joi, 9 iulie 2009

Kurt Sonnenfeld a été dépêché à Ground Zero le 11 septembre 2001

Vidéaste officiel pour le gouvernement américain, Kurt Sonnenfeld a été
dépêché à Ground Zero le 11 septembre 2001 où il a filmé 29
enregistrements durant un mois : "Ce que j'ai vu à certains moments et à certains
endroits... est très troublant!" Il ne les a jamais transmis aux autorités,
et a été persécuté depuis lors. Kurt Sonnenfeld s'est exilé en Argentine
où il a écrit *El Perseguido* (Le persécuté). Son livre, récemment publié,
relate son cauchemar interminable et porte un nouveau coup au rapport du
gouvernement concernant les événements du 11/9. Une interview exclusive
réalisée par le Réseau Voltaire.
22 juin 2009 De Buenos Aires (Argentine)


*Introduction *

Kurt Sonnenfeld, diplômé de l'Université du Colorado (USA), a étudié les
affaires internationales et l'économie ainsi que la littérature et la
philosophie. Il a travaillé pour le gouvernement des États-Unis en tant que
vidéaste officiel et comme directeur des opérations de diffusion de l'équipe
d'intervention d'urgence pour l'Agence Fédérale des Situations d'Urgence
(FEMA). Kurt Sonnenfeld a également travaillé sous contrat pour diverses
agences gouvernementales et des programmes pour des opérations
confidentielles et "sensibles" dans des installations scientifiques et
militaires sur le territoire américain.

Le 11 septembre 2001, la zone appelée "Ground Zero" a été fermée au public.
Pourtant, Sonnenfeld y avait libre accès, ce qui lui a permis de documenter
l'enquête (qui n'a jamais eu lieu) et de fournir des scènes "expurgées" à
pratiquement toutes les chaînes d'information dans le monde. Les
enregistrements révélant certaines anomalies qu'il a découvertes à Ground
Zero sont toujours en sa possession.

Accusé, selon le scénario manifeste d'un coup monté, surtout à la lumière
des événements qui ont suivi (1), d'un crime qui n'a pas eu lieu, Kurt
Sonnenfeld a été persécuté sur deux continents. Après des années de peur,
d'injustice et d'isolement, il a décidé de prendre publiquement position
contre l'histoire officielle du gouvernement; il est prêt à soumettre les
documents en sa possession à l'examen attentif d'experts fiables.

*Votre livre autobiographique intitulé : "El Perseguido", (Le persécuté), a
récemment été publié en Argentine où vous vivez en exil depuis 2003.
Dites-nous qui vous persécute ? *

*Kurt Sonnenfeld*: Bien que ce soit une autobiographie, il ne s'agit pas de
l'histoire de ma vie. Etant devenu un témoin gênant après mon service à
Ground Zéro, c'est plutôt le récit des événements extraordinaires qui nous
sont arrivés, à ma famille et moi-même, du fait des autorités US durant
plus de sept ans et dans les deux hémisphères.

*Vous avez expliqué que votre demande de statut de réfugié politique, selon
la Convention de Genève de 1951, est encore à l'étude par le Sénat
argentin, alors qu'en 2005 on vous garantissait l'asile politique, quoique sur des
bases provisoires. Cela fait probablement de vous le premier citoyen
américain dans cette situation! Sans doute le premier officiel du
gouvernement directement exposé aux événements entourant le 11 septembre
2001 qui soit devenu un "whistle-blower", un dénonciateur. Est-ce cela qui
vous a conduit à l'exil ? *

*Kurt Sonnenfeld*: Un réfugié est une personne qui a été forcée de quitter
son pays (ou ne peut y retourner) pour cause de persécution. Il est
indéniable que de nombreuses personnes ont été injustement persécutées à
cause des lois quasi- fascistes et des politiques issues du choc du 11
septembre 2001 et ils ont droit au statut de réfugié. Mais le fait est que
demander le statut de réfugié est une démarche risquée et dangereuse.
L'Amérique est la seule "super puissance" restant au monde, et la dissidence
y a été réprimée de fait. Quiconque demande le statut de réfugié sur des
bases politiques fait ainsi acte de dissidence extrême. Si votre demande est
rejetée, que faites-vous ? Une fois que vous avez déposée la demande, il est
impossible de revenir en arrière.

Personnellement, je n'étais pas obligé de quitter les États-Unis, je ne me
suis certainement pas enfui. À l'époque, je n'étais tout simplement pas
conscient de ce qui se tramait contre moi. Je n'avais pas encore établi les
liens. Alors, quand je suis parti en 2003, c'était avec l'intention de
revenir. Je suis venu en Argentine pour un court répit, pour tenter de
récupérer après tout ce qui m'était arrivé. Je suis venu ici librement
avec mon propre passeport, en utilisant mes propres cartes de crédit. Mais par
une suite incroyable d'événements, j'ai été depuis forcé à l'exil, et je
ne suis pas rentré.

*À quelles sortes d'événements faites-vous allusion ? *

*Kurt Sonnenfeld*: J'ai subi de fausses accusations pour des "crimes" qui,
d'évidence, ne se sont pas produits, un emprisonnement abusif, la torture
suite à ces accusations, en plus de scandaleuses calomnies envers ma
réputation, de menaces de mort, de tentatives d'enlèvement, et plusieurs
autres violations des droits civils et humains telles que dénoncées par de
nombreux accords internationaux. Mon retour aux États-Unis ne serait pas
seulement une prolongation de ces violations, il aboutirait à une séparation
- peut-être permanente d'avec ma femme et nos jumelles de 3 ans, la seule
raison d'être qui me reste. Et puis, avec l'impossibilité d'obtenir un
procès équitable pour un crime qui n'a jamais eu lieu, je risquerais même la
peine de mort.

*En 2005, le gouvernement américain a fait une requête pour vous extrader,
ce qui a été refusé par un juge fédéral. Puis, en 2007, la Cour suprême
argentine -dans une démonstration d'intégrité et d'indépendance- a refusé
l'appel américain, mais votre gouvernement a persisté. Pouvez-vous nous
éclairer sur la situation ? *

*Kurt Sonnenfeld*: En 2008, absolument sans aucune base légale, le
gouvernement américain a fait de nouveau appel auprès de la Cour suprême,
qui maintiendra certainement les deux décisions inattaquables déjà prises
par le juge fédéral.

L'une de ces décisions rapportait qu'il y avait trop de "sombras", ou des
zones d'ombres dans mon cas. Il y avait de nombreux mensonges dans l'ordre
d'extradition envoyé ici par les autorités US et heureusement, nous avons pu
le prouver. Le fait qu'il y ait tant de mensonges a servi à soutenir ma
requête de demande d'asile. On a pu montrer que l'on a été victimes d'une
longue campagne de harcèlement et d'intimidation de la part des services de
renseignements américains. En conséquence, ma famille est depuis sous
protection policière permanente. Comme l'a remarqué un sénateur à propos de
mon cas: "leur comportement trahit leurs motivations réelles."



*Ils veulent vous épingler pour "un crime qui n'existe pas." Comment
justifiez-vous un tel acharnement ? En temps que fonctionnaire de la FEMA,
le gouvernement aurait dû vous croire. À quel moment la situation a-t-elle
basculé ? *

*Kurt Sonnenfeld*: Rétrospectivement, je réalise que la situation a basculé
peu avant que j'en prenne conscience. Initialement, la fausse accusation
portée contre moi était totalement irrationnelle, elle m'a complètement
démoli. C'est incroyablement difficile d'avoir souffert de la perte de
quelqu'un qu'on aime et qui se suicide. Mais en être accusé, c'est
insupportable. L'affaire s'est soldée par un non-lieu, car une montagne de
preuves m'absolvait totalement (Nancy, ma femme, a laissé une lettre
derrière elle, et des écrits suicidaires dans son journal; il y a eu des cas
de suicide dans sa famille; etc.) L'accusation était sure à 100% de mon
innocence avant de demander le non-lieu.

