joi, 13 mai 2010

Petre Otu. L’influence de la doctrine militaire française sur l’évolution de l’armée roumaine (1878-1940)

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L’influence de la doctrine militaire française sur l’évolution de l’armée roumaine (1878-1940)
Petre Otu
p. 38-49
Résumé
Résumé
Français

Cette étude analyse l’évolution de la doctrine militaire française et son influence sur les forces armées roumaines entre 1878 et 1940, période qui fut marquée par des événements marquants dans l’histoire commune des deux pays : indépendance de l’État de Roumanie gagnée en 1878 et rupture des relations franco-roumaines en 1940. À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, la France a considérablement accru son influence en Roumanie, y compris dans le domaine militaire. En 1883, la Roumanie rejoint la Triple Alliance, composée de l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie. Néanmoins, les autorités roumaines continuent à envoyer des étudiants et des officiers en France pour leur instruction. Après le début de la Première Guerre mondiale, les relations militaires franco-roumaines s’améliorent de façon non négligeable. Après l’entrée de la Roumanie en guerre, la coopération militaire entre la Roumanie et la France et, par conséquent, l’influence de la doctrine militaire française, sont à leur apogée. En octobre 1916, la mission militaire, menée par le général Berthelot, arrive en Roumanie. Pendant un an et demi, elle fournit un appui remarquable aux forces armées roumaines (instruction, directives pour la réorganisation des grandes unités, organisation d’opérations). Pendant l’entre-deux-guerres, les autorités roumaines adoptent officiellement la doctrine militaire française, fondement même de l’organisation et de l’instruction des forces armées roumaines. Cependant, la terrible défaite militaire de la France en mai-juin 1940 est suivie par le démantèlement des frontières roumaines en juin-septembre 1940.

The influence of French military doctrine on the development of the Roumanian army (1878-1940). This study analyses the evolution of the French military doctrine and its influence upon Romanian Armed Forces in 1878-1940, period which has been marked by major events in both countries’ history: Romania’s state independence gained in 1878 and the breaking-up of both Romania and France in 1940. At the end of the XIXth Century and at the beginning of the XXth Century, France considerably increased its influence upon Romania, including in the military field. In 1883, Romania joined the Triple Alliance, made of Germany, Austro-Hungary and Italy. Nevertheless, Romanian authorities continued to send students and officers in France for training and education. Right after the break out of the First World War, Romanian-French military relations significantly improved. After Romania entered the war, as Antanta’s ally (28th august 1916), Romanian-French military cooperation and, accordingly, the influence of French military doctrine reached the highest level. In October 1916, the military mission led by General Berthelot came to Romania. For one and a half year, he provided a noteworthy support to Romanian Armed Forces (training, guidelines for re-organization of big units, operations planning, etc.) During interwar period, French military doctrine has been officially embraced by the Romanian authorities, being the foundation of the Romanian armed forces organization and training. Yet, the harsh military defeat of France in May-June 1940 has been followed by the breakdown of Romanian borders in June-September 1940.
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Mots-clés :
Roumanie, armée roumaine
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1Une idée fréquemment admise dans la culture roumaine est celle que la destinée européenne de la Roumaine s’est formée sous l’influence des cultures française et allemande. De la France, les Roumains ont pris l’esprit libéral, l’organisation institutionnelle (administration, presse, système d’enseignement, système juridique, etc.), l’art, la mode, etc. Alors que l’Allemagne leur a donné la monarchie, le conservatisme, les infrastructures économiques, etc. Cependant, les influences de ces deux cultures se sont matérialisées différemment dans l’espace roumain. L’influence allemande a eu un impact modéré sur la population, apparaissant seulement au niveau de certains groupes politiques, industriels, financiers ou commerciaux. Parallèlement, l’influence française est apparue, presque à toutes les époques, de façon saisissante. Elle a, de fait, touché toutes les couches de la population roumaine.

* 1 Ionescu (général commandant (r) dr. Mihail E.), « Construcţia militară românească. Temeiuri naţiona(...)

2Ce paradigme, de la double influence française et allemande, existait aussi sur le plan militaire. Au cours des années 1821-1830, au moment de l’émancipation nationale et de la modernisation de la société roumaine, l’institution militaire roumaine s’ouvrait aux influences étrangères 1.

3Les forces militaires roumaines, constituées en 1830, se sont développées et ont évolué sous une forte influence russe jusqu’à la révolution de 1848. Les deux principautés, la Moldavie et la Valachie, jouissaient de la protection de la Russie (souverain de fait) et de la suzeraineté de l’Empire ottoman (souverain de droit). Puis, l’échec de la révolution a été suivi par une courte période de sept ans (1849-1856) marquée par l’influence autrichienne. Avec la fin de la guerre de Crimée (1853-1856) et la consécration du traité de paix de Paris (1856), instituant la garantie commune des sept grandes puissances européennes, la France s’est adjugé le rôle prépondérant maintenu pendant toute la durée du règne d’Alexandre Jean Cuza (1859-1866).

