duminică, 10 ianuarie 2010

LA MONDIALISATION DE LA PAUVRETÉ par Michel Chossudovsky aux Ed. Ecosociété.

LA MONDIALISATION DE LA PAUVRETÉ- auteur : Michel Chossudovsky aux Ed. Ecosociété.

Si vous voulez mieux comprendre la pauvreté dans le monde et l’endettement des peuples, je vous suggère ce résumé textuel de ce livre que je vous encourage à acheter. Une mine incroyable. La page éclair arrière du livre : « Depuis le début des années 1980, les structures de l’économie mondiale ont changé en profondeur. L’auteur explique comment les institutions financières internationales, et en particulier le Fonds monétaire International et la Banque Mondiale, ont forcé l’application de ces changements d’abord dans le Tiers Monde, puis, plus récemment, dans les pays de l’Est de l’Europe. Il montre les conséquences d’un nouvel ordre financier qui se nourrit de la pauvreté et de la destruction de l’environnement, engendre un véritable apartheid social, encourage le racisme et les conflits ethniques et s’attaque aux droits des femmes. Après avoir exposé en détail les mécanismes de mise en place de l’économie globale, l’auteur procède à une série d’analyses de cas précis en Afrique, en Asie, en Amérique latine, en ex-Union soviétique et en ex-Yougoslavie. L’ouvrage se termine par une brève étude des pays industrialisés et du Québec, démontrant que les populations de ces pays ne sont pas épargnées. Noam Chomsky, l’un des intellectuels les plus renommés de ce siècle, dit de cet ouvrage : « Michel Chossudovsky met à nu leurs caractéristiques fondamentales et leurs racines dans l’économie internationale. Tant son analyse globale que les nombreuses études de cas qu’il nous offre démontrent avec perspicacité comment ces « réformes » rétablissent les modèles coloniaux, font obstacle à toute planification nationale et à toute véritable démocratie, tout en mettant en place les structures d’un monde d’inégalité croissante dans lequel la vaste majorité est vouée à la souffrance et au désespoir pour servir les intérêts d’un très petit nombre de privilégiés et de puissants. Mais cette évolution n’a rien d’inévitable. La recherche faite par Chossudovsky nous permet de comprendre, ce qui est un pas important dans la lutte acharnée nécessaire pour renverser la vapeur. « Professeur en économie politique à l’université d’Ottawa, Michel Chossudovsky est un collaborateur régulier du Monde Diplomatique. Il réside maintenant au Québec.

Voici le résumé textuel. « Le commerce international est intégré, les marchés financiers sont en liaison permanente. En conséquence, c’est un phénomène d’accumulation de la dette qui « réglemente » l’économie mondiale en étranglant les institutions nationales et en détruisant les économies réelles. La dette extérieure (1997) du monde en développement atteint plus de 2000 milliards de Dollards; des pays entiers sont déstabilisés en raison de l’écroulement de leur monnaie nationale, des tensions sociales, des conflits ethniques, des guerres civiles qui s’en suivent. Et le remboursement de la dette aboutit à son aggravation par … la création de dettes nouvelles. Ce livre a pour but de mettre en évidence la restructuration imposée par les créanciers internationaux aux pays en voie de développement depuis le début des années 1980. Les institutions de Bretton Woods ( FMI (Fonds mondial international) et la Banque Mondiale ( BM) ont joué un rôle central dans cette restructuration économique. Le FMI, la BM et l’OMC ( Organisation mondiale du commerce) constitue une puissante bureaucratie internationale dont le mandat consiste à contrôler et superviser les économies nationales. Le pouvoir ne repose pas néanmoins entre les mains de ces institutions. Il s’agit