Mais la garde à vue a été prolongée, même APRES qu'il ait été dit que je
devais être libéré, ce qui m'a prouvé que quelque chose se tramait en
coulisse. J'ai été incarcéré QUATRE MOIS après que mes avocats eurent
été informés qu'un non-lieu était requis; j'ai finalement été libéré en juin
2002. Pendant ce temps, une incroyable suite d'événements étranges s'est
produite. Alors que j'étais encore détenu, j'ai eu une conversation
téléphonique avec des fonctionnaires de la FEMA afin de résoudre le
problème, mais j'ai réalisé qu'on me considérait comme "compromis",
représentant un danger. On m'a dit qu'il était convenu que "l'agence devait
être protégée", surtout à la lumière du bouleversement qui menaçait avec
la mise en application du "PATRIOT ACT" et de l'intrusion attendue qui
viendrait avec le nouveau Département de la Sécurité de la Patrie
(Department of Homeland Security). Après tous les risques que j'avais
encourus, toutes les épreuves et les difficultés que j'avais endurées durant
presque 10 ans, je me suis senti trahi. La déception a été terrible.

Parce qu'ils m'abandonnaient, je leur ai dit que je n'avais pas les
enregistrements, que je les avais donnés à un "bureaucrate" de New York, et
qu'ils devraient attendre que je sois relâché pour récupérer tout autre
document en ma possession. Peu après cette conversation, ma maison a été
saisie, les serrures ont été changées, et des voisins ont vu des hommes
entrer chez moi, bien qu'il n'y ait pas à la Cour de rapport mentionnant
leurs entrées, comme cela se devait. Quand j'ai enfin été libéré, j'ai
découvert que mon bureau avait été mis à sac, mon ordinateur n'était plus
là et plusieurs vidéos avaient disparu de ma vidéothèque au sous-sol. Des
hommes étaient constamment garés dans la rue près de ma maison, mon système
de surveillance a été piraté plus d'une fois, les lampes de sécurité
extérieures étaient dévissées, etc., au point que je me suis installé chez
des amis, dans leur copropriété à la montagne, qui par la suite a AUSSI
été cambriolée.

Quiconque cherche la vérité reconnaît qu'il y a eu des séries
d'irrégularités extraordinaires dans cette affaire et qu'une scandaleuse
injustice est faite contre moi et ceux que j'aime. Cette intense campagne
pour me faire retourner sur le sol américain est un faux prétexte à des
motivations plus obscures.

*Vous avez suggéré que vous avez observé des choses à Ground Zero qui ne
concordent pas avec le compte-rendu officiel. Avez-vous dit ou fait quelque
chose pour éveiller le doute à cet égard ? *

*Kurt Sonnenfeld*: Lors de ce même coup de fil, j'ai dit que je révélerais
au public, non seulement mes suspicions sur les événements entourant le 11
septembre 2001, mais aussi sur divers contrats pour lesquels j'ai travaillé
par le passé .

*Sur quoi se basent vos soupçons ? *

*Kurt Sonnenfeld*: Rétrospectivement, il y avait beaucoup de choses
dérangeantes à Ground Zero. Cela m'a paru bizarre d'être envoyé à New York
avant même que le second avion ne frappe la tour Sud, alors que les médias
rapportaient seulement encore qu'un "petit avion" était entré en collision
avec la tour Nord - une catastrophe bien trop bénigne pour faire intervenir
la FEMA. La FEMA a été mobilisée en quelques minutes, alors qu'il lui a
fallu dix jours pour se déployer à New Orleans en réponse à l'ouragan
Katrina, malgré de nombreux avertissements préalables! J'ai trouvé bizarre
que les caméras soient si farouchement interdites dans le périmètre de
sécurité de Ground Zero, que toute la zone soit déclarée scène de crime,
alors que les "preuves" y étaient enlevées et détruites si rapidement. Puis
j'ai trouvé très étrange d'apprendre que la FEMA et plusieurs autres agences
fédérales étaient déjà en position dans leur centre de commande, au Pier
(quai) 92, le 10 septembre, un jour avant les attentats.


On nous demande de croire que les quatre boîtes noires "indestructibles" des
deux avions ayant percuté les tours n'ont jamais été retrouvées car elles
ont été complètement pulvérisées, pourtant j'ai un film montrant des roues
du train d'atterrissage peu endommagées, et aussi des sièges, des morceaux
de fuselage, une turbine d'avion, qui n'était absolument pas désintégrés.
Ceci dit, je trouve plutôt étrange que de tels objets presque intacts aient
pu résister à ce type de destruction qui a transformé la plus grande partie
des Tours Jumelles en poussière. Et j'ai assurément quelques doutes quant à
l'authenticité de la turbine de "l'avion".


Ce qui est arrivé au Bâtiment 7 est extrêmement suspect. J'ai une vidéo qui
montre à quel point la pile de gravats était curieusement petite et comment
les bâtiments de chaque côté n'ont pas été touchés par le Bâtiment 7
lorsqu'il s'est effondré. Il n'a pas été frappé par un avion; il n'a subi
que quelques dégâts mineurs quand les Tours Jumelles se sont écroulées, il
n'y avait que des incendies mineurs sur quelques étages. Il est impossible
que ce bâtiment ait pu imploser comme il l'a fait sans une démolition
contrôlée. Pourtant l'effondrement du Bâtiment 7 a à peine été évoqué
par les médias dominants et ignoré de manière suspecte par la Commission sur le
11/9.

*D'après certaines informations, les sous-sols du WTC7 contenaient des
archives sensibles et indubitablement compromettantes. Avez-vous trouvé
quelque chose à ce propos ? *

*Kurt Sonnenfeld*: Le Service Secret, le Département de la Défense, le FBI,
le Service des Revenus fiscaux (IRS, le Fisc, NDLR), la Commission de
réglementation et de contrôle des marchés financiers (la SEC) ainsi que la
"Cellule de crise" (de la ville de New York, NDLR) pour les situations
d'urgence (OEM) occupaient énormément d'espace sur plusieurs étages du
bâtiment. D'autres agences fédérales y avaient également des bureaux.
Après le 11 Septembre, on a découvert que, caché dans le bâtiment 7, se trouvait
le plus grand centre clandestin de la CIA dans le pays, hormis celui de
Washington DC; une base opérationnelle d'où l'on espionnait les diplomates
des Nations Unies et d'où étaient menées les opérations de
contre-terrorisme et de contre-espionnage (ainsi que l'Intelligence économique, NDLR).

Il n'y avait pas de parking souterrain dans le bâtiment (World Trade Center)
7. Il n'y avait pas de caves. À la place, les agences fédérales du Bâtiment
7 rangeaient leurs véhicules, documents et pièces à conviction dans le
bâtiment de leurs partenaires de l'autre côté la rue. Sous le niveau de la
place du Bureau des Douanes US (Bâtiment 6), il y avait un grand parking
souterrain séparé du reste de la zone souterraine du complexe et hautement
surveillé. C'est là que les divers services du gouvernement garaient leurs
voitures résistantes aux bombes, leurs limousines blindées, les faux taxis
et les camions de la compagnie de téléphone utilisés pour des surveillances
secrètes et des opérations secrètes, des fourgonnettes spécialisées et
autres véhicules. Dans cette zone de parking sécurisé, il y avait aussi un
accès à la chambre forte inférieure du Bâtiment 6.


Approchant l'entrée vers les niveaux inférieurs du Bâtiment



Quand la tour Nord est tombée, le Bureau des Douanes US (Bâtiment 6) a été
écrasé et complètement ravagé par le feu. La plupart de ses étages
souterrains ont également été détruits. Mais il y avait des cavités. Et
c'est par une de ces cavités, récemment découverte, que je suis descendu
pour enquêter avec la Force d'intervention spéciale. C'est là qu'on a
découvert l'antichambre de sécurité de la cave sévèrement endommagée.
Tout au bout du bureau de sécurité se trouvait la grande porte en acier de la
chambre forte avec, à coté, le clavier à code dans le mur en parpaing. Mais
le mur était fissuré et partiellement effondré, et la porte était
partiellement ouverte. A l'aide de nos torches, on a regardé ce qu'il y
avait dedans. Si ce n'est plusieurs rangées d'étagères vides, la chambre
forte ne contenait que des débris et de la poussière. Elle avait été
vidée. Pourquoi ? Et quand avait-elle pu être vidée ?

