LA SECURITATE DES PRISONS ET DES CAMPS EN ROUMANIE COMMUNISTE (1949-1953)[1]
Le but de cette étude est de faire une analyse historique sur la naissance et la gamme d’opérations de la structure de la Securitate des prisons et des camps, dans ses premiers cinq années de fonctionnement. Il sera une analyse institutionnelle ayant comme but de voir : la nécessité de l’apparition de la structure, ses charges, ses chefs et son personnel, et ses relations sur la verticale (avec la Securitate) et sur l’horizontale (avec l’administration des prisons). L’apparition de cette structure est directement liée à la rééducation déployée en régime carcéral pendant la période correspondante, d’où notre choix temporel. Nous allons nous arrêter le moment où, confronté avec le dévoilement d’une partie du secret de la rééducation, le régime a déclanché les enquêtes pour inculper les boucs émissaires : une partie des détenus impliqués, et aussi de ses cadres de la Securitate des prison et des camps.
Le Service d’opérations
La préoccupation de la Securitate de créer une structure dans les prisons et les camps date de l’automne 1948. À cette époque, Coman Stoilescu, le chef de la VIIème Direction de la Securitate (Technique) et chef de secteur, a reçu l’ordre de Gheorghe Pintilie, le chef de la Securitate, et d’Alexandru Nicolschi[2], son adjoint, de s’occuper du travail informatif « en vue de surveiller du point de vue informatif le personnel employé à la Dir[ection]. générale des pénitenciers, et aussi le personnel des pénitenciers du territoire »[3]. Mais un mois après, il a reçu l’ordre de sortir ce problème de ses préoccupations et de passer à un autre. En conclusion, le principal objectif du régime a été, à l’origine, la vérification de la fidélité idéologique des ses cadres. Jusqu’alors, les directeurs des prisons coordonnaient le travail informatif, mais seulement parmi les détenus politiques.
Le Service d’opérations (SO), la première dénomination de la Securitate des prisons, a été crée en mars 1949[4] „de l’initiative du camarade le ministre [Gheorghe] Pintilie”[5]. Gavrilă Birtaş, le chef de la IIIème Direction de la Securitate (Contre-espionnage dans les prisons et dans la milice), relate : « J’étais convoqué par le camarade le ministre adjoint Pintilie, qui m’informait de sa décision de créer un organe informatif dans le cadre des pénitenciers, travail qui fallait être dirigé par moi-même. »[6] La structure de la Securitate des prisons a été, donc, organisée en tant que service de la IIIème Direction de la Securitate, son chef ayant le grade de majeur.
En vue de diriger le nouvel organisme, Birtaş a recommandé son ami, le majeur Iosif Nemeş, qu’il connaissait depuis la période de leurs activité communiste subversive, pendant l’entre deux guerres. Toutefois, il connaissait son activité de directeur de la prison d’Oradea, où il avait prouvé des aptitudes dans le domaine des informations[7].
Iosif Nemeş relate la manière dont les événements se passaient : « Le moment où, venu d’Oradea, je me présentais à Bucarest, j’étais convoqué par l’ancien directeur général des Pénitenciers, Voicu Daciu, qui me mettait en contact avec l’ancien ministre adjoint du M.A.I., Marin Jianu. À cette occasion, il m’informait de la décision de créer un nouvel service dans le cadre de la Direction générale des pénitenciers, dirigé par moi-même, qui aurait comme but la collecte des informations en pénitenciers, concernant l’activité des détenus qui n’était pas découverte par les Organes qui ont effectué la première investigation, l’atmosphère du pénitencier, les contactes des détenus avec les autres citoyens d’en dehors, et, le même temps, l’attitude du personnel pénitencier [et] la manière dont il remplit ses charges. »[8] Entre temps, l’intérêt principal du régime glissait de ses cadres vers les détenus.
Nemeş était aussi informé qu’il va recevoir le personnel nécessaire en vue de couvrir toutes les prisons. Et il continue : « Toutefois, j’étais instruit de garder comme liaison supérieure, dans le domaine des infractions politique, le colonel [Gavrilă] Birtaş »[9]. Il insiste : « je mentionne que je rapportais à Birtaş Gavrilă toute mon activité, et aussi toute l’activité du Service, en l’informant sur absolument toutes les problèmes, aussi par écrit que verbalement. »[10].
Ion Lupşan, officier dans le SO, confirme la liaison de la structure informative sur la voie hiérarchique : « Notre Service (...) travaillait avec la Securitate, respectivement avec le camarade colonel [Gavrilă] Birtaş. La liaison avec le colonel Birtaş était gardée par le camarade Nemeş et Eva Birtaş. »[11] A son tour, Eva Birtaş, l’adjointe de Nemeş, déclare : « Notre Service ne tenait aucune liaison avec le dir[ecteur]. gén[éral]. Baciu, mais, suite aux informations communiqués par Nemeş et à mes constats personnels, le Service tenait la liaison avec : le camarade général Pantiuşa[12], le camarade général Nicolschi, le colonel Dulgheru, le colonel Birtaş et le colonel Glubacov [Gluvacov].”[13] Le lieutenant-colonel Andrei Gluvacov était l’adjoint de Gavrilă Birtaş à la tête de la IIIème Direction de la Securitate. Gluvacov déclare, à son tour, que le matériel informatif envoyé par les bureaux d’opérations des prisons à travers la poste militaire était adressé à Birtaş[14]. Enfin, le colonel Mişu Dulgheru, le chef de la Direction d’enquêtes pénales de la Securitate, dit : « Je sais que Birtaş Gavrilă tenait la liaison avec Nemeş, étant donné que Nemeş le visitait maintes fois »[15]. Toutes les sources attestent, incontestablement, qu’elle était la liaison supérieure de la Securitate des prisons.
Concernant les ordres reçus en vue d’organiser les actions informatives, Birtaş déclaré : « Sur le problème de la collecte des informations, Nemeş a reçu des instructions de la part du général Nicolschi [et] du ministre adjoint Pintilie »[16]. À son tour, Birtaş a instruit « les chefs des bureaux d’inspections [d’opérations] qui fonctionnaient auprès les pénitenciers de s’approcher de certains détenus, en les créant des avantages, donc [un autre] régime de détention, à travers : les colis, les lettres, les parloirs, pour pouvoir les recruter comme indicateurs. Les informations devaient être collectées parmi les détenus contre-révolutionnaires »[17]. Il existait aussi une hiérarchisation du péril des organisations et des orientations politiques, étant donné que la structure informative s’occupait de la collecte des informations et la répression « des actions des légionnaires[18], des national paysans et d’autres détenus »[19]. Eva Birtaş, employée de la nouvelle structure, déclare : « En vue de remplir leur mission, les camarades qui fonctionnaient dans les bureaux informatives avait le droit de prendre le contact avec les détenus, droit interdit à autres cadres du pénitencier, à l’exception du directeur »[20]. Puis, « les indicateurs devaient être recrutés surtout parmi les légionnaires et national paysans, et spécialement parmi ceux qui jouissaient d’un grand prestige devant les autres détenus »[21]. Par conséquent, le but n’était donc pas seulement l’obtention des informations, mais aussi la compromission des détenus[22].
La nouvelle structure se heurtait d’une certaine résistance même à l’intérieur de l’administration des prisons où elle fallait créer sa place. Birtaş relate : « Je connais qu’en ce qui concerne le travail d’organisation, certains directeurs de prisons ont fait des difficultés. Nemeş Iosif m’informait de ces difficultés et il m’a envoyé des rapports qui étaient rédigés par les chefs des bureaux d’inspections [d’opérations], suite desquels j’ai signalé au ministre de ressort Jianu, pour prendre des mesures en vue de corriger la collaboration entres les chefs des bureaux d’inspections des pénitenciers et les directeurs des pénitenciers »[23].
Le personnel du Service central d’opérations était composé, au début, par : Cornel Lupşan (responsable de l’évidence des travaux) et Eva Birtaş (l’adjoint du chef du Service, pendant quatre-cinq mois, à partir de juin-juillet 1949), auxquels s’ajoutait, ultérieurement, Gheorghe Mogoş (travailleur efficient)[24]. Six mois après, il a été remplacé par Marcel Hofman. Le dernier était l’homme de confiance d’Iosif Nemeş et aussi d’Eva Birtaş. Puis ont été employés Nicolae Bucur (travailleur efficient) et Paraschiv Radu (pendant quatre mois, jusqu’en mai 1950). La dactylographe du Service était Maria Alexandrescu, transférée à l’automne de 1949, qui jusqu’alors travaillait à la greffe de la prison Văcăreşti.
Nemeş était en relations d’amitié avec Eva Birtaş et son époux, Gavrilă. C’est la raison de laquelle il proposait à celle-ci – jusqu’alors activiste à l’Association roumaine pour la consolidation des liaisons avec l’Union soviétique (en abréviation roumaine, ARLUS) – de travailler à coté de lui, proposition acceptée, étant donné que « ce type de travail m’attirait »[25]. Avec les autres, Nemeş n’avait que des rapports de service. Dans le domaine des opérations, il se consultait avec Lupşan, et, suite au transfert de ce dernier, à partir de septembre 1949, avec Hofman.