d’organismes répondant aux besoins et aux exigences des intérêts économiques et financiers dominants. Le système économique mondial se caractérise ainsi par deux forces contradictoires : d’une part, la consolidation d’une économie mondiale de main- d’œuvre bon marché ; d’autre part, la recherche de nouveaux marchés de consommation. L’extension des marchés par les sociétés multinationales exige la fragmentation et la destruction des économies nationales. La circulation de l’argent et des marchandises ne connaît aucune frontière ; le crédit bancaire est déréglementé ; le capital international s’empare de la propriété de l’Etat. La mise en œuvre de la « chirurgie « économique du FMI abouti à la compression des revenus réels et d’un système de main-d’œuvre bon marché. Le même mélange d’austérité budgétaire, d’ouverture des frontières et de privatisation est appliqué dans plus de 100 pays endettés du Tiers Monde et en Europe orientale. Ces pays perdent toute souveraineté économique et tout contrôle sur leur politique fiscale et monétaire ; leur Banque centrale et leur ministère des Finances sont réorganisés ; les institutions étatiques disparaissent ; une tutelle économique est mise en place. Selon un tableau sur la distribution du Revenu mondial de 1993, 15% de la population mondiale contrôle près de 80% du revenu mondial, tandis que 85% de la population mondiale ( total des pays pauvres) contrôle près de 20% du revenu mondial. Dans le Sud, l’Est, et le Nord, une minorité sociale s’enrichit au détriment des peuples. Dans le monde entier, des voix s’élèvent contre ce Nouvel ordre financier mondial qui tire profit de l’exploitation de la nature et des populations, développe l’apartheid social…. La Banque Mondiale dont le mandat consiste à « lutter contre la pauvreté » et protéger l’environnement collabore sur le terrain au démantèlement des services de santé et d’éducation. Son soutien aux mégaprojets énergétiques agro-industriels accélère la déforestation et la destruction de l’écosystème, entraînant le déplacement forcé de plusieurs millions de personnes. Tant dans le Sud que dans l’Est, des centaines de millions d’enfants sont sous-alimentés et privés d’enseignement… Les politique dictées par le FMI et la BM accentuent les disparités sociales entre nations et en leur sein. Mais la réalité est de plus en plus camouflée par la « science économique » néolibérale ainsi que par la manipulation des statistiques de revenu. Le thème de la « démocratisation » de la vie politique est devenu le cheval de bataille des hérault du « marché libre » mais la mise en œuvre des réformes économiques nécessite l’appui des militaires et des Etats autoritaires. L’ajustement structurel aboutit à la mise en place d’institutions de façade et d’une parodie de démocratie parlementaire dont le rôle consiste à mener à bien la restructuration économique. Dans les pays en voie de développement, « la répression économique » ainsi que la négation des droits des travailleurs constituent le principal obstacle à une véritable démocratisation. C’est ainsi que le FMI fait de la désindexation des salaires la condition de la rénégociation de la dette extérieure ; pour atteindre cet objectif, les grèves sont déclarées illégales et les dirigeants syndicaux sont arrêtés. La mondialisation de la pauvreté alimente le développement d’une économie planétaire orientée vers l’exportation et fondée sur une main-d’œuvre bon marché. Mais les mesures de stabilisation imposées au Tiers monde pèsent en retour sur les économies des pays riches ; la pauvreté dans le Sud contracte la demande globale à l’importation qui finit par affecter négativement la croissance et le niveau d’emploi dans le Nord. Ainsi l’austérité programmée par le FMI et la BM finit-elle par affecter toute la planète. Dette et Ajustement structurel. Depuis le début des années 1980, le fardeau de la dette des pays en développement s’est considérablement accru, et ceci en dépit des divers programmes de rééchelonnement proposés par les créanciers. La dette à long terme des pays en développement était d’environ 62 milliards de $ en 1970. Elle fut multipliée par sept durant les années 1970, pour atteindre 481 milliards en 1980. La dette totale des pays en développement,