*Est-ce cela qui a fait résonner un signal d'alarme en vous ? *

*Kurt Sonnenfeld*: Oui, mais pas immédiatement. Dans un tel chaos, il était
difficile de réfléchir. Ce n'est qu'après avoir tout digéré que "l'alarme"
s'est déclenchée.

Le Bâtiment 6 a été évacué 12 minutes après que le premier avion ait
frappé la tour Nord. Les rues ont immédiatement été bouclées par des véhicules de
pompiers, des voitures de police et les embouteillages, et la chambre forte
était assez large, 15 mètres sur 15 selon moi, pour nécessiter au moins un
grand camion pour évacuer son contenu. Après que les tours soient tombées et
qu'elles aient détruit le niveau du parking, une mission pour récupérer le
contenu de l'antichambre aurait été impossible. La chambre forte a donc dû
être vidée avant l'attaque.

J'ai largement décrit tout ceci dans mon livre, et il semblerait que les
choses d'importance aient été mises en lieu sûr avant les attentats. Par
exemple, la CIA n'a pas semblé trop inquiétée par ses pertes. Après que
l'existence de leur bureau secret dans le Bâtiment 7 soit découverte, un
porte-parole de l'agence a dit aux journaux qu'une équipe spéciale avait
été dépêchée pour fouiller les débris à la recherche de documents secrets et
de rapports des services de renseignement, bien qu'il y ait des millions, si ce
n'est des milliards de pages flottant dans les rues. Néanmoins, le
porte-parole était confiant. "Il ne devrait pas y avoir trop de papiers
dispersés." a t-il déclaré.


Les vestiges insolites du Bureau des Douanes US. (Bâtiment 6)



Et les douanes ont d'abord clamé que tout avait été détruit. Que la chaleur
avait été si intense que toutes les pièces à conviction de la chambre forte
avaient été réduites en cendre. Mais quelques mois plus tard, ils ont
annoncé avoir mis un terme aux activités d'un important réseau de trafic de
narcotiques et de blanchiment d'argent colombien après avoir récupéré des
preuves cruciales de la chambre forte, dont des photos de surveillance et
des enregistrements d'écoutes téléphoniques très sensibles. Et quand ils
ont déménagé dans leur nouveau bâtiment au 1 Penn Plaza à Manhattan, ils ont
fièrement accroché sur le mur du hall leur plaque honorifique et la grande
enseigne ronde des Bureaux de la Douane US, elle aussi miraculeusement
retrouvée, immaculée, dans leurs anciens bureaux du World Trade Center,
écroulés et incendiés.

*Vous n'étiez pas seul en mission à Ground Zero. Est-ce que les autres ont
remarqué les mêmes anomalies ? Savez-vous s'ils ont également été
harcelés ?
*

*Kurt Sonnenfeld*: En fait, j'ai entendu parler de quelques personnes sur
deux sorties différentes. Certains d'entre nous en ont même discuté après.
Ils savent de qui il s'agit et j'espère qu'ils se manifesteront, mais je
suis certain qu'ils ont de fortes appréhensions sur ce qu'il leur arrivera
s'ils le font. Je leur laisse le soin de décider, mais l'union fait la
force.

*Avec la parution de votre livre, vous êtes devenu un "lanceur d'alerte"-
mais à un point de non retour ! Il doit y avoir beaucoup de gens qui savent
ce qui s'est réellement passé ou non en ce jour fatidique. Pourtant,
personne n'est monté au créneau, surtout pas ceux qui étaient directement
impliqués de manière officielle. C'est ce qui rend votre cas si convaincant.
À en juger d'après vos épreuves, il n'est pas difficile d'imaginer ce qui
retient de telles personnes. *

*Kurt Sonnenfeld*: En fait, il y a aussi des gens très bien et crédibles qui
ont lancé des alertes. Ils sont discrédités, ignorés. Certains sont
persécutés et harcelés comme moi.

Les gens sont tenus par la peur. Tout le monde sait que si vous questionnez
les autorités US, vous aurez des problèmes d'une façon ou d'une autre. Au
minimum, vous serez discrédité, déshumanisé. Le plus vraisemblablement,
vous vous trouverez accusé de quelque chose sans aucun rapport, comme une fraude
fiscale - ou même quelque chose de pire, comme dans mon cas. Regardez ce qui
est arrivé à Abraham Bolden, dénonciateur du Service Secret par exemple, ou
au maître des échecs Bobby Fischer après qu'il ait montré son mépris à
l'égard des États-Unis. Il y a une quantité d'exemples. Par le passé, j'ai
demandé à mes amis et associés de parler pour moi pour raconter tous les
mensonges diffusés dans les médias, mais ils avaient tous peur des retombées
contre eux-mêmes et leurs familles.

*À quel degré vos découvertes à Ground Zero impliqueraient le gouvernement
dans ces événements? Êtes-vous au courant des enquêtes qu'ont mené
plusieurs scientifiques et des professionnels qualifiés qui non seulement corroborent
vos propres découvertes, mais dans certains cas les surpassent de loin ?
Considérez vous ces personnes comme des "adeptes de la théorie du complot"
("conspiracy nuts") ? *

*Kurt Sonnenfeld*: Au plus haut niveau à Washington DC, quelqu'un savait ce
qui allait se produire. Ils voulaient tellement une guerre, qu'ils ont, au
minimum, laissé faire, et plus vraisemblablement ils ont même aidé ces
événements à se produire.

Parfois, il me semble que les "dingues" (NDLR: les "adeptes de la théorie du
complot") sont ceux qui s'accrochent à ce qu'on leur a dit avec une ferveur
presque religieuse malgré toutes les preuves du contraire - ceux qui ne *
veulent* pas considérer le fait qu'il y a eu une conspiration. Il y a tant
d'anomalies dans l'enquête "officielle" qu'on ne peut les attribuer à des
erreurs ou à de l'incompétence. Je connais les scientifiques et les
professionnels qualifiés auxquels vous faites référence, leurs découvertes
sont convaincantes, crédibles et présentées selon le protocole scientifique,
en totale opposition avec les découvertes de l'enquête "officielle". De
plus, de nombreux agents des services secrets et des fonctionnaires du
gouvernement avancent leurs opinions très informées (disant) que la
Commission sur le 11/9 était au mieux une farce, au pire une couverture. Mon
expérience à Ground Zero n'est qu'une pièce de plus à rajouter au puzzle.

*Ces événements remontent à presque 8 ans. Pensez-vous que découvrir la
vérité à propos du 11/9 est toujours un objectif important ? Pourquoi ? *

*Kurt Sonnenfeld*: C'est de la plus haute importance. Il en sera de même
dans 10 ou même 50 ans si la vérité n'a pas éclaté d'ici là. C'est un
objectif important car, à ce point de l'histoire, beaucoup de gens sont trop
crédules face à ce que les "autorités" leur racontent et trop enclins à les
suivre. En situation de choc, les gens cherchent à être guidés. Les gens qui
ont peur sont manipulables. Savoir manipuler les masses aboutit à
d'inimaginables bénéfices pour de nombreuses personnes très riches et très
puissantes. La guerre est incroyablement chère, mais l'argent finit bien
quelque part. La guerre est toujours très profitable pour un petit nombre.
D'une manière ou d'une autre, leurs fils finissent toujours à Washington DC,
ils prennent les décisions, établissent des budgets, tandis que les fils des
pauvres et de ceux qui ne sont pas pistonnés finissent toujours au front,
recevant les ordres et livrant les guerres des premiers. Les énormes caisses
noires du Département de la Défense US représentent une machine de
financement illimité pour le complexe militaro-industriel, chiffré à
plusieurs milliers de milliards de dollars, et il en sera ainsi tant que les
masses ne se réveilleront pas, tant qu'elles ne redeviendront pas sceptiques
et qu'elles ne demanderont pas des comptes. Les guerres (et les faux
prétextes mis en avant) ne cesseront pas tant que les gens ne prendront pas
conscience des réels motifs de la guerre et tant qu'ils n'arrêteront pas de
croire aux explications "officielles."

