joi, 4 februarie 2010

Stéphane Rosière. Nettoyage ethnique, violences politiques et peuplement

Stéphane Rosière. Nettoyage ethnique, violences politiques et peuplement

Rezumat. Cet article introductif souligne le rôle structurant de la violence politique sur le peuplement. La violence politique est souvent le fait des États, mais elle peut aussi résulter de leur faiblesse. Parmi les différentes formes de violences politiques exercées à l’encontre des populations, le nettoyage ethnique est particulièrement lié à la création d’États ou à leur évolution spatiale. La recherche de l’homogénéité ethnique engendre logiquement des processus de modification du peuplement par la violence. Ces processus peuvent être compris comme des formes d’ajustements structurels à la norme de l’État-nation homogène. L’Europe en général et les Balkans en particulier ont été particulièrement concernés par ces processus de la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. L’approche méthodologique du nettoyage ethnique met en exergue plusieurs problèmes : définition du corpus, connaissance de sa localisation, possibilité de comparer des recensements. Le traitement de ces données pose le problème de l’existence de sources fiables. Les retours éventuels de personnes chassées, après les épisodes de « nettoyage », génèrent de nouvelles difficultés dans l’appréciation de ces processus puisqu’il est en effet souvent difficile de déterminer si les retours sont définitifs
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[cităm un fragment unde se fac referiri la România]

Dans les Balkans, des effectifs considérables et un peuplement totalement remodelé

14Comme le suggère l’énumération de ces quelques exemples, les processus de « nettoyage » se sont largement épanouis dans les Balkans. Pourquoi ? On doit souligner que cette région fut une des toutes premières à « importer » de manière radicale et avec le soutien des puissances occidentales, le modèle normatif de l’État-nation (la création d’États-nations fut légèrement antérieure en Amérique latine). La création coercitive d’États-nations dans les Balkans a commencé en Grèce dans la première moitié du XIXe siècle6. Cette statogenèse éminemment conflictuelle a eu pour corollaire massacres réciproques et expulsion des éléments allogènes dont les deux guerres balkaniques de 1912 et 1913 furent les épisodes les plus emblématiques (mais pas les seuls). L’espace ex-yougoslave a été concerné par des processus de ce type depuis juillet 1878 au moins (Congrès de Berlin)… et jusqu’aux guerres de 1991-95, sinon jusqu’à aujourd’hui au Kosovo... On peut donc considérer les Balkans comme le laboratoire de l’introduction de l’État-nation occidental, modèle qui s’est ensuite étendu à l’Europe centrale en 1918-19 (à cette occasion, on a d’ailleurs forgé l’expression de « balkanisation », qui n’est cependant en rien synonyme de « nettoyages »). En Europe centrale, les nettoyages ethniques ont atteint leur plus grande ampleur durant et après la Seconde Guerre mondiale. Ensuite, par le biais de la décolonisation, ils se sont imposés à l’échelle du monde, participant aux déchaînements de violences qui caractérisent le Tiers Monde contemporain.

* 6 L’indépendance de la Grèce est proclamée à Epidaure en 1822, mais les Ottomans ne la reconnaissent(...)

* 7 UNHCR, « Update on Conditions for Return to Bosnia and Herzegovina », janvier 2005.
* 8 Chiffres de la CIA, du 10 février 2005, disponibles via le lien : http://www.cia.gov/cia/publicati(...)