Jusqu’en septembre 1949, les officiers des Bureaux d’opérations des prisons mettaient les notes informatives et la correspondance dans des enveloppes, les apposait le sceau, les livraient à la Régionale de Securitate qui, à son tour, sans les enlever le sceau, les envoyait par courrier spécial à Bucarest, à la IIIème Direction de la Securitate[26]. Pendant la période mai 1949 – octobre 1950, quand le lieutenant-colonel Andrei Gluvacov a été l’adjoint du chef de la IIIème Direction de la Securitate, les enveloppes, en nombre de 1-3 pour chaque prison, arrivaient à l’intervalle de 15-30 jours[27]. À partir du mois de septembre 1949 (juste avant le début de la rééducation « de type Piteşti »), les enveloppes étaient transmises au SO personnellement par les officiers des bureaux d’opérations[28]. Eva Birtaş, adjointe de Nemeş, recevait les notes informatives, puis les répartissait aux officiers subordonnés. Ceux derniers rédigeaient une „note résumée” (notă rezumativă) du contenu des informations, puis Eva Birtaş les vérifiait et donnait des indications en vue de les mettre au point. Quand l’opération était achevée, Nemeş transmettait à Gavrilă Birtaş les notes informatives en original, accompagnées par les notes résumées des officiers qui travaillait dans la centrale du SO[29]. Puis, « les notes plus précieux était transmises pour exploitation autant dans le cadre de notre direction, aussi qu’aux autres directions »[30].
Parfois, il arrivait que les enveloppes contenant des informations destinées aux officiers de la Centrale soient ouvertes par la Securitate, point de discorde entre Lupşan et Eva Birtaş. Même si Lupşan avait raison, il a fini par être transféré à la prison Văcăreşti[31]. Son successeur Paraschiv Radu semble avoir eu plus de succès dans la question : « Maintes fois, Eva Birtaş arrivait avec les enveloppes ouvertes, ce qui me poussait croire qu’elle les censurait. J’ai attiré l’attention sur ce point à Nemeş, et, finalement, il a remplacé Eva Birtaş. Il était périlleux qu’un autre, et non pas Nemeş, ouvre la correspondance, étant donné qu’il arrivait exister des informations concernant même l’époux de la camarade Birtaş, le colonel Birtaş »[32]. En absence de Nemeş, Eva Birtaş le remplaçait et donnait des instructions, tant à l’appareil central qu’aux unités[33]. Hofman donnait lui aussi des instructions, et il recevait des rapports verbaux des officiers du territoire[34].
Parfois, Lupşan et Hofman « tapaient à la machine à écrire des matériaux secrets en contenu, qui n’étaient pas gardés en archives. »[35] Les rapports rédigés par les officiers étaient vérifiés par Eva Birtaş et Iosif Nemeş, puis ils « était remis à la Securitate, au colonel [Gavrilă] Birtaş ou au camarade le ministre [Gheorghe Pintilie] »[36].
Un mois après la création du Service d’opérations, en avril 1949, Iosif Nemeş a reçu un nombre de 22 cadres en vue de les repartir aux principales prisons et constituer des bureaux d’opérations : « Conformément aux instructions reçues, apparemment, le personnel devait faire partie du cadre du pénitencier, pour que le travail ne soit pas dévoilé »[37]. Les officiers « ne se subordonnaient pas à la direction du pénitencier, mais travaillait directement avec nous »[38]. Le Service fonctionnait d’une manière conspirée dans le bâtiment de la Direction générale des pénitenciers (DGP), bien qu’il n’avait pas de relation de subordination avec celle-ci, mais avec la Securitate[39].
Nemeş gardait le contact non pas seulement sur la verticale – avec la direction de la Securitate – mais aussi sur l’horizontale, avec la direction des Prisons. Les informations collectées par les bureaux d’opérations, qui concernaient les déviations du personnel des prisons, étaient redistribuées par le Service d’opérations à Marin Jianu, le ministre adjoint de l’Intérieur qui s’occupait du secteur pénitenciers, puis, elles étaient retransmises, en vue de prendre des mesures, à la Direction générale des pénitenciers[40].
Toutefois, la principale préoccupation du Service a été, pendant la période 1949-1950, liée de la mise en pratique de la rééducation « de type Piteşti » (bref, faire sortir des informations des détenus, par le biais de la torture et leur conversion idéologique), initiée à la prison de Piteşti[41].
Le Service d’inspections
Au début du mois de mai 1950, Iosif Nemeş a remis ses fonctions au lieutenant-colonel Tudor Sepeanu[42].
La structure d’opérations des prisons va être restructurée radicalement et sa dénomination remplacée avec une formule bénigne : le Service d’inspections[43]. Voilà l’épisode dans la relation de son nouvel chef : « À l’occasion de ma nomination comme chef de ce Service, M. le ministre adjoint, Pintilie Gh[orghe], m’a dit les suivantes : ‘tu vas recevoir environ 100 hommes qui vont être recrutés par la Direction des cadres [de la] D.G.S.S.[44] dès écoles de milice, avec lesquels tu vas créer une école préparatoire (ayant le concours de l’école de la D.G.S.S.) en vue de mener un travail à caractère informatif dans les pénitenciers. Après la fin des études, on va créer dans le cadre de la D.G.P. un service qui va porter le titre de ‘service d’inspections’, et qui va avoir deux objectifs : a) un objectif de surface, c’est-à-dire, le tri de la correspondance des détenus, le contrôle des colis, le comportement des détenus dans les pénitenciers ; b) l’autre objectif, principal, c’est-à-dire de mener un travail à caractère informatif ayant comme but d’obtenir des détenus tout ce qu’ils avait caché pendant les investigations, leurs liaisons en dehors de la prison, les tentatives de réorganisations, les contactes avec le personnel des pénitenciers etc.[...]’ En ce qui concerne le travail, ma liaison supérieure unique était même M. le ministre adjoint Pintilie. / M. le ministre adjoint m’a attiré l’attention qu’[avant] avait fonctionné un petit service du même genre qui n’avait pas donné des résultats et qu’il y avait des frictions entre Nemeş – le chef de ce service – et le directeur général [des Pénitenciers], le colonel Baciu »[45]. Il faut retenir qu’au début Sepeanu a tenu la liaison exclusivement avec le chef de la Securitate.
À la fin du mois d’avril, Sepeanu a fait une proposition d’organisation du Service d’inspections qu’il a remis à Gheorghe Pintilie, le chef de la Securitate[46]. Le service allait fonctionner dans le cadre de la DGP, ayant un nombre de 4-5 fonctionnaires qui centralisent et rédigent le matériel informatif reçu des prisons du territoire. Là-bas allaient fonctionner des bureaux d’inspections (en fait étaient restructurées les bureaux d’opérations existantes), qui étaient marqués dans le nouvel schéma de la DGP et encadrés avec 1-3 fonctionnaires, selon l’importance de la prison. En vue de l’obtention des informations, il préconisait le recrutement direct des indicateurs et la formation des résidents, « et, dans de cas spéciaux, comme à Piteşti – la diversion. »[47] Il s’agit d’une version élaborée de la rééducation en cours de déploiement. Les propositions ont été acceptées intégralement par Pintilie, avec la spécification que, « en ce qui concerne le filage du personnel administratif ; [il est nécessaire] de l’ajourner, pour éviter de produire des troubles dans la masse des fonctionnaires »[48].
En vue du recrutement des stagiaires à l’école d’officiers de la Securitate des prisons, Sepeanu a établit le contact avec le colonel Erwin Voiculescu (le comandant des Écoles de la Securitate) et le capitaine Giosanu (membre de la même structure), et pour l’assurance des conditions administratives de fonctionnement de l’école avec le colonel Ioan Baciu[49]. Puis, il a organisé des cours de quatre mois, le but étant de former de nouveaux cadres qui remplacent les anciens officiers politiques. L’école a débuté le 25 janvier 1950[50] à l’Hôtel Union de Bucarest[51]. Le chef de l’école était Sepeanu, et parmi les lecteurs et les séminaristes étaient : le lieutenant-colonel Paul Demetrescu, le sous-lieutenant Stroe et le adjudant Valentin Magdalen[52]. Pendant deux mois ils ont fait de l’éducation politique et les autres deux mois ils ont initié les stagiaires dans le travail de contre-informations[53]. À la fin de ce « court cours d’initiation »[54], le 21 mai 1950[55] les officiers avaient des connaissances vagues concernant le démasquement et la rééducation. Sepeanu mettait l’accent sur ce qu’il appelait la « diversion »[56]. Un des futurs officiers indique qu’à travers la technique respective le nouvel chef se proposait de « briser l’unité des détenus dans le but de l’annihilation de leurs actions hostiles »[57]. Sepeanu, qui arrivait au cours habillé en uniforme de la Securitate, disait aux futurs officiers que leurs responsabilités seront plus grandes que celles des comandants des prisons, et que : « à partir de là, vous n’allez pas mourir tranquillement, mais soit fusillés (tués) par de divers éléments, soit en prison »[58]. En même temps, « le lieutenant-colonel Sepeanu disait que nous devons savoir et voir tout, charge à transmettre aux indicateurs, et, à notre tour, nous avons formulé cette demande»[59].
Au centre, à coté de Sepeanu, au début ont été employés Avram Hahamu et Iancu Şerban, puis, le 1 juin 1950, Constantin Zincă, Ioan Bacheş et Nicolae Guiu, en tant que travailleurs efficients[60]. La seule gardée de l’« actif » antérieur était la dactylographe Maria Alexandrescu.