*Ce qu'on appelle le 9/11 Truth Movement (le mouvement pour la vérité sur le
11-Septembre, NDLR) a demandé une nouvelle enquête indépendante sur ces
événements. Croyez-vous qu'en ce sens il y ait un espoir avec
l'Administration Obama ? *

*Kurt Sonnenfeld*: Je le souhaite vraiment, mais je reste sceptique. Pour
quelles raisons le leadership d'un quelconque gouvernement établi agirait
volontairement à ce qui aboutirait à une sérieuse compromission de son
autorité ? Ils préfèrent maintenir le statu quo et laisser les choses en
l'état. Le chauffeur du train a changé, mais le train a-il changé de
direction ? J'en doute. L'impulsion doit venir du public, non seulement au
niveau national mais aussi à l'international, comme le fait votre groupe.

*Un nombre de groupes pour les droits de l'homme et des groupes d'activistes
vous soutiennent dans la détresse, et non des moindres, le Prix Nobel de la
Paix, Adolfo Pérez Esquivel par exemple. Comment les Argentins répondent-ils
en général à votre situation ? *

*Kurt Sonnenfeld*: Par un incroyable déferlement de soutiens. La dictature
militaire est encore fraîche dans la mémoire collective de la plupart des
gens ici, qui savent que la dictature (tout comme d'autres dictatures en
Amérique du Sud à ce moment-là) avait été soutenue par la CIA, à
l'époque dirigée par George Bush père. Ils se souviennent très bien des centres de
torture, des prisons secrètes, des milliers de personnes "disparues" à cause
de leurs opinions, la peur quotidienne. Ils savent que les États-Unis
recommenceront aujourd'hui s'ils le jugent opportun, qu'ils envahiront un
pays pour atteindre leurs intérêts politiques et économiques, puis pour
manipuler les médias à l'aide de "casus belli" fabriqués de toute pièce
pour justifier leurs conquêtes.


Kurt Sonnenfeld avec Adolfo Pérez Esquivel, Prix Nobel de la Paix 1980



Ma famille et moi sommes honorés de compter parmi nos plus chers amis Adolfo
Pérez Esquivel et ses conseillers du Servicio de Paz y Justicia (SERPAJ).
Nous avons travaillés ensemble à de nombreuses causes, dont les droits aux
réfugiés, le droit des femmes, des enfants sans familles, et des enfants
porteurs du HIV/SIDA. Nous sommes également honorés d'avoir le soutien de :
Abuelas de Plaza de Mayo; Madres de Plaza de Mayo, Línea Fundadora; Centro
de Estudios Legales y Sociales (CELS); Asamblea Permanente de Derechos
Humanos (APDH); Familiares de Detenidos y Desaparecidos por Razones
Políticas; Asociación de Mujeres, Migrantes y Refugiados Argentina (AMUMRA);
Comisión de Derechos Humanos de la Honorable Cámara de Diputados de la
Provincia de Buenos Aires; Secretaría de Derechos Humanos de la Nación; et
le Programa Nacional Anti-Impunidad. Au niveau international, un "amicus
curiae" a été présenté en notre faveur par l'ONG REPRIEVE de
Grande-Bretagne, et nous bénéficions de la collaboration de NIZKOR d'Espagne
et de Belgique. De plus, ma femme, Paula et moi avons été reçus au Congrès
par La Comisión de Derechos Humanos y Garantías de la Honorable Cámara de
Diputados de La Nación.

*Comme nous le disions, décider d'écrire ce livre et de le rendre public a
été un pas gigantesque. Qu'est-ce qui vous a poussé à le faire ? *

*Kurt Sonnenfeld*: Sauver ma famille. Et faire savoir au monde que les
choses ne sont pas ce qu'elles semblent être.

*Dernière question, mais pas la moins importante : qu'allez-vous faire de
vos enregistrements ? *

*Kurt Sonnenfeld*: Je suis certain que mes enregistrements révèlent plus de
choses que je ne suis capable d'analyser vu mes compétences limitées. C'est
pourquoi je coopérerai autant que je le peux avec des experts fiables et
sérieux dans un effort commun pour faire éclater la vérité.

*Merci beaucoup !
*



*Interview réalisé et publié par le réseau voltaire.*
*Traduit par ReOpen911.

Association ReOpen911
www.ReOpen911.info
**www.ReOpen911.info/News *

Et aussi sur ReOpen911 News :

- Vers l’ouverture d’une enquête publique sur les attentats de Londres
en
2005
?
- Les moines de Tibéhirine auraient été tués par l’armée
algérienne
- Attentat de Karachi en 2002: nouvel exemple de terrorisme
d’état
- 11 septembre 2001 : Le vent serait-il en train de tourner
?



*[image: Logo Association ReOpen911] *

vineri, 3 iulie 2009

CONTRE LA RUSSOPHOBIE

Nota : Consecinta asupra accesului la arhivele sovietice este deja demult vizibila.
Dan Culcer

CONTRE LA RUSSOPHOBIE
8 juin 2009

Gare aux falsifications de l’Histoire !

Le président Dmitri Medvedev est bien décidé à sévir contre ceux qui mettraient en doute la victoire de l’Union soviétique dans la Seconde Guerre mondiale. Et son rôle de “libérateur” en Europe de l’Est.

Mikhaïl Mochkine 

La lutte contre la mauvaise compréhension et l’interprétation erronée de notre histoire nationale (surtout celle du XXe siècle) a commencé. Le 19 mai, le président Dmitri Medvedev a signé un décret sur la création d’une Commission de lutte contre les tentatives de falsification de l’Histoire. Il est évident que cet organe, qui comprend beaucoup plus de hauts fonctionnaires que d’historiens, fait partie d’une vaste campagne. Rappelons en effet que le 6 mai, la Douma a entamé l’examen d’une loi contre la réhabilitation du nazisme et des criminels nazis dans les anciennes républiques soviétiques. Le projet de loi prévoit de trois à cinq ans de détention en cas de “révisionnisme”, et il vise aussi bien les Russes que les ressortissants étrangers. Il envisage également, à l’encontre des anciennes républiques de l’URSS tentées de réviser le bilan de la Seconde Guerre mondiale, des sanctions allant jusqu’à l’expulsion des ambassadeurs et à la rupture des relations diplomatiques.



Le 24 février, Sergueï Choïgou, le ministre des Situations d’urgence, avait déjà déclaré lors d’une réunion d’anciens combattants que le Parlement devait “se doter d’une loi contre ceux qui nieraient la victoire de l’URSS dans la Grande Guerre patriotique”. Ce souhait de l’un des leaders du parti Russie unie [au pouvoir] s’est vite transformé en projet de loi soutenu par le chef de l’Etat. La veille des cérémonies de la Victoire [fêtée le 9 mai], le président a souligné que personne n’avait le droit de mettre en doute l’héroïsme du peuple soviétique durant la guerre. Il avait directement abordé la question des manipulations de l’Histoire.



Un instrument de la politique étrangère russe 


La toute nouvelle commission se compose de hautes personnalités de l’appareil d’Etat. C’est Sergueï Narychkine, le chef de l’administration présidentielle, qui la dirige. A ses côtés, on compte plusieurs de ses collaborateurs, d’anciens ministres, des hommes du Conseil de sécurité russe, du FSB et du Service des renseignements extérieurs. Parmi les rares historiens associés à cette “mission historique”, citons Alexandre Tchoubarian, directeur de l’Institut d’histoire générale de l’Académie des sciences, et Natalia Narotchnitskaïa*, directrice de l’Institut Andreï Sakharov d’histoire russe de l’Académie des sciences. En regard de ce casting de poids, la tâche de la commission semble plutôt modeste. Elle consiste à réunir et à analyser des informations sur la “falsification de faits et d’événements historiques réalisée dans le but de ternir le prestige de la Fédération russe sur la scène internationale”. La commission devra en outre élaborer “une stratégie visant à contrer les tentatives de falsification”. 

Pour Sergueï Markov, membre de ce nouvel organisme et vice-président de la commission parlementaire chargée des associations et organisations religieuses, ceux qui combattent cette lecture “exogène” de l’Histoire servent la politique étrangère russe. “Nous sommes confrontés, de la part de certaines forces politiques, à une volonté délibérée de falsifier l’Histoire. La plupart des ces versions biaisées voient le jour dans l’espace postsoviétique”, explique-t-il. Dans le rôle des principaux falsificateurs, il cite les leaders ukrainiens de la “révolution orange”, le régime de Saakachvili en Géorgie et les dirigeants d’Estonie et de Lettonie. “Les régimes non démocratiques des Pays baltes ont fait des russophones qui vivent sur leur sol des citoyens de seconde catégorie. Afin d’ancrer cette discrimination, ils véhiculent une conception de l’histoire selon laquelle les Russes sont le vestige d’un ‘régime d’occupation’”, souligne-t-il.