15En ce qui concerne les effectifs concernés, depuis la formation des États-nations balkaniques, le nombre de personnes déplacées, expulsées ou tuées, est considérable. Sans prétendre être exhaustif, rappelons que les guerres balkaniques ont engendré l’exil forcé de 500 000 personnes (Ther, 2001, p. 49) ; après ces conflits, les traités bulgaro-turc de 1913 et gréco-turc de 1923 ont confirmé ou causé l’expulsion de plus de deux millions d’individus (Ladas, p. 3). Durant et après la Seconde Guerre mondiale, le « nettoyage » des minorités dans cette région s’est poursuivi. Outre la Shoah menée par les Allemands qui a participé de cette homogénéisation par la violence (la communauté juive de Roumanie est passée d’environ 900 000 personnes en 1933 à 280 000 en 1945 ; en Grèce d’environ 100 000 en 1933, à 7 000 en 1945 ; en Yougoslavie, de 70 000 à 3 500 après-guerre, etc.). La Yougoslavie a été le pays le plus touché par la violence contre les civils. Les massacres inter-ethniques furent d’une ampleur peu égalée durant le conflit, notamment ceux qui sont imputables au régime oustachi qui s’est lancé dans une politique génocidaire vis-à-vis des Serbes dans l’État indépendant de Croatie. Cette politique aurait causé — toutes victimes confondues, incluant aussi Juifs, Tsiganes ou autres — un peu plus d’un million de victimes… En Yougoslavie, aussi (et sans doute à cause des massacres précédents), les diverses formes de représailles d’après-guerre furent spectaculaires. Les 200 000 Allemands vivant encore en Yougoslavie en 1944 furent rayés de la carte (tués ou expulsés, mais aussi la plupart des Italiens et de nombreux Hongrois). En Roumanie, en 1945, 100 000 Hongrois quittèrent le pays, puis 200 000 Allemands furent expulsés. Plus tard, en Bulgarie, les campagnes de « bulgarisation » du régime communiste de Jivkov ont provoqué, en 1989, le départ d’au moins 100 000 Turcs (ou musulmans bulgarophones) vers la Turquie (la majorité étant rentrée depuis). La dislocation de la Yougoslavie à partir de 1991 a eu des effets considérables sur le peuplement. En Croatie, en 1991 et 1992, environ 250 000 Croates ont été chassés de leurs domiciles jusqu’en 1995. Durant l’été 1995, ce sont plus de 370 000 Serbes qui ont fui les régions de Croatie dont ils venaient de perdre le contrôle (cf. article de Lejeau). Bien que les déplacés Croates de 1991 aient pu rentrer chez eux, la Croatie abrite encore plus de 200 000 réfugiés Croates de Bosnie-Herzégovine. Dans cette dernière république, 2,2 millions de personnes (sur une population totale de 4,2 millions en 1991) ont dû quitter leur domicile entre 1992 et novembre 1995. Le conflit a fait environ 270 000 morts. Depuis les Accords de Dayton du 21 novembre 1995, la Bosnie-Herzégovine est revenue à presque 4 millions d’habitants, mais environ un million de Bosniens sont encore réfugiés de par le monde et environ 310 000 sont déplacés7. En Serbie, on compte environ 100 000 réfugiés Serbes venus de Bosnie, et 188 000 de Croatie, ainsi que 225 000 ayant fui le Kosovo en 1999 puis en 20048. On peut rappeler aussi qu’au Kosovo, près d’un million d’Albanais furent temporairement expulsés entre 1998 et 1999, mais purent retrouver leurs foyers à partir de juin 1999. À Chypre ce sont environ 250 000 personnes qui ont été déplacées après l’intervention turque de 1974, soit près de 40 % de la population de l’île…

* 9 www.ined.fr
* 10 Hors des Balkans, l’archétype de l’homogénéisation serait sans doute la Pologne qui comptait envir(...)

16L’ampleur de ces mouvements est donc manifeste. Une de leurs conséquences est qu’il n’existe quasiment plus une région d’Europe centre et orientale qui soit encore réellement multiethnique. À l’exception des Tsiganes, ou de reliquats de groupes ethniques autrefois plus importants, l’homogénéité nationale est aujourd’hui la règle entre l’Allemagne et la Russie (non comprise) et de la Pologne à la Grèce. Même si les grandes villes de cet espace accueillent désormais des immigrants du Tiers Monde, qui viennent à nouveau compliquer la carte ethnique, ces derniers sont rarement citoyens des pays d’accueil contrairement aux minorités nationales d’antan. L’hétérogénéité ethnique est, dans cette partie du monde, devenue l’exception, les logiques d’homogénéisation ayant eu raison de la mixité ethnique. La Croatie comptait 75 % de Croates en 1991 (et 12 % de Serbes), et désormais, en 2001, plus de 89 % de Croates et 4,5 % de Serbes. La Serbie (hors Kosovo et Voïvodine) compte désormais 85 % de Serbes ; si la Bosnie apparaît dans son ensemble comme pluriethnique (elle compte près de 4 millions d’habitants à 47 % Bosniaques, 39 % Serbes et 13 % Croates) mais à l’échelle des deux « entités » qui la compose l’hétérogénéité disparaît : la Republika Srpska (1,4 million d’habitants) est environ à 95 % serbe, et la fédération (2,3 millions) est peuplée de Bosniaques et de Croates dans les mêmes proportions — et ces deux groupes vivent en général dans des territoires distincts9. La Roumanie voisine comptait environ 71 % de Roumains en 1930, en 2002, ce chiffre est passé à 89,5 %10. Parmi les régions de peuplement hétérogène se distinguent encore le Sandjak de Novi Pazar ou la Voïvodine (où le premier groupe, les Serbes, ne représente que 59 % de la population), voire le Banat roumain. Cependant, on peut considérer que ces territoires ne sont plus que des reliquats…