Iancu Şerban s’occupait avec l’enregistrement, en tant que chef du bureau secrétariat (ou de l’enregistrement)[61]. Il avait la mission de recevoir et d’enregistrer les notes informatives envoyées en enveloppes cachetées par les bureaux d’inspections du territoire, ou à travers le courrier de la Securitate (la poste militaire), ou surtout transportées par les officiers BI et par « d’autres occasions sûres »[62]. Puis, il ouvrait les enveloppes et les présentait à Sepeanu, qui mettait des résolutions de répartition vers un officier ou autre. Les officiers analysaient les notes, puis l’information originale et l’information analysée étaient renvoyées à Sepeanu. Les déclarations / démasquements étaient tapées à la machine. Quand elles arrivaient en grand nombre, n’étaient plus dactylographiées, mais envoyées en original en vue d’« exploitation » à la IIIème Direction de la Securitate. Les informations étaient « routées »[63] en trois mappes (conformément à l’ordre de Pintilie), puis Sepeanu les transmettait personnellement à la Securitate. Maintes fois, les officiers des bureaux d’informations livraient les notes informatives directement à Sepeanu, sans passer par le bureau d’enregistrement[64]. Iancu Şerban avait aussi la mission d’expédier la correspondance[65], et il était l’officier le plus proche de Sepeanu[66].
Il existait donc, dès le début, une répartition des charges, les officiers de la Centrale ayant des fonctions de chefs de bureaux[67]. Ainsi, à l’exception de Şerban Iancu, qui était le responsable du secrétariat, Ion Bacheş s’occupait du travail informatif dans le rang des cadres des prisons, Avram Hahamu du travail informatif au rang des détenus contre-révolutionnaires, Constantin Zincă du travail informatif au rang de détenus de droit commun, et Nicolae Guiu était le responsable du travail de cadres (chef des cadres). Environ deux mois après, vers le mois de juillet 1950, Guiu a été transféré en province, son secteur aussi revenant à Ion Bacheş.
Au fur et à mesure que le Service a commencé fonctionner, les « liaisons supérieures » de Sepeanu commençaient descendre sur la voie hiérarchique : « Au début, j’ai livré toutes les informations à monsieur le ministre adjoint Pintilie, puis à M. le général-majeur Nicolschi Alexandru, puis à Birtaş Gavrilă et, finalement, à M. le majeur [Coman] Stoilescu »[68]. Pendant un mois et demi, Pintilie a été la liaison supérieure de Sepeanu[69]. C’était même l’évolution des liaisons supérieures du Service. Ainsi, « j’ai reçu des instructions de la part de M. le ministre adjoint Pintilie Gh[eorghe], et, à partir du mois de novembre 1950, j’ai commencé à recevoir des instructions de la part de M. le majeur Stoilescu Coman, [et] du majeur Cosma Augustin. J’ai livré les rapports d’activité aux suivants : à M. le ministre adjoint Pintilie Gheorghe, au général majeur Nicolschi [Alexandru], à Birtaş Gavrilă et à Stoilescu Coman »[70]. Augustin Cosma confirme, lui aussi, la date du début de la liaison avec le Service d’inspections[71], et Iancu Şerban confirme l’évolution de la structure de commande[72]. Par conséquent, la structure de la Securitate des prisons a été réorganisée en tant que service dans le cadre de la IIIème Direction de la Securitate, ce qui correspond à un déploiement de son activité, liée, bien entendu, au démasquement et à la rééducation.
Sur place, dans chaque prison importante existait un bureau d’inspections dirigé par un ou deux officiers (rarement trois) qui, d’une manière similaire aux précédents officiers des bureaux d’opérations, ne se subordonnaient pas aux directeurs des prisons, mais directement au chef du Service d’inspections, c’est-à-dire a Sepeanu, « le seul qui avait le droit [les] donner des ordres et de recevoir des rapports [de ceux-ci] »[73]. De plus, « Les instructions de Sepeanu stipulaient que les bureaux d’inspections fonctionnent d’une manière conspirée même envers le directeur »[74]. Après la relation de la dactylographe du Service, les instructions de Sepeanu transmises aux officiers des bureaux d’inspections des prisons étaient les suivantes : « de constituer un réseau d’indicateurs, tant au rang des détenus, qu’au rang de l’administration, qu’ils instruisent au sens de fournir des informations sur toute sorte d’activité hostile. Je connais qu’on parlait d’une action de ‘démasquement’ à travers la rééducation des détenus »[75]. Et Maria Alexandrescu continue : « L’activité de notre service s’intensifiait, et cela grâce à la capacité personnelle de Sepeanu et de la décision d’élargir le collectif de travail. Sepeanu était un dirigeant exigeant, mais [le même temps] il humiliait ses subalternes »[76]. Il les injuriait, les menaçait et les disait de gros mots[77].
Concernant le style de travail du nouvel chef, Iancu Şerban relate : « Sepeanu a donné des instructions sommaires sur la manière dont il faut travailler dans les pénitenciers. Maintes fois, quand les officiers des bureaux d’inspections demandaient des conseils, Sepeanu les recommandait ‘de se casser la tête eux-mêmes’ »[78]. Les devoirs du Service sont restées les mêmes que pendant la période de Nemeş : le déploiement du travail informatif parmi les détenus politiques, en vue de sortir des informations concernant leurs activités en prison et avant l’arrestation ; l’obtention des informations concernant le personnel des prisons, de la violation du règlement pénitencier et de leurs relations avec les détenus[79]. Les officiers BI ne tenaient pas la liaison directe avec tous les indicateurs, mais seulement avec certains d’entre eux[80]. Aux prisons importantes – Piteşti, Aiud, Gherla et Poarta Albă – existait des indicateurs coordonnateurs qui, à leur tour, avaient en sous-ordre d’autres indicateurs recrutés par eux-mêmes. Ils s’appelaient des « chefs résidents ». Toutes les notes informatives, même les plus banales, étaient envoyées au centre, et il était interdit que les officiers politiques fassent une sélection[81]. L’attention de Sepeanu se focalisait, bien entendu, sur les prisons : Piteşti, Gherla, Aiud et Jilava, « où il y avait des détenus contre-révolutionnaires, et spécialement légionnaires »[82].
La liaison entre le Service et les bureaux des prisons se réalisait « à travers la correspondance, les inspections de Sepeanu et la convocation des officiers au centre »[83]. De plus, il existait une ligne de commande plus rigoureuse que pendant la période de Nemeş[84].
Ion Bacheş montre les expectations du nouvel chef envers les subordonnés qu’il avait formé : « Celui-ci – Sepeanu – était intéressé de faire sortir plus de matériel – mais il n’était pas intéressé par les méthodes appliquées, car acceptait toute initiative dans ce domaine. Je fais une déduction du fait qu’aucun officier des bureaux d’inspections n’a pas été sanctionné ; Sepeanu ne les attirait même pas l’attention d’avoir utilisé une méthode ou une autre. / Sepeanu critiquait ceux qui n’apportaient pas d’informations »[85]. À son tour, Iancu Şerban montre la méthode privilégiée de Sepeanu: « Je connais que la principale méthode utilisée en vue de l’obtention des informations était la soi-disant action de démasquement »[86]. À la différence de la période de Nemeş, la dactylographe du Service constate à son tour : « Les instructions étaient transmises seulement par Sepeanu – je parle des instructions importantes – et toujours verbalement »[87]. Ion Bacheş montre que les officiers du centre étaient tenus au courant avec le déploiement de l’action par les officiers du territoire : « Sucigan Gheorghe et Mircea [Mihai] racontaient qu’aux pénitenciers Piteşti et Gherla les détenus qui allaient déclarer leur activité et l’activité des autres avec lesquels ils avaient des liaison dans l’action hostile étaient introduits séparément, dans des chambres de détention, avec 5-6 autres détenus ‘rééduqués’, qui, à travers certains méthodes, les déterminaient à parler »[88]. De plus, la conclusion de Maria Alexandrescu est sans appel : « Tous qui travaillons dès le début au service d’inspections connaissions les atrocités commises dans les pénitenciers, mais non pas bien avant d’être interdites. Les cas de mort étaient signalés à Sepeanu, mais je ne sais pas si on lui montrait aussi les causes des décès »[89]. Il est hors de discussion que le chef du SI connaissait les circonstances de la mort des détenus, étant donné qu’il s’amusait sur ce sujet avec son amie Eva Birtaş : « Sepeanu me disait, lui aussi, éclatant en rire, que les détenus se battent entre eux et même qu’ils s’entretuent »[90].