Mais, à son avis, c’est en Ukraine que la falsification de l’histoire récente est la plus monstrueuse. “On inculque aux écoliers et aux étudiants que les Ukrainiens sont depuis toujours ennemis des Russes. Cette idée sert de fil rouge à tous les manuels publiés là-bas”, ajoute Sergueï Markov. D’après lui, la désinformation actuelle y serait pire que les manipulations de l’Histoire opérées au temps de l’URSS. 



Plutôt ouvrir les archives sur les répressions de masse 


“Face aux moyens mis en œuvre en Ukraine pour promouvoir le mensonge historique, nos historiens, pauvres et démunis, seraient laminés sur le front de la lutte pour la vérité”, estime le député. L’Histoire est une question de sécurité nationale, qui nécessite l’intervention de l’Etat. “Nous serions ravis de laisser l’Histoire aux historiens, mais cela n’est pas possible. […] En butte à des programmes de falsification de l’Histoire pilotés par d’autres Etats, nous devons dresser notre propre programme national de lutte pour la vérité historique”, conclut-il. 

Arseni Roguinski, le président de l’association russe Memorial, n’est pas de cet avis. “Pour moi, vouloir, par le biais de l’Etat, ‘assener une riposte ferme aux interprétations mensongères’ ne peut mener à rien”, assure-t-il. Ce défenseur des droits de l’homme est persuadé qu’aucune commission nationale russe ne saura persuader les Polonais, par exemple, que, le 17 septembre 1939, l’Armée rouge est entrée dans leur pays [en vertu d’une clause secrète du Pacte germano-soviétique, signé en août 1939] pour le libérer et non comme alliée de Hitler. Elle ne pourra pas non plus faire croire aux Lettons et aux Estoniens que la libération des Etats baltes par les troupes soviétiques n’a apporté que du bien. “Nous avons le droit de dire que nous avons libéré ces peuples du nazisme, parce que c’est bel et bien ce qui s’est passé. Mais les Lettons ont aussi le droit à leur version des choses, et ils se rappellent forcément les drames, les déportations massives et la collectivisation forcée”, rappelle Arseni Roguinski.

La confrontation des mémoires nationales est une source d’incompréhension entre les peuples, et aucune commission d’Etat n’y pourra rien, juge-t-il. En revanche, “si cette commission s’attelait pour de bon à lever le secret sur les archives, au moins dans les limites prévues par le décret présidentiel de 1992 qui vise à rendre accessibles tous les documents liés aux répressions de masse, elle accomplirait un grand pas dans la lutte contre la falsification de l’Histoire”. 



* Natalia Narotchnitskaïa a publié Que reste-t-il de notre victoire ? Russie-Occident, le malentendu, éd. des Syrtes, 2008.

Vremia Novostieï 28.05.2009

Si l’on veut comprendre l’arrière-plan de cette affaire, il faut se reporter au livre d’Igor Chafarévitch, La Russophobie, paru aux éditions Chapitre 12, Bruxelles, 1993. Ouvrage fondamental, comme le reste des écrits historiques de Chafarévitch, la plupart n’ayant pas encore été traduits du russe.

Sursa Le Courrier international

La Guerre d'extermination de Staline, 1941-1945

La Guerre d'extermination de Staline, 1941-1945 35.00EUR
La Guerre d'extermination de Staline, 1941-1945

Préparation, exécution et documentation

Joachim Hoffmann

Dans La Guerre d’extermination de Staline, Joachim Hoffmann démontre de manière irréfutable que Staline s’apprêtait à lancer une vaste offensive contre l’Europe occidentale au cours de l’été ou de l’automne 1941. Seule l’invasion de l’URSS, le 22 juin 1941, par les armées allemandes contrecarra ce plan d’agression. Cette vérité était déjà connue des meilleurs historiens et Hoffmann la confirme ici grâce à des documents récemment découverts dans les archives soviétiques. Il s’agit d’une révision majeure de l’histoire de la seconde guerre mondiale dont on ne pourra désormais faire l’économie. L’auteur apporte également bon nombre de révélations sur le déroulement de cette guerre et sur la façon dont les Soviétiques l’ont conduite. Il montre par exemple que les soldats de Staline, bien loin de tout patriotisme et de tout héroïsme, furent souvent poussés au combat par l’arme de la terreur, que toute reddition à l’ennemi était passible de la peine de mort et que des représailles impitoyables furent exercées contre les familles des déserteurs.
Hoffmann étudie aussi le fonctionnement et les outils du diabolique appareil de propagande stalinien. Haïr les Allemands sans distinction et les exterminer tous, tels étaient alors les mots d’ordre. Passant en revue les atrocités commises dans les deux camps, il dévoile comment toute une série de crimes soviétiques ont été froidement attribués aux militaires allemands par la propagande de Moscou. Hoffmann nous révèle en outre, documents à l’appui, que les prisonniers allemands tombés aux mains de l’Armée rouge ont été massacrés de manière quasi systématique tout au long du conflit et cela dès le premier jour de guerre. Pour finir, il rapporte les innombrables massacres dont les soldats soviétiques se sont rendus coupables lorsqu’ils ont pénétré sur le sol allemand.

Editura Akribeia


448 p.

La Résistance antisoviétique et anticommuniste en Europe de l’Est de 1944 à 1956


20.00EUR

La Résistance

La Résistance antisoviétique et anticommuniste en Europe de l’Est de 1944 à 1956

Alberto Rosselli

La lutte armée contre les dictatures inféodées à Moscou est un phénomène qui a souvent été négligé, entre autres parce que les régimes marxistes sont parvenus à en occulter ou à en minimiser la portée, dans la mesure où ils en attribuaient l’origine, non pas à la violence objective et à l’impopularité du système socio-économique communiste, mais à la nature « réactionnaire » supposée des différents mouvements rebelles et à l’action déstabilisatrice concomitante exercée sur ces derniers par les puissances occidentales désireuses de miner l’intégrité et la solidité du monde socialiste. Il a fallu attendre l’écroulement définitif du système soviétique pour être informé de ces phénomènes qui n’ont pas concerné seulement les pays baltes, l’Ukraine, la Roumanie et la Pologne, mais aussi certains États des Balkans comme la Yougoslavie et l’Albanie.

Editura Akribeia

168 p., cahier photographique

miercuri, 1 iulie 2009

Entretien avec l’auteur de « Sarkozy, Israël et les juifs »

Entretien avec l’auteur de « Sarkozy, Israël et les juifs »
Paul-Éric Blanrue : « Sarkozy a renversé les valeurs de notre République »
par Thierry Meyssan*

Le dernier livre de l’historien à succès Paul-Éric Blanrue ne sera pas disponible dans les librairies françaises. Non que son contenu ait été condamné par les tribunaux, mais parce qu’au mépris total de la liberté d’expression, le distributeur de son éditeur a tout simplement décidé de ne pas le diffuser C’est que son sujet est explosif : les liens entre le président de la République française et la colonie juive de Palestine.
Grâce à la concentration économique dans le domaine de l’édition, la censure politique ne passe plus par des institutions publiques, mais par de grands groupes privés.
Le Réseau Voltaire a interrogé l’écrivain et a décidé de diffuser son ouvrage par correspondance.





Paul-Éric Blanrue, historien, auteur de Sarkozy, Israël et les juifs

Thierry Meyssan : Paul-Éric Blanrue, bonjour. Vous venez de publier Sarkozy, Israël et les juifs [1]. Dans votre préface, vous comparez votre travail pour la France au livre de John Mearsheimer et Stephen Walt, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine [2]. Pourtant ces deux ouvrages ont une démarche différente : le leur cherche à préciser qui est ce lobby pro-israélien et quelle est son influence à Washington, tandis que le vôtre prend le sujet dans l’autre sens. Vous montrer comment Nicolas Sarkozy est au service d’un lobby que vous vous abstenez de désigner en détail. Pourquoi avoir choisi cet angle ?

