miercuri, 19 mai 2010

Alexandre Douguine: Le Fascisme immense et rouge

Vă rog să citiți acest text selectat de mine, în speranța că vă poate interesa.Cu prietenie, Dan Culcer

Dimanche, 30 Avril 2006

Le Fascisme immense et rouge
Alexandre Douguine
Théoriciens :: Douguine
Le Fascisme immense et rouge
Аu XXe siècle il y a seulement trois formes idéologiques qui ont pu prouver la réalité des principes en matière de réalisation politico-étatique : le libéralisme, le communisme et le fascisme.

Même si on le voulait, il serait impossible de nommer un autre modèle de société qui ne serait pas une des formes de ces idéologies et qui existerait simultanément dans la réalité. Il y a des pays libéraux, des communistes et des fascistes (nationalistes). Les autres sont absents. Et ne peuvent pas exister.

En Russie nous avons passé deux étapes idéologiques – la communiste et la libérale.

Il y a un fascisme.
1. CONTRE LE NATIONAL-CAPITALISME

Une des versions du fascisme, que, semble-t-il, la société russe est déjà prête à accepter aujourd’hui (ou c’est presque fait) est le national-capitalisme.

Il n’y a presque aucun doute que le projet du national-capitalisme ou du « fascisme de droite » est l’initiative idéologique de cette partie de l’élite de la société qui est préoccupée sérieusement par le problème du pouvoir et qui sent nettement l’esprit du temps.

Cependant la version « nationale-capitaliste », de « droite », du fascisme n’épuise pas du tout l’essence de cette idéologie. De plus, l’union de la « bourgeoisie nationale » et des « intellectuels » sur laquelle, selon certains analystes, se fondera le futur fascisme russe, représente un exemple brillant d’une approche tout à fait étrangère au fascisme, à la fois comme conception du monde, comme doctrine et comme style. La « domination du capital national » est la définition marxiste du phénomène fasciste. Elle ne prend pas du tout en considération la base philosophique spécifique de l’idéologie fasciste, ignore consciemment le pathos de base, radical, du fascisme.

Le fascisme est un nationalisme, mais pas n’importe quel nationalisme, un nationalisme révolutionnaire, rebelle, romantique, idéaliste, faisant appel à un grand mythe et à l’idée transcendante aspirant à réaliser dans la réalité le Rêve Impossible, accoucher de la société du héros et du Surhomme, transformer et transfigurer le monde. Au niveau économique, pour le fascisme, les méthodes socialistes ou socialistes modérées, qui soumettent les intérêts économiques personnels, individuels, aux principes du bien de la nation, de la justice, sont caractéristiques, plutôt que la fraternité. Et enfin, le regard fasciste sur la culture correspond au refus radical de l’humanisme, de la mentalité « trop humaine », c’est-à-dire de ce qui fait l’essence des « intellectuels ». Le fasciste déteste l’espèce intellectuelle. Il y voit un bourgeois masqué, un bourgeois prétentieux, un bavard et un froussard irresponsable. Le fasciste aime simultanément le féroce, le surhumain et l’angélique. Il aime le froid et la tragédie, il n’aime pas la chaleur et le confort. En d’autres mots, le fascisme aime tout ce qui fait l’essence du « national-capitalisme ». Il lutte pour la « domination de l’idéalisme national » (et non du « capital national »), et contre la bourgeoisie et les intellectuels (et pas pour celle-ci et pas avec ceux-ci). La phrase célèbre de Mussolini définit exactement le pathos fasciste : « Debout, Italie fasciste et prolétarienne ! »

« Fasciste et prolétarien », telle est l’orientation du fascisme. Ouvrier, héroïque, combatif et créateur, idéaliste et futuriste, une idéologie n’ayant rien à voir avec la garantie du confort supplémentaire d’Etat pour les marchands (même s’ils sont mille fois nationaux) et des sinécures pour les intellectuels parasites sociaux. Les figures centrales de l’Etat fasciste, du mythe fasciste sont le paysan, l’ouvrier, le soldat. Au dessus, comme symbole supérieur de la lutte tragique avec le destin, avec l’entropie spatiale – le chef divin, Duce, Führer, le Surhomme réalisant dans sa personne supra-individuelle (plus qu’individuelle, comme « surhomme ») la tension extrême de la volonté nationale vers l’exploit. Certes, quelque part à la périphérie, il y a aussi une place pour le citoyen boutiquier honnête et le professeur d’université. Ils arborent aussi les insignes du parti et se rendent à la fête du meeting. Mais dans la réalité fasciste leurs figures se flétrissent, ils sont perdus, reculent au fond. Ce n’est pas pour ceux-ci et pas par ceux-ci que se fait la révolution nationale.