4Le début du règne du prince Charles Ier (1866), la guerre franco-allemande (1870-1871), la proclamation et la reconnaissance de l’indépendance (1877-1878) ont déterminé le changement du statut international de l’État roumain et l’orientation de sa politique extérieure. En 1883, la Roumanie a intégré la Triple Alliance, constituée de l’Allemagne, de l’Autriche-Hongrie et de l’Italie. Elle a adhéré à cette coalition jusqu’en 1914, ce qui a permis à Charles Ier, prince régnant (1866-1881) puis roi (1881-1914), d’initier un ambitieux programme de réformes. Même si ce processus de réforme a été marqué par des contradictions, qui ont parfois pris des formes violentes (la jacquerie de 1907 en est l’exemple le plus illustratif), les progrès enregistrés par la société ont été évidents.

5Dans le domaine militaire, les trente ans qui se sont écoulés entre la guerre d’indépendance et la Première Guerre mondiale ont été marqués par la prépondérance de la doctrine prussienne. Le modèle prussien a, du reste, été totalement adopté à la fin des années 1870, comme le prouve le texte de loi « d’organisation du pouvoir armé » (1868). L’adoption de ce modèle au détriment du modèle français a eu, au fond, des raisons d’ordre pratique et non politique. Le système prussien était constitué d’un noyau de forces permanentes et d’éléments territoriaux, qui correspondait mieux aux réalités roumaines de l’époque : la Roumanie étant un petit État aux ressources matérielles et financières modestes. Par ailleurs, ce système était conforme aux traditions roumaines dont certaines remontaient au Moyen Âge. Dans ce contexte, peut-on parler d’une influence militaire française en Roumanie ?

* 2 Vesa (Apud Vasile), România şi Franţa la începutul secolului al XX-lea 1900-1916. Pagini de istorie(...)
* 3 Voir : Georgescu (Maria), Cadeţi români la Saint-Cyr (Cadets roumains à Saint-Cyr), Editura Militar(...)

6La recherche historique a mis en évidence une réalité nuancée. Les relations franco-roumaines se sont peu développées au cours de cette période, la Roumanie sortant en grande partie de la sphère d’intérêt de la diplomatie française. Toutefois, la sympathie de l’opinion publique roumaine envers la France a été une réalité que les diplomates français accrédités en Roumanie ont constatée avec surprise dans les années 1912-1913. L’attaché militaire Ambroise Desprès soulignait en 1912 : « Elle (la Roumanie) est restée profondément française en ce qui concerne le goût et la culture, et les efforts de la rendre allemande semblent avoir échoué face à une mentalité très latine. »2 Les relations militaires ont connu une évolution identique. Néanmoins, beaucoup d’élèves et d’officiers roumains ont continué à fréquenter les écoles militaires françaises : Saint-Cyr3, Fontainebleau, Saumur ainsi que l’École navale de Brest.

* 4 Rosetti (général Radu R.), Mărturisiri, tome 1, Colecţia « Convorbiri literare », Bucureşti, 1940,(...)

7Au début du XXe siècle, les autorités militaires roumaines ont accéléré l’envoi d’officiers, particulièrement jeunes, pour des études ou des stages dans les armées allemande et austro-hongrois. Mais à la veille de la Première Guerre mondiale, il apparaissait que l’armée roumaine souffrait d’un manque d’unité doctrinal : les officiers supérieurs avaient été, dans une large mesure, formés par l’école française alors que les officiers de grades subalternes avaient adopté des méthodes et des conceptions allemandes et austro-hongroises 4. En conséquence, en 1908, le ministère de la Guerre roumain décidait de ne pas renouveler la convention avec l’Allemagne, qui assurait alors le cadre légal de la formation des officiers roumains. Dans les années 1910, les diplomates français en poste à Bucarest (l’ambassadeur Camille Jean Blondel et l’attaché militaire Ambroise Desprès) soulignait la nécessité d’intensifier l’influence française en Roumanie. Il en était de même pour certaines personnalités roumaines. C’est dans ce contexte qu’une « Alliance française » fut ouverte, en 1912, à Bucarest.

* 5 Rudeanu (général Vasile), Memorii în timpuri de pace şi de război. 1884-1925, Editura Cavallioti, B(...)

8Au plan commercial, un accord fut signé le 21 février 1912 entre le gouvernement roumain et les usines Creusot pour la livraison de batteries d’artillerie (obusiers et canons de montagne) pour un montant de plus de 2 millions de francs. Cet accord était le fruit des efforts de Nicolae Filipescu, ministre de la Guerre, dont les sentiments francophiles étaient connus de l’attaché militaire Ambroise Desprès. Bien que les motifs de cette décision étaient d’ordre strictement pratique (le matériel français étant supérieur au matériel allemand), elle généra de sérieuses complications politiques. Dans les semaines qui suivirent, l’ambassadeur d’Allemagne à Bucarest, demanda des explications au roi Charles Ier. Ce dernier fut contraint de solliciter l’inspecteur général de l’artillerie pour qu’il élaborât un mémoire justificatif. Les arguments des spécialistes s’étant révélés solides, le roi Charles Ier maintint l’ordre d’achat mais cela n’empêcha pas la mutation du général Georgescu, inspecteur général de l’artillerie et président de la commission de spécialistes, à la tête du 5e corps d’armée à Constanţa 5. Pour l’attaché militaire Desprès, cet accord commercial, bien que modeste sur le plan financier, avait une signification politique particulière, car il était la première brèche dans le monopole du trust allemand Krupp dans l’équipement de l’armée roumaine.

