miercuri, 17 noiembrie 2010

Platon [28] Portrait du sophiste en démagogue qui enseigne ce qui plaît à la "grosse bête" de l'opinion

Vă rog să citiți acest text selectat de mine, în speranța că vă poate interesa. Cu prietenie, Dan Culcer

 Platon [28] République VI
* Les Sophistes enseignent-t-ils un savoir ou ce qui plait à la « grosse bête » de l’opinion du plus grand nombre ? Qu’est-ce qu’un démagogue ?
 
Socrate - Il n’est aucun des individus mercenaires que précisément ces démagogues nomment sophistes et regardent comme leurs rivaux, qui enseignent autre chose que les croyances professées par la masse chaque fois qu’elle s’assemble, et qui ne lui donne le nom de sagesse. Ils ressemblent en tous points à quelqu’un qui, chargé d’élever un animal gros et fort, se serait informé en détail de ses instincts et appétits ; par où il faut l’approcher et par où le toucher; à quels moments il est le plus agressif et le plus inof­fensif et pourquoi; les cris qu’il a coutume de pousser selon les circonstances ; quels sons proférés par autrui l’apaisent ou l’irritent ; après quoi, instruit à fond de tout cela par une longue fréquentation de la bête, il nommerait science cette expérience, et après l’avoir mise en forme de manuel, il en ferait un objet d’enseignement; sans vraiment savoir en rien ce que ces croyances et désirs comportent de beau ou de laid, de bon ou de mauvais, de juste ou d’injuste, il réglerait l’emploi de tous ces termes sur les avis de la grosse bête, nommant bonnes les choses qui lui plaisent, mauvaises celles qui lui déplaisent; faute d’en avoir aucune autre justification, c’est ce qui est nécessaire qu’il qualifierait de juste et de beau ; et il serait tout aussi incapable de voir que de montrer à autrui à quel point la nature du nécessaire diffère réellement de celle du bon. Ne te semble‑t‑il pas qu’un tel homme serait un éducateur bien étrange ?
 
Adimante - Si...
 
Socrate - Or te paraît‑il différent de celui qui pense que le savoir consiste à s’être informé de l’instinct et des goûts d’une multitude composite en son assemblée, que ce soit en matière de peinture, de musique ou de politique ? Car c’est un fait : si quelqu’un s’adresse à la masse pour lui soumettre un poème ou une oeuvre quelconque ou une mesure d’intérêt public, en la laissant juge plus qu’il n’est nécessaire, il est fatal qu’il soit forcé de faire ce qui a l’approbation de ces gens‑là ; et que ce soit vraiment bon et beau, as‑tu jamais entendu l’un de ceux‑ci en donner une raison qui ne soit pas ridicule ?
 
Adimante - Je pense même que je n’en entendrai jamais.
 
Socrate - Après avoir réfléchi à tout cela, rappelle‑toi ceci : est‑il possible de faire en sorte que la masse admette ou soutienne que c’est le beau en soi qui a l’existence, et non pas la multiplicité des belles choses que c’est chaque chose en soi qui existe, et non pas la multiplicité des choses singulières ?
 
Adimante - Pas le moindrement...
 
Socrate - Ainsi, il est impossible que la masse soit philosophe.
 
Adimante - C’est impossible.
 
Socrate - Et il est inévitable qu’elle vilipende les philosophes.
 
Adimante - C’est inévitable.
 
Socrate - De même les individus qui la fréquentent avec le désir de lui plaire.
 
Adimante - C’est évident.
 
[Platon République VI, 493a‑494a, Tard. L. Guillermit, in Platon par lui-même, Paris 1994, G-F p 59-60]

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