incluant la dette à court-terme, se situait à plus de 2000 milliards en 1997, i,e, plus de 30 fois le montant de la dette en 1970. Jusqu’au milieu des années 1980, les institutions multilatérales finançaient de nouveaux prêts afin de permettre aux pays de rembourser leurs dettes auprès des banques commerciales et des créanciers officiels. Entre 1986 et 1990, le transfert net des ressources en faveur du seul FMI a été de l’ordre de 31,5 milliards. Les prêts du FMI aux pays en développement furent en quelque sorte financés par les pays pauvres eux-mêmes. Il existe une relation étroite entre la gestion de la dette et les réformes macroéconomiques. L’objectif des créanciers est de s’assurer que les nations endettées continuent à rembourser le service de la dette. Les fonds ne sont accordés que si le gouvernement met en place les réformes proposées par les créanciers. Les pays qui refusent d’adopter les recommandations du FMI rencontrent de graves difficultés dans le rééchelonnement de leur dette. De plus, le FMI dispose de moyens qui peuvent perturber une économie nationale. Les pays réfractaires sont placés sur une liste noire. Une fois le prêt accordé, les performances sont étroitement surveillées sur une base trimestrielle par les institutions de Washington. L’ajustement structurel est souvent considéré comme étant subdivisé en 2 phases distinctes : 1e phase : La stabilisation économique à court terme. D’abord la dévaluation de la monnaie qui constitue le facteur principal enclenchant l’inflation des prix domestiques. Une « maxi-dévaluation » qui entraîne des hausses de prix immédiates- aboutit à une compression du pouvoir d’achat tout en réduisant la valeur en devises étrangères des coûts de maind’œuvre. Elle diminue aussi la valeur en argent des dépenses publiques, ce qui permet la canalisation des revenus de l’Etat vers le service de la dette extérieure. Le FMI exige également la désindexation des salaires. La dévaluation de la monnaie est souvent exigée comme condition préalable à la négociation d’un prêt à l’ajustement structurel. Le FMI dans le cadre de la thérapie de choc, propose souvent une dévaluation très forte et l’élimination des subventions et des contrôles de prix. Conséquence :Les prix montent en flèche pour rejoindre le niveau mondial, cependant que le pouvoir d’achat de la population est gelé afin de « stabiliser la demande » et « d’éviter les pressions inflationnistes ». Cette stratégie débouche sur la dollarisation des prix qui signifie que les prix domestiques sont alloués sur ceux du marché mondial ; elle a pour conséquence la hausse des prix de la plupart des biens de consommation : aliments de base, biens durables, combustible… Non seulement le FMI niera les effets inflationnistes de la dévaluation, mais encore il imposera le gel de la création de monnaie dans le but de « combattre les pressions inflationnistes « . Ce contrôle de la masse monétaire va obliger le gouvernement à comprimer ses dépenses réelles, à réduire les salaires réels et à licencier ses employés. Alors que dans les pays endettés, les salaires sont jusqu’à 50 fois inférieur à ceux des pays riches, le FMI exige non seulement la « vérité des prix » mais aussi la désindexation des salaires. Du jour au lendemain, le niveau de vie s’effondre. De plus, le FMI exige une prétendue « indépendance de la Banque centrale à l’égard du pouvoir politique ». Cela veut dire que c’est le FMI plutôt que le gouvernement qui contrôle la politique monétaire. L’accord de prêt conclu avec le FMI empêche le gouvernement de financer les dépenses publiques par la création de monnaie par la Banque centrale. Le pays devient de plus en plus dépendant des sources internationales de financement, ce qui a pour conséquence de gonfler le fardeau de la dette extérieure. Le FMI exige également l’indépendance de la Banque centrale à l’égard du Parlement. Dans plusieurs pays en développement, les cadres de la Banque centrale sont des anciens fonctionnaires du FMI et de la BM. Ils sont souvent nommés directement par les institutions de Bretton Woods. Ces institutions imposent la réduction de l’emploi dans le secteur public et des compressions budgétaires dans les programmes sociaux. Ces mesures d’austérité frappent toutes les catégories de dépenses publiques. Dans ce


contexte, la composition des dépenses de chaque ministère est sous la supervision de la BM. Selon elle, cette réduction des dépenses a pour but de « promouvoir la réduction de la pauvreté à moindre coût ».Ces compressions sont en grande partie responsables de la dégradation des écoles, des dispensaires et des hôpitaux, tout en fournissant un semblant de légitimité aux institutions de Washington. Concernant la libéralisation des prix, cette mesure consiste en l’élimination des subsides aux produits et services de première nécessité ; dans une série de pays de Tiers monde, les prix du pain ou du riz étaient maintenus à un niveau relativement bas grâce à ces subventions. L’impact sur les salaires réels est immédiat. La libéralisation des prix aura aussi un effet sur les prix des intrants. Combinées à la dévaluation, les mesures prises conduisent à des augmentations substantielles des prix intérieurs des engrais, etc… Cette politique aura un impact économique immédiat sur la structure des coûts dans la plupart des secteurs d’activité. Par ailleurs, le prix du pétrole est fixé par l’Etat sous la supervision de la BM. Les augmentations du prix des carburants et de certains services publics ( eau, électricité) ont pour effet de déstabiliser les producteurs nationaux. Par exemple, en Afrique subsaharienne , le coût élevé du transfert imposé par la BM empêche le paysannat de vendre sa production de manière concurrentielle par rapport aux produits agricoles importés d’Europe ou d’Amérique du Nord, lesquels sont fortement subventionnés. 2e phase : Réforme structurelle. La mise en œuvre de la stabilisation économique est suivie par la mise en application d’un certain nombre de réformes structurelles en profondeur. - Libéralisation du commerce : Cela consiste à libéraliser le commerce extérieur et à ouvrir les frontières- cela accélère la « dollarisation « des prix, les prix intérieurs s’alignant sur ceux du marché mondial ( plus élevé). Cette libéralisation est conçue en vue de rendre l’économie domestique plus « concurentielle ». Mais combinée à la compression du pouvoir d’achat, cette libéralisation provoque la faillite d’importants secteurs de l’économie. Les biens importés remplacent la production intérieure et contribuent à accroître la dette extérieure du pays. Privatisation des entreprises d’Etat :