Paul-Éric Blanrue : Bonjour, et merci de vos questions. Les deux ouvrages sont différents, en effet, mais leur ambition est au fond la même : montrer que les deux pays, qu’il s’agisse des États-Unis, pour Mearsheimer et Walt, ou de la France, dans mon cas, sont placés sous une forte influence pro-israélienne qui peut, à terme, s’avérer dangereuse pour eux. Seulement, en France, la situation n’est pas tout à fait identique à celle des États-Unis. Là-bas, l’histoire de la formation du lobby pro-israélien est telle que sa présence est avalisée par une grande partie de l’opinion, au point que ce lobby est même analysé par de grands universitaires… même si tous ne sont pas d’accord sur l’influence qu’il joue : Chomsky dénie ainsi au lobby pro-israélien son pouvoir au motif que l’idéal sioniste est diffusé à parts égales dans tous les partis et dans tous les secteurs de la société ! Outre-Atlantique, en tout cas, l’alliance avec Israël est devenu un phénomène banal depuis l’après-Eisenhower. Le secrétaire d’État est obligatoirement sioniste, par tradition si l’on peut dire. Chez nous, tout est (ou était !) différent. Je montre qu’il y a peu de temps encore, il n’y avait pas d’unanimité, au sein même des représentants de la communauté juive, sur la façon dont il convenait d’aborder Israël. Tous ne se rangeaient sous la bannière de l’État juif comme de bons petits soldats. Il y avait des résistances, y compris au plus haut niveau de leurs organisations. Souvenez-vous de Théo Klein : lorsqu’il était président du CRIF [3], dans les années 1980, il affichait une position assez modérée sur Israël, dont il annonçait qu’il ne voulait pas être considéré comme l’ambassadeur, à telle enseigne que certains de ses successeurs ont pu le désigner comme un « collabo » des Palestiniens ! Mais il y a bien davantage encore : en France, ceux que j’appelle les « réseaux pro-israéliens » se sont heurtés, jusqu’en 2007, à un gros problème : nous vivions jusqu’alors sous un régime « gaullien » (même si j’ai conscience de la rangée de guillemets qu’il faut placer pour employer ce terme si l’on songe aux circonstances de l’arrivée de François Mitterrand à l’Élysée, par exemple…) Il n’empêche : la résistance du pouvoir politique, à commencer par le Quai d’Orsay, aux revendications des réseaux sionistes était une réalité. Roland Dumas ou Hubert Védrine étaient de farouches partisans d’une position équilibrée au Proche et au Moyen-Orient. Que l’on se souvienne aussi qu’en 2003, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a refusé de rencontrer Dominique de Villepin, alors chef de la diplomatie française, parce que celui-ci avait fait savoir qu’il allait rendre visite à Yasser Arafat, à Ramallah ! Cette résistance est un souci que les réseaux sionistes ont réussi à surmonter depuis l’accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Seulement, à la différence des pratiques américaines, Sarkozy n’a pas été contraint de devenir « leur » homme, ni leur « valeur-refuge » : il ne s’est mis à leur service que parce qu’il en a décidé ainsi, par volonté et stratégie politiques délibérées. Après la seconde Intifida, en 2000, il s’est aperçu de la puissance acquise par le lobby pro-israélien américain. Concevant la France comme une Amérique en devenir, il a cherché à s’en faire adouber, important ici les pratiques de là-bas. Il a aussi parié sur la peur du « péril banlieue », qui, pensait-il, pouvait associer dans l’esprit des Français (juifs ou non) les immigrés (musulmans, notamment) à des terroristes en puissance. C’est une des raisons pour laquelle il a invité des policiers israéliens en France à venir expliquer à leurs collègues comment mater les troubles dans les banlieues, comme si celles-ci étaient des « territoires occupés » ! Pour ce faire, dans sa stratégie d’accession au pouvoir, il a employé le vocabulaire et l’idéologie des représentants sionistes, pour lesquels, aujourd’hui, « pro-israélien » et « juif » sont deux synonymes. C’était une manière de galvaniser l’électorat juif, qui est en France l’un des plus importants au monde, ce qui a fait dire à l’UMP Christian Estrosi, que Sarkozy était « le candidat naturel des juifs ». Or, d’un point de vue objectif et historique, je rappelle que le judaïsme est une religion tandis que le sionisme est une idéologie politique. On peut être juif et opposé au sionisme, comme l’ont été et le sont encore de nombreux rabbins ou de nombreuses personnalités d’origine juive (il existe même un site Internet où les sionistes les dénoncent à la vindicte de leur coreligionnaires !), et on peut être sioniste et non-juif, ne songez qu’à Bush ! Bref, toutes ces différences expliquent que je n’ai pas traité le problème dans mon livre comme mes deux collègues américains.

Thierry Meyssan : Vous avez pris soin de vous en tenir à des informations connues, déjà publiées et non contestées ; de ne jamais vous baser sur des scoops qui pourraient être controversés, de sorte que les éléments de votre raisonnement ne soient pas discutables. Simultanément, vous avez pris soin de déminer un à un les mots ou expressions qui provoquent des réactions épidermiques mettant fin au débat. Cette méthode prudente suffit-elle à assurer une réception raisonnable de votre travail ?

Paul-Éric Blanrue : Pour commencer, j’estime qu’un livre doit par principe reposer sur des fondements solides, afin d’être inattaquable. C’est une constante chez moi, voyez ma bibliographie qui comporte une dizaine d’ouvrages. C’est aussi une politesse que je dois à mes lecteurs, qui me lisent parce qu’ils savent que je tiens à leur apporter des informations solides. Fondateur, et président durant 10 ans, d’une association sceptique qui s’intitule le Cercle zététique (du grec zetein : chercher), j’ai mené de nombreuses enquêtes au cours desquelles j’ai toujours tenté de faire la part des choses entre les faits vérifiables et la rumeur, ou encore les mensonges. Or j’ai pu constater, au cours de ma carrière, que de nombreux « scoops » non sourcés reposent souvent sur des on-dit et sont en réalité des « bidonnages » destinés à faire un best-seller à peu de frais : aussi, je m’en méfie d’instinct. Ensuite, je ne cherche pas à déminer pour déminer. Si vous faites allusion, par exemple, au fait que je n’emploie pas l’expression « lobby juif » pour caractériser les modalités d’action des sionistes en France, c’est parce que, comme Mearscheimer et Walt, ou chez nous Pascal Boniface [4], je ne crois pas réellement à l’existence de ce prétendu lobby, qui est, selon moi, soit un abus de langage, soit un terme provocateur. Dans les deux cas, il faut l’éviter. De plus, et c’est le plus grave pour moi, il associe juifs et sionistes, deux réalités distinctes comme je l’ai déjà précisé. Vous aurez noté également que je ne parle pas non plus de « lobby sioniste », car la réalité française est différente de l’américaine, même si cette différence tend à se réduire jour après jour. Je fais la recension des nombreuses organisations sionistes, j’indique leurs points communs, leurs différences et parfois leurs contradictions : c’est la raison pour laquelle je préfère parler de « réseaux » pro-israéliens ou sionistes, ces deux derniers termes étant équivalents pour moi. Quant à savoir comment sera reçu mon travail, je l’ignore, n’étant pas Élizabeth Teissier [5]… De mon côté, en tout cas, j’aurai fait tout mon possible pour que ce livre puisse être une base de discussion raisonnable entre deux camps que tout oppose. Il faut que la situation se débloque, sinon on va droit dans le mur.

Thierry Meyssan : Vous avez déjà fait preuve de courage en abordant un sujet tabou. Ne craignez-vous pas de vous griller définitivement en répondant à mes questions ?