Nouveaux changements dans la direction de la Securitate des prisons
Coman Stoilescu, le chef de la VIIème Direction (Technique) de la Securitate (le Service technique indépendant, après la réorganisation de la Securitate du 30 mars 1951) raconte :
Le mois de janvier ou de février [janvier – n. n.] 1951 j’étais convoqué par le camarade ministre adjoint Pintilie Gheorghe, qui m’a dit qu’il avait l’intention de sortir Sepeanu de la tête du Service informatif et qu’il faut que je m’insère dans ce problème – mais avec toute la précaution – [et] que je cherche de m’orienter dans les problèmes de Sepeanu, et même que j’apprenne quelque chose de lui. Sepeanu allait être mon subordonné. Après avoir reçu cette tâche du camarade le Ministre adjoint Pintilie Gh[eorghe]., j’ai invité Sepeanu chez moi, au M.A.I., et je l’ai informé sur la décision de la direction du M.A.I. Je lui disais qu’au futur il va collaborer avec moi et qu’il fallait s’adresser à moi chaque fois qu’il aura des problèmes de service. Toutefois, je lui ai demandé de me livrer tout le matériel informatif qu’il va collecter des prisons. Sepeanu m’a dit qu’il va collaborer, mais sur son visage on pouvait observer l’insatisfaction venue, d’une part, du fait que son grade était plus élevé que le mien, et, d’autre part, parce qu’il me considérait moins instruit que lui. Par la suite, mes rapports avec Sepeanu n’étaient pas typiques pour la relation chef - subordonné. Sepeanu ne donnait pas de rapport d’activité, il me méprisait – ce qui résulte aussi de la situation qu’il continuait de livrer aux différentes directions du M.A.I. le matériel informatif collecté, et il me transmettait seulement le matériel considéré par lui comme sans importance. Sepeanu ne m’informait pas d’une manière organisée sur les problèmes qui apparaissaient dans son travail. Il ne me parlait pas des méthodes qu’il utilisait dans l’obtention du matériel informatif. Suite à mon insistance de travailler d’une manière disciplinée, il m’a montré ouvertement son mécontentement de se subordonner. Je relate que, en guise d’ironie, Sepeanu m’a envoyé, par l’intermédiaire du majeur Cosma, une serviette pleine de notes informatives, pendant qu’il se trouvait à un match de football. D’ailleurs, ce fait caractérise le manque de responsabilité de Sepeanu Tudor envers le travail. J’ai rapporté, d’une manière répétée, au camarade ministre adjoint Pintilie et au camarade général majeur Nicolschi, sur l’attitude légère de Sepeanu, mais ceux-ci m’ont critiqué et ils m’ont sollicité de voir aussi les côtés positives de Sepeanu, et non pas seulement ses défauts. D’ailleurs, je ne connaissais pas les côtés positifs de Sepeanu. Conformément à l’ordre, j’ai essayé de m’introduire dans le travail de Sepeanu, mais j’ai fait cela seulement par l’intermédiaire de Sepeanu lui-même, et non pas à travers le contrôle effectif des unités qui travaillaient dans ce problème[91].
Il faut reconnaître que Sepeanu avait un humour corrosif. Mişu Dulgheru, le chef de la Direction enquêtes pénales de la Securitate, confirme la coopération avec le SI : « Ultérieurement, quand le service d’inspections a été transféré au secteur dirigé par Stoilescu, nous avions certains rapports de travail avec le service d’inspections. Parfois, il arrivait que nous ne puissions pas établir, au temps de l’enquête, les actions d’un certain individu qui, toutefois, semblait suspect. Alors, conformément à la résolution du camarade Pintilie, ceux-ci [!] étaient envoyés dans des camps de travail à temps déterminé. Le secteur de Stoilescu allait déployer de l’activité informative – à travers le service d’inspections [–] en vue de découvrir ce que nous n’avions pas réussi »[92]. Les tâches correspondantes et les liaisons entre les structures de la Securitate avaient existé dès la constitution du SO et, donc, elles ne débutaient pas alors, comme laisse entendre Dulgheru pour minimiser sa responsabilité. De plus, dès son début, en 1948, la Securitate avait interné « administrativement », le but de ce type de détention étant d’aider à rechercher les preuves qui justifiaient l’incarcération des ennemis réels ou supposés du régime.
Concernant les morts de la période, le lieutenant Mihai Mircea, le chef du BI à la prison de Piteşti, dit : « Chaque fois que je me suis déplacé à Bucarest à Sepeanu Teodor [Tudor], je lui ai rapporté verbalement qu’à cause de la raclée au pénitencier Piteşti ont décédé des détenus ; et il me répondait désintéressé [ : ‘] au diable, laisse-les mourir [ !] et d’autres phrases du même genre. »[93]. Les phrases du même genre étaient : « Eh, et alors, s’ils sont morts, quoi [ ?]. Les morts avec les morts, les vifs avec les vifs [ !] »[94] et : « S’il meurt, ça ne me concerne pas »[95]. La dernière fois que Mircea a rapporté sur la mort d’un détenu de sa prison était en mars 1951[96], quand Sepeanu avait transmis le commandement du Service au majeur Alexandru Roşianu. À cette occasion, Mircea « a tenu à Roşianu un exposé sur la technique, l’état d’esprit et les résultats obtenus sur cette voie »[97].
Gheorghe Pintilie, le chef de la Securitate, avait dit à Stoilescu qu’il va remplacer Sepeanu avec Roşianu, mais le fait ne se passait qu’après environ un mois et demi, en février 1951[98]. Sepeanu a remis à Roşianu le commandement du Service dans un délai de 7-9 jours[99] et, en même temps : « je lui présentais les gens de l’appareil, tout en faisant leurs caractérisations, et je lui ai expliqué la technique utilisée alors. Puis, je lui ai expliqué les problèmes qui existaient dans les pénitenciers »[100].
Ion Bacheş confirme la nouvelle organisation et la nouvelle ligne de commande : « La liaison supérieure [du Service] était la VIIème direction [à partir du 30 mars 1951 le Service technique indépendant] par l’intermédiaire du colonel [Coman] Stoilescu »[101]. Par conséquent, la structure de la Securitate des prisons et des camps a été réorganisée en tant que Service de ladite structure. En vue de consolider le Service, Roşianu a employé d’autres officiers, et leurs taches ont été établies plus précis qu’avant[102]. Le nouvel chef relate : « Après la prise du commandement, au cours du déploiement de mon activité j’ai eu l’occasion de constater que Sepeanu avait introduit des méthodes de collecte de l’information qui étaient en contradiction avec les principes du travail de contre informations élaborés par le M.A.I. et avec les lois du R.P.R., et ceux-ci consistaient dans : / l’incitation d’uns des détenus contre-révolutionnaires contre les autres[ ;] / b) l’absence des mesures contre les abus commises à l’occasion de ces incitations ; / c) l’explication de ces méthodes aux pénitenciers où elles n’étaient pas utilisées ; / d) le déficit d’instruction des officiers et le manque de l’assistance pour qu’ils éliminent ces méthodes et, donc, le manque de leur formation en ce sens. (...) On utilisait la méthode de soi-disant éclaircissement de certains légionnaires concernant leur point de vue erroné, et ceux-ci reconnaissaient formellement qu’ils se situaient sur une position erronée. Comme preuve de leur ‘pénitence’, ils essaient d’éclaircir aussi les autres légionnaires, d’ailleurs à travers des méthodes spécifiquement fascistes : la raclée – raclée appliquée au but de faire sortir d’eux des informations »[103]. Toutes les déclarations/« démasquements » qui se trouvaient en Centrale ont été livrées par Iancu Şerban au secrétariat de la VIIème Direction de la Securitate, au lieutenant Grecu[104].
Les assertions de Roşianu sont tributaires à la ligne politique de la Securitate. En fait, Sepeanu avait été un officier efficace, très exigent envers ses subordonnés, qui, une fois avoir reçu les ordres, avaient une marge d’initiative assez large, autant dans le choix des solutions, que dans la sélection des méthodes d’opérations. L’ancien chef du SI fait donc une évaluation correcte, quand il soutient : « En ce qui concerne l’auto-démasquement, j’ai reçu beaucoup d’informations et, à mon avis, la majorité de bonne qualité »[105]. À la différence de Sepeanu, qui faisait partie d’une autre génération et qui avait un style de travail en quelque sorte « bourgeois », Roşianu, un jeune officier âgé d’une trentaine d’années, sera un typique fonctionnaire d’appareil.
Suite à la prise du commandement, Roşianu a fait plusieurs inspections en territoire, suite desquelles il s’est déclaré mécontent. Puis, il a convoqué une séance professionnelle avec tous les officiers des bureaux d’inspections, pendant laquelle on expliquait la manière de recrutement des indicateurs et l’évidence des matériaux informatives[106]. À cette séance ont participé le général Vladimir Mazuru, l’adjoint du chef de la Securitate, le lieutenant-colonel Coman Stoilescu et lui-même[107]. Toutefois, Roşianu a continué le modèle de relations avec l’administration des prisons imposées par son prédécesseur[108].
Avec la nomination du nouvel chef, le style de travail changeait aussi, car, après la relation d’Iancu Şerban, il « soutenait effectivement le travail, donnait des conseils, aidait les cadres à croître en touts sens »[109]. Mais le subordonné de Roşianu ne dit rien sur les raclées et les tortures passées en démasquements. La liaison avec les unités du territoire était faite « d’une manière plus active, et aux méthodes de la période de Sepeanu s’ajoutait le maintien d’une correspondance régulée. Egalement, les officiers du service d’inspections ont commencé à se déplacer en territoire »[110]. La consolidation de l’organisation du Service et aussi la continuation des démasquements à travers les raclées et les tortures, sont confirmées aussi par la dactylographe de l’institution : « Dès que Roşianu était venu, le collectif du centre se consolida par le transfert de certains éléments instruits qui ont complété l’actif existent. On constituait [d’autres] bureaux des pénitenciers. Egalement, on envoyait en pénitenciers d’autres officiers qui renforcent le travail des bureaux d’inspections. (...) / Roşianu a renforcé les collectives du centre et des pénitenciers, mais je n’ai pas la connaissance d’un éventuel changement des méthodes utilisées. Au temps de Roşianu on discutait aussi de l’action de ‘démasquement’, et les informations continuaient d’arriver – des déclarations des détenus, mais en quantité moins grande. Je ne sais pas si Roşianu a donné un ordre en vue de la cessation de la raclée en pénitenciers. En pénitenciers on continuait d’utiliser des méthodes violentes en vue de faire sortir des informations »[111].