9Par ailleurs, les rapports de la Roumanie avec ses partenaires de la Triple Alliance, et notamment avec l’Autriche-Hongrie se durcirent à l’approche de la Première Guerre mondiale. La politique pratiquée par les gouvernements de Vienne et de Budapest (notamment) à l’encontre de la population roumaine, majoritaire dans la Transylvanie, le Banat et la Bucovine fut le facteur principal de cette involution des relations d’alliance. En outre, dans le même temps, la Roumanie commença à considérer la France comme une alliée éventuelle. Le 4 janvier 1913, à l’occasion d’une rencontre avec le président du Conseil français, Raymond Poincaré, le chef du parti conservateur roumain, Take Ionescu, laissait entendre que l’armée roumaine se trouverait, en cas de guerre, aux côtés de la France, si celle-ci soutenait les intérêts nationaux de la Roumanie.

* 6 Mamina (Ion), Consilii de coroană, Editura Enciclopedică, Bucureşti, 1997, p. 57-101.
* 7 Pour cette mission, voir : Rudeanu (Vasile), op.cit., p. 55-210.

10Le 3 août 1914, la Roumanie affirmait solennellement sa neutralité dans la guerre, ce qui confirmait sa volonté d’éloignement de la Triple Alliance 6. Et après la mort du roi Charles Ier à la fin du mois de septembre 1914, le nouveau monarque Ferdinand orientait le pays vers l’Entente. Disposée à satisfaire les doléances nationales des Roumains, la France était alors la plus concernée. Pendant les deux années que dura la neutralité (1914-1916), la coopération militaire se déroula parallèlement à la coopération politique. Le gouvernement roumain constitua une commission militaire auprès du haut commandement français, dirigée par le général Vasile Rudeanu, dont la mission principale consistait à acquérir l’armement, le matériel, les munitions et l’équipement nécessaires à l’armée roumaine. Cette commission, et tout particulièrement le général Vasile Rudeanu, joua un rôle important dans les négociations de planification stratégique en vue de l’entrée de la Roumanie dans la guerre 7.

* 8 Le traité politique et la convention militaire dans România în Războiul Mondial 1916-1919, tome 1 ((...)

11Le 17 août 1916, le traité politique et la convention militaire entre la Roumanie et l’Entente étaient conclus. La France, la Grande-Bretagne, l’Italie et la Russie garantissaient l’intégrité territoriale de l’État roumain et son droit de réunir les territoires de la monarchie austro-hongroise où les Roumains étaient majoritaires. Le gouvernement roumain, pour sa part, s’obligeait à déclarer la guerre à l’Autriche-Hongrie au plus tard le 28 août 1916. Les deux parties s’engageaient à ne pas conclure de paix séparée : les grandes puissances signataires ayant accepté d’assurer à la Roumanie un traitement égal à la future conférence de paix. La convention militaire, signée par le Premier ministre Ion I.C. Brătianu et les attachés militaires des quatre grandes puissances accrédités à Bucarest, établissait le cadre de la coopération militaire entre la Roumanie et l’Entente8.

* 9 Pour l’activité de cette mission, voir : General Henri Mathias Berthelot and Romania, Mémoires et C(...)
* 10 Archives militaires roumaines, fonds microfilms, bobine P.II 1 623, cadres 625, 626 ; bobine P.II 1(...)
* 11 Ibidem, bobine P. III 1 623, cadre 625.
* 12 Kiriţescu (Constantin), Istoria războiului pentru întregirea României (1916-1919), tome 1, Editura(...)

12L’engagement de la Roumanie dans la guerre faisait de la France sa principale alliée. Dans ce contexte, l’influence de la doctrine française sur l’armée roumaine devenait prédominante : la mission militaire française conduite par le général Henri Mathias Berthelot en fut la plus belle illustration 9. Son activité portait sur trois points : l’organisation et le déploiement des grandes unités roumaines dans les campagnes des années 1916 et 1917, l’activité de réorganisation de l’hiver 1917 et les rapports de commandement russo-roumains. Dès leur arrivée et selon l’ordre de jour n° 11 du 7/20 octobre 1916, signé par le roi Ferdinand, les officiers français entraient au Grand Quartier général et au Grand État-Major roumain comme conseillers ou devenaient instructeurs aux armées 10 où ils devaient « diffuser dans les régiments d’infanterie et d’artillerie les techniques de la lutte moderne » 11. Quant au général Berthelot, le Premier ministre Ion I. C. Brătianu lui avait proposé de prendre le commandement du Grand État-Major roumain, mais il avait décliné l’offre, préférant conserver son statut de conseiller 12.

* 13 Dabija (général G.-A.), Armata Română în războiul mondial (1916-1918), vol. 3, Editura I.G. Hertz,(...)