Paul-Éric Blanrue : Je suis ainsi fait (mon éducation catholique, peut-être) que, depuis toujours, je réponds à qui m’interroge, sans chercher à sonder son cœur ni ses reins. Plus généralement, je me garde bien de juger les gens, à commencer par ceux qui luttent contre un système qui nous écrase. Pour ma part, comme vous le savez, je n’ai jamais été ce qu’on appelle un « complotiste », mais je revendique pour tous le droit à la libre recherche et à la libre publication. Il est possible que mon livre fasse l’objet d’un black-out général, comme l’a été l’un de mes précédents ouvrages, Le Monde contre soi – Anthologie des propos contre les juifs, le sionisme et le judaïsme [6], qui n’a pas bénéficié d’une seule ligne dans les grands journaux parisiens, mais qui, bien étrangement m’a valu d’être invité au salon des écrivains du B’naï Brith ! Il faudra bien que je tente cette fois de surmonter par tous les moyens la stratégie du silence de ceux qui s’opposent à sa diffusion pour de sombres motifs. On ne peut pas vivre sous la dictature de la pensée unique sans réagir, sinon on est bon pour l’esclavage. Il est temps de dépassionner le débat et surtout d’arrêter de diaboliser les contradicteurs !

Thierry Meyssan : Votre éditeur belge, Marco Pietteur, semble surpris par la réaction de réseaux de distribution qui refusent de placer votre livre dans les librairies en France. Pourtant ce mode de censure a commencé lors de la publication de mon livre sur le remodelage du Grande Moyen-Orient, L’Effroyable imposture 2 [7]. À l’époque, plusieurs grands éditeurs ont renoncé à le publier face aux menaces des distributeurs. En définitive, Jean-Paul Bertrand et Antoine Gallimard ont dû ruser pour contourner cet obstacle. À défaut de pouvoir interdire le contenu d’un ouvrage, on en empêche la présence en librairie. Le lobby pro-Israélien est intervenu pour dissuader les grands médias de mentionner l’existence de mon livre que ce soit dans des articles ou en acceptant des publicités payantes. Ce dispositif a-t-il été actionné de la même manière pour censurer votre travail ? Et avez-vous identifié les personnes et les groupes qui l’ont actionné ?

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Sarkozy, Israël et les juifs, éditions Marco Pietteur, collection « Oser dire » (mai 2009), 205 pp. Ouvrage recommandé et diffusé par le Réseau Voltaire.

Paul-Éric Blanrue : Pour le moment je ne peux pas dire grand-chose, car je suis dans l’action, c’est-à-dire dans la promotion de mon livre, période peu propice aux enquêtes. Disons que j’ai déjà ma petite idée sur la question, qu’il faudra que je creuse. Le temps de la réflexion viendra et alors, croyez-moi, je dirai ce que je sais. En attendant, remarquez, je vous prie, une chose étonnante : il y a un an et demi, j’écrivais avec mon ami Chris Laffaille, de Paris-Match, un livre sur le mariage de Nicolas Sarkozy avec Carla Bruni, qui s’intitulait Carla et Nicolas, Chronique d’une liaison dangereuse [8]. Déjà, je rendais compte d’un certain nombre de faits, bien que ce ne fût pas de manière frontale. Or ce livre a été classé dans les best-sellers de L’Express, a fait la une de Technikart et a été l’objet de traductions à l’étranger. À la FNAC des Ternes, pour prendre un magasin que je connais bien lorsque je suis à Paris, il faisait l’objet d’une exposition dans une vitrine entière, face à l’entrée. Aujourd’hui, pour mon nouveau livre, j’ai dû être édité en Belgique et le diffuseur de mon éditeur Marco Pietteur est tellement effrayé qu’il refuse de le diffuser en France ! Le fait est remarquable et symptomatique de l’état d’esprit qui règne ici depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Les gens sont terrifiés. On peut les comprendre. Je note avec joie que certains commencent à réagir, puisque sur facebook, un groupe s’est créé, comprenant plusieurs centaines de membres, français ou non, qui réclament que mon livre soit vendu dans les librairies françaises. Son intitulé : « Sarkozy, Israël et les juifs : le livre qui fait peur aux diffuseurs ! » C’est assez bien vu. J’engage vos lecteurs à rejoindre ce groupe de francs-tireurs. La France est-elle tombée si bas qu’on n’ose plus y diffuser un ouvrage qui sera disponible sans problème dans plusieurs pays étrangers, et qui est en voie d’être traduit dans trois langues ?

Thierry Meyssan : Vous livrez une synthèse très complète des liens unissant Nicolas Sarkozy à Israël, y compris les données biographiques et psychologiques. Cela ne vous empêche pas d’aborder ses liens avec les États-Unis. Vous avez alors choisi d’éluder ses liens familiaux avec la CIA et vous avez cité le faux courriel de la DGSE diffusé au sein des services de police l’accusant mensongèrement d’être agent du Mossad. Votre sujet d’étude ne déforme-t-il pas la réalité en se focalisant sur la subordination de Nicolas Sarkozy à l’agenda israélien et en laissant dans l’ombre les liens peut-être beaucoup plus forts encore qui le lient aux États-Unis ?

Paul-Éric Blanrue : Mon chapitre 3 s’intitule (je parle de Nicolas Sarkozy) « L’homme des réseaux américains »… Je pense donc avoir noté toute l’importance que revêtent pour lui les États-Unis. Ceci dit, vous avez raison, j’y traite essentiellement de son adoubement par le lobby pro-israélien américain, comme le American Jewish Commitee (AJC). Mais c’est le sujet de mon livre qui le veut. Un autre ouvrage serait à consacrer aux liens noués entre le président français et les États-Unis. Mais pour ma part, je voulais montrer en quoi la politique étrangère française avait changé vis-à-vis d’Israël. Sur ce point, les États-Unis, comme la France de Sarkozy, se rangent de manière quasi inconditionnelle du côté israélien, malgré des réserves de circonstance destinées à ne pas chagriner l’opinion, soucieuse du sort des Palestiniens. Or Nicolas Sarkozy est passé par les États-Unis pour aller vers Israël, et non l’inverse. On voit bien qu’aujourd’hui, alors qu’il a perdu une partie de sa crédibilité auprès d’Obama, il est toujours autant pro-israélien que durant sa campagne électorale. Lorsque, le 24 janvier 2009, la France a envoyé la frégate Germinal lutter contre les livraisons d’armes à la résistance palestinienne, à ma connaissance, les États-Unis n’ont pas joué de rôle direct : cette opération a été réalisée entre Israël, l’Égypte et la France. Par ailleurs, Sarkozy n’a pas besoin des États-Unis pour se déclarer « partisan inconditionnel de la sécurité d’Israël », même s’il est évident que ce rapprochement participe d’une « atlantisation » plus générale (envoi de troupes en Afghanistan, retour dans l’OTAN, etc.). Pour résumer, mon livre n’est en effet qu’un chapitre d’une plus grande histoire à écrire, mais je crois qu’il se situe en plein cœur du problème : nous sommes face à un renversement total des principes sur lesquels notre République est assise. C’est pourquoi il m’a semblé urgent de l’écrire. Avant qu’il ne soit trop tard pour faire machine arrière.

Thierry Meyssan : Votre livre nous remémore quantité d’événements oubliés —une information en chassant une autre dans les journaux—. Malgré l’abondance de votre documentation, votre narration est toujours agréable à lire. Mais, cette qualité littéraire n’empêche-t-elle pas de hiérarchiser les choses. Par exemple, vous évoquez en passant un lien amical avec la banque Rothschild, mais rien sur l’activité d’avocat d’affaire de Nicolas Sarkozy, ni sur François Pérol, un associé-gérant de Rothschild devenu secrétaire général adjoint de l’Élysée puis président de Natixis dans des conditions douteuses. Comment avez-vous sélectionné les événements que vous relatez ?

Paul-Éric Blanrue : Merci, tout d’abord, du compliment. Mais hélas, on ne peut pas tout dire, surtout dans un ouvrage que je destine au grand public et que j’ai par conséquent voulu « lisible » alors que la question est complexe. Notez tout de même que pour 200 pages de texte, j’ai disposé un appareil critique de quelque 500 notes infrapaginales, ce qui n’est pas courant dans l’édition française actuelle. Vous avez raison, bien sûr, de dire que les informations sont oubliées par l’opinion, et que l’accumulation de celles-ci dans les journaux, loin d’alimenter les cerveaux de nos contemporains, contribue à tasser les données dans les couches sédimentaires inférieures. Mieux encore : l’abondance d’informations (avec la prime données aux faits divers) fait oublier le sens général de l’histoire qui se déroule devant nous. J’ai donc voulu procéder à un « rafraichissement de la mémoire » de l’opinion publique, tout en organisant mon plan de manière à donner un sens à l’actualité la plus brûlante. Mon point de départ est Sarkozy, l’homme par qui la fracture arrive. Je tente ensuite d’expliquer pourquoi il en est arrivé là et pourquoi la France est dans une impasse dont il faudra bien un jour qu’elle s’extraie.