17On comprend donc l’ampleur terrifiante de ces « nettoyages ethniques », et leur impact psychologique, social et politique. On devine aussi les conséquences spatiales considérables du « nettoyage » dans cette région du monde, aussi bien quant à la structuration de l’espace politique que sur les pratiques spatiales de leurs habitants. Et l’on doit bien avoir à l’esprit que les Balkans ne constituent en rien un cas particulier... Cependant, on doit bien comprendre que l’homogénéisation générale des entités politiques ne relève pas non plus et strictement que du nettoyage ethnique.
Le nettoyage ethnique : questions méthodologiques

18L’analyse raisonnée du nettoyage ethnique pose de nombreux problèmes méthodologiques : définition du corpus, connaissance de sa localisation, possibilité de comparer des recensements — si possible fondés par des maillages administratifs continus. La connaissance de ces données pose le problème de l’existence de sources fiables. Or, les situations de désagrégation de l’État sont évidemment peu propices à l’existence de sources statistiques. O’Thuatail et Dahlman (2004, p. 251) mettent ainsi en exergue le manque de recensements récents et fiables en Bosnie-Herzégovine depuis 1995, et la nécessité pour le chercheur de se baser sur les chiffres fournis par les autorités locales (communales) ou les ONG, ou les organismes internationaux. Au-delà de la question des sources, le déclin démographique d’ethnies, même lorsque a lieu un « nettoyage », ne résulte pas forcément seulement d’expulsions ou de massacres. Ainsi, se pose la question méthodologique de l’articulation, ou de l’imbrication, des violences politiques avec les processus démographiques et économiques.
Nettoyage ethnique et dynamiques démographiques

19La stricte comparaison de deux recensements, lorsque l’on analyse un territoire qui a été le cadre d’un « nettoyage », ne permet pas de connaître la part imputable aux dynamiques démographiques et celle qui l’est aux violences politiques.

20Dans le cas du Kosovo, il est manifeste que les Albanais se caractérisent depuis des décennies par une natalité plus forte que celle des Serbes. Depuis les années 1950, « les Albanais ont toujours eu la natalité la plus élevée » parmi les peuples yougoslaves (Roux, 1992a, p. 151). Le taux moyen d’accroissement naturel des Albanais était de 31,1 ‰ (1971) et de 25,3 ‰ (1981), mais seulement de 6,5 ‰ puis de 4,2 ‰ pour les Serbes. Ces chiffres sont des moyennes à l’échelle de la Yougoslavie mais reflètent assez bien le différentiel du dynamisme des deux groupes au Kosovo, où même chez les Serbes, la natalité était supérieure à celle des autres Serbes (Roux, 1992a, p. 152). Ainsi, les Albanais représentaient 77,3 % de la population du Kosovo en 1981, puis 82,2 % en 1991, et sans doute 92 % aujourd’hui. Le nettoyage ethnique qui a suivi la conquête du Kosovo par l’OTAN en 1999 a donc aggravé un phénomène tendant à marginaliser les Serbes, il ne l’a pas créé et le « nettoyage » est loin d’être la seule cause de l’homogénéité ethnique actuelle du peuplement de cette province.
Nettoyage ethnique et dynamiques économiques

