Samedi 21 novembre 2009
Passé pornographique VS Présent criminel
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« Pourquoi un écrivain ressenti-il le besoin d’inventer des histoires au sujet de l’Holocauste ? », s’interroge Melissa Katsoulis dans le quotidien britannique consensuel The Independent.
Mme Katsoulis vient de publier un ouvrage consacré à l’histoire des impostures littéraires. Elle s’intéresse, en particulier, dans un genre fictionnel unique en son genre, à savoir les ‘fantasmagories holocaustiques’.
D’un côté, elle avoue qu’un « privilège spécial doit être accordé à ces écrivains de moins en moins nombreux qui ont survécu à la Seconde guerre mondiale en Europe ». Elle est même prête à admettre l’approche particulière qu’Elie Wiesel a de la « vérité et de la fiction » et que « des histoires qui ne sont jamais arrivées peuvent être vraies ».
De l’autre, elle dit que « ces mémorialistes qui pensent pouvoir affirmer qu’ils étaient sur les lieux alors que ce n’est pas le cas devraient se souvenir du fait que le détournement des expériences d’autrui à des fins égoïstes ne peut que se terminer en ignominie.
Katsoulis suggère que « ce que les lecteurs recherchent, peut-être, dans les histoires traumatisantes, s’assimile à ce que les gens recherchent dans la pornographie, à savoir quelque chose de « limite », qu’ils n’ont encore jamais vu, suivi par une résolution spectaculaire ». Tout à fait comme dans le cas de la pornographie, le lectorat conquis d’avance à la douleur juive « veut s’identifier (sans danger) avec ce qu’il est en train de lire, et expérimenter un instant la crise vécue par quelqu’un d’autre, afin de la mesurer à leur propre crise ».
La référence que Katsoulis fait à la « pornographie » est tout à fait intéressante, lorsqu’on garde présent à l’esprit le fait qu’à l’époque du procès Eichmann, à Jérusalem (dans les années 1960), un genre nouveau de pornographie, appelé le style Stalag, émergea en Israël. Stalag était le nom d’un magazine fictionnel à la courte existence, hautement érotisé, dont les illustrations s’inspiraient de l’exploitation des prisonniers des camps par les Nazis.
Toutefois, la référence que fait Katsoulis à la « pornographie » n’est pas sans soulever certaines questions. Alors que la consommation de pornographie peut être conçue comme une tentative de rechercher un plaisir libidinal au travers de l’imagerie d’autres que soi en train de s’adonner à leurs fantaisies, l’on est fondé à se demander quelle sorte de satisfaction peut bien retirer quiconque du rabâchage de la mémoire de l’Holocauste ? Recherchons-nous une satisfaction ? Si oui, quelle sorte de satisfaction recherchons-nous, exactement ? Quels sont les symptômes que célèbrent les conteurs d’histoires, et quels sont-nos symptômes lorsque nous les consommons ?
En lieu et place d’une culture accro à des images recyclées de dégradation et de souffrance, j’attendrais plutôt qu’une leçon morale émerge de la Shoa. J’aurais tendance à espérer une recherche sincère de miséricorde et de compassion. A l’évidence, cela ne s’est à aucun moment produit. Même si nous mettons de côté la barbarie israélienne en Palestine, l’Occident et l’empire anglophone n’ont jamais cessé de déclencher des guerres au nom des fausses valeurs issues de l’Holocauste (la démocratie, le progressisme, les droits « universels » de l’homme, etc.).
Katsoulis souligne que les « embobineurs » ont « eu une enfance difficile, mais que, sentant que leur crédibilité était ignominieusement faible, ils ont eu tendance à avoir recours au grand signifiant de l’Holocauste pour attirer sur eux la compassion à laquelle ils aspiraient ». Je vous invite à lire Katsoulis et, si vous en avez le temps, à parcourir les commentaires, qui sont non moins révélateurs.
