duminică, 18 octombrie 2009

Michel Chossudovsky. Obama et le prix Nobel : Lorsque la guerre devient la paix

Obama et le prix Nobel :
Lorsque la guerre devient la paix
Michel Chossudovsky

Lorsque la guerre devient la paix,
Lorsque les concepts et les réalités sont sens dessus dessous,
Lorsque la fiction devient vérité et que la vérité devient fiction,
Lorsqu¹un programme militaire mondial est annoncé comme un effort de paix,
Lorsque l¹on maintient que la tuerie de civils est un « dommage collatéral
»,

Lorsque ceux qui résistent à l¹invasion de leur pays par les États-Unis et
l¹OTAN sont qualifiés d¹« insurgés » ou de « terroristes »,
Lorsque l¹on affirme que la guerre nucléaire préventive constitue de
l¹autodéfense,
Lorsque la torture et des techniques d¹« interrogation » avancées sont
utilisées couramment afin de « protéger les opérations de maintien de la
paix »,
Lorsque le Pentagone claironne que les armes nucléaires tactiques sont «
inoffensives pour la population civile environnante »,
Lorsque les trois quarts des revenus de l¹impôt fédéral des particuliers
des
États-Unis sont alloués au financement de ce que l¹on appelle
euphémiquement la « défense nationale ».
Lorsque l¹on présente le commandant en chef de la plus grande force
militaire de la planète Terre comme un artisan de la paix,
Lorsque le mensonge devient vérité.

La « Guerre sans frontières » d¹Obama


Nous sommes au carrefour de la crise la plus sérieuse de l¹histoire moderne.
Les États-Unis en partenariat avec l¹OTAN et Israël ont lancé une aventure
militaire mondiale, laquelle menace, de manière très réelle, le futur de
l¹humanité.

À ce moment critique de notre histoire, la décision du comité Nobel
norvégien de décerner le prix Nobel de la paix au président et commandant en
chef Barack Obama constitue un parfait outil de propagande et de
manipulation, soutenant sans réserve la « Longue guerre » du Pentagone : «
Une guerre sans frontières » dans le vrai sens du terme, caractérisée par
le
déploiement planétaire de la puissance militaire des États-Unis.
Outre la rhétorique diplomatique, il n¹y a pas eu de renversement
significatif de la politique étrangère des États-Unis par rapport à la
présidence de George W. Bush, ce qui aurait pu justifier un tant soit peu
l¹octroi du prix Nobel à Obama. En fait c¹est plutôt le contraire. Le
programme militaire d¹Obama a cherché à élargir la guerre à de nouvelles
frontières. Avec une nouvelle équipe de conseillers militaires et de
conseillers en politique étrangère, le programme guerrier d¹Obama a été
bien
plus efficace dans la promotion de l¹escalade militaire que ne l¹a été
celui
des néoconservateurs.

Depuis les débuts de la présidence d¹Obama ce projet militaire mondial est
devenu de plus en plus omniprésent, avec le renforcement de la présence
militaire étatsunienne dans toutes les grandes régions du monde ainsi que le
développement de systèmes d¹armement perfectionné dans des proportions sans
précédent.
Accorder le prix Nobel de la paix à Barack Obama donne de la légitimité aux
pratiques illégales de la guerre, à l¹occupation militaire de pays
étrangers
et à la tuerie incessante de civils au nom de la « démocratie ».
À la fois l¹administration Obama et l¹OTAN menacent directement la Russie,
la Chine et l¹Iran. Sous Obama, les États-Unis développent un « système de
bouclier antimissile mondial contre les premières frappes » :
« Avec les armes spatiales, le laser aéroporté constitue la prochaine
frontière de la défense. [Š] Le rêve de Ronald Reagan de défense
multicouche antimissile ­ qui se résume à la Guerre des étoiles ­ n¹a jamais été si
près de se réaliser, du moins d¹un point de vue technologique. »

Le 11 août, en réaction à cette consolidation de modernisation et de
perfectionnement du potentiel étatsunien de frappe nucléaire mondiale, le
commandant en chef des Forces aériennes russes ­ le même Alexander Zelin
cité plus tôt à propos des menaces de frappes étatsuniennes en provenance
de l¹espace sur toute la Russie ­ a déclaré que les « Forces aériennes
russes se préparent à faire face aux menaces résultant de la création du Global
Strike Command au sein des Forces aériennes étatsuniennes » et que la Russie
développe « des systèmes appropriés pour faire face aux menaces qui
pourraient survenir ». (1)
Depuis la crise des missiles de Cuba, jamais le monde n¹a été aussi près de
l¹impensable : un scénario de Troisième Guerre mondiale, un conflit
militaire planétaire impliquant l¹utilisation d¹armes nucléaires.
1. Le soi-disant bouclier antimissile, ou initiative de Guerre des étoiles,
comportant l¹utilisation d¹armes nucléaires pour les premières frappes sera
dorénavant développé mondialement, dans différentes régions du monde. Ce
bouclier est largement dirigé contre la Russie, la Chine, l¹Iran et la Corée
du Nord.
2. De nouvelles bases militaires étatsuniennes ont été établies dans le but
à la fois d¹instaurer des sphères d¹influence étatsuniennes dans chaque
région du monde, ainsi que d¹entourer et de confronter la Russie et la
Chine.
3. Il y a eu une escalade dans la guerre d¹Asie Centrale et du Moyen-Orient.
Le budget de la Défense sous Obama a monté en flèche avec l¹augmentation
des
affectations en Afghanistan ainsi qu¹en Irak.
4. Sous les ordres du président Obama, agissant à titre de commandant en
chef, le Pakistan fait désormais l¹objet de bombardements aériens de routine
par les États-Unis, en violation de sa souveraineté nationale, en utilisant
la « guerre mondiale au terrorisme » comme justification.
5. La construction de nouvelles bases militaires est envisagée en Amérique
Latine, y compris en Colombie, à la frontière immédiate du Venezuela.
6. L¹aide militaire à Israël a augmenté. La présidence Obama a exprimé
son
soutient inébranlable à Israël et à l¹armée israélienne. Obama est
demeuré
muet en ce qui concerne les atrocités qu¹Israël a commises à Gaza. Il n¹y
a
même pas eu un semblant de reprise des négociations israélo-palestiniennes.
7. Il y a eu un renforcement des nouveaux commandements régionaux, incluant
AFRICOM et SOUTHCOM.
8. Une nouvelle ronde de menaces a été dirigée contre l¹Iran.
9. Les États-Unis sont résolus à encourager davantage de divisions entre le
Pakistan et l¹Inde, ce qui pourrait mener à une guerre régionale, ainsi
qu¹à
l¹utilisation de l¹arsenal nucléaire indien comme moyen indirect de menacer
la Chine.
Les grandes lignes de la nature diabolique de ce projet militaire ont été
tracées dans le Project for a New American Century (PNAC) en 2000. Les
objectifs du PNAC sont :
- défendre la patrie étatsunienne ;
- se battre et gagner résolument de multiples guerres de théâtre
simultanées
;
- effectuer les tâches « constabulaires » associées au modelage de
l¹environnement sécuritaire dans des régions critiques ;
- transformer les forces étatsuniennes afin d¹exploiter la « révolution
dans
les affaires militaires » (2)

La « Révolution dans les affaires militaires » fait référence au
développement de nouveaux systèmes d¹armement perfectionné. La
militarisation de l¹espace, les nouvelles armes chimiques et biologiques,
les missiles à guidage laser sophistiqués, les bombes antiblockhaus, sans
parler du programme de guerre climatique des Forces aériennes étatsuniennes
(HAARP) basé à Gokona en Alaska, font partie de l¹« arsenal humanitaire »
d¹Obama.

Une guerre contre la vérité

Il s¹agit d¹une guerre contre la vérité. Lorsque la guerre devient la paix,
le monde est tourné sens dessus dessous. La conceptualisation n¹est alors
plus possible et un système social inquisitorial émerge.
La compréhension des événements sociaux et politiques fondamentaux se voit
remplacée par un monde de pure fantaisie, où rôdent des « êtres malfaisant
». L¹objectif de la « guerre mondiale au terrorisme », entièrement
cautionnée par l¹administration Obama, a été de galvaniser l¹appui de
l¹opinion publique pour une campagne mondiale contre l¹hérésie.

Aux yeux de l¹opinion publique, le fait de détenir une « cause juste » pour
mener la guerre est essentiel. On dit d¹une guerre qu¹elle est « juste » si
elle est menée pour des motifs moraux, religieux ou éthiques. Le consensus
est en faveur de la guerre. Les gens ne peuvent plus penser par eux-mêmes.
Ils acceptent l¹autorité et la sagesse de l¹ordre social établi.

Le comité Nobel estime que le président Obama a donné au monde « l¹espoir
d¹un avenir meilleur ». Le prix est accordé en raison des « efforts
extraordinaires [d¹Obama] pour renforcer la diplomatie internationale et la
coopération entre les peuples. Le comité a attaché une importance
particulière à la vision d¹Obama d¹un monde sans armes nucléaires ainsi
qu¹à
son travail dans ce sens.

« Sa diplomatie se base sur le concept voulant que ceux qui mènent le monde
doivent le faire sur la base des valeurs et des attitudes partagées par la
majorité de la population du monde. » (3)
L¹octroi du prix Nobel de la « paix » au président Barack Obama est devenu
partie intégrante de la machine de propagande du Pentagone. Il donne un
visage humain aux envahisseurs, il confirme la diabolisation de ceux qui
s¹opposent aux interventions militaires étatsuniennes.

Il ne fait aucun doute que la décision de décerner le prix Nobel de la paix
à Obama a été soigneusement négociée avec le comité norvégien aux plus
hauts
échelons du gouvernement des États-Unis et celle-ci a des profondes
implications.

Cette décision soutient sans équivoque la guerre menée par les États-Unis
comme une « juste cause ». Elle efface les crimes de guerre commis à la fois
sous l¹administration Bush et sous celle d¹Obama.

Propagande de guerre : Jus ad Bellum

La théorie de la « guerre juste » sert à camoufler la nature de la
politique
étrangère étatsunienne, tout en conférant aux envahisseurs un visage
humain.

À la fois dans sa version classique et contemporaine, la théorie de la
guerre juste soutient la guerre comme « opération humanitaire ». Elle
réclame l¹intervention militaire sur des bases éthiques et morales contre
les « insurgés », les « terroristes », les « États défaillants » ou
les «
États voyous ». La guerre juste a été proclamée par le comité Nobel comme
instrument de paix. Obama personnifie la « guerre juste ».

Enseignée dans les académies militaires, une version moderne de la théorie
de la « guerre juste » a été incorporée dans la doctrine militaire
étatsunienne. La « guerre au terrorisme » et la notion de « guerre
préventive » sont basées sur le droit à l¹« autodéfense ». Elles
définissent « quand il est permis de mener la guerre » : jus ad bellum.

Jus ad bellum a servi à constituer un consensus au sein des structures de
commandement des Forces armées. Ce principe a également contribué à
convaincre les troupes qu¹elles se battent pour une « cause juste ». De
manière plus générale, la sa version moderne de la théorie de la guerre
juste fait partie intégrante de la propagande de guerre et de la
désinformation médiatique, utilisées pour obtenir l¹appui du public pour un
programme guerrier. Sous Obama en tant que lauréat du prix Nobel de la paix,
la guerre juste devient acceptée universellement, cautionnée par la
soi-disant communauté internationale.
Le but ultime est de maîtriser les citoyens, de dépolitiser complètement la
vie sociale aux États-Unis et d¹empêcher les gens de penser et de
conceptualiser, d¹analyser les faits et de contester la légitimité de la
guerre menée par les États-Unis et l¹OTAN.

La guerre devient la paix, une « entreprise humanitaire » qui en vaut la
peine. La dissidence pacifique, elle, se transforme en hérésie.

Une escalade militaire au visage humain : le comité Nobel accorde le « feu
vert »

De façon plus significative, le prix Nobel de la paix concède la légitimité
à une « escalade » sans précédent des opérations militaires menées par
les
États-Unis et l¹OTAN sous la bannière du rétablissement de la paix. Il
contribue à falsifier la nature de l¹ordre du jour militaire des États-Unis
et de l¹OTAN.

Entre 40 000 et 60 000 troupes étatsuniennes et alliées de plus devraient
être envoyées en Afghanistan sous une enseigne de rétablissement de la paix.
Le 8 octobre, un jour avant la décision du comité Nobel, le Congrès
étatsunien a entériné un projet de loi d¹autorisation à la défense de 680
milliards de dollars, destiné à financer le processus d¹escalade militaire :
« Washington et ses alliés de l¹OTAN prévoient une augmentation sans
précédent des troupes pour la guerre en Afghanistan, en plus des 17 000
nouvelles forces étatsuniennes et des milliers de forces de l¹OTAN qui se
sont jusqu¹à présent dévouées à la guerre cette année. »

Selon des reportages jusqu¹ici non corroborés concernant les demandes du
commandant des États-Unis et de l¹OTAN Stanley McChrystal et du président de
l¹Instance collégiale des chefs d¹état-major Michael Mullen à la
Maison-Blanche, le nombre de troupes varie de 10 000 à 45 000. Fox News a
cité des chiffres aussi élevés que 45 000 soldats étatsuniens de plus et
ABC
News jusqu¹à 40 000. Le 15 septembre, le Christian Science Monitor
mentionnait que cela irait « peut-être jusqu¹à 45 00 ».

La similitude des évaluations indique que l¹on s¹est entendu sur un nombre
et que les médias obéissants des États-Unis préparent l¹auditoire national
à
l¹éventualité de la plus grande escalade de forces armées étrangères de
l¹histoire de l¹Afghanistan. Il y a sept ans seulement, les États-Unis
avaient 5000 troupes dans le pays, mais planifiaient d¹augmenter ce nombre à
68 000 pour décembre, avant même que ne surgissent les reportages pour de
nouveaux déploiements. (4)

Quelques heures après la décision du comité Nobel norvégien, Obama a
rencontré le conseil de guerre ou peut-être devrions-nous le nommer «
conseil de paix ». Cette réunion avait été soigneusement planifiée pour
coïncider avec celle du comité Nobel. Cette réunion clé derrière les
portes
closes de la salle de gestion de crise de la Maison-Blanche comprenait le
vice-président Joe Biden, la secrétaire d¹État Hillary Clinton, le
secrétaire à la Défense Robert Gates, ainsi que d¹importants conseillers
politiques et militaires. Le général Stanley McChrystal a participé à la
rencontre par vidéoconférence depuis Kaboul.

Le général Stanley McChrystal aurait offert au commandant en chef «
plusieurs alternatives », « incluant un ajout maximal de 60 000 troupes
supplémentaires ». Le nombre 60 000 a été cité à la suite d¹une fuite du
Wall Street Journal (5) Selon un représentant officiel de l¹administration,
« Le président a eu une conversation corsée sur la sécurité et les défis
politiques en Afghanistan, et les options visant à élaborer une approche
stratégique allant de l¹avant ». (6)

Le comité Nobel avait en un sens donné le feu vert à Obama. La réunion du 9
octobre dans la salle de gestion de crise avait pour but de jeter les bases
d¹une autre escalade du conflit sous le blason de la contre-insurrection et
de l¹instauration de la démocratie.
Entre-temps, au cours des derniers mois, les forces étatsuniennes ont
intensifié leurs bombardements aériens de communautés villageoises dans les
zones tribales du nord du Pakistan, sous l¹emblème du combat contre Al
Qaïda.



Notes:
Rick Rozoff, Showdown with Russia and China: U.S. Advances First Strike
Global Missile Shield System, Global Research, 19 août 2009
Project for a New American Century, Rebuilding Americas Defenses.pdf,
septembre 2000 Nobel Press Release, October 9, 2009
Rick Rozoff, U.S., NATO Poised For Most Massive War In Afghanistan's
History, Global Research, 24 septembre 2009
AFP: After Nobel nod, Obama convenes Afghan war council, October 9, 2009
Cité dans AFP: After Nobel nod, Obama convenes Afghan war council October
9, 2009

Sources: Mondialisation.ca
Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca

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