Interviu Norman Manea
La Roumanie est une démocratie kafkaïenne/LE FIGARO
«Les clowns. Le dictateur et l'artiste» de Norman Manea - L'écrivain juif roumain installé à New York publie un recueil d'essais sur les années de plomb de la dictature de Ceausescu, tombée il y a vingt ans.
L'auteur roumain le plus traduit au monde a connu la dictature fasciste puis communiste. Son œuvre est de première importance pour comprendre la tragédie roumaine du XXè siècle.
LE FIGARO. - Vous avez quitté la Roumanie en 1986 ; était-ce à cause de l'acharnement de la censure qui venait de massacrer votre roman L'Enveloppe noire, aujourd'hui traduit en français ?
Norman MANEA. - La Roumanie à l'époque était politiquement plus fasciste que communiste. Durant les dernières années du règne de Ceausescu, le pouvoir étudiait le nationalisme et les préceptes de la Garde de fer car le communisme était mort. Et le fascisme roumain d'hier, c'était une xénophobie extrême, un militarisme infantile et très dangereux qui sacralisait la mort. La situation était devenue à ce point irrespirable que des amis m'ont dit : « Tu es une sorte de démocrate anglais. Tu n'es plus à ta place ici. » Et pourtant, je ne voulais pas quitter la Roumanie et ma région natale, la Bucovine, qui est aussi celle de Celan, de Rezzori, d'Appelfeld. J'avais trouvé un équilibre avec les livres, une sorte de refuge dans l'intériorité. Quand l'extérieur est devenu trop agressif, notamment via la censure, c'est devenu impossible de continuer.
ETC
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