Ce qui réconfortait les subordonnés, indisposait les supérieurs. Ainsi, Stoilescu fait une caractérisation contraire au nouvel chef : « je mentionne que pendant la période que Roşianu Alexandru a dirigé le service d’inspections, le sens de la responsabilité lui manquait ; il travaillait au hasard, sans avoir le moindre amour de travail. Roşianu manifestait en permanence et ouvertement son mécontentement envers sa nomination dans une fonction qu’il considérait bien au-dessus de ses capacités. Souvent, il me disait que je vais répondre de l’avoir maintenu dans une fonction qui manque d’importance, étant donné qu’il aurait pu donner un apport supérieur dans un autre type de travail. Roşianu était ivrogne, et [parfois] il venait soûl dans mon bureau. Je l’ai surpris dans son bureau avec la bouteille de vin ou de la bière. Dans son travail, il était très commode et superficiel. Il n’était pas combatif envers les lacunes manifestées par ses subordonnés »[112]. Il était évident que le Service d’inspections n’était pas la meilleure structure de la Securitate pour faire de la carrière. Car, au lieu d’avancer dans l’hiérarchie, à la suite des oscillations de la ligne politique, on pouvait se retrouver de l’autre cote du miroir.
Conclusions
L’apparition de la structure de la police politique dans les prisons communistes roumaines était liée, au début de 1949, à l’objectif du régime qui visait la vérification et la formation de ses cadres. Peu après, vers la fin de 1949, cet objectif est devenu second, face à une nouvelle charge envisagée par la direction du Parti communiste à la Securitate : la rééducation des détenus politiques, bref : la conversion idéologique de ses ennemis réels ou supposés. L’institution avait donc des buts pédagogiques, mais, à la différence des institutions civiles, elle employait des techniques de torture physiques et psychique pour annihiler ses opposants.
La période en discussion (1949-1953) correspond à un développement maximum de son activité liée, bien entendu, de la rééducation « de type Piteşti ». En dépit de tous les changements de personnel et de charges de la Securitate des prisons et des camps, les objectives générales du régime communiste envers la population carcérale restent si immobiles que son idéologie : la terreur, le travail forcé et la rééducation[113].
Mircea Stănescu
NOTE
[1] Le texte représente une partie de notre ouvrage intitulé La rééducation en Roumanie communiste. Du fin des années ’40 au début des années ’50, vol. I (en roumain, en voie de publication).
[2] Il avait aussi la fonction de secrétaire général du Ministère de l’intérieur, et répondait du problème des détenus politiques.
[3] „pentru a supraveghea informativ personalul angajat al Dir[ecţiei]. Gen[erale] a Penit[enciarelor,] cât şi pe cel din penitenciarele din ţară.” Coman Stoilescu, Déclaration de témoin, 29/03/1955, Archive du Conseil National pour la Recherche des Archives de la Securitate, Fond « Pénal », dossier no 25 390, vol. 3, f. 24 v (verso). Sans indication autre, toutes les renvoies sont à cette archive et à ce dossier, qui ressemblent les déclarations données par les anciens cadres de l’administration des prisons et les officiers politiques enquêtés par les Organes du régime pendant la période 1953-1955. Finalement, en 1957 sept de ces cadres ont été condamnés pour couvrir la responsabilité du régime dans l’organisation et le déploiement de la rééducation en système carcéral. Pour l’histoire de toutes les procès liés à la rééducation, et en particulier de ce procès, voir notre ouvrage Procesele reeducării (1952-1960) [Les procès de la rééducation (1952-1960)], publié en volume avec l’ouvrage de Titică Predescu, intitulé Statul şi dreptul, instrumente de represiune ale dictaturii comuniste [L’Etat et le droit, instruments de la répression communiste], Piteşti, Fundaţia Culturală „Memoria” – Filiala Argeş, 2008, notamment pp. 119-198.
[4] Iosif Nemeş, Interrogatoire, 2, 7 et 9/12/1954 et 16/04/1955, vol. 3, f. 81 v.
[5] „din iniţiativa tov. ministru [Gheorghe] Pintilie”. Gavrilă Birtaş, Interrogatoire, 15/04/1955, vol. 3, f. 4 v.
[6] „Am fost chemat la Tov. ministru adj. Pintilie, care mi-a adus la cunoştinţă că se va creia un organ informativ în cadrul penitenciarelor, iar munca aceasta va trebui condusă de mine.” Ibidem, ff. 4 v-5 r (recto).
[7] Ibidem, f. 5 r.
[8] „Cînd m-am prezentat dela Oradea la Bucureşti[,] am fost chemat de fostul director general al penitenciarelor[,] Voicu Daciu, care m-a pus în legătură cu fostul ministru adjunct dela M.A.I., Marin Jianu. Cu această ocazie mi s-a adus la cunoştinţă că se va înfiinţa un nou serviciu în cadrul Dir. gen. a penitenciarelor, pe care îl voiu conduce şi care va avea drept scop culegerea de informaţii din cadrul penitenciarelor, privind activitatea deţinuţilor, care nu a fost descoperită de către organele de primă cerceta[re], atmosfera din penitenciar, legăturile pe care le au deţinuţii cu alţi cetăţeni din afară şi[,] în acelaşi timp[,] atitudinea personalului de penitenciar de felul cum ei îşi îndeplinesc sarcinile.” Iosif Nemeş, Interrogatoire, 2, 7 et 9/12/1954 et 16/04/1955, vol. 3, f. 81 v. Voir aussi Mişu Dulgheru, Déclaration de témoin, 1/04/1955, vol. 3, f. 19 v.
[9] „Deasemeni[,] am primit ca instrucţiuni ca legătura superioară în ceiace priveşte infracţiunile politice să o ţin cu col. [Gavrilă] Birtaş”. Iosif Nemeş, Interrogatoire, 2, 7 et 9/12/1954 et 16/04/1955, vol. 3, f. 81 v.
[10] „mai menţionez că eu raportam lui Birtaş Gavrilă, toată activitatea mea[,] cât şi a serviciului, informându-l de absolut toate problemele[,] atât în scris cât şi verbal.” Ibidem, f. 83 v.
[11] „Serviciul nostru (...) lucra cu Securitate[a], respectiv cu tov. Col. [Gavrilă] Birtaş. Legătură cu colonelul Birtaş o avea tov. Nemeş şi Eva Birtaş.” Ion Lupşan, Déclaration de témoin, 9/02/1955, vol. 3, f. 63 v. Marcel Hofman, un autre officier dans la centrale du SO, confirme lui aussi que leur liaison supérieure à la Securitate était Gavrilă Birtaş. Cf. Marcel Hofman, Déclaration de témoin, 7/02/1955, vol. 3, f. 70 r.
[12] Pantelei Bodnarenko (alias Gheorghe Pintilie), dit Pantiuşa, le chef de la Securitate.
[13] „Serviciul nostru nu ţinea nici un fel de legătură cu dir[ectorul]. gen[eral]. Baciu, ci după cîte am aflat dela Nemeş şi am constatat eu personal[,] serviciul ţinea legătură cu: tov. general Pantiuşa, tov. general Nicolschi, col. Dulgheru, col. Birtaş şi col. Glubacov [Gluvacov].” Eva Birtaş, Déclaration de témoin, 11/02/1955, vol. 3, f. 55 v.
[14] Andrei Gluvacov, Déclaration de témoin, 10/03/1955, vol. 3, ff. 21 v-22 r.
[15] „Ştiu că Birtaş Gavrilă avea legătură cu Nemeş pentrucă, Nemeş venea foarte des la el.” Mişu Dulgeru, Déclaration de témoin, 1/04/1955, vol. 3, f. 20 v.
[16] „Instrucţiuni în legătură cu culegerea informaţiilor[,] Nemeş a primit din partea lui: g-ral Nicolschi, [şi] ministru adj. Pintilie.” Gavrilă Birtaş, Interrogatoire, 15/04/1955, vol. 3, f. 5 v.
[17] „şefii birourilor de inspecţii [operative] de pe lîngă penitenciare să-şi apropie unii deţinuţi, făcîndu-le unele avantagii[,] în sensul de a le îmbunătăţi regimul de deţinere[,] ca: pachete, scrisori, vorbitor, pentru a-i putea recruta ca informatori. Informaţiile trebuiau culese din rîndul deţinuţilor contrarevoluţionari.” Ibidem.
[18] Membres du Mouvement Légionnaire, organisation d’extrême droite.
[19] „acţiunilor legionarilor, ţărăniştilor şi a altor deţinuţi” Idem, Déposition de témoin, 20/02/1957, vol. 7, f. 275 r.
[20] „Pentru a-şi îndeplini misiunea[,] tovarăşii din birourile informative aveau dreptul să ia legătura cu deţinuţii, drept pe care nu-l aveau cadrele penitenciarului, cu excepţia directorului.” Eva Birtaş, Déclaration de témoin, 11/02/1955, vol. 3, f. 56 r.
[21] „Informatorii trebuiau recrutaţi mai ales dintre legionari şi ţărănişti[,] şi anume dintre aceia care aveau mai mult prestigiu în faţa deţinuţilor.” Ibidem.
[22] Dans le même sens, pour les réglementations internes de la Securitate pendant la période en discussion, en référence au recrutement et la typologie des indicateurs, voir Directiva referitoare la munca cu agentura [Directive sur le travail avec les agents], dans Cristina Anisescu, Silviu B. Moldovan, Mirela Matiu (éds.), „Partiturile Securităţii”. Directive, ordine, instrucţiuni (1947-1987) [Les « partitions » de la Securitate : directives, ordres, instructions (1947-1987)], Bucarest, Editions Nemira, 2007, pp. 204-216.