Personnellement, j’ai vu récemment deux courtes vidéos qui m’ont laissé comme deux ronds de flan.
http://jacobscourage.wordpress.com/
La première était une interview télévisée d’Herman Rosenblatt « ce retraité américain aux yeux clignotants, qui a raconté une histoire tellement magique qu’elle a bouleversé jusqu’au dernier cynique de New York », n’était rien d’autre qu’un mensonge compulsif. Rosenblat s’étant vu accuser d’être un faussaire, il dit, s’adressant à la caméra :
« Ça n’était pas un mensonge : c’était mon imagination. J’ai cru mon imagination, je me suis cru moi-même, et j’y crois encore aujourd’hui ».
« Mais vous savez que ça n’était pas vrai ! », le contrait le journaliste de la chaîne ABC.
« Oui », qu’il répond. « Mais, dans mon imagination, c’était vrai ! »
J’imagine que personne ne saurait argumenter face à un tel argument postmoderniste.
Dans un autre vidéo-clip, Irene Weisberg Zisblatt, dont le témoignage est repris dans le film documentaire The Last Days de Steven Spielberg, est surprise en train de mentir à la caméra au minimum à deux reprises.
Je ne suis pas en train de juger, ici, la malhonnêteté de Zisblatt, ni sa tendance à l’exagération. Il est plus que vraisemblable que cette femme a connu l’enfer sur Terre. Mais j’en ai après Stephen Spielberg, qui a décidé, pour quelque raison, d’exploiter cette femme dans sa tentative hollywoodienne d’archiver et de décrire ce qu’il appelle la « vérité » de l’holocauste.
La question pendante est celle du pourquoi ? Pourquoi ment-elle ? Pourquoi ment-il ? Pourquoi tout le monde ment ? Et si eux mentent et ont le droit de croire aux fruits de leur imagination, où sommes-nous en mesure d’apprendre la vérité ? Que sommes-nous en mesure d’apprendre au sujet de la vérité ? Qu’est-ce que la vérité ? Y a-t-il une quelconque vérité ? Et si nous pouvons jamais être assez chanceux pour trouver la vérité, voire même seulement « une vérité », pouvons-nous l’annoncer sans encourir le risque de l’exclusion sociale, voire pire, sans perdre notre liberté ?
Katsoulis dénonce une tendance perverse inhérente à notre logos occidental. Il est prouvé au-delà de tout doute que notre liberté de parole, et même de penser, est soumise à une grave agression. Allant plus loin qu’elle, j’aurais tendance à dire que la religion holocaustique est la pire des agressions actuelles contre l’humanité et contre l’humanisme. Primo : elle nous interdit de revisiter et de réviser notre propre mémoire vive ; deuxio : elle nous empêche de retirer une leçon éthique universelle de l’histoire et, enfin, tertio : elle nous conduit à toujours plus de crimes génocidaires.
En lieu et place d’une doctrine déterminée par la revanche, ce dont nous avons le plus grand besoin, c’est de la grâce et de la compassion. Au lieu d’un système de croyance monolithique et unique prônant une notion fallacieuse de la liberté centrée sur la douleur juive, ce dont nous avons réellement besoin, c’est d’un réel pluralisme et d’une vraie tolérance qui soit capable d’accepter plus qu’une unique ‘vérité’ et qui encourage les systèmes de croyance à se respecter mutuellement.
De fait, les juifs auraient dû être les premiers à comprendre tout cela. Comme l’a suggéré Emmanuel Levinas après la Seconde guerre mondiale, les juifs auraient dû se positionner sur le front de la bataille contre le mal et contre le racisme. Bien qu’il y ait une poignée de juifs « haïsseurs d’eux-mêmes » qui se vouent à dénoncer le crime sioniste, cela ne s’est jamais produit. Non seulement cela ne s’est jamais produit, mais l’Etat juif est l’exemple suprême d’un Etat raciste nationaliste et terroriste.