13Le début de l’activité de la mission militaire française en Roumanie coïncidait avec une aggravation de la situation militaire sur le front roumain. Les troupes des Empires centraux avaient réussi à percer la barrière des Carpates méridionales d’abord au Jiu et puis dans la vallée de l’Olt. Simultanément, un groupement de forces allemandes et bulgares conduit par le général August von Mackensen avait passé le Danube à Zimnicea. Trois groupements ennemis avançaient ainsi vers l’est, la cible principale étant la capitale du pays. Face à cette situation, le général Berthelot se prononça en faveur d’une bataille d’ampleur dans la plaine roumaine afin de défendre Bucarest et, éventuellement, d’inverser le sort de la guerre. Dans un mémoire présenté au roi Ferdinand le 9/23 novembre 1916, le général Berthelot, estimait qu’il était préférable d’engager une opération d’envergure au lieu d’abandonner délibérément la « riche » Munténie. De plus, l’abandon de la capitale sans lutte aurait risqué de démoraliser l’armée et la population. L’intervention de Berthelot fut décisive dans l’organisation de la bataille de la plaine roumaine13.

* 14 Genéral Henri Berthelot and Romania, Mémoires et Correspondance,1916-1919, East European Monographs(...)

14L’opération sur le Neajlov-Argeş, qui a marqué l’historiographie de la défense de Bucarest, s’est déroulée entre la fin novembre et le début décembre 1916. Elle est considérée comme une réplique de la bataille de la Marne (septembre 1914), à laquelle avait pris part le général Berthelot. Cependant, malgré une manœuvre ingénieuse, les conditions stratégiques défavorables dans lesquelles a été engagée la bataille, le refus d’intervention russe et certaines erreurs du commandement roumain, ont provoqué son échec. L’armée roumaine s’est retirée sur des alignements successifs et le front s’est stabilisé à la fin de l’année 1916 sur une ligne des Carpates orientales Siret inférieur – Danube, c’est-à-dire là où le général Alexeev avait prononcé son discours à l’occasion de sa première rencontre avec le général Berthelot 14.

* 15 Kiriţescu (Constantin), op.cit., vol. 2, p. 20.
* 16 Alexandru (lieutenant-colonel Ioaniţoiu), Războiul României, tome 2, Tipografia geniului, Bucureşti(...)
* 17 Archives militaires roumaines, fonds microfilms, bobine P.II 5 224, cadres 26-36.
* 18 Ibidem, bobine P.II 1 2518, cadres 1-187.

15La réorganisation de l’armée roumaine, qui eut lieu au début de l’année 1917, constitua une étape essentielle dans l’activité de la mission. Mission qui, conformément à ce qu’écrivit Constantin Kiriţescu, « a inscrit pour l’éternité la France dans le livre de la reconnaissance de notre peuple » 15. En février 1917, un grand nombre d’officiers et de techniciens de toutes les armes et de toutes les spécialités vinrent compléter son effectif : aviation, marine, service de santé, qui atteignit près de 1600 hommes, dont 430 officiers 16. Ces derniers furent repartis dans tous les commandements – Grand Quartier général, armées, corps d’armée, divisions, etc. De même, tous les régiments d’infanterie et d’artillerie et toutes les écoles possédèrent leurs professeurs ou instructeurs français 17. Le général Berthelot, avec son état-major, collabora directement avec le Grand Quartier général dans l’organisation de l’instruction et du ravitaillement de l’armée roumaine, dans l’élaboration des programmes de formation des cadres et des plans d’opérations 18. L’instruction fut complexe, joignant l’aspect théorique à l’aspect pratique (connaissance et maniement de l’armement dotant les grandes unités). En dépit des difficultés de toutes sortes (typhus exanthématique, problèmes rencontrés avec les Russes), la formation se déroula dans de bonnes conditions, comme le prouvaient les centaines de rapports envoyés par les officiers français à l’état-major de la mission et à son chef et où ils soulignaient les progrès remarquables des unités roumaines.

* 19 Apud, Istoria militară a poporului român, vol. 5, Editura Militară, Bucureşti, 1988, p. 529.

16Le soutien accordé au processus de réorganisation répondait aussi aux intérêts français visant le renforcement du front oriental. Dans un rapport du général Berthelot daté du 8/21 juin 1917, on pouvait d’ailleurs lire que « tout l’effort entrepris en faveur de l’armée roumaine (...) est le meilleur support que l’on peut donner à tout le front oriental » 19.

* 20 Ibidem, bobine P.II 1 2517, cadre 350.

17Une fois finalisé le processus de réorganisation de l’armée, le général Berthelot sollicita le général Constantin Prezan, chef du Grand Quartier général Roumain, afin d’obtenir l’extension des compétences des officiers français attachés aux corps de troupe et affectés à la préparation des plans d’opérations. Le gouvernement roumain accepta. 20 C’est ainsi que le chef de la mission et d’autres officiers de son état-major contribuèrent à l’élaboration du plan de campagne du commandement roumano-russe pour l’été 1917. Après plusieurs discussions, la décision d’engager la Ire armée roumaine en direction de Nămoloasa-Râmnicu Sărat, en même temps qu’une offensive secondaire de la IIe armée dans le secteur de Mărăşti, fut prise.

* 21 Ibidem, bobine P.II 1 2500, cadres 653-658.

18Au cours de l’été 1917, toute la mission française se préoccupa de l’évolution des opérations de Mărăşeşti, Mărăşti et Oituz, le général Berthelot intervenant régulièrement pour combler certaines déficiences roumaines. Dans une lettre adressée, le 18 août 1917, au général Constantin Prezan, il précisait que la tendance à mettre toutes les troupes en ligne qu’au niveau des armées, en négligeant la constitution de certaines réserves fortes, persistait. De même, la désorganisation tactique des grandes unités perdurait, procédé qui avait provoqué les échecs de la campagne de 1916. En outre, Berthelot s’élevait contre l’utilisation des régiments de marche dans la lutte, en raison des pertes inutiles que cela générait : « envoyer les braves soldats à la mort, sans aucun bénéfice pour l’évolution des opérations » 21.

* 22 Ibidem, fonds Grand Quartier général, section opérations, dossier n° 3/1917, f.15.
* 23 Voir aussi : Bantea (Eugen), « Misiunea Militară Franceză în România şi încetarea temporară a ostil(...)
* 24 Iordache (Anastasie), Ion I. C. Brătianu, Editura Albatros, Bucureşti, 1999, p. 363-371.
* 25 Kiriţescu (Apud Constantin), op. cit., p. 315.

19Le coup d’État bolchevique de Petrograd, ayant changé brusquement la situation sur tout le front oriental, donna une nouvelle dimension aux relations bilatérales. Afin de ne pas aggraver la situation de la France, le général Berthelot demanda expressément au gouvernement roumain de ne pas conclure l’armistice avec les Empires centraux 22. Selon l’opinion des alliés occidentaux, la signature de l’armistice par la Roumanie aurait permis au haut commandement allemand de retirer ses forces du front roumain et de les déplacer en France afin d’y obtenir la décision finale. Dans ce contexte, la mission militaire française élabora un plan de résistance visant à engager les troupes roumaines en Moldavie, dans un espace restreint, jusqu’à épuisement, avant de se retirer en Ukraine. Parallèlement, les occidentaux nourrissaient l’espoir de voir se former un État ukrainien qui se rallierait à l’Entente, espoir rapidement déçu 23. Ce plan, connu aussi sous le nom de « triangle de la mort », approuvé initialement par certains membres du gouvernement roumain, parmi lesquels Take Ionescu, Mihail Cantacuzino, Dimitrie Greceanu, se heurta à l’opposition énergique du Premier ministre roumain 24, qui affirmait : « La conscience ne me permet pas de donner à l’armée l’ordre de se battre et nous, le roi et le gouvernement, de nous enfuir. » 25 Refusant la solution de la résistance totale, équivalant pratiquement à un suicide, la Roumanie conclut l’armistice de Focşani le 26 novembre/9 décembre 1917.

* 26 Général Henri Berthelot and Romania..., p. 8.

20Le travail de la mission militaire française auprès de l’armée roumaine eut des répercussions sur les rapports franco-russes et, par là même, sur les rapports roumano-russes. L’arrivée des officiers français en Roumanie indisposa la Stavka (Grand Quartier général russe), comme put le percevoir le général Berthelot dès son accueil par le général Alexeev, à Moghilev 26. En conséquence, la Russie envoya le général Mikhaï Alexandrevitchi Beleav, un personnage de haut rang, ancien chef de l’état-major impérial, à Bucarest afin de diminuer l’influence française. Toutefois, le gouvernement de Petrograd ne se limita pas à de telles mesures et obtint de Paris que le général Berthelot fût rappelé. L’instabilité politique en Russie et le déclenchement des grandes opérations pour l’été 1917 sur le front roumain annulèrent finalement cette décision.

21L’activité de la mission militaire française auprès de l’armée russe en fonction des besoins de l’armée roumaine se développa dans trois directions : interventions auprès du commandement russe pour la consolidation de la coopération sur le champ de bataille ; transit de matériel en provenance d’Angleterre et de France vers la Roumanie via la Russie ; établissement d’une zone de « réorganisation » de l’armée roumaine au début l’année 1917.

* 27 Dabija (Général G. A.), op. cit., p. 447.
* 28 Ibidem, fond Microfilmes, bobine P. 12517, cadre 350.
* 29 Général Henri Berthelot and Romania..., p. 43-44, 47-50, Archives militaires roumaines, fonds micro(...)

22À l’automne 1916, la Stavka considéra que le front roumain présentait de grands désavantages et que la seule ligne défendable était celle du Siret inférieur, généralement appelé « La Porte de Focşani ». D’où l’inactivité non feinte des troupes russes dans la campagne de 1916, inquiétant et mécontentant les officiers français qui avaient sollicité plusieurs fois leur intervention. La bataille de Bucarest illustre bien le refus d’intervenir du commandement russe, bien qu’il eût la possibilité d’utiliser ses grandes unités dans la bataille 27. La situation se répéta, sur un autre plan, à l’été 1917, lorsque les troupes russes refusèrent de combattre en raison de l’état de désagrégation du pouvoir impérial 28. Et afin d’obtenir le concours russe, le général Berthelot s’était déplacé en personne en Russie, abordant les questions relatives à l’équipement de l’armée roumaine au plus haut niveau 29. Des officiers français basés à Iaţi avaient dû être envoyés en Russie pour tenter de localiser les trains de matériel immobilisés et de les diriger vers la Roumanie.

* 30 Général Henri Berthelot and Romania ..., p. 39.
* 31 Ibidem, p. 43.

23Après la fin de la campagne de 1916 et la retraite de l’armée, du gouvernement, du parlement et du roi à Iaţi, les autorités russes firent pression en vue de la réorganisation des forces militaires roumaines en Russie. Craignant les conséquences d’une telle réorganisation, le gouvernement roumain s’opposa à cette proposition. Grâce au travail du général Berthelot, qui s’était éloigné de la position du gouvernement français – favorable à cette réorganisation –, l’affaire put être réglée de manière positive et conformément aux intérêts de la Roumanie. Le 9 janvier 1917, Berthelot écrivait dans son journal : « Le Roi, le gouvernement, l’armée, doivent rester sur le sol roumain et ne peuvent pas aller s’installer en Russie. Il est certain qu’ils y seraient prisonniers de la politique russe et cette politique ne m’inspire aucune confiance. » 30 Cette position aurait dû être appréciée, d’autant plus que le général Constantin Prezan, chef du Grand Quartier général avait été favorable au repli de l’armée roumaine en Russie, au moins dans un premier temps. Bien sûr, les positions du général Berthelot n’étaient pas au goût des autorités russes. Le 22 janvier 1917, au cours d’un entretien avec le général français, le général Gurko, qui avait remplacé le général Alexeev, lui confia qu’il était « plus roumain que les Roumains » 31. Formule qui restera dans l’historiographie.

24La mission française quitta la Roumanie début mars 1918 : au moment où les préliminaires de la paix de Buftea furent signés. L’activité des militaires français s’était circonscrite généralement à la mission d’organisation qui leur avait été attribuée sans qu’il fût question de subordonner l’armée roumaine à l’armée française. La présence de la mission militaire française sur le territoire roumain illustrait l’intégration de la Roumanie à l’Entente.

* 32 Brătianu (Ion I.C.), Discursuri, vol. 4, Bucureşti, 1923, p. 432-433.
* 33 Voir aussi : Georgescu (Maria), România, Franţa şi securitatea europeană în anii ’20, Editura Milit(...)

25Les militaires français avaient lutté aux côtés des soldats et des officiers roumains : les pertes françaises avaient véritablement cimenté la coopération. Le 26 mars 1917 à Iaţi, aux funérailles de cinq membres de la mission, le Premier ministre roumain, Ion I. C. Brătianu déclarait: « La victoire que nous allons arracher ensemble va consacrer pour le futur les rapports qui nous unissent à la France par tant de grands et chers souvenirs, mais les souffrances et les épreuves au long desquelles cette victoire sera gagnée donnent à ces rapports toute leur valeur et créent entre nous et le peuple français une solidarité fraternelle que les générations futures se laisseront en héritage. » 32 Après la Première Guerre mondiale et durant toute la période de l’entre-deux-guerres, la France fut le principal allié de la Roumanie, même si les deux pays n’étaient pas arrivés à la conclusion d’une convention militaire 33.

26La coopération exceptionnelle entre l’armée roumaine et l’armée française dans les années 1916-1918 amena le ministère de la Guerre roumain et le Grand État-Major à adopter officiellement la doctrine française (17 mai 1924). Sur cette base, tous les textes d’instruction furent modifiés selon les textes règlementaires français. Le « règlement de combat des grandes unités » constitua la base de l’instruction des forces militaires roumaines jusqu’au déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale.

* 34 Ţenescu (Florea), Cunoştinţe generale asupra războiului şi studiului lui, tome 1, Bucureşti, 1921,(...)
* 35 Cartea Aminitirilor Absolvenţilor ; o sută de promoţie, édition commentée par Mircea Agapie, Aurel(...)
* 36 Sandovici (Constantin), Studii critice. Probleme social-militare române şi străine, tome 2, Institu(...)

27Néanmoins, l’adoption de la doctrine militaire française généra des réactions contradictoires dans le corps des officiers. Le général Florea Ţenescu, chef du Grand État-Major de l’armée dans les années 1939-1940, estimait que dans une future guerre « la doctrine française serait la plus répandue ». 34 D’autres théoriciens militaires, dont Ion Cernăianu, se prononcèrent pour l’adoption de la doctrine française, en raison de sa supériorité à la doctrine allemande lors de la Première Guerre mondiale. Mais nombreux furent ceux qui, dans les années 1930, optèrent pour la création d’une doctrine militaire nationale. Selon l’un d’eux, la doctrine française « était dominée par la guerre d’usure que nous n’avions pas pratiquée et qui n’était pas conforme à notre esprit » 35. Parmi ceux qui militèrent avec persévérance pour une doctrine militaire nationale, on peut mentionner les généraux Constantin N. Hârjeu, Ion Jitianu, Ioan Sichitiu, Alexandru Ioaniţiu, le colonel Constantin Sandovici, le lieutenant-colonel Mircea Tomescu. Le colonel Constantin Sandovici, par exemple, soulignait que : « Nous ne pourrons bientôt plus mettre le poivre de la doctrine française dans tous nos plats » 36. Il exigeait que l’instruction de l’armée roumaine et ses plans d’opérations fussent adaptés aux réalités roumaines et aux progrès techniques et tactiques apparus sur le plan international.

* 37 Agapie (général lieutenant Mircea), Chiriac (maior Constantin), Hlihor (maior Constantin), Emil (ma(...)
* 38 Petre (Otu), « La Roumanie militaire : Entre la nécessité de l’originalité et les contraintes du mo(...)

28Malgré ces discussions et les efforts de quelques théoriciens militaires, il ne fut pas possible de créer une doctrine militaire proprement roumaine. L’instruction de la troupe et la formation des corps de commandement étaient basées sur les prescriptions de la doctrine française. Celle-ci s’était propagée dans l’armée roumaine grâce à la formation des officiers roumains au sein des écoles militaires françaises. En comparaison avec la période précédant la Première Guerre mondiale, c’était un changement important puisque le perfectionnement de la formation des officiers roumains avait cessé de se faire en Allemagne. Entre 1919 et 1939, 57 officiers suivirent les cours d’état-major à l’École supérieure de guerre de Paris 37. Un plus petit nombre étudia en Italie. Le contact avec les idées de ces pays et particulièrement de la France, leur avait été bénéfique. Beaucoup élaborèrent ensuite des études précieuses ou traduisirent des livres. Mais cette orientation fut un handicap pour la pensée militaire roumaine, qui eut certaines difficultés à poursuivre le développement des débats théoriques sur le plan international 38.

* 39 Istoria militară a poporului român, vol VI, Evoluţia sistemului militar naţional în anii 1919-1944,(...)

29Pendant l’entre-deux-guerres, la France fut l’un des principaux fournisseurs de la Roumaine en armement et matériel de guerre. Les commandes portèrent sur l’achat de 160 canons longs (calibre 105 mm), 160 canons antichars (calibre 47 mm), avec les munitions afférentes (Schneider), 200 chars modèle 1935 de la firme Renault, du matériel d’aviation, des moyens de transport etc, 39. Au cours de la même période, la Roumanie réussit néanmoins à créer sa propre industrie de défense, capable de produire une partie de l’armement, des munitions et du matériel de guerre.

30En conclusion, l’influence de la doctrine militaire française en Roumanie pour la période 1878-1940 ne fut pas continue. Dans les décennies qui suivirent la fin de la guerre d’indépendance roumaine, la France perdit beaucoup de son influence. Puis, entre 1910 et 1914, les rapports militaires entre les deux pays évoluèrent pour aboutir – notamment – à l’entrée en guerre de la Roumanie aux côtés de l’Entente. La coopération connut alors son niveau le plus élevé avec la présence de la mission militaire française, conduite par le général Henri Mathias Berthelot, sur le sol roumain. Durant l’entre-deux-guerres, l’influence de la doctrine militaire française prédomina en dépit de la sclérose du débat doctrinal français. Certains cadres militaires roumains tentèrent d’édifier une doctrine militaire sans, cependant, obtenir de résultats.

31Historiquement, la France a toujours été pour la Roumanie un repère important du point de vue militaire. Sa contribution à la modernisation de l’armée roumaine, à l’accroissement du niveau de formation du corps des officiers, à l’équipement en matériel de guerre, a été essentielle.
Notes

1 Ionescu (général commandant (r) dr. Mihail E.), « Construcţia militară românească. Temeiuri naţionale şi înrâuriri străine (1821-1947) », Revista de Istorie Militară, n° 1-2, 2006, p. 15.

2 Vesa (Apud Vasile), România şi Franţa la începutul secolului al XX-lea 1900-1916. Pagini de istorie diplomatică, Editura Dacia, Cluj-Napoca, 1975, p. 10.

3 Voir : Georgescu (Maria), Cadeţi români la Saint-Cyr (Cadets roumains à Saint-Cyr), Editura Militară, Bucureşti, 2002.

4 Rosetti (général Radu R.), Mărturisiri, tome 1, Colecţia « Convorbiri literare », Bucureşti, 1940, p. 145.

5 Rudeanu (général Vasile), Memorii în timpuri de pace şi de război. 1884-1925, Editura Cavallioti, Bucureşti, 2005, p. 42-44.

6 Mamina (Ion), Consilii de coroană, Editura Enciclopedică, Bucureşti, 1997, p. 57-101.

7 Pour cette mission, voir : Rudeanu (Vasile), op.cit., p. 55-210.

8 Le traité politique et la convention militaire dans România în Războiul Mondial 1916-1919, tome 1 (documents et annexes), Monitorul oficial şi Imprimeriile Statului, Imprimeria Naţională, Bucureşti, 1934, p. 5-14.

9 Pour l’activité de cette mission, voir : General Henri Mathias Berthelot and Romania, Mémoires et Correspondance, 1916-1919, edited, with a biographical introduction by Glenn E. Tarrey, East European Monographs Boulder, New York, 1987 ; Général H. M. Berthelot 80 ans après la mission française en Roumanie, 15-16 octobre 1996, Editura Universităţii din Bucureşti, 1996 ; Rosetti (général Radu R.), Mărturisiri (1914-1919), édition commentée par Maria Georgescu, Editura Modelism, Bucureşti, 1997 ; Grandhomne (Jean-Noël), Le général Berthelot et l’action de la France en Roumanie et en Russie méridionale (1914-1919), Vincennes, SHAT,1999.

10 Archives militaires roumaines, fonds microfilms, bobine P.II 1 623, cadres 625, 626 ; bobine P.II 12441, cadre 21.

11 Ibidem, bobine P. III 1 623, cadre 625.

12 Kiriţescu (Constantin), Istoria războiului pentru întregirea României (1916-1919), tome 1, Editura Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucureşti, 1989, p. 392.

13 Dabija (général G.-A.), Armata Română în războiul mondial (1916-1918), vol. 3, Editura I.G. Hertz, Bucureşti, f.a., p. 426-427.

14 Genéral Henri Berthelot and Romania, Mémoires et Correspondance,1916-1919, East European Monographs, Boulder, New York, 1987, p. 5.

15 Kiriţescu (Constantin), op.cit., vol. 2, p. 20.

16 Alexandru (lieutenant-colonel Ioaniţoiu), Războiul României, tome 2, Tipografia geniului, Bucureşti, p. 286.

17 Archives militaires roumaines, fonds microfilms, bobine P.II 5 224, cadres 26-36.

18 Ibidem, bobine P.II 1 2518, cadres 1-187.

19 Apud, Istoria militară a poporului român, vol. 5, Editura Militară, Bucureşti, 1988, p. 529.

20 Ibidem, bobine P.II 1 2517, cadre 350.

21 Ibidem, bobine P.II 1 2500, cadres 653-658.

22 Ibidem, fonds Grand Quartier général, section opérations, dossier n° 3/1917, f.15.

23 Voir aussi : Bantea (Eugen), « Misiunea Militară Franceză în România şi încetarea temporară a ostilităţilor pe frontul român », Anuarul Institutului de Istorie şi Arheologie « A.D. Xenopol », 1988.

24 Iordache (Anastasie), Ion I. C. Brătianu, Editura Albatros, Bucureşti, 1999, p. 363-371.

25 Kiriţescu (Apud Constantin), op. cit., p. 315.

26 Général Henri Berthelot and Romania..., p. 8.

27 Dabija (Général G. A.), op. cit., p. 447.

28 Ibidem, fond Microfilmes, bobine P. 12517, cadre 350.

29 Général Henri Berthelot and Romania..., p. 43-44, 47-50, Archives militaires roumaines, fonds microfilms, bobine P.II 1 18 cadres 184-187.

30 Général Henri Berthelot and Romania ..., p. 39.

31 Ibidem, p. 43.

32 Brătianu (Ion I.C.), Discursuri, vol. 4, Bucureşti, 1923, p. 432-433.

33 Voir aussi : Georgescu (Maria), România, Franţa şi securitatea europeană în anii ’20, Editura Militară, Bucureşti, 2004 ; Georgescu (Maria), Midan (Christophe), Les attachés militaires français en Roumanie et roumains en France (1860-1940), éditions militaires, Bucarest, 2003, p. 26-44 et 57-60.

34 Ţenescu (Florea), Cunoştinţe generale asupra războiului şi studiului lui, tome 1, Bucureşti, 1921, p. 71.

35 Cartea Aminitirilor Absolvenţilor ; o sută de promoţie, édition commentée par Mircea Agapie, Aurel Pentelescu, Ion Emil, Editura Academiei de Înalte Studii Militare, Bucureşti, 1994, p. 79.

36 Sandovici (Constantin), Studii critice. Probleme social-militare române şi străine, tome 2, Institutul de arte grafice « Vremea », Bucureşti, f.a. p. 79.

37 Agapie (général lieutenant Mircea), Chiriac (maior Constantin), Hlihor (maior Constantin), Emil (maior Ion), De la Şcoala Superioară de Război la Academia de Înalte Studii Militare; comandanţi, profesori, absolvenţi (1889-1999), Editura Academiei de Înalte Studii Militare, Bucureşti, 1999, p. 19-21.

38 Petre (Otu), « La Roumanie militaire : Entre la nécessité de l’originalité et les contraintes du modèle, 1921-1939 », Revue internationale d’histoire militaire, édition franco-roumaine, n° 83, Vincennes, 2003, p. 45-58.

39 Istoria militară a poporului român, vol VI, Evoluţia sistemului militar naţional în anii 1919-1944, Editura Militară, Bucureşti, 1989, p. 165-172 ; 219-228.
Pour citer cet article
Référence électronique

Petre Otu, « L’influence de la doctrine militaire française sur l’évolution de l’armée roumaine (1878-1940) » Revue historique des armées, 244 | 2006, [En ligne], mis en ligne le 24 novembre 2008. URL : http://rha.revues.org//index5862.html. Consulté le 13 mai 2010.
Auteur
Petre Otu

Docteur en histoire, il est directeur adjoint de l’Institut d’études politiques de défenses et d’histoire militaire et président de la Commission roumaine d’histoire militaire. Petre Otu est l’auteur de communications scientifiques et d’articles, de manuels militaires et universitaires.
Droits d'auteur

© Revue historique des armées

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