AU COURS des cent dernières années, la Russie a connu d’énormes changements.
AU début, elle était dirigée par le Tsar, dans une monarchie absolue avec quelques fioritures démocratiques, une “tyrannie assortie d’inefficacité.”
Après la chute du Tsar, c’est un régime libéral et tout aussi inefficace qui la dirigea quelques mois, au bout desquels il fut renversé par la révolution bolchevique.
La “dictature du Prolétariat” a duré quelque 73 années, ce qui signifie que trois générations sont passées par le système d’éducation soviétique. Cela aurait dû suffire pour assimiler les valeurs d’internationalisme, de socialisme et de dignité humaine telles que les enseignait Karl Marx.
Le système soviétique implosa en 1991, laissant derrière lui peu de traces politiques. Après quelques années d’anarchie libérale sous Boris Eltsin, Vladimir Poutine prit le pouvoir. Il a démontré qu’il avait l’étoffe d’un chef d’État, remettant la Russie au rang de puissance mondiale. Il a aussi instauré un nouveau système autocratique, réduisant le niveau de démocratie et de droits humains.
Lorsque nous examinons ces événements, sur un siècle, nous sommes obligés de conclure qu’après avoir subi tous ces bouleversements dramatiques, la Russie est politiquement plus ou moins revenue à son point de départ. La différence entre le royaume du Tsar Nicolas II et le régime de Vladimir Poutine est très faible. Les aspirations nationales, la perspective générale, le régime et l’état des droits humains sont plus ou moins les mêmes.
Quel enseignement pouvons-nous en tirer ? Cela signifie à mes yeux qu’il y a quelque chose comme un caractère national, que l’on ne peut pas changer facilement, si tant est que ce soit possible. Les révolutions, les guerres, les désastres passent, et le caractère fondamental d’un peuple demeure ce qu’il était.
PRENONS un autre exemple, plus près de nous géographiquement : la Turquie.
Mustapha Kemal était un personnage fascinant. Des gens qui l’ont rencontré lorsque, officier de l’armée ottomane, il servait en Palestine, l’ont décrit comme une personnalité intéressante et un solide buveur. Il est né à Thessalonnique, en Grèce, ville majoritairement juive à l’époque, et a participé à la révolution du mouvement des Jeunes Turcs, qui visait à la restauration de l’Empire Ottoman, devenu “l’homme malade de l’Europe”.
Après la défaite turque de la Première Guerre Mondiale, Mustapha Kemal entreprit de créer une nouvelle Turquie. Ses réformes eurent une portée considérable. Entre autres choses, il abolit l’Empire Ottoman et l’ancien Califat musulman, modifia l’orthographe de la langue turque en remplaçant l’alphabet arabe par l’alphabet latin, sépara la politique de la religion, fit de l’armée “le gardien de la république (laïque)”, interdit aux hommes et aux femmes de porter des vêtements traditionnels tels que le fez et le hijab. Son ambition était de transformer la Turquie en un État européen moderne.
EN 1934, lors de l’adoption de la loi sur les noms de famille, le parlement national lui donna le nom d’“Ataturk” (Père des Turcs). Les gens l’adorent encore aujourd’hui. Sa photo est partout dans tous les bureaux du gouvernement. Pourtant nous assistons actuellement à l’annulation de la plupart de ses réformes.
La Turquie est aujourd’hui dirigée par un parti religieux islamique, élu par le peuple. L’Islam fait un retour en force. Après avoir fait plusieurs coups d’État, l’armée a été rejetée hors du champ politique. Certains accusent la direction actuelle de politique néo-ottomane.
Cela signifie-t-il que la Turquie est en train de revenir à ce qu’elle était il y a cent ans ?
ON PEUT citer des exemples pris dans le monde entier.
Quelque 220 années après la mère de toutes les révolutions modernes, la Grande Révolution française, les aventures frivoles de l’actuel président français se voient comparées à celles des rois Bourbon. Il n’est pas resté grand-chose des temps de l’austère Charles de Gaulle, ni au plan moral ni au plan politique.
L’Italie n’a pas encore atteint la stabilité politique, après l’intermède des clowneries de Silvio Berlusconi. Une Grande-Bretagne très diminuées pense encore et se comporte encore comme l’empire de son âge d’or, s’efforçant de s’éloigner de l’Europe des Grenouilles (les Français) et des métèques.
Et ainsi de suite.
J’AIME citer (une fois de plus) Elias Canetti, l’écrivain prix Nobel revendiqué par la Bulgarie, l’Angleterre et la Suisse, pour ne pas citer les Juifs.
Dans l’un de ses ouvrages il prétend que chaque nation a son propre caractère, comme un être humain. Il a même entrepris de représenter le caractère des principales nations par des symboles : les Britanniques sont comme un capitaine de la marine, les Allemands comme une forêt de chênes grands et droits, les Juifs sont conditionnés par l’exode d’Égypte et l’errance dans le désert. Il considère ces caractéristiques comme permanentes.
Des historiens de profession peuvent se gausser d’un tel dilettantisme. Pourtant, je pense que l’injection de quelques idées littéraires dans l’histoire n’a que des avantages. Il permet d’approfondir notre compréhension.
TOUT CELA m’amène aux métamorphoses juives-israéliennes.
Israël a été littéralement créé par le mouvement sioniste. Cela a été l’une des plus révolutionnaires des révolutions, si ce n’est la plus considérable de toutes. Elle ne visait pas à remplacer un régime, comme Mandela en Afrique du Sud. Ni à réaliser un profond changement de société, comme les mouvements communistes. Ni à produire un changement culturel comme Ataturk. Le sionisme voulait réaliser tout cela et bien davantage.
Il voulait prendre une communauté ethno-religieuse, apparue dans des temps reculés, pour en faire une nation moderne. Déplacer des masses d’individus de leurs patries et de leur habitat naturel pour les transférer physiquement dans un autre pays et sous un autre climat. Modifier le statut social de chacun d’entre eux. Leur faire adopter une autre langue – une langue morte rappelée à la vie, une tâche qu’aucun autre peuple n’avait jamais réussi à mener à bien. Réaliser tout cela dans un pays étranger habité par un autre peuple.
De tous les mouvements révolutionnaires du XXe siècle, le sionisme a été le plus abouti et le plus durable. Le communisme, le fascisme et des dizaines d’autres sont apparus et ont disparu. Le sionisme dure.
Mais la société israélienne est-elle réellement sioniste comme elle ne cesse de le revendiquer bruyamment ?
LE SIONISME ÉTAIT à la base une révolte contre les conditions de vie des juifs en diaspora. Dans le domaine religieux, c’était une réforme beaucoup plus profonde que celle de Martin Luther.
Tous les principaux rabbins juifs, hassidiques comme anti-hassidiques, condamnaient le sionisme comme une hérésie. Le Peuple d’Israël était uni par leur obéissance absolue aux 613 commandements de Dieu, non par un quelconque lien “national”. Dieu avait rigoureusement interdit tout retour en masse à la Terre d’Israël, puisqu’Il avait exilé les Juifs en raison de leur conduite pécheresse. La diaspora juive était donc voulue par Dieu et devait se poursuivre jusqu’à ce qu’Il ait changé d’avis.
Et voici qu’arrivent les sionistes, athées pour la plupart, qui voulaient emmener les Juifs en Terre d’Israël sans la permission de Dieu, allant même jusqu’à rejeter complètement Dieu. Ils ont construit une société laïque. Ils professaient un profond mépris pour la diaspora, en particulier pour les “ghettos juifs” orthodoxes. Leur père fondateur, Theodor Hertzl, soutenait qu’après la fondation de l’État Juif, aucun de ceux de l’extérieur ne serait plus considéré comme juif. D’autres sionistes n’étaient pas aussi radicaux, mais se situaient dans la même ligne de pensée.
Lorsque j’étais jeune, beaucoup d’entre nous allions encore plus loin. Nous contestions l’idée d’un État Juif et parlions plutôt d’un État Hébreu, avec seulement des liens lâches avec le judaïsme de la diaspora, qui créerait une civilisation hébraïque en liens étroits avec le monde arabe environnant. Une nation asiatique, sans appartenance à l’Europe et au monde occidental. Alors, où en sommes-nous actuellement ?
ISRAËL EST en train de se re-judaïser à toute allure. La religion juive fait un retour en force. Très vite, les enfants religieux de diverses communautés seront majoritaires dans les écoles juives israéliennes.
La religion orthodoxe structurée s’est considérablement étendue. La définition israélienne du Juif est exclusivement religieuse. Toutes les questions de statut personnel, comme le mariage et le divorce, sont régies par le rabbinat. Il en va de même pour les menus de la plupart des restaurants. Les transports publics, terrestres comme aériens, sont interrompus le jour du Shabbat. Les confessions juives religieuses non-orthodoxes, comme les “réformistes” et les “conservateurs” sont en pratique exclus.
Dans un scandale qui secoue Israël en ce moment, concernant un rabbin cabalistique, il apparaît que ce personnage merveilleux a amassé une fortune de centaines de millions de dollars en vendant des bénédictions et des amulettes. Mais ce n’est que l’un de ces nombreux rabbins entourés de gros hommes d’affaires, de ministres, de gangsters de haut vol et de personnalités de la police.
Hertzl qui promettait de “maintenir les rabbins dans leurs synagogues et les militaires de métier dans leurs casernes” doit se retourner dans sa tombe du Mont Hertzl à Jérusalem.
MAIS IL NE S’AGIT LÀ encore que de symptôme relativement superficiels. Je pense à des questions beaucoup plus profondes.
L’une des convictions profondes du judaïsme de la diaspora était que “le monde entier est contre nous”. Les juifs ont été persécutés au long des âges dans de nombreux pays, pour aboutir à l’Holocauste. Lors de la cérémonie du Seder la veille de la Pâque, qui réunit tous les juifs du monde, le texte sacré dit que “à chaque génération ils se lèvent pour nous exterminer”.
L’objectif officiel du sionisme était de faire de nous “un peuple comme tous les peuples”. Un peuple normal peut-il penser que tout le monde projette constamment de l’exterminer ?
AU COURS des cent dernières années, la Russie a enduré d’énormes changements.
AU début, elle était dirigée par le Tsar, dans une monarchie absolue avec quelques fioritures démocratiques, une “tyrannie assortie d’inefficacité.”
Après la chute du Tsar, c’est un régime libéral et tout aussi inefficace qui la dirigea quelques mois, au bout desquels il fut renversé par la révolution bolchevique.
La “dictature du Prolétariat” a duré quelque 73 années, ce qui signifie que trois générations sont passées par le système d’éducation soviétique. Cela aurait dû suffire pour assimiler les valeurs d’internationalisme, de socialisme et de dignité humaine telles que les enseignait Karl Marx.
Le système soviétique implosa en 1991, laissant derrière lui peu de traces politiques. Après quelques années d’anarchie libérale sous Boris Eltsine, Vladimir Poutine prit le pouvoir. Il a démontré qu’il avait l’étoffe d’un chef d’État, remettant la Russie au rang de puissance mondiale. Il a aussi instauré un nouveau système autocratique, réduisant le niveau de démocratie et de droits humains.
Lorsque nous examinons ces événements sur un siècle, nous sommes obligés de conclure qu’après avoir subi tous ces bouleversements spectaculaires, la Russie est politiquement plus ou moins revenue à son point de départ. La différence entre le royaume du Tsar Nicolas II et le régime de Vladimir Poutine est très faible. Les aspirations nationales, la perspective générale, le régime et le statut des droits humains sont plus ou moins les mêmes.
Quel enseignement pouvons-nous en tirer ? Cela signifie à mes yeux qu’il y a quelque chose comme un caractère national, que l’on ne peut pas changer facilement, si tant est que ce soit possible. Les révolutions, les guerres, les désastres passent, et le caractère fondamental d’un peuple demeure ce qu’il était.
PRENONS un autre exemple, plus près de nous géographiquement : la Turquie.
Mustapha Kemal était un personnage fascinant. Des gens qui l’ont rencontré lorsque, officier de l’armée ottomane, il servait en Palestine, le décrivaient comme une personnalité intéressante et un solide buveur. Il est né à Thessalonique, en Grèce, ville majoritairement juive à l’époque, et a participé à la révolution du mouvement des Jeunes Turcs qui visait à la restauration de l’Empire Ottoman, devenu “l’homme malade de l’Europe”.
Après la défaite turque de la Première Guerre Mondiale, Mustapha Kemal entreprit de créer une nouvelle Turquie. Ses réformes eurent une portée considérable. Entre autres choses, il abolit l’Empire Ottoman et l’ancien Califat musulman, modifia l’orthographe de la langue turque en remplaçant l’alphabet arabe par l’alphabet latin, mis la religion en dehors de la politique, fit de l’armée “le gardien de la république (laïque)”, interdit aux hommes et aux femmes de porter des vêtements traditionnels tels que le fez et le hijab. Son ambition était de transformer la Turquie en un État européen moderne.
EN 1934, lors de l’adoption de la loi sur les noms de famille, le parlement national lui donna le nom d’“Ataturk” (Père des Turcs). Les gens l’adorent encore aujourd’hui. Sa photo est partout dans tous les bureaux du gouvernement. Pourtant nous assistons actuellement à l’annulation de la plupart de ses réformes.
La Turquie est aujourd’hui dirigée par un parti religieux islamique, élu par le peuple. L’Islam fait un retour en force. Après avoir fait plusieurs coups d’État, l’armée a été rejetée hors du champ politique. Certains accusent les dirigeants actuels de politique néo-ottomane.
Cela signifie-t-il que la Turquie est en train de revenir à ce qu’elle était il y a cent ans ?
ON PEUT citer des exemples pris dans le monde entier.
Quelque 220 années après la mère de toutes les révolutions modernes, la Grande Révolution française, les aventures frivoles de l’actuel président français se voient comparées à celles des rois Bourbon. Il n’est pas resté grand-chose des temps de l’austère Charles de Gaulle, ni au plan moral ni au plan politique.
L’Italie n’a pas encore atteint la stabilité politique, après l’intermède du clownesque Sivio Berlusconi. Une Grande-Bretagne très diminuées pense et se comporte encore comme l’empire de son âge d’or, s’efforçant de s’éloigner de l’Europe des Grenouilles (les Français - NDT) et des Métèques.
Et ainsi de suite.
J’AIME citer (une fois de plus) Elias Canetti, l’écrivain prix Nobel revendiqué par la Bulgarie, l’Angleterre et la Suisse, pour ne pas citer les Juifs.
Dans l’un de ses ouvrages il prétend que chaque nation a son propre caractère, comme un être humain. Il a même entrepris de représenter le caractère des principales nations par des symboles : les Britanniques sont comme un capitaine de la marine, les Allemands comme une forêt de chênes grands et droits, les Juifs sont conditionnés par l’exode d’Égypte et l’errance dans le désert. Il considère ces caractéristiques comme permanentes.
Les historiens de profession peuvent se gausser d’un tel dilettantisme. Pourtant, je pense que l’injection de quelques idées littéraires dans l’histoire n’a que des avantages. Cela permet d’approfondir notre compréhension.
TOUT CELA m’amène aux métamorphoses juives-israéliennes.
Israël a été littéralement créé par le mouvement sioniste. Cela fut l’une des plus révolutionnaires des révolutions, si ce n’est la plus considérable de toutes. Elle ne visait pas à remplacer un régime, comme Mandela en Afrique du Sud. Ni à réaliser un profond changement de société, comme les mouvements communistes. Ni à produire un changement culturel comme Ataturk. Le sionisme voulait réaliser tout cela, et bien davantage.
Il voulait prendre une communauté ethno-religieuse dispersée, apparue dans des temps reculés, pour la transformer en une nation moderne. Déplacer des masses d’individus de leurs patries et de leur habitat naturel pour les transférer physiquement dans un autre pays et sous un autre climat. Modifier le statut social de chacun d’entre eux. Leur faire adopter une autre langue – une langue morte rappelée à la vie, une tâche qu’aucun autre peuple n’avait jamais réussi à mener à bien. Réaliser tout cela dans un pays étranger habité par un autre peuple.
De tous les mouvements révolutionnaires du XXe siècle le sionisme a été le plus abouti et le plus durable. Le communisme, le fascisme et des dizaines d’autres sont apparus et ont disparu. Le sionisme perdure.
Mais la société israélienne est-elle réellement sioniste comme elle ne cesse de le revendiquer bruyamment ?
LE SIONISME ÉTAIT fondamentalement une révolte contre les conditions de vie des juifs dans la diaspora. Dans le domaine religieux, c’était une réforme beaucoup plus profonde que celle de Martin Luther.
Tous les principaux rabbins juifs, hassidiques comme anti-hassidiques, condamnaient le sionisme comme une hérésie. Le Peuple d’Israël était uni par leur obéissance absolue aux 613 commandements de Dieu, non par un quelconque lien “national”. Dieu avait rigoureusement interdit tout retour en masse à la Terre d’Israël, puisqu’Il avait exilé les Juifs en raison de leur conduite pécheresse. La diaspora juive était donc voulue par Dieu et devait se poursuivre jusqu’à ce qu’Il ait changé d’avis.
Et voici qu’arrivèrent les sionistes, athées pour la plupart, qui voulaient emmener les juifs en Terre d’Israël sans la permission de Dieu, allant même jusqu’à rejeter complètement Dieu. Ils construisirent une société laïque. Ils éprouvaient un profond mépris pour la Diaspora, en particulier pour les “juifs des ghettos” orthodoxes. Leur père fondateur, Theodor Hertzl, soutenait qu’après la fondation de l’État Juif, aucun de ceux de l’extérieur ne serait plus considéré comme juif. D’autres sionistes n’étaient pas aussi radicaux, mais se situaient certainement dans la même ligne de pensée.
Lorsque j’étais jeune, beaucoup d’entre nous allions encore plus loin. Nous contestions l’idée d’un État Juif et parlions plutôt d’un État Hébreu, avec seulement des liens lâches avec le judaïsme de la diaspora, qui créerait une civilisation hébraïque liée étroitement au monde arabe environnant. Une nation asiatique, non identifiée à l’Europe et au monde occidental. Alors, où en sommes-nous actuellement ?
ISRAËL EST en train de se re-judaïser à toute allure. La religion juive fait un retour en force. Très bientôt, les enfants religieux de diverses communautés seront majoritaires dans les écoles juives israéliennes.
La religion orthodoxe structurée s’est considérablement étendue. La définition israélienne du juif est exclusivement religieuse. Toutes les questions de statut personnel, comme le mariage et le divorce, sont régies par le rabbinat. Il en va de même pour les menus de la plupart des restaurants. Les transports publics, terrestres comme aériens, sont interrompus le jour du Shabbat. Les confessions juives religieuses non-orthodoxes, comme les “réformistes” et les “conservateurs” sont en pratique exclus.
Dans un scandale qui secoue Israël en ce moment, concernant un rabbin cabalistique, il apparaît que ce personnage merveilleux a amassé une fortune de centaines de millions de dollars en vendant des bénédictions et des amulettes. Mais ce n’est que l’un de ces nombreux rabbins entourés de puissants hommes d’affaires, de ministres, de gangsters de haut vol et de personnalités de la police.
Hertzl qui promettait de “maintenir les rabbins dans leurs synagogues et les militaires de métier dans leurs casernes” doit se retourner dans sa tombe du Mont Hertzl à Jérusalem.
MAIS IL NE S’AGIT LÀ que de symptôme encore relativement superficiels. Je pense à des questions beaucoup plus profondes.
L’une des convictions profondes du judaïsme de la diaspora était que “le monde entier est contre nous”. Les juifs ont été persécutés au long des âges dans de nombreux pays, pour aboutir à l’Holocauste. Lors de la cérémonie du Seder la veille de la Pâque, qui réunit tous les juifs du monde, le texte sacré dit que “à chaque génération ils se lèvent pour nous exterminer”.
L’objectif officiel du sionisme était de faire de nous “un peuple comme tous les peuples”. Un peuple normal pense-t-il que tout le monde projette constamment de l’exterminer ?
C’est une conviction profonde chez presque tous les juifs israéliens que “le monde entier est contre nous” – et c’est aussi une chanson très populaire. Les États-Unis sont-ils en train de conclure un accord avec l’Iran ? L’Europe prend-elle position contre les colonies ? La Russie aide-t-elle Bachar el-Assad ? Tous des antisémites.
Les protestations internationales contre notre occupation des territoires palestiniens ne sont, bien sûr, qu’une autre forme d’antisémitisme. (Le Premier ministre du Canada qui était en visite en Israël cette semaine et qui a prononcé un discours ridicule à la Knesset, a lui aussi déclaré que toute critique de la politique israélienne était une forme d’antisémitisme.)
Cela signifie-t-il qu’en Israël, l’État Juif autoproclamé, toutes les vieilles attitudes et peurs juives, tous les vieux soupçons et mythes juifs sont en train de refaire surface ? Que les concepts sionistes révolutionnaires sont en train de disparaître ? Que pas grand-chose n’a changé dans l’état d’esprit juif ?
Comme le disent les Français : Plus les choses changent, plus elles restent les mêmes.” Ou, comme l’exprime l’Écclésiaste dans la Bible (1, 9) : “Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera : il n’y a rien de nouveau sous le soleil !”
Sursa http://www.france-palestine.org/Rien-de-nouveau-sous-le-soleil