Katsoulis n’a rien d’une négationniste de l’Holocauste. Elle pense que l’Holocauste a eu lieu, mais elle étudie le vol de son souvenir. « Quand un écrivain se présente devant d’autres rescapés et présente pour parole d’Evangile ce qui a été volé aux souvenirs de témoins réels, il peut s’attendre à être reçu fraîchement ». Katsoulis formule une critique de cette « « industrie » de l’Holocauste non-réglementée, dans laquelle le fait d’avoir été victime est récompensé par l’argent et la notoriété ».
Cependant, je souhaiterais élargir la recherche de Katsoulis. Je maintiens qu’en réalité, nous sommes les témoins d’un holocauste en cours en Palestine, en Irak, en Afghanistan et au Pakistan. Nous assistons aussi aux préparatifs d’Israël en vue de nucléariser l’Iran au nom de l’histoire juive et au nom, en particulier, de l’Holocauste. Devant nos yeux est en train d’émerger un danger d’une magnitude colossale, et nous sommes peu ou prou paralysés par un chapitre de l’Histoire qui, comparé aux crimes israéliens contemporains, a de moins en moins de signification et/ou de pertinence.
Au lieu d’être assujettis à une idolâtrie pour un passé intouchable, nous devrions commencer à être concernés par le HIC et NUNC, par les génocides qui sont en train d’être perpétrés en nos noms et sous notre nez par Israël et ses séides dans le monde entier.
Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier
http://www.gilad.co.uk/writings/pornographic-past-vs-murderous-present-by-gilad-atzmon.html
Samedi 21 Novembre 2009
Gilad Atzmon
Why would any writer make up stories about the Holocaust?
Why would any writer make up stories about the Holocaust? Melissa Katsoulis explores the strangest corner in the bizarre world of the literary hoax
Friday, 16 October 2009
AP
Holocaust hoax: Herman and Roma Rosenblat's story was easy to debunk
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Researching a book about literary hoaxes led me to investigate a sub-section of the misery-memoir genre which often left me reeling in amazement: the Holocaust hoaxers. Special privilege must be given to those increasingly few witness-writers who survived the Second World War in Europe, but they have certain duties too.
It is their right to write how and when they want (perhaps many decades later, if they are ready) and, as with Elie Wiesel, with their own definitions of truth and fiction. It was he who said that "Some stories are true that never happened."
However, those memoirists who think that they can pretend they were there when they weren't ought to remember that hijacking the experiences of others for selfish ends will only end in ignominy. Their motivations were, as so often in life and letters, a combination of pain, hope and greed, and they were emboldened by a marketplace in thrall to the misery memoir.
Why the huge demand for such books? Perhaps what readers seek in trauma stories is akin to what people look for in pornography: something edgy they have never seen before, followed by a spectacular resolution. And they want to identify (safely) with what they are reading; to try on someone else's crisis for a while and see how it compares to their own. All these hoaxers had difficult childhoods but, feeling that their truth was shamefully small, they sought the grand signifier of the Holocaust to attract the compassion that they desired.
Misha Defonseca's story began to emerge from her adopted Massachusetts in the mid-1990s and was, like many a hoaxer's tale, one which in retrospect seems ridiculously far-fetched. It also had that great asset of the schmaltzy life-story: the love of a four-legged friend.
She told of crossing the wastes of war-torn Europe as a lonely child and not only being adopted by a pack of friendly wolves, but single-handedly murdering a burly German soldier. She gave inspirational talks about her epic journey, smiled sweetly for the camera at a local wolf sanctuary and eventually published her story in 1997.
Misha: A Memoir of the Holocaust Years was an instant success, embodying the vain hope that belief, endurance (and fluffy animals) could mean something even in the face of Hitler's machine. It was money that brought her down. A falling-out about royalties led her publisher to enlist the help of historians to look into what was beginning to seem like a fishy back-story. When zoologists confirmed that no such wolf-woman love could have existed, and photos appeared of her war-time childhood (smiling, well-fed and out shopping with her grandmother), "Misha" knew the game was up.
Last year she finally confessed, admitting that she was in fact a Belgian Christian whose father's work for the Gestapo left her traumatised by the stigma of being a "traitor's child". She said: "It is not the actual reality – it was my reality, my way of surviving".
Binjamin Wilkomirski, who turned out not to be a Latvian-Jewish orphan but a rather comfortably-off Swiss clarinettist, is the most famous example. His spectacular lies were similarly accounted for by the repentant author. He initially claimed he had escaped to Switzerland after nearly dying in the camps, and in Fragments detailed rats feasting on corpses and Nazis crushing men to death. The book won him a host of literray prizes, but survivors noticed that his descriptions of camp life were unconvincing.
Research revealed him to be a local lad, Bruno Grosjean, fostered during the war after his mother gave him up. In her meticulous exposé in Granta, Elena Lappin concluded that as a child Bruno and his mother might have been indentured labourers, but that he had been conflating this with an imagined ghetto past for so long that he had become a "Man with Two Heads".
His humiliation was complete when it was revealed that one of the girls he claimed to have befriended in the camps, Laura Grabowsky, was a fraud herself – an unhinged American serial-hoaxer who had written not only a fake Holocaust memoir but a phoney one about satanic ritual abuse to boot.
The most recent case is Herman Rosenblat, the twinkly-eyed American pensioner who came forward with a story so magical that it lifted the heart of every cynic in New York. As a young boy in Buchenwald, he said, he strolled daily along the perimeter fence to meet a little girl on the outside. She would toss him a shiny apple and in so doing gave him the hope - and the vitamins - to carry on.
Decades later, as he wrote in Angel at the Fence, which very nearly got published earlier this year, he randomly met a woman in New York who had also fled post-war Europe. As they talked, Herman decided that she must be the apple girl. They went on to fall in love and marry.
When his story came out, via appearances on Oprah, it was easy to debunk: anyone approaching the perimeter fence would immediately have been shot. Rosenblat had been promised a comfortable retirement on the proceeds of his late-flowering career as a memoirist, and his claim that he was only trying to spread a little hope with his story fell on deaf ears.
In fact, he really had been in a sub-camp of Buchenwald and the true story of his and his devoted brothers' survival is far more moving than the one he made up. Only nobody wants to listen to that now.
These three had at least been born in or near the theatre of war. But what would make an Australian born in 1972 fabricate a Holocaust story? The case of Helen Demidenko is the most peculiar of them all. Demidenko - real name Darville - was a right-wing student in Brisbane who in 1993 published The Hand That Signed the Paper, about the wartime experiences of the narrator's Ukrainian father and uncle. However, they were not victims of Nazi violence but the perpetrators, having joined the Einsatzgruppen after being terrorised by Russian-Jewish "commissars".
Florid accounts of their life as merry Jew-hating death squad members flowed enthusiastically from her pen, and when she won the Australian/ Vogel Literary Award she began appearing in Ukrainian national dress and speaking in a funny accent. Her unmasking was aided by the ire of the international Jewish community at her sideline as an anti-Israeli journalist. Interviewing David Irving was not her finest hour.
But unlike the other hoaxers, she remained unrepentant, blithely speaking of the "wog accent" she put on and her annoyance at a politically-correct culture whose prejudices she despised.
Darville's case may not be typical of Holocaust hoaxers, but it fits exactly into the mould of the Australian literary hoax. All of them, even the harmless-sounding Ern Malley poetry hoax, whose victim was a radical Jewish poetry editor despised by the young fogies who made up Ern's oeuvre, are characterised by a combination of racial anxiety and anti-intellectualism.
Darville is more than just a juvenile postscript to the strange canon of the Shoah-fantasists. She would never have committed her distasteful hoax had she not picked up on and wanted to subvert that dangerous concept of the "Holocaust bore".
That idea is perpetuated by people – like Defonseca, Wilkomirski and Rosenblat – whose output contributes to the notion of an unregulated Holocaust "industry", where victimhood is rewarded by money and fame.
Yes, the notion of absolute truth in life-writing is notoriously fraught. But when a writer stands before other survivors and gives as scripture what is stolen from the memories of real witnesses, they can expect little sympathy.
Melissa Katsoulis's 'Telling Tales: a history of literary hoaxes' is published this week by Constable
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