Dans le cadre du « redressement des finances publiques « , les institutions de Bretton Woods exigent le débauchage massif des salariés et la fermeture des entreprises d’Etat « malades « . Il y a donc les sociétés d’Etat « souffrantes » qui sont soumises à un programme « d’assainissement « sous la surveillance de la Banque Mondiale, phase préalable à la privatisation dans le cadre de la renégociation de la dette extérieure. Tout comme dans les procédures de faillite, les sociétés d’Etat « saines » d’Argentine et du Vénézuela , compagnies aériennes et de télécommunications incluses, furent achetées à un « bon prix » non par des entreprises privées mais par des sociétés d’Etat européennes. Les revenus obtenus grâce à cette privatisation » sont ensuite utilisés par les gouvernements pour rembourser les pays membres des Clubs de Paris et de Londres. De nombreux pays débiteurs sont ainsi simultanément incités à mettre leurs sociétés d’Etat aux enchères. Le capital international obtient ainsi le contrôle ou la propriété des entreprises d’Etat les plus rentables à un prix dérisoire en ne faisant pratiquement aucun investissement réel. La réforme fiscale :

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L’introduction d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ou d’une taxe sur les ventes ainsi que les changements dans la structure de la taxation directe signifient un plus lourd fardeau fiscal pour les groupes à revenu moyen. Alors que les producteurs intérieurs sont soumis à l’impôt, les entreprises à capital mixte et étranger jouissent toujours d’exemptions fiscales, moyen « d’attirer les investissements étrangers ». Privatisation des terres :

Un marché des terres est établi ; la paysannerie perd ses terres au profit des usuriers et marchands liés à l’agro-business. La privatisation des terres sert aussi à rembourser la dette extérieure. Les recettes de ces ventes sont canalisées par le Trésor vers les créanciers internationaux. Libéralisation du système bancaire :

Cette restructuration signifie l’ouverture du marché financier aux banques étrangères et la fermeture, « l’assainissement « ou la privatisation des banques d’Etat. La Banque centrale, soumise à une vérification trimestrielle du FMI, perd toute maîtrise de la politique monétaire nationale. Le crédit subventionné aux agriculteurs à la petite et moyenne industrie locale doit disparaître ; désormais, le taux d’intérêt est fixé par le « libre »jeu du marché. Et ce renchérissement du crédit ( avec des taux en monnaie locale supérieure à 20% ) contribue à son tour à ruiner l’économie nationale. Recyclage de l’argent sale vers le service de la dette.

La libéralisation des marchés financiers comporte, à la suite de l’intervention du FMI, la restauration du secret bancaire favorisant le blanchiment de l’argent et la fuite des capitaux vers des comptes étrangers. La libéralisation des mouvements de capitaux sert les intérêts des créanciers. C’est un moyen qui permet de canaliser l’argent sale ( produit du commerce illégal et criminel) et l’argent noir (celui qui échappe à l’impôt), vers le service de la dette, tout en offrant aux classes sociales privilégiées un mécanisme commode pour blanchir de grandes quantités d’argent obtenu illégalement. Le fonctionnement est le suivant : Des capitaux en devises sont transférés d’un compte bancaire dans un paradis fiscal au système interbancaire d’un pays en développement. Les autorités assurent la confidentialité de ces transactions. Ces devises sont ensuite converties en monnaie locale et utilisés pour acheter des sociétés d’Etat ou les terres publiques mises aux enchères dans le contexte du programme de privatisation parrainé par la Banque Mondiale. Ensuite, les entrées en devises étrangères sont canalisées vers le Trésor qui les assigne au service de la dette. L’établissement des fonds d’urgence sociale.

Ce type de fonds sanctionne le retrait de l’Etat des secteurs sociaux. Diverses organisations non gouvernementales ( ONG), financées par l’aide internationale, ont graduellement pris à leur compte de nombreuses fonctions des gouvernements locaux dont le financement fut gelé à la suite du Programme d’Ajustement structurel. La petite production manufacturière et les projets artisanaux, la sous-traitance pour les firmes d’exportation, la formation dans les communautés et les programmes de mise au travail, etc…sont


réalisés dans le cadre du « filet de sécurité sociale ». On assure la fragile survie des communautés au niveau local tout en contenant les risques d’un soulèvement social. IMPACT ÉCONOMIQUE ET CONSÉQUENCE SOCIALE DU PROGRAMME D’AJUSTEMENT STRUCTUREL.** L’ajustement structurel détruit l’économie nationale. L’ensemble des mesures provoque l’effondrement économique et social. Les mesures d’austérité conduisent à l’effondrement de l’Etat, l’économie nationale est remodelée et la production pour le marché intérieur est détruite par la compression du pouvoir d’achat. La solution préconisée par les institutions de Bretton Woods devient la cause d’un endettement accru. L’échec du PAS est incontestable. La thérapie proposée par le FMI détruit l’économie, disloque la société civile des pays endettés et entraîne vers l’abîme. Les institutions de Washington admettent d’ailleurs « qu’on ne peut citer aucun cas de succès brillant. Mais le FMI affirme : « On ne peut pas dire avec certitude si ces programmes d’ajustement ont fonctionné ou non, » En dépit de cet échec flagrant, le FMI fait valoir que l’ajustement a tout de même réussi à éliminer « les grands déséquilibres macro-économiques ». Les conséquences sociales de ces réformes, y compris dans les domaines de la santé, de l’éducation, des droits sociaux des femmes et de l’environnement, ont fait l’objet de nombreuses études. Les réformes du FMI et de la BM démantèlent de manière brutale les secteurs sociaux des pays en voie de développement. Les établissements d’éducation ferment leurs portes et les enseignants sont congédiés faute de fonds. Dans le secteur de la santé, c’est l’effondrement des soins corporatifs et préventifs : l’équipement médical fait défaut, les conditions de travail sont insatisfaisantes, le personnel est mal payé. Les centres de santé en Afrique subsaharienne sont devenus, en fait, une source de maladie et de contagion. Il y rareté des fonds alloués aux fournitures médicales. On a vu surgir un certain nombre de maladies contagieuses que l’on croyait contrôlées. Elles incluent le choléra, la fièvre jaune et le paludisme. Directement reliées aux compressions des dépenses publiques dues au PAS, les activités de contrôle et de prévention ont diminué de manière catastrophique. – Nous pourrions aussi parler de l’Amérique Latine, de l’Inde et autres pays.- Les conséquences sociales de l’ajustement structurel sont pleinement reconnues par les institutions de Washington. Mais les secteurs sociaux ne font pas partie des variables d’un modèle économique. C’est un autre secteur : le secteur social. LA MONDIALISATION DU CHÔMAGE.* La mondialisation de la pauvreté s’accompagne d’une restructuration des économies nationales ainsi que d’une redéfinition de leur rôle dans le nouvel ordre économique mondial. Quand la « médecine économique » du FMI est appliquée simultanément et de manière uniforme dans un grand nombre de pays, elle aboutit en quelque sorte à une mondialisation du chômage. Cette création de réserves de main-d’œuvre favorise à son tour la délocalisation d’une partie importante de la base industrielle des pays développés vers les pays à faibles salaires. Que se passe t-il quand ces réformes sont appliquées en même temps dans un grand nombre de pays ? Dans une économie mondiale interdépendante, la « somme des ajustements appliqués au niveau de chaque pays contribue en quelque sorte à une « mondialisation des réformes » ayant pour conséquence de pousser l’économie mondiale dans l’abîme. Le développement de l’industrie d’exportation à main-d’œuvre bon marché dans le Tiers Monde est accompagné de fermetures d’usine dans


les pays développés. Depuis les années 1980, tous les secteurs de l’économie occidentale ainsi que toutes les catégories de travailleurs sont affectés par la délocalisation : restructuration et fermeture d’usines. Les médias présentent généralement les nombreuses fermetures d’usine en Occident ainsi que les licenciements comme des cas isolés de « restructuration ». Pourtant, l’impact combiné de ces actions micro-économiques sur les salaires réels et l’emploi est dévastateur. Chaque emploi perdu et transféré dans le Tiers monde entraîne une baisse correspondante du pouvoir d’achat dans les pays développés. La demande( ainsi que les marchés de consommation) s’effondrent parce qu’un grand nombre d’entreprises dans plusieurs pays décident simultanément de réduire l’emploi et les salaires. A son tour, la chute de la demande se répercute sur la production, contribuant à une nouvelle vague de fermetures d’usines et de faillites et ainsi de suite. En Occident, les politiques gouvernementales favorisent la déréglementation du marché du travail, qu’il s’agisse de la désindexation des salaires, de la généralisation de l’emploi à temps partiel, des mises à la retraite anticipée ou des prétendues réductions « volontaires » des rémunérations. L’Alena contribue directement à la baisse de l’emploi et des salaires réels. La relocalisation industrielle au Mexique détruit des emplois et comprime les revenus réels aux Usa et au Canada. L’Alena exacerbe la récession économique : les travailleurs licenciés aux USA et au Canada ne sont pas des employés ailleurs dans l’économie et aucune nouvelle avenue de croissance économique n’apparaît comme résultat de la délocalisation des dépenses de consommation qui résulte des mises à pied et des fermetures d’usines mène à la contraction des ventes et de l’emploi, et à de nouveaux congédiements dans les industries. Parlons du rôle de la révolution scientifique. L’Extraordinaire développement de l’informatique, des télécommunications et de la production numérique dans les années 1980 sert à merveille le processus de délocalisation de la production, car les centres de décision sont instantanément reliés aux sites industriels et aux ateliers de montage dispersés à travers le monde. Le système capitaliste peut ainsi organiser et contrôler l’économie de la planète tout entière. L’ÉCONOMIE DE RENTE* Le changement technologique se combine aux délocalisations et aux restructurations d’entreprises pour favoriser une nouvelle vague de fusions dans les industries clés. Autrement dit, les pôles de croissance dans les pays développés se trouvent désormais dans les « secteurs non matériels » : haute technologie, économie de services, infrastructures commerciales et financières.etc…plutôt que dans le montage et la transformation industriels. Avec le déclin de l’industrie manufacturière en Occident, « une économie de rente » s’installe dans les pays riches. Le secteur des services s’approprie la plus-value engendrée par les industries d’assemblage et de transformation. En plus du paiement de redevances et de droits d’utilisation de la technologie, une partie importante des revenus des producteurs du Tiers Monde est appropriée par les grandes sociétés commerciales, les distributeurs, les grossistes, le chaînes de détaillants, etc des pays développés. La production non matérielle subordonne la production matérielle. Les industries d’exportation ne contribuent que très faiblement au développement économique des pays producteurs. « L’économie de rente » des pays riches s’approprie les revenus des producteurs directs. Alors que la production matérielle a lieu dans un pays du Tiers Monde, la plus forte augmentation du PIB est enregistrée dans les pays importateurs. EX : le prix de détail des biens produits dans le tiers monde est souvent plus de 10 fois supérieur au prix payé au producteur. Une « valeur ajoutée » correspondante est ainsi crée artificiellement au sein de l’économie de services des pays riches, sans qu’aucune production matérielle n’ait eu lieu. Cette « valeur » s’ajoute au PIB des pays riches. Par exemple, le prix de détail du


café est 7 à 10 fois plus élevé que le prix FAB et environ 20 fois le prix payé au fermier du Tiers monde. Autrement dit, la plus grande partie des revenus des producteurs est appropriée par des marchands, intermédiaires et distributeurs. LES APPLICATIONS PRATIQUES* L’auteur expose ce qu’il en est dans d’autres pays du monde au chapitre de la mondialisation de la pauvreté, Ce qui inclues les dettes nationales et les PAS. Que ce soit la famine et la guerre civile en Somalie, le génocide économique au Rwanda, l’Apartheid et la néolibéralisme en Afrique Australe, la famine et l’implosion sociale en Inde, le Bangladesh sous la tutelle des bailleurs de fonds, le Vietnam et la destruction économique d’après guerre , la dette et la démocratie au Brésil, la thérapie de choc au Pérou, la Bolivie : dette et narcotrafic, le tiers-mondialisation de l’Ex- Union soviétique et le démantèlement de la Yougoslavie ainsi que le recolonisation de la Bosnie- Herzégovine. L’auteur termine avec les pays développés, à savoir la crise financière en Occident et l’ajustement structurel au Québec. LA CRISE FINANCIERE EN OCCIDENT* A tort présentée comme cyclique, la crise économique en Occident apparaît en fait comme structurelle. Fusions, restructurations, délocalisations accroissent les capacités de production tout en pesant sur le pouvoir de consommer. Dans chacune des économies occidentales, des usines ferment et des salariés se retrouvent au chômage : restructuration industrielle dans l’aérospatiale, délocalisation de la production automobile vers l’Europe de l’Est et le tiers-monde, fermeture des mines de charbon au Royaume-Uni. Le gonflement des dettes publiques. Depuis le début des années 1980, une grande partie des dettes des grandes sociétés et banques en Occident ont été effacées et transformées en dettes publiques. Ce phénomène de « conversion » est un élément central de la crise : les pertes ont été systématiquement transférées à la charge de l’Etat. De plus, une bonne partie des subventions publiques, au lieu de stimuler la création d’emplois, ont été utilisées pour financer les concentrations d’entreprises, des technologies limitant la main-d’œuvre et des délocalisations vers le tiers-monde. Un cercle vicieux a ainsi été mis en place. Les destinataires des subsides gouvernementaux sont devenus les créanciers de l’Etat. Les bons émis par le Trésor pour financer les grandes firmes sont acquis par les banques et les institutions financières, qui bénéficient aussi des subsides étatiques. On nage en pleine absurdité : l’Etat finance de la sorte son propre endettement, des subsides sont utilisés pour l’achat de la dette publique. Le gouvernement est ainsi coincé entre des milieux d’affaires faisant pression pour obtenir des subventions et ses créanciers. Et parce qu’une grande part de la dette publique est détenue par des institutions financières privées, ces dernières sont à même d’influencer les gouvernements afin de contrôler davantage les ressources publiques….


De surcroît dans nombre de pays membres de l’OCDE, les pratiques des banques centrales ont été modifiées afin de répondre aux exigences des marchés. Ces institutions sont devenues de plus en plus « indépendantes et ont été mises à l’abri des influences politiques. » En réalité, la Banque centrale ( qui n’est responsable ni devant le gouvernement ni devant les élus) opère en tant que bureaucratie autonome sous la tutelle des intérêts financiers privés. Ce sont eux, plus que le gouvernement, qui déterminent la politique monétaire. Les créanciers de l’Etat sont de la sorte devenus les véritables détenteurs du pouvoir, cependant que se répandait une idéologie uniforme, que le « consensus « recouvrait la palette politique tout entière au nom de la nécessaire réforme macro-économique aux USA et en Europe. L’AJUSTEMENT STRUCTUREL AU QUÉBEC* Le mot d’ordre est lancé : « l’économie est malade » ; on nous répète à satiété que pour aboutir au projet de société, il faudra nécessairement passer par l’assainissement des finances publiques…Les citoyens sont confus car les fermetures, les coupes dans les programmes sociaux et les mises à pied sont exigées au nom de la social-démocratie. Cette thérapie économique affecte tous les secteurs de la société québécoise : réduction des salaires afin que les travailleurs québécois soient davantage « concurrentiels », dérogation aux droits des femmes, fermetures des hôpitaux, compressions des prestations aux aînés, coupes dans l’assistance sociale et l’assurance maladie, resserrement des budgets des commissions scolaires, des cégeps et des universités, fermeture des garderies en milieu scolaire, privatisation de l’eau… Les compressions sèment le désarroi et la confusion dans les milieux de travail. Une décomposition du système d’éducation s’amorce au niveau des commissions scolaires. Le premiers ministre invite les travailleurs au « partage volontaire de l’emploi » ou à la retraite anticipée afin de dégager les montants nécessaires au remboursement de la dette publique. En fait, il s’agit d’un « partage du chômage » dont le fardeau s’abat inévitablement sur les jeunes à la recherche d’emplois précaires…En proposant le déficit zéro, le gouvernement veut satisfaire les diktats des marchés financiers. Exigées par Wall Street, les mesures d’austérité adoptées au Québec ressemblent fort à la « thérapie de choc » que le FMI impose aux pays endettés du tiers-monde. La dette publique québécoise est « notée » par les marchés financiers et des firmes spécialisées comme Moody’s ou Standard and Poors. On attend du ministre des Finances qu’il rende des comptes aux grandes banques. « Démocratie autoritaire », le gouvernement voudrait ( par l’entremise d’un projet de loi) puiser dans les caisses de retraite des salariés de l’Etat afin de rembourser Wall Street. Les réalités économiques sont truquées, les données sur le chômage sont manipulées. Aveuglés par le dogme libéral, les dirigeants politiques nient l’existence d’une crise. Selon M. Landry, on maintiendra le cap « à moins d’une détérioration importante des conditions économiques ». La montée du chômage et de l’exclusion sont présentées comme étant des réalités transitoires et passagères : « un mauvais moment à passer… Autrement dit, la mise au chômage de contribuables ainsi que les faillites ne contribuent guère à l’accroissement des recettes de l’Etat. L’assiette fiscale est rapetissée, la « solution » préconisée par le ministre de Finances devient la « cause » de la crise fiscale. La pauvreté et l’exclusion augmentent, la pouvoir d’achat s’effondre….


LES SOLUTIONS DE RECHANGE* Il s’agit de réfuter cette logique implacable des mises à pied et des compressions. Il faut refuser « la loi sur l’élimination du déficit et l’équilibre budgétaire » ; les citoyens doivent rejeter avec fermeté ce modèle économique destructeur, orienté vers la compression du niveau de vie. L’objectif du déficit zéro ne résout absolument rien : il contribue à exacerber la crise des finances publiques, l’assiette fiscale de l’Etat s’affaisse, le déficit zéro devient la cause de cette crise et non pas la solution…Il s’agira pour la société civile québécoise (organisations et coalitions de citoyens, syndicats, groupes socio-communautaires, associations de producteurs indépendants, associations de professionnels et de travailleurs indépendants, associations d’étudiants), de formuler les fondements d’une politique expansionniste ayant pour objet primordial la relance du pouvoir d’achat afin de permettre la mobilisation des ressources et la reprise dans les secteurs les plus affectés par la récession. En matière de création d’emploi, il s’agira de développer des mesures concrètes afin de protéger les entreprises menacées par la faillite. Les implications de l’ALENA pour l’économie du Québec et des régions devront faire l’objet d’un important débat. Concernant le redressement des finances publiques, il s’agira également d’identifier les véritables causes de l’endettement afin de réduire la dépendance de l’Eta envers ses créanciers.

COMMENTAIRES ET CONCLUSIONS PERSONNELLES.* Le FMI , la BM et les créanciers internationaux ont-ils choisi le meilleur rôle ? C’est évident, être les libérateurs ou les sauveurs des pays endettés ; mais les faits démontrent qu’ils sont aussi les créateurs de l’accumulation de ces dettes ; leurs buts sont d’endetter davantage avec les PAS. Voyons trois titres d’articles du journal La Presse à des dates diverses et concernant le FMI. Le 1e mai 2001 : « Le FMI aime mieux prévenir que guérir » Le 30 avril 2001 : « Accord entre le FMI et l’Argentine pour une poursuite de l’aide ». Le 28 avril 2001 ; « Le FMI et la Banque Mondiale au secours d’une économie mondiale faiblissante ». Je rappelle au lecteur que le FMI et la BM tiennent deux fois par année des réunions : septembre et mai. Les deux organismes travaillent main dans la main puisqu’ils sont aussi des voisins de paliers à Washington. Les réunions de septembre 2002 du FMI viennent de se terminer ; qu’avons-nous vraiment appris qui pourraient nous faire croire que les nations ont bien profités des prêts du FMI ? On donnera plutôt beaucoup d’explications pour mêler les cartes et ne pas dire la vérité. Qu’avons-nous besoin d’entendre de plus pour nous convaincre, à moins de ne pas vouloir voir les réalités ? Pour en savoir davantage, quoi de mieux que de laisser s’exprimer M. Joseph Stiglitz, ancien économiste à la Banque Mondiale et qui vient de publier « La Grande Désillusion ». Il écrit : « Un demi-siècle après sa fondation, il est clair que le FMI a échoué dans sa mission ». Il a fait des erreurs dans tous les domaines où il est intervenu ; le développement, la gestion des crises et la transition du communisme au capitalisme ». Le problème ? Une croyance aveugle aux mécanismes du marché et un aveuglement volontaire aux souffrances des peuples touchés par ses politiques d’austérité » Le FMI a cessé de servir les intérêts de l’économie mondiale pour servir ceux de la finance mondiale » - Et tout cela , comme par hasard, profite


surtout aux grandes banques. - A preuve, l’institution est toujours intervenue à coups de milliards de dollars pour permettre aux spéculateurs de quitter à bon compte un pays en crise. Ce qui rend la spéculation lucrative, c’est l’argent des Etats soutenus par le FMI. Quand le FMI et l’Etat brésilien par exemple ont dépensé, fin 1998, près de 50 milliards de dollars pour maintenir le taux de change à un niveau surévalué, où est allé cet argent ?… Une grande partie est allée dans les poches des spéculateurs. » Et la note est refilée au peuple brésilien… Il réserve ses critiques les plus cinglantes au cas de la Russie, où il dresse le portrait d’un FMI complice du pillage systématique qui, dans ce pays, a tenu lieu de politique économique depuis l’effondrement de l’URSS. En conclusion, M. Stiglitz propose une réforme des institutions financières internationales. Le FMI devrait, dit-il, revenir à sa mission première qui est de prêter aux gouvernements en temps de crise, pour leur permettre de mettre en œuvre des politiques créatrices d’emploi et d’équité sociale. Toutes les institutions devraient être plus transparentes et être dirigées par les gens sur lesquels elles ont un impact. Ces commentaires vont certainement dans le sens de l’auteur du livre La Mondialisation de la pauvreté. Tous les faits le démontrent ; pas besoin de suivre un cours à l’université pour comprendre ce qui se passe et ce qu’est vraiment le FMI et la BM. Que devons-nous faire maintenant ? C’est simple ; dire ce qui est, dire la vérité à chacun des citoyens de notre pays, de notre province. Dans les discours du budget, on parle des efforts à faire pour réduire la pauvreté, d’assainir les finances publiques, de diminuer les salaires…les grosses entreprises nous parlent de fusions, de restructurations, de relocalisation de la main-d’œuvre…. Quand vous lirez les journaux officiels, vous comprendrez mieux maintenant le côté plus officieux. Sommes-nous fatigués de financer notre propre endettement et de créer notre faible niveau de vie ? En avez-vous assez ? Vous sachez quoi faire maintenant….maintenant… RIEN DE MEILLEUR QUE LA CONSCIENTISATION ET L’ÉDUCATION DES NATIONS. PS : Faites suivre ce document.
Jean Claude Thériault
Septembre 2002

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