Dans l’histoire, le fascisme pur et idéal n’a pas reçu de réalisation directe. Dans la pratique, les problèmes essentiels de l’arrivée au pouvoir et de la mise en ordre économique obligèrent les leaders fascistes – Mussolini, et Hitler, et Franco, et Salazar – à faire alliance avec les conservateurs, le national-capitalisme des grands propriétaires et des chefs des consortiums. Mais ce compromis finit toujours lamentablement pour les régimes fascistes. L’anticommunisme fanatique de Hitler, capitalisme germanique réchauffé, coûta à l’Allemagne la défaite dans la guerre contre l’URSS, et croyant à l’honnêteté du roi (porte-parole des intérêts de la grande bourgeoisie) Mussolini fut livré en 1943 par les renégats Badoglio et Ciano, jetant le Duce en prison et ainsi dans les bras ouverts des Américains.

Franco réussit à se maintenir le plus longtemps, et encore au prix de concessions à l’Angleterre libérale capitaliste et aux USA et au prix du refus du soutien aux régimes idéologiques apparentés des pays de l’Axe. En outre Franco n’était pas un vrai fasciste. Le national-capitalisme est un virus intérieur du fascisme, son ennemi, le gage de sa dégénérescence et de sa destruction. Le national-capitalisme n’est aucunement une caractéristique essentielle du fascisme, étant au contraire un élément accidentel et contradictoire dans sa structure intérieure.

Donc, et dans notre cas, celui du national-capitalisme russe en développement, la discussion porte non pas sur le fascisme, mais sur la tentative de défigurer d’avance ce qu’on ne peut pas éviter. On peut qualifier un tel pseudo-fascisme de « préventif », d’« anticipatif ». Il se dépêche de se déclarer avant que naisse et se renforce sérieusement en Russie le fascisme, le fascisme original, réel, le fascisme radicalement révolutionnaire à venir. Les nationaux-capitalistes sont d’anciens chefs de parti habitués à dominer et à humilier le peuple, devenus ensuite des « libéraux-démocrates » par conformisme, mais à présent que cette étape est finie ils commencent aussi à s’affilier avec zèle aux groupes nationaux.

Les partitocraties, avec les intellectuels serviables, ayant transformé en farce la démocratie, se sont probablement réunis pour souiller décisivement et empoisonner le nationalisme naissant dans la société. L’essence du fascisme : une nouvelle hiérarchie, une nouvelle aristocratie. La nouveauté consiste en ce que la hiérarchie est construite sur des principes clairs, naturels, organiques : l’avantage, l’honneur, le courage, l’héroïsme. L’ancienne hiérarchie, qui aspire à se maintenir aujourd’hui dans l’ère du nationalisme, comme autrefois, est fondée sur des facultés conformistes : la « flexibilité », la « prudence », le « goût des intrigues », la « flagornerie », etc. Le conflit évident entre deux styles, deux types humains, deux systèmes de valeurs, est inévitable.

2. SOCIALISME RUSSE

Il est tout à fait inapproprié d’appeler le fascisme une idéologie d’« extrême droite ». Ce phénomène est caractérisé beaucoup plus exactement par la formule paradoxale de « Révolution Conservatrice ». Cette combinaison de l’orientation culturelle-politique de « droite » – le traditionalisme, la fidélité au sol, les racines, l’éthique nationale – avec le programme économique de « gauche » – la justice sociale, la restriction de l’élément de marché, la libération de « l’esclavage du pourcentage », l’interdiction des trafics boursiers, des monopoles et des trusts, la primauté du travail honnête. Par analogie avec le national-socialisme, qui s’appelait souvent simplement « socialisme allemand », on peut parler du fascisme russe comme d’un « socialisme russe ». La spécification ethnique du terme « socialisme » dans le contexte donné a un sens particulier. La discussion porte sur la formulation initiale de la doctrine sociale et économique, non sur la base de dogmes abstraits et de lois rationalistes, mais sur la base de principes concrets, spirituels, moraux et culturels, qui ont formé organiquement la nation comme telle. Le Socialisme Russe – ce n’est pas les Russes pour le socialisme, mais le socialisme pour les Russes. А la différence des dogmes marxistes-léninistes rigides, le socialisme national russe vient de cette compréhension de la justice sociale qui est caractéristique de notre nation, de notre tradition historique, de notre éthique économique. Un tel socialisme sera plus paysan que prolétarien, plus communal et coopératif qu’étatique, plus régionaliste que centraliste – ce sont les exigences de la spécificité nationale russe, qui se reflétera dans la doctrine, et pas seulement dans la pratique.

3. L’HOMME NOUVEAU

Ce socialisme russe doit être construit par un homme nouveau, « un nouveau type d’homme, une nouvelle classe ». La classe des héros et des révolutionnaires. Les débris de la nomenklatura du parti et leur régime usé doivent périr comme victimes de la révolution socialiste. De la révolution nationale russe. Les Russes se sont lassés de la fraîcheur, de la modernité, du romantisme authentique, de la participation vivante à une grande affaire. Tout ce qui leur est proposé aujourd’hui est ou bien archaïque (les nationaux-patriotes), ou bien ennuyeux et cynique (les libéraux).

La danse et l’attaque, la mode et l’agression, l’excès et la discipline, la volonté et le geste, le fