sont payés des milliers d’euros pour cela.
Laissez-moi vous dire que l’argent qu’ils dépensent pour venir est suffisant pour acheter une maison dans un endroit sûr en Syrie pour une famille de cinq personnes, et entreprendre un petit boulot et bien vivre.
Ce ne sont pas des réfugiés. Ce sont des migrants économiques.
Nos côtes sont très bien gardées, et pas un seul bateau de migrants ne part d’ici. Un autre motif est de faire sortir les chrétiens de Syrie, historiquement, l’une des premières terres chrétiennes. Ce que nous avons aujourd’hui en Syrie est similaire à ce que vous aviez en Serbie avant. Leur but : notre identité, notre unité et notre souveraineté.

Traduction de son discours en anglais par Denis

Chers amis, je suis là ainsi que le fier peuple Syrien pour vous parler à propos de la situation de mon pays, ce qui est important aussi pour la Serbie. Nous étions un peuple aimé et respecté. Avant cette guerre, notre plus gros problème était la Palestine. En regard de ce que nous avons aujourd’hui, nos problèmes étaient minces : nous voulions alors trouver une solution à la bureaucratie, la corruption dans certains domaines. Nous ne connaissions pas l’injustice, le terrorisme ou la criminalité. Nous avons beaucoup travaillé ces dix dernières années avant cette guerre et nous avions fait de gros progrès. Il y avait des choses importantes que la Syrie n’avait pas avant cette guerre.
Nous avions une profonde identité nationale. Les personnes que vous voyez dans les rues de Belgrade en route pour l’Allemagne ou la Hollande, ne sont pas de vrais Syriens. Ne vous méprenez pas sur ce que je dis, j’aime mon peuple, ceux qui se battent, pour la Syrie, pour notre patrie.
Oui, les civils souffrent de cette guerre, mais qui n’en souffre pas ?
Pourquoi le reste des Syriens reste et résiste ?
Si ils étaient de vrais réfugiés, ils auraient choisi de rester dans des endroits sûrs les plus proches de façon à ne pas entrer en conflit avec la police hongroise pour aller en Allemagne
Laissez-moi vous poser cette question : si l’Occident ne veut pas que ces réfugiés périssent en mer, pourquoi ne lèvent-t-il pas les sanctions qui pèsent sur le peuple Syrien qui ont déjà coûté 143 milliards de dollars à la Syrie ?
Si ce n’est pas dans l’agenda de l’Occident, pourquoi n’aide-t-il pas les Syriens à rester [chez eux] en aidant l’armée syrienne à se débarrasser des terroristes et faire de la Syrie un pays sûr de nouveau ?
Pourquoi n’aide-t-il pas à la reconstruction des maisons détruites avec l’argent qu’il dépense pour les réfugiés ?
Il dépouille la Syrie des gens qui peuvent reconstruire le pays. Il veut briser la Syrie et le peuple Syrien. D’un côté, il veut voler les docteurs Syriens et leurs meilleurs étudiants et cela entraînera une fuite des cerveaux. Et d’un autre côté, les multinationales veulent une main d’œuvre bon marché de façon à baisser les salaires.
Jusqu’à maintenant, nous avons perdu cent mille soldats qui se battaient contre les extrémistes. Je n’ai pas entendu l’Occident pleurer sur ceux qui ont donné leur vie pour défendre la nation et laissant derrière eux des familles éplorées qui ont besoin d’aide. Et d’un autre côté il s’efforce d’aider des personnes qui fuient leur pays. Beaucoup d’entre eux sont des djihadistes et, qui plus est, ils sont payés des milliers d’euros pour cela.
Laissez-moi vous dire que l’argent qu’ils dépensent pour venir est suffisant pour acheter une maison dans un endroit sûr en Syrie pour une famille de cinq personnes, et entreprendre un petit boulot et bien vivre. Ce ne sont pas des réfugiés. Ce sont des migrants économiques. Après quatre ou cinq ans, notre nation respecte toujours ses engagements internationaux. Nos côtes sont très bien gardées, et pas un seul bateau de migrants ne part d’ici. Un autre motif est de faire sortir les chrétiens de Syrie, historiquement, l’une des premières terres chrétiennes. Ce que nous avons aujourd’hui en Syrie est similaire à ce que vous aviez en Serbie avant. Leur but : notre identité, notre unité et notre souveraineté.
Longue vie à la Serbie !
Je veux souligner que les nations serbe et syrienne ont toujours été amies. Nous avons une communauté orthodoxe grande et respectée. La Syrie n’a pas reconnu l’indépendance du Kosovo et nous avons beaucoup d’ennemis communs. Vous devriez savoir que quand vous combattez les politiciens qui œuvrent pour le nouvel ordre mondial, les intérêts des USA et les migrations massives, vous sauvez en même temps beaucoup de vies humaines. Nous sommes alors plus liés. Ce sont les mêmes terroristes albanais qui se battaient au Kosovo qui sont aujourd’hui en train de tuer des civils en Syrie. Et ceci est rendu possible par l’intermédiaire des mêmes politiciens corrompus aux USA, leurs alliés de l’UE, et leurs affidés ici en Serbie. Et faites attention que la vague de migration ne revienne pas en Serbie un de ces jours.
Chers amis, ce que je vous demande aujourd’hui, c’est d’être à nos côtés en tant que peuple. En nous défendant, vous vous défendez vous-mêmes. Soyez avec nous dans notre armée et dans notre cause juste parce que, si nous perdons cette guerre, le djihadistes ne s’arrêteront pas à la Syrie
Ensemble, nous résisterons jusqu’à la victoire.
Merci.
Sources : https://m.youtube.com/watch?v=XbJ49oLS24A

sâmbătă, 17 septembrie 2016

Prix Démocratie à Vendre : Les pouvoirs cachés qui co-écrivent le TTIP/TAFTA

 Premiul «Democrația de vânzare» Puterile ascunse care coredactează tratatele de aservire TTIP/TAFTA
Participare la nominalizarea candidaților și la decernarea unui premiu anti-loby

Les négociations sur l'accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et les États-unis, connu sous le nom de Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP ou TAFTA), se déroulent actuellement en secret, et sous l’influence de grands groupes de pression défendant les intérêts des entreprises. Leur influence est telle que leur collaboration avec les négociateurs mérite une surveillance attentive. Notre contribution : décerner un prix au lobby le plus efficace !
Choisissez votre nominé et VOTEZ MAINTENANT!


De larges pans de la société civile redoutent que le TTIP/TAFTA fasse baisser le niveau d'exigence en matière de protection des consommateurs, nuise aux politiques environnementales et de santé, et octroie encore plus de pouvoir politique aux multinationales. Harmoniser les réglementations étasunienne et communautaire, à travers une « coopération réglementaire », pourrait en effet conduire à un nivellement par le bas : un alignement des obligations réglementaires sur les normes les plus basses d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique.
De plus, les lobbys des grandes entreprises jouissent d'un bien meilleur accès aux négociations et d'une plus grande influence que le public, ce qui renforce la peur que le TTIP/TAFTA favorise les intérêts commerciaux des multinationales plutôt que l'intérêt général et celui des citoyens. Le prix Démocratie à vendre ne se cantonne pas au lobbying sur le TTIP/TAFTA : il s'agit là également de la collusion entre les grandes entreprises et la Commission européenne en matière d'accords commerciaux. Ce prix vise à mettre au jour les forces cachées qui rédigent ensemble le TTIP/TAFTA.
Les remises de prix antérieures organisées par des groupes de surveillance des lobbys se sont concentrées sur les stratégies douteuses utilisées par les lobbyistes. Mais dans le cas du TTIP/TAFTA, cette approche serait passée à côté de la triste réalité : la préparation et la négociation du traité de libre-échange transatlantique ont été marquées dès le début par la collaboration entre les lobbyistes des grandes entreprises et les autorités. Les lobbyistes n'ont donc même pas eu besoin de recourir à leurs méthodes douteuses ; ils ont été invités à participer à la rédaction de l'accord dès le départ.
Le prix Démocratie à vendre ne se cantonne pas au lobbying sur le TTIP/TAFTA : il s'agit là également de la collusion entre les grandes entreprises et la Commission européenne en matière d'accords commerciaux. Ce prix vise à mettre au jour les forces cachées qui rédigent ensemble le TTIP/TAFTA.

Earlier awards run by lobby watchdogs have focused on the tricks and dodgy tactics used by lobbyists. But for TTIP, this approach would miss the grim reality: the preparation and negotiation of the EU-US trade deal has, from the start, been marked by close collaboration between big business lobbyists and officials. As a result, dodgy tactics used by corporate lobbyists haven't been needed - they've had an inside seat, helping to co-write the deal, from the beginning.
Il n'y a pas de doute sur la proximité de la Direction générale du commerce de la Commission européenne, responsable des négociations du TTIP/TAFTA, et des grandes entreprises : l'ancien Directeur-général adjoint parle d'une « collusion systémique entre la Commission et les cercles d'affaires ».
Nous pensons que le groupe de pression ayant obtenu le plus de succès devrait se voir décerner un prix, pour l'efficacité avec laquelle des multinationales multimilliardaires et leurs lobbys peuvent acheter notre démocratie. Imaginez que vous vous imposiez dans les négociations du TTIP/TAFTA, et que les négociateurs aillent même jusqu'à affirmer que c'était leur idée ! Nous avons donc creusé la question. Nous avons examiné les documents qui ont filtré, les positions officielles et les propositions. Nous avons étudié les éléments publiés sur la correspondance et les réunions des lobbys. Nous en avons fait une analyse critique et académique. Notre enquête nous a conduit à six nominations des lobbys corporatifs qui selon nous méritent le plus de reconnaissance en tant que co-auteurs du TTIP/TAFTA.
Nous vous appelons à voter pour les lobbys qui selon vous ont eu l'accès le plus privilégié et ont le plus influencé l'accord.
Étant donné la menace que constitue le TTIP/TAFTA pour notre capacité à produire une réglementation défendant l'intérêt général (sans parler de la menace pour notre démocratie !), on peut se demander s'il faut rire ou pleurer. Mais voter, et aider à diffuser le Prix de la Démocratie à vendre est l'un des moyens à notre disposition pour contrer l'influence des multinationales sur les accords politiques et commerciaux tels que le TTIP/TAFTA.
Ne les laissez pas agir en toute impunité.
Votez pour le lobby dont la collusion avec la Commission européenne illustre le mieux la manière dont le TTIP/TAFTA est rédigé par et pour les multinationales. 

Corporate Europe Observatory
Rue d’Édimbourg 26
1050 Brussels
Belgium 

joi, 15 septembrie 2016

Le Conseil de sécurité s’apprête à enjoindre à Israël de rompre avec al-Qaïda par Thierry Meyssan

Le Conseil de sécurité s’apprête à enjoindre à Israël de rompre avec al-Qaïda

Israël a participé à l’expulsion des Casques bleus de la zone tampon du Golan, en août 2014, et a confié depuis deux ans ce territoire à al-Qaïda dont il assure la logistique. Puis, Benjamin Netanyahu a annoncé son intention de violer la résolution 338 et d’annexer le Golan occupé. C’en était trop. Les États-Unis et la Fédération de Russie ont décidé de rappeler Tel-Aviv à l’ordre.
| Damas (Syrie)
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Le 17 avril 2016, Benjamin Netanyahu narguait la communauté internationale en organisant un conseil des ministres sur le plateau du Golan et en déclarant qu’il ne le rendrait jamais à la Syrie.
Le Conseil de sécurité devrait prochainement adopter une résolution co-rédigée par les États-Unis et la Fédération de Russie sur la Force des Nations unies chargée d’observer le dégagement (FNUOD), c’est-à-dire sur les casques bleus chargés de s’interposer entre Israël et la République arabe syrienne sur le plateau du Golan.
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45 casques bleus fidjiens ont été faits prisonniers par al-Qaïda, puis libérés après le virement d’une rançon sur un compte bancaire.
Le 28 août 2014, le Front al-Nosra (al-Qaïda) parvenait à s’introduire dans la zone tampon et à prendre en otage 45 casques bleus fidjiens. Désobéissant aux ordres des Nations unies, des casques bleus philippins tentèrent de les sauver. En définitive, des casques bleus irlandais accompagnés de soldats israéliens parvenaient à établir le contact avec les jihadistes. À l’issue de longues négociations, l’Onu refusait de retirer al-Nosra de la liste des organisations terroristes, mais décidait de verser une rançon par virement bancaire (!). La libération des otages n’était pas annoncée par l’Onu, mais depuis Londres par l’Observatoire syrien des Droits de l’homme, une ONG servant de couverture au MI6. Jamais les Nations unies n’ont motivé leur ordre de laisser tomber les Fidjiens, ni entrepris d’enquête sur le compte bancaire d’al-Qaïda.
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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu vient féliciter les jihadistes d’al-Qaïda soignés en Israël.
Depuis lors, il n’y a plus de casques bleus pour assurer l’application de la résolution 338, ce rôle étant dévolu à al-Qaïda. Lorsque des jihadistes sont attaqués et blessés par l’armée arabe syrienne, ils se replient en territoire israélien et sont soignés au Ziv Medical Centre, puis raccompagnés par l’armée israélienne à la frontière pour reprendre le combat.
Le 17 avril 2016, Israël s’était livré à une provocation, organisant un Conseil des ministres sur le Golan. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait alors déclaré que son pays n’appliquerait jamais la résolution 338 et ne restituerait jamais le Golan.
Le 14 juin 2016, l’ancien Premier ministre Ehud Barak avait dénoncé la politique irresponsable de M. Netanyahu et appelé les dirigeants israéliens à le renverser par tous les moyens.
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Les soldats israéliens ont confié la zone tampon à al-Qaïda en lieu et place de la FNUOD.
Le projet de résolution stipule notamment :
- « Le Conseil de sécurité souligne qu’il ne devrait y avoir aucune activité militaire des groupes d’opposition armés dans la zone de séparation et prie instamment les États Membres de signifier clairement aux groupes d’opposition armés syriens présents dans la zone d’opérations de la FNUOD qu’ils doivent cesser toute activité risquant de mettre en danger les soldats de la paix et laisser au personnel des Nations Unies la liberté dont il a besoin pour s’acquitter de son mandat en toute sécurité ;
- Demande à tous les groupes autres que la FNUOD d’abandonner toutes les positions de la Force ainsi que le point de passage de Qouneïtra et de restituer les véhicules, les armes et tout autre matériel appartenant aux Casques bleus ; »
Pendant soixante ans, Israël a dénoncé le danger du terrorisme arabe et musulman. Cependant, sur le Golan, il a aidé à expulser la FNUOD et confié la zone tampon à al-Qaïda.
Après deux ans de violation du Droit international, le Conseil de sécurité devrait donc redéployer la FNUOD et enjoindre Israël de cesser son soutien à l’organisation terroriste.
L’État d’Israël n’a jusqu’à présent respecté presque aucune des résolutions du Conseil de sécurité le concernant.
Thierry Meyssan
Thierry Meyssan Consultant politique, président-fondateur du Réseau Voltaire et de la conférence Axis for Peace. Dernier ouvrage en français : L’Effroyable imposture : Tome 2, Manipulations et désinformations (éd. JP Bertand, 2007). Compte Twitter officiel.
 
15 ans de crimes
15 ans de crimes Du 10 septembre 2001 à aujourd’hui
 
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Voltaire, édition internationale
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