Thierry Meyssan : Dans votre dernier chapitre, vous élargissez votre sujet aux milieux culturels. Mais une trentaine de pages, c’est à la fois beaucoup pour éveiller la curiosité et trop peu pour donner une vue d’ensemble du phénomène. Pour faire vite, vous êtes obligé de traiter rapidement certaines personnalités, comme Tariq Ramadan, parce que cela nécessiterait des développements contextuels. Comme vous laissez vous lecteurs sur leur faim, avez vous l’intention d’approfondir cette question dans un autre volume ?

Paul-Éric Blanrue : J’évoque le cas de Tariq Ramadan, lors de sa confrontation télévisée avec Nicolas Sarkozy, afin de montrer comment ce dernier a intégré dans son discours la rhétorique sioniste actuelle, ce dogme bourré de dynamite qui veut que « juif = pro-israélien ». Pour le reste, je me consacre à l’essentiel : la description des réseaux sionistes français et la façon dont l’actuelle présidence répond à leurs attentes, voire les devance. Je passe en revue des cas connus et moins connus : quel est le parcours du patron de la LICRA ? Qui sont les principaux « poissons-pilotes » d’Israël en France ? Quelles associations intentent systématiquement des procès aux chercheurs indépendants qui critiquent Israël ? En quoi la loi Gayssot est-elle la clé de voûte de la dictature de la pensée unique actuelle ? Pour répondre précisément à votre question : oui, je prépare actuellement, non pas un, mais deux autres livres, qui approfondiront de manière notable ce que j’ai dit dans celui-ci. Je pense qu’ils surprendront vos lecteurs. Ce n’est qu’un début !

Thierry Meyssan : Terminons par une note plus personnelle. Au cours de cet entretien, vous avez répondu à mes questions en évoquant avec fierté votre travail antérieur. Vos premiers livres traitaient de l’histoire de la famille de France et étaient publiés par des éditeurs traditionalistes. Puis, vous vous êtes passionné pour l’étude des superstitions et vous avez créé le Cercle zététique. Enfin, vous vous êtes tourné vers des sujets d’actualité, Carla Bruni et Jérôme Kerviel. Quelle était votre démarche personnelle au long de ce parcours ? Qu’est ce qui vous motive aujourd’hui ?

Paul-Éric Blanrue : Ce qui m’intéresse, en premier lieu, c’est de pouvoir publier le résultat de mes recherches. Pour moi, tout éditeur, du moment qu’il est légal, qu’il fait correctement son travail de promotion et qu’il rémunère convenablement ses auteurs, est respectable. Comme je suis un homme nuancé et ouvert, ses idées politiques ou philosophiques ne m’intéressent pas, du moment qu’il me permet de publier ce que j’entends, sans me censurer. Vous connaissez l’adage : « publish or perish »… Un auteur n’existe qu’à travers son travail publié, lu, assimilé et commenté par d’autres. L’éditeur « tradi » auquel vous faites allusion m’a ainsi permis, il y a bien longtemps, d’éditer mes découvertes étonnantes sur le comte de Chambord (fruit d’un mémoire universitaire en histoire), ce que d’autres maisons plus classiques avaient refusé de faire pour des motifs idéologiques. Il a en revanche été incapable, à son tour pour des raisons idéologiques, de publier mes conclusions sur l’histoire du suaire de Turin, qui m’a donc été édité, d’abord, par une maison communiste en coédition avec des cathos de gauche, puis, dans une autre version, par une maison du groupe Flammarion, Pygmalion. Mon livre d’anthologie sur les propos contre les juifs a été publié, lui, par un éditeur connu pour ses collections érotiques… Mon opus sur Kerviel est paru dans une maison spécialisée dans le rock, ce qui ne m’a pas empêché d’annoncer le crise financière de septembre 2008 six mois avant les « experts » du Monde ! Bref, toute ma vie éditoriale est ainsi faite ! Je trouve tout cela amusant. On a tendance à me ranger dans la catégorie des « inclassables », à quoi je dis préférer le terme « d’irrécupérable », qui ne permet, précisément, aucune sorte de « rangement ». Bref, mes maisons d’édition varient en fonction de leur capacité à publier mes livres, c’est-à-dire en fonction de leurs propres normes idéologiques, et non des miennes. Maintenant, vous voyez, je suis contraint d’aller faire éditer en Belgique un livre qui traite de la politique française… Je suis le « Juif errant » de l’édition ! Ce n’est pas par hasard si je passe une partie de ma vie à Venise, la ville du premier ghetto, qui est aussi la cité des labyrinthes, des masques, des reflets et des miroirs cachés. Quant à mes sujets de prédilection, malgré une évolution de surface, ils ont tous un point commun : la traque des mystifications, des mensonges, des erreurs de tous ordres, abondamment diffusées dans le grand public. La véritable histoire est toujours à chercher sous le vernis de la propagande, je ne vous apprends rien. Je ne cesse donc de m’intéresser aux impostures, quelles qu’elles soient, historiques, scientifiques, politiques, idéologiques, religieuses. Pourquoi ? Parce nous vivons dedans ! Nous naissons et mourons entourés de vessies que nous ne cessons de prendre pour des lanternes. Certaines impostures sont innocentes, d’autres moins, parce qu’elles orientent nos vies et celles de nos contemporains. Avec le temps, je me suis concentré sur les affaires qui me paraissent les plus graves. Tout au long de mon existence, j’ai tenté de situer ma démarche dans les pas des Lumières : Voltaire, Diderot, d’Holbach (et le grand Casanova ! ) ont été capables d’écrire sur tous les sujets, petits ou grands, religieux ou mondains, avec le même esprit critique. Voilà ce ce que je tente, contre vents et marées, de faire à ma façon. Il est difficile de vous cacher que j’espère que les conséquences de mes livres seront comparables à celles qu’ont suscité les oeuvres des grands esprits dont je me réclame. Chaque auteur est un peu « mégalo », n’est-ce pas ? Mais s’il ne croit pas à son pouvoir de transformer les mentalités, qui le croira ? C’est en tout cas la raison pour laquelle le dernier chapitre de « Sarkozy, Israël et les juifs » s’intitule : « Pour une nouvelle nuit du 4 août », en référence à l’abolition des priviléges de la noblesse par la noblesse, en 1789. Comme Max Gallo, Dominique de Villepin ou François Bayrou, je pense que nous sommes dans une situation pré-révolutionnaire. La France va bientôt trembler. Mon livre est préventif : ceux qu’il critique sont aussi ceux qui devraient s’en inspirer. À moins qu’ils ne soient prêts à affronter un nouveau 1793 ? Mais autant l’éviter, n’est-ce pas ?

 Thierry Meyssan

Analyste politique, fondateur du Réseau Voltaire. Dernier ouvrage paru : L’Effroyable imposture 2 (le remodelage du Proche-Orient et la guerre israélienne contre le Liban).


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[1] Sarkozy, Israël et les juifs, éditions Marco Pietteur, collection « Oser dire » (mai 2009), 205 pp.

[2] Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, par John Mearsheimer et Stephen Walt, La Découverte, 2007, 500 pp.

[3] CRIF : Conseil représentatif des institutions juives de France.

[4] Voir Est-il permis de critiquer Israël ?, par Pascal Boniface, éd. Robert Laffont (2003), 239 pp.

[5] Élizabeth Teissier est une célèbre astrologue française qui fut proche de François Mitterrand.

[6] Le Monde contre soi – Anthologie des propos contre les juifs, le sionisme et le judaïsme, par Paul-Éric Blanrue, préface de Yann Moix, Éditons Blanche, 2007, 318 pp.

[7] L’Effroyable imposture 2, par Thierry Meyssan, éd Alphée-Jean-Paul Bertrand (2007), 400 pp.

[8] Carla et Nicolas, Chronique d’une liaison dangereuse, par Paul-Éric Blanrue et Chris Lafaille, Éditions Scali, 2008, 155 pp.