21Le « nettoyage » s’articule aussi avec des logiques économiques. Michel Roux (1992a) a ainsi souligné l’impact du sous-développement relatif du Kosovo (à l’échelle de la RFY au moins) pour expliquer la diminution de la population serbe. Les départs hors du Kosovo étaient essentiellement économiques et concernaient d’abord les Serbes. À titre d’exemple, pour la période allant du 1er juin 1983 au 31 décembre 1987, le Kosovo a connu un solde migratoire négatif de – 22 309 personnes, soit – 1,41 % de sa population, or ce taux global était plus faible pour les Albanais (– 0,28 %) que pour les Serbes (– 5,69 %), seuls les Monténégrins et les Roms (respectivement – 6,57 et – 6,06 %) connaissaient des ponctions encore supérieures (Roux, 1992a, p. 392). Cette émigration a été instrumentalisée par les Serbes, et surtout par Slobodan Milošević dans les années 1980, dans le cadre d’une stratégie de « victimisation ». Se fondant sur l’évolution des nationalités dans la province, les Serbes accusèrent les Albanais de « purification ethnique » à leur encontre (cf. article de Roux).

22Dans un autre contexte, beaucoup de Serbes vivant dans la Krajina serbe de Croatie, entre 1991 et 1995, ont dû émigrer en raison du manque de débouchés économiques dans cette république autoproclamée. La « bunkérisation » engendrée par la sécession (rupture de nombreux flux commerciaux), la diminution de la population (et donc de la demande et de l’offre) et la paupérisation entraînées par le conflit ont renforcé l’enclavement et l’anémie économique des territoires qui s’étaient autoproclamés indépendants. Cette « bunkérisation » a eu aussi des effets négatifs aussi bien en Croatie, en Bosnie-Herzégovine que dans la République Turque de Chypre Nord (la république de Chypre — le Sud grec — joue, comme le montre A.-L. Sanguin, de l’embargo pour faire plier, à long terme les autorités de la RTCN).

23Ainsi, les dynamiques économiques engendrées par les « nettoyages » entrent fréquemment en contradiction avec la polarisation actuelle des activités dans les métropoles et sur les littoraux, et sont une cause de l’échec de ces politiques xénophobes. En effet, si ces sécessions associées à des « nettoyage » sont cohérentes d’un strict point de vue ethnique, elles sont incohérentes sinon suicidaires du point de vue économique en réduisant à la portion congrue la connectivité des territoires « nettoyés ». Ainsi, les facteurs économiques rendent généralement hasardeuse la viabilité des politiques de « nettoyage », et plus prosaïquement, en engendrant des mouvements migratoires qui ne sont pas strictement liés aux violences politiques. Ces phénomènes soulignent la nécessité d’une analyse fine des déplacements de population consécutifs à des « nettoyages ».
Le nettoyage et le problème des retours

24La question des retours se pose enfin, autant d’un point de vue méthodologique que politique. Les « returnees » (suivant le terme consacré par les OIG et ONG – on utilisera ici « retournés » en français) sont les personnes expulsées, qu’elles aient été réfugiées ou déplacées, qui ont pu retrouver leur domicile. Mais le retour est une notion qui renvoie à des échelles très variables. En effet, il ne correspond pas forcément à un retour au point de départ et l’accès au foyer originel (domicile return) est parfois impossible. Le retour au sens strict devrait pourtant correspondre à la réinstallation dans le foyer d’origine, c’est en tout cas ainsi qu’il est compris, en Bosnie-Herzégovine, par l’UNHCR (O’Thuatail, Dahlman, 2004, p. 439). Si l’ancien foyer est occupé ou a été détruit, la réinstallation dans la région ou la commune d’origine forment des cas intermédiaires.

25Suivant les épisodes, les retours peuvent être massifs ou marginaux, cela dépend du contexte mais aussi de l’étendue des dégâts causés par les épisodes de « nettoyage ». En juin et juillet 1999, presque tous les Albanais expulsés du Kosovo ont pu rejoindre leurs anciens domiciles ; cette proportion reste beaucoup plus faible dans la Krajina serbe de Croatie ou pour les Bosniaques chassés de Republika Srpska en Bosnie-Herzégovine, elle est pratiquement nulle à Chypre.