[23] „Cunosc că în ceeace priveşte munca de organizare au fost greutăţi din partea unor directori de penitenciare. (...) M-a informat Nemeş Iosif de aceste greutăţi şi am primit şi rapoarte dela Nemeş, rapoarte redactate de şefii birourilor inspecţii [operative], în urma cărora am sesizat pe ministrul de resort Jianu, pentru a se lua unele măsuri în vederea îmbunătăţirii colaborării între şefii birourilor inspecţii din penitenciare şi directorii penitenciarelor.” Gavrilă Birtaş, Interrogatoire, 15/04/1955, vol. 3, ff. 5 r-v.
[24] Iosif Nemeş, Interrogatoire, 2, 7 et 9/12/1954 et 16/04/1955, vol. 3, ff. 82 r, 83 r; Marcel Hofman, Déclaration de témoin, 7/02/1955, vol. 3, f. 69 v; Maria Alexandrescu, Déclaration de témoin, 8/02/1955, vol. 3, f. 65 v; Paraschiv Radu, Déclaration de témoin, 9/02/1955, vol. 3, ff. 61 v-62; Eva Birtaş, Déclaration de témoin, 11/02/1955, vol. 3, ff. 55 v-56 r.
[25] „acest fel de muncă mă atrăgea”. Eva Birtaş, Déclaration de témoin, 11/02/1955, vol. 3, f. 55 v.
[26] Ibidem, ff. 55 v et 57 r; Marcel Hofman, Déclaration de témoin, 7/02/1955, vol. 3, ff. 69 v-70 r; Ion Lupşan Déclaration de témoin, 9/02/1955, vol. 3, f. 63 v; Paraschiv Radu, Déclaration de témoin, 9/02/1955, vol. 3, f. 62; Andrei Gluvacov, Déclaration de témoin, 10/03/1955, vol. 3, f. 21 v; Andrei Gluvacov, Déclaration de témoin, 10/03/1955, vol. 3, f. 22 r et 22 v.
[27] „notele considerate mai valoroase erau date spre exploatare atât în cadrul direcţiei noastre[,] cît şi altor direcţii.” Andrei Gluvacov, Déclaration de témoin, 10/03/1955, vol. 3, f. 22 v.
[28] Eva Birtaş, Déclaration de témoin, 11/02/1955, vol. 3, ff. 55 v et 57 r; Marcel Hofman, Déclaration de témoin, 7/02/1955, vol. 3, ff. 69 v-70 r; Ion Lupşan Déclaration de témoin, 9/02/1955, vol. 3, f. 63 v; Paraschiv Radu, Déclaration de témoin, 9/02/1955, vol. 3, f. 62.
[29] Voir Eva Birtaş, Déclaration de témoin, 11/02/1955, vol. 3, f. 57 r.
[30] Andrei Gluvacov, Déclaration de témoin, 10/03/1955, vol. 3, ff. 22 r-v.
[31] Ion Lupşan Déclaration de témoin, 9/02/1955, vol. 3, f. 63 v.
[32] „De cele mai multe ori Eva Birtaş aducea plicurile deschise, ceeace mă făcea să cred că le cenzurează. Asupra acestui fapt am atras atenţia lui Nemeş[,] şi acesta în cele din urmă a schimbat-o pe Eva Birtaş. Era periculos să se deschidă corespondenţa de către altul decît Nemeş[,] întrucît se întîmpla să existe informaţiuni în legătură chiar cu soţul Tov[arăşei]. Birtaş, colonelul Birtaş.” Paraschiv Radu, Déclaration de témoin, 9/02/1955, vol. 3, f. 62.
[33] Marcel Hofman, Déclaration de témoin, 7/02/1955, vol. 3, ff. 69 v-70 r; Eva Birtaş, Déclaration de témoin, 11/02/1955, vol. 3, f. 55 v.
[34] Maria Alexandrescu, Déclaration de témoin, 8/02/1955, vol. 3, f. 66 r.
[35] „lucrau la maşină [de scris] materiale al căror conţinut nu l-am aflat niciodată[,] pentrucă nu rămînea nimic în arhivă.” Ibidem.
[36] Marcel Hofman, Déclaration de témoin, 7/02/1955, vol. 3, f. 70 r.
[37] „Potrivit instrucţiunilor primite, personalul trebuia să facă parte aparent din cadrul penitenciarului[,] respectiv pentru a nu se desconspira munca.” Iosif Nemeş, Interrogatoire, 2, 7 et 9/12/1954 et 16/04/1955, vol. 3, f. 81 v.
[38] „nu se subordonau direcţiei penitenciarului, ci lucrau direct cu noi.” Ioan Lupşan Déclaration de témoin, 9/02/1955, vol. 3, f. 63 v. Voir aussi Eva Birtaş, Déclaration de témoin, 11/02/1955, vol. 3, f. 55 v; Iancu Şerban, Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, f. 59 v; Maria Alexandrescu, Déclaration de témoin, 8/02/1955, vol. 3, f. 65 v.
[39] Iancu Şerban, Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, f. 59 v.
[40] Iosif Nemeş, Interrogatoire, 2, 7 et 9/12/1954 et 16/04/1955, vol. 3, f. 82 r.
[41] Pour l’histoire de ce type de rééducation, voir Mircea Stănescu, La rééducation en Roumanie communiste. Du fin des années ’40 au début des années ’50, vol. I (en roumain, en voie de publication).
[42] Iosif Nemeş, Interrogatoire, 2, 7 et 9/12/1954 et 16/04/1955, vol. 3, f. 92 r; Tudor Sepeanu, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, f. 39 v.
[43] Tudor Sepeanu, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, f. 38 v.
[44] Direction générale de la sécurité de l’état. En fait, il s’agit de la Direction générale de la sécurité du peuple, la première titulature de l’institution. .
[45] „Cu ocazia numirii mele ca şef al acestui Serviciu, dl. ministru adj. Pintilie Gh[eorghe]. mi-a spus următoarele: «vei primi circa 100 de oameni care vor fi recrutaţi de direcţia cadre [a] D.G.S.S. de prin şcolile de miliţie[,] cu care vei înfiinţa o şcoală pregătitoare. (cu concursul şcolii D.G.S.S.) pentru a duce muncă cu caracter informativ în penitenciare. După terminarea şcolii se va înfiinţa un serviciu în cadrul D.G.P.[,] care va purta titlul de „serviciul inspecţii”[,] şi care va avea două obiective: a) unul de suprafaţă, adică trierea corespondenţei deţinuţilor, controlul pachetelor, comportarea deţinuţilor în penitenciare. b) altul[,] principal[,] constînd în a duce o muncă cu caracter informativ[,] pentru a se obţine tot ceeace deţinuţii ascunseseră în timpul cercetărilor, legături în afară, încercări de reorganizare, legături cu personalul penitenciarelor, etc. / [...]» În ceeace priveşte munca, legătura mea superioară unică urmînd a fi însuşi dl. ministru adj. Pintilie. / Dl. ministru adj. mi-a atras atenţia că funcţionase un mic serviciu de acelaş gen care nu dăduse rezultate[,] şi că se creiaseră «frecuşuri» între Nemeş – şeful acelui serviciu – şi directorul general, Col. Baciu. Mi-a atras atenţia ca eu să mă feresc de asemenea situaţiuni. În aceste condiţiuni[,] am trecut la executarea ordinului primit.” Tudor Sepeanu, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, ff. 38 v-389 r. Voir aussi Interrogatoire d’inculpé, 25/09/1956, vol. 6, f. 355 r.
[46] Tudor Sepeanu, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, ff. 39 r-v.
[47] „iar în cazuri speciale[,] cum era cazul Piteşti – diversiune.” Ibidem, vol. 3, f. 40 r. Voir aussi Interrogatoire d’inculpé, 25/09/1956, vol. 6, ff. 355 v.
[48] „în ceeace priveşte urmărirea personalului administrativ să o lăsăm pentru mai târziu[,] pentru a nu produce tulburări în masa de funcţionari.” Tudor Sepeanu, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, f. 40 r.
[49] Ibidem, f. 39 r; Coman Stoilescu, Déclaration de témoin, 29/03/1955, vol. 3, f. 24 v.
[50] Constantin Zincă, Declaraţie, 20/02/1954, vol. 2, f. 267. Il indique la date exacte. Voir aussi Mihai Mircea, Déclaration, 5/02/1954, vol. 2, f. 67; Interrogatoire, 4/02/1955, vol. 3, ff. 72 r-v; Maria Alexandrescu, Déclaration de témoin, 8/02/1955, vol. 3, f. 66 v.
[51] Ion Iordache, Déclaration, 15/02/1954, vol. 2, ff. 273 r-v; Velian Velian, Déclaration, 3/02/1954, vol. 2, f. 281.
[52] Ion Iordache, Déclaration, 15/02/1954, vol. 2, f. 273 v.
[53] Velian Velian, Déclaration, 3/02/1954, vol. 2, f. 281; Ion Iordache, Déclaration, 15/02/1954, vol. 2, f. 273 v; Tudor Sepeanu, Interrogatoire d’inculpé, 25/09/1956, vol. 6, ff. 355 r-v.
[54] „curs scurt de iniţiere”. Ion Iordache, Déclaration, 15/02/1954, vol. 2, f. 274 r.
[55] Iancu Şerban, Procès-verbal d’interrogatoire, vol. 2, f. 296 r; 11/08/1953, Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, f. 59 v.
[56] Constantin Zincă, Déclaration, 20/02/1954, vol. 2, f. 267.
[57] „dezbinată unitatea deţinuţilor în scopul anihilării acţiunilor lor duşmănoase.” Mihai Mircea, Interrogatoire, 4/02/1955, vol. 3, ff. 72 r-v.
[58] „Voi de acum nu mai muriţi de moarte bună, ci ori împuşcaţi (omorâţi) de diferite elemente, ori muriţi în puşcărie.” Velian Velian, Déclaration, 3/02/1954, vol. 2, f. 282.
[59] „Lt. Col. Sepeanu spunea că noi trebue să ştim şi să vedem totul, şi aşa trebue să cerem de la informatori, iar noi, la rândul nostru, aşa am cerut.” Ion Iordache, Déclaration, 15/02/1954, vol. 2, f. 279 v.
[60] Iancu Şerban, Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, f. 59 v; Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, f. 51 v; Constantin Zincă, Déclaration, 20/02/1954, vol. 2, f. 268; Avram Hahamu, Déclaration, 8/02/1954, vol. 2, f. 299; Maria Alexandrescu, Déclaration de témoin, 8/02/1955, vol. 3, f. 66 r.
[61] Iancu Şerban, Procès-verbal d’interrogatoire, vol. 2, f. 296 r; Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, ff. 59 v, 60 r. Voir aussi Velian Velian, Déclaration, 3/02/1954, vol. 2, f. 283; Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, f. 53 r; Tudor Sepeanu, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, ff. 41 r-v.
[62] „alte ocazii sigure”. Tudor Sepeanu, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, f. 41 r. Voir aussi Iancu Şerban, Procès-verbal d’interrogatoire, vol. 2, ff. 296 r-v.
[63] „cartate”. Tudor Sepeanu, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, f. 41 v.
[64] Iancu Şerban, Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, f. 60 r.
[65] Ibidem.
[66] Constantin Zincă, Déclaration, 20/02/1954, vol. 2, f. 271.
[67] Velian Velian, Déclaration, 3/02/1954, vol. 2, f. 283; Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, ff. 51 v et 53 v-54 r. Voir, aussi Ion Iordache, Déclaration, 15/02/1954, vol. 2, f. 280. Il confirme le rôle d’Iancu Şerban.
[68] „La început[,] toate informaţiile le-am predat d-lui ministru adj. Pintilie, apoi d-lui g-ral maior Nicolschi Alexandru, apoi lui Birtaş Gavrilă şi[,] în sfîrşit[,] d-lui maior [Coman] Stoilescu.” Tudor Sepeanu, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, f. 41 v. Maria Alexandrescu confirme le renvoi des informations chêz le majeur Coman Stoilescu. Voir Maria Alexandrescu, Déclaration de témoin, 8/02/1955, vol. 3, f. 66 v. A son tour, Ion Bacheş dit que les informations étaient renvoyées, d’après le cas, à la IIIème et à la VIIIème Directions de la Securitate, c’est-à-dire, d’une part, au colonel Gavrilă Birtaş et au majeur Ion Crişan, et, d’autre part, au colonel Mişu Dulgheru. Voir Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, ff. 53 r-v.
[69] Tudor Sepeanu, Interrogatoire d’inculpé, 25/09/1956, vol. 6, f. 358 r.
[70] „Instrucţiuni primeam dela dl. ministru adj. Pintilie Gh.[,] şi în luna noembrie 1950 am început a primi instrucţiuni dela dl. maior Stoilescu Coman, [şi] maior Cosma Augustin. Rapoartele de activitate le-am predat după cum urmează: dl[ui]. Ministru adj. Pintilie Gheorghe, g-ral maior Nicolschi [Alexandru], Birtaş Gavrilă şi Stoilescu Coman.” Idem, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, f. 43 r.
[71] Augustin Cosma, Déposition de témoin, 27/09/1956, vol. 6, f. 425 r.
[72] Iancu Şerban, Procès-verbal d’interrogatoire, vol. 2, f. 297 v; Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, f. 59 v; Avram Hahamu, Déclaration, 8/02/1954, vol. 2, f. 303.
[73] „singurul care avea dreptul să [le] dea ordin şi să primească raport [de la ei]”. Iancu Şerban, Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, f. 59 v. Voir aussi Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, f. 51 v.
[74] Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, f. 51 v.
[75] „să-şi formeze o reţea de informatori atît din rîndul deţinuţilor, cît şi din rîndul personalului administraţiei[,] pe care să-i instruiască în sensul de a furniza informaţii cu privire la orice fel de activitate duşmănoasă. Ştiu că se vorbea de o acţiune de «demascare» prin reeducarea deţinuţilor”. Maria Alexandrescu, Déclaration de témoin, 8/02/1955, vol. 3, f. 66 v. Voir aussi Iancu Şerban, Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, f. 59 v; Tudor Sepeanu, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, ff. 41 v-42 v.
[76] „Activitatea serviciului nostru s-a intensificat, aceasta datorită capacităţii personale a lui Sepeanu[,] cît şi a lărgirii colectivului de muncă. Sepeanu era un conducător exigent, dar [îi] umilea [pe] subalternii săi.” Maria Alexandrescu, Déclaration de témoin, 8/02/1955, vol. 3, f. 66 v.
[77] Velian Velian, Déclaration, 3/02/1954, vol. 2, f. 288; Alexandru Roşianu, Déclaration, 11/02/1954, vol. 2, f. 166.
[78] „Sepeanu a dat instrucţiuni sumare de felul cum trebuie să se lucreze în penitenciare. De cele mai multe ori, atunci cînd ofiţerii din birourile de inspecţii cereau îndrumări[,] Sepeanu le recomanda «să-şi bată capul singuri».” Iancu Şerban, Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, f. 60 r.
[79] Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, ff. 51 v-52 r.
[80] Ibidem, f. 52 r.
[81] Ion Iordache, Déclaration, 15/02/1954, vol. 2, f. 279 v; Velian Velian, Déclaration, 3/02/1954, vol. 2, ff 285-286.
[82] „unde erau deţinuţi contrarevoluţionari şi[,] îndeosebi[,] legionari.” Iancu Şerban, Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, f. 60 r.
[83] „prin corespondenţă, prin deplasările lui Sepeanu şi prin chemarea ofiţerilor la centru.” Ibidem, f. 59 v. Voir aussi Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, f. 51 v.
[84] Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, f. 51 v.
[85] „Acesta – Sepeanu – era interesat să iasă cît mai mult material – nu-l interesau însă metodele aplicate[,] acceptînd orice iniţiativă în această privinţă. Aceasta o deduc din faptul că niciun ofiţer din birourile de inspecţii n-a fost sancţionat[,] nici măcar nu i s-a atras atenţia, de către Sepeanu[,] pentrucă ar fi folosit vreo metodă, sau alta. / Sepeanu critica pe cei care nu aduceau informaţii.” Ibidem, ff. 52 r-v.
[86] „Ştiu că principala metodă folosită pentru obţinerea informaţiilor era aşa zisa acţiune de demascare”. Iancu Şerban, Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, f. 60 r.
[87] „Instrucţiunile erau date numai de către Sepeanu – vorbesc despre instrucţiunile importante – şi întotdeauna numai verbal.” Maria Alexandrescu, Déclaration de témoin, 8/02/1955, vol. 3, f. 66 v.
[88] „din povestirile lui Sucigan Gheorghe şi ale lui Mircea [Mihai] ştiu că la penitenciarele Piteşti şi Gherla, deţinuţii care urmau să declare activitatea lor şi a altora cu care avuseseră legătură în activitatea duşmănoasă erau introduşi în nişte camere separate[,] la un loc cu 5-6 deţinuţi «reeducaţi»[,] care prin unele metode îi determina[u] să vorbească.” Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, f. 52 v.
[89] „Toţi cei care lucram dela început în serviciul inspecţii cunoşteam atrocităţile ce se săvîrşeau în penitenciare, dar nu cu mult înainte de a se sista. Cazurile mortale erau anunţate lui Sepeanu, dar nu ştiu dacă i s-a[u] arătat lui Sepeanu cauzele deceselor.” Maria Alexandrescu, Déclaration de témoin, 8/02/1955, vol. 3, f. 67 r.
[90] „Sepeanu îmi spunea şi el[,] rîzînd[,] că în penitenciare se bat deţinuţii între ei şi că chiar se omoară.” Eva Birtaş, Déclaration de témoin, 11/02/1955, vol. 3, f. 58.
[91] „În luna ianuarie sau februarie [ianuarie – n. n.] 1951 am fost chemat de tovarăşul ministru adj. Pintilie Gheorghe, care mi-a spus că intenţionează să-l scoată pe Sepeanu dela conducerea Serviciului informativ şi că urmează ca eu să intru în această problemă – cu toată prudenţa însă –[,] să caut să mă orientez în problemele lui Sepeanu[,] şi chiar să învăţ dela el. Sepeanu urma să-mi fie subordonat. După această sarcină primită dela tov. Ministru adj. Pintilie Gh.[,] l-am invitat pe Sepeanu la mine[,] la M.A.I.[,] şi i-am făcut cunoscută hotărîrea conducerii M.A.I.-ului. I-am spus că pe viitor va colabora cu mine şi că va trebui să mi se adreseze ori decîte [!] ori are probleme de serviciu. De asemeni, i-am cerut să-mi predea pe viitor tot materialul informativ pe care îl culege din penitenciare. Sepeanu mi-a mi-a [!] spus că va colabora, dar pe faţa lui se putea observa nemulţumirea, provenită din faptul că eu eram cu un grad mai mic decît el, iar pe de altă parte mă considera mai puţin pregătit decît el. Relaţiile dintre mine şi Sepeanu n-au fost[,] în continuare[,] relaţii dela şef la subordonat. Sepeanu nu dădea rapoarte de activitate, mă nesocotea[,] fapt rezultat şi din împrejurarea că el continua să predea materialul informativ colectat la diferite direcţii din M.A.I.[,] şi numai materialul, socotit de el, ca lipsit de importanţă[,] mi-l preda mie. Sepeanu nu mă informa în mod organizat despre problemele ridicate în munca lui. Nu-mi vorbea despre metodele pe care le folosea în obţinerea materialului informativ. Sepeanu, la insistenţele mele de a lucra disciplinat, mi-a arătat făţiş nemulţumirea lui de a mi se subordona. Relatez că, sub formă de ironie, Sepeanu mi-a trimis o servietă plină cu note informative, prin maiorul Cosma, în timp ce se afla la un match de foot ball. Dealtfel, această caracterizează lipsa de răspundere faţă de muncă a lui Sepeanu Tudor. Eu am raportat, în repetate rînduri, tov. ministru adj. Pintilie şi tov. general maior Nicolschi despre atitudinea uşuratecă a lui Sepeanu, dar aceştia m-au criticat şi m-au îndemnat să văd şi părţile pozitive ale lui Sepeanu, nu numai lipsurile lui. Dealtfel, eu nu cunoşteam părţile pozitive ale lui Sepeanu. Eu am încercat să pătrund în munca lui Sepeanu, aşa cum mi se ordonase, dar aceasta numai prin Sepeanu şi nu prin controlul efectiv al unităţilor care lucrau în această problemă.” Coman Stoilescu, Déclaration de témoin, 29/03/1955, vol. 3, ff. 25 r-v.
[92] „Ulterior, cînd serviciul inspecţii a trecut pe lîngă sectorul pe care îl conducea Stoilescu, atunci am avut unele raporturi de muncă cu serviciul inspecţii. Se întîmpla uneori, ca să nu putem[,] în timpul anchetei[,] să stabilim faptele vreunui individ ce părea totuşi suspect. Atunci, acesta[,] conform rezoluţiei tov. Pintilie, aceştia [!] erau trimişi în lagăre de muncă pe timp determinat. Sectorul condus de Stoilescu urma să desfăşoare activitatea informativă – prin serviciul inspecţii pentru a descoperi, ceeace noi nu reuşisem.” Mişu Dulgheru, Déclaration de témoin, 1/04/1955, vol. 3, f. 20 r. Voir aussi Déposition de témoin, 26/09/1956, vol. 6, f. 401.
[93] „Am raportat verbal[,] ori de câte ori am venit la Bucureşti[,] lui Sepeanu Teodor [Tudor], cum că în penitenciarul Piteşti au decedat deţinuţi din cauza bătăi[i,] la care el îmi răspundea foarte dezinteresat[:] lasă[-]i dracului să moară[!] şi alte fraze de acest gen.” Mihai Mircea, Procès-verbal d’interrogatoire, 9/07/1953, vol. 2, ff. 63 v-64 r. Voir aussi Interrogatoire, 4/02/1955, vol. 3, f. 76 r.
[94] „Ei[,] şi ce dacă au murit[?]. Morţii cu morţii, vii cu vii[!]” Idem, Interrogatoire, 4/02/1955, vol. 3, f. 76 r.
[95] „Dacă moare, moare, mi se rupe în paişpe.” Idem, Déclaration, 5/02/1954, vol. 2, f. 70.
[96] Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, f. 53 v.
[97] „i-a făcut lui Roşianu un expozeu asupra tehnicii, stării de spirit şi [a] rezultatelor obţinute în acest fel.” Tudor Sepeanu, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, f. 46 r. Voir aussi Mihai Mircea, Déclaration, 5/02/1954, vol. 2, f. 72.
[98] Alexandru Roşianu, Déclaration, 11/02/1954, vol. 2, f. 165; Coman Stoilescu, Déclaration de témoin, 29/03/1955, vol. 3, ff. 25 v-26 r.
[99] Alexandru Roşianu, Interrogatoire, 1/04/1955, vol. 3, f. 11 r. Sepeanu dit que la rémission a duré environ 3-4 semaines, ce qui est moins crédible, étant donné que ses chefs désiraient le destituer plus vite.
[100] „I-am prezentat oamenii din aparat, făcîndu-le caracterizările respective, i-am explicat tehnica întrebuinţată pînă atunci. Apoi i-am explicat problemele existente în penitenciare.” Tudor Sepeanu, Interrogatoire, 10/03/1955, vol. 3, f. 45 v. Voir aussi Coman Stoilescu, Déclaration de témoin, 29/03/1955, vol. 3, f. 26 r.
[101] „Legătura superioară era direcţia 7 prin Col. [Coman] Stoilescu.” Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, f. 54 r.
[102] Ibidem.
[103] „După preluarea muncii[,] în cursul desfăşurării activităţii mele am putut să-mi dau seama că Sepeanu introdusese metode de culegere a informaţiilor care erau în contradicţie cu principiile muncii de contra informaţia elaborate de M.A.I. şi cu legile R.P.R. aceste metode constau în: / a) aţîţarea deţinuţilor contrarevoluţionari[,] unii împotriva altora[;] / b) neluarea de măsuri împotriva abuzurilor comise cu ocazia manifestărilor rezultate de aţîţări; / c) popularizarea unor astfel de metode şi la penitenciarele unde nici nu avusese[ră] loc; / d) needucarea ofiţerilor şi nesprijinirea lor în vederea lichidării unor astfel de metode[,] şi deci formarea lor în acest sens. (...) Se folosea metoda[:] aşa zisa lamurire a unor legionari în ceeace priveşte punctul lor de vedere politic greşit, care în mod formal recunoşteau că s-au situat pe poziţie greşită. Drept dovadă a «pocăinţei» lor[,] aceştia căutau să-i lămurească şi pe ceilalţi legionari, dealtfel prin metode specific fasciste: bătaia – bătaie dată cu scopul de a se scoate dela ei informaţii.” Alexandru Roşianu, Interrogatoire, 1/04/1955, vol. 3, ff. 15 r-v.
[104] Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, f. 54 r.
[105] „În legătură cu autodemascarea, am primit foarte multe informaţii[,] şi după părerea mea de bună calitate[,] aproape majoritate[a].” Tudor Sepeanu, Interrogatoire d’inculpé, 25/09/1956, vol. 6, f. 357 v.
[106] Alexandru Roşianu, Déclaration, 11/02/1954, vol. 2, f. 167.
[107] Ibidem.
[108] Alexandru Dumitrescu Procès-verbal d’interrogatoire, 21-28/01/1954, vol. 10, ff. 188 v-189 r. Pour des exemples, voir ibidem, ff. 189 r-190 r.
[109] „sprijinea efectiv munca, dădea îndrumări, ajuta cadrele să crească din toate punctele de vedere”. Iancu Şerban, Déclaration de témoin, 10/02/1955, vol. 3, f. 60 v.
[110] „mai activ, la metodele din timpul lui Sepeanu adăugându-se şi ţinerea unei corespondenţe regulate. De asemeni, ofiţerii din serviciul inspecţii au început să facă deplasări în teritoriu.” Ion Bacheş, Déclaration de témoin, 12/02/1955, vol. 3, f. 54 r.
[111] „Odată cu venirea lui Roşianu[,] Colectivul dela centru s-a întărit prin aducerea unor noi elemente instruite care să complecteze activul existent. S-au înfiinţat birouri pe penitenciare. Deasemeni, în penitenciare au mai fost trimişi ofiţeri care să întărească munca birourilor de inspecţii. (...) / Roşianu a întărit colectivele dela centru şi dela penitenciare[,] nu ştiu însă că acesta ar fi schimbat metodele ce se foloseau. Şi în timpul lui Roşianu se discuta despre acţiunea de «demascare» şi soseau informaţiuni – declaraţii dela deţinuţi[,] în cantitate ceva mai mică. Nu ştiu ca Roşianu să fi dat vreun ordin în vederea sistării bătăii în penitenciare. În penitenciare continua[u] să se folosească metode violente pentru scoaterea de informaţii.” Maria Alexandrescu, Déclaration de témoin, 8/02/1955, vol. 3, f. 67 v.
[112] „menţionez că Roşianu Alexandru[,] cînd a condus serviciul inspecţii s-a arătat lipsit de simţul răspunderi[i], muncind întîmplător, fără niciun pic de dragoste de muncă. Roşianu [îşi] manifesta permanent şi făţiş nemulţumirea faţă de numirea sa într-o funcţie pe care o considera cu mult sub posibilităţile lui. Adeseori spunea că o să răspund că îl ţin într-o muncă neimportantă, că el ar putea să aducă un aport superior într-o altă muncă. Roşianu era beţiv şi a venit şi la mine la birou beat. Eu l-am găsit la birou cu bateria de vin sau cu bere. În muncă era foarte comod şi superficial. Nu era combativ faţă de lipsurile manifestate de subalterni.” Coman Stoliescu, Déclaration de témoin, 29/03/1955, vol. 3, f. 29.
[113] Pour cette thèse voir Mircea Stănescu, Organismele politice româneşti (1948-1965). Documente privind instituţiile şi practicile [Organismes politiques roumaines (1948-1965). Documents concernant les institutions et les pratiques], Editions Vremea, Bucarest, 2003.