26Politiquement, la question des retours est une préoccupation centrale pour les Nations Unies. L’organisation internationale, ou ses différentes agences, combattent les politiques de « nettoyage » et tentent, autant que possible, de le rendre réversible, comme en témoigne l’annexe VII des Accords de Dayton du 21 novembre 1995. La Bosnie-Herzégovine offre en effet le cas de figure le plus emblématique, l’ONU y encourage les « retours minoritaires » au nom de son idéal affiché de multiethnicité et de tolérance. Les « retours minoritaires » sont caractérisés par le fait que le retourné, d’une ethnie « x », cohabite avec une autre ethnie « y » localement majoritaire. Le retour minoritaire n’implique pas systématiquement un vrai domicile return… Laurence Robin-Hunter souligne les aspects contradictoires des accords de Dayton et les résultats mi-figue, mi-raisin de cette politique. Cependant, en Bosnie-Herzégovine, les retours minoritaires concernaient environ 450 000 personnes en décembre 2004, ce qui n’est pas négligeable.

* 11 UNHCR, Update on Conditions for Return to Bosnia and Herzegovina, January 2005, p. 5.

27Au-delà du cas de la Bosnie-Herzégovine, le nombre réel de retours est souvent inférieur aux chiffres fournis par le HCR. Une part significative des retournés minoritaires ne reviennent que pour vendre leurs biens, ou restent quelque temps mais repartent découragés (chômage, pressions psychologiques, problème pour l’éducation des enfants, etc.), ou parce qu’ils craignent pour leur vie. Durant l’année 2004, l’UNHCR décomptait ainsi 135 incidents, allant jusqu’au meurtre, sur des « retournés » en Bosnie (56 dans la république serbe, 73 dans la fédération croato-bosniaque et 6 à Brčko)11. Finalement, les retours durables sont assez souvent le fait de personnes âgées. L’âge moyen élevé des retournés vient aussi du fait que les jeunes adultes ont plus de facilité à s’installer définitivement dans un pays d’accueil, mais aussi parce que le « nettoyage » a donné le coup de grâce à de nombreuses activités économiques et que le retour n’offre aucune perspective économique.

28Les retours durables au pays d’origine se font souvent dans un lieu différent de celui dont on a été expulsé. Les retours majoritaires se font rarement vers les campagnes. Ils contribuent au contraire à l’exode rural dans des régions qui restent souvent ravagées, avec des terrains minés, une voirie ou des services hors d’état, et des perspectives économiques inexistantes. La ville est alors le lieu du seul salut, celui où se concentrent à la fois les logements, le travail sinon les aides internationales. Ainsi, malgré l’existence de retours ponctuels, le nettoyage ethnique contribue-t-il au dépeuplement des campagnes, au vieillissement des populations rurales et à la désertification économique de ces espaces.

29Finalement, le nettoyage ethnique s’impose comme un processus majeur, un élément fondamental de la structuration de l’espace aussi bien dans les Balkans que dans l’Europe orientale en général (triangle Pologne, Grèce, Russie). En mettant en exergue le nettoyage ethnique et les violences politiques comme facteurs structurant de l’espace, la Revue Géographique de l’Est espère contribuer à la rénovation des problématiques de géographie humaine. Une approche plus post-moderne, qui tienne compte à la fois des violences politiques et des victimes, permet en effet d’appréhender la structuration de l’espace avec une plus grande acuité.
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Référence électronique

Stéphane Rosière, « Nettoyage ethnique, violences politiques et peuplement », Revue Géographique de l'Est [En ligne], vol. 45 / 1 | 2005, mis en ligne le 18 mai 2009, consulté le 04 février 2010. URL : http://rge.revues.org/index519.html

Auteur
Stéphane Rosière

Maître de conférences habilité, Université Nancy 2, Département de Géographie, CERPA, BP 33-97, F-54015 Nancy Cedex, France, stephane.rosiere@univ-nancy2.fr
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Y. Richard, A.-L. Sanguin (dir.), L’Europe de l’Est quinze ans après la chute du mur. Des pays baltes à l’ex-Yougoslavie [Texte intégral]
Paris, L’Harmattan, 2004
Paru dans Revue Géographique de l'Est, vol. 44 / 3-4 | 2004
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M. Deshaies, Espaces et sociétés slaves [Texte intégral]
coll. « Carrefours » Paris : Ellipses, 2005
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Bussi M., Badariotti D. (2004). — Pour une nouvelle géographie du politique. Territoire – Démocratie – Élections [Texte intégral]
Paris, Anthropos, collection « Villes-Géographie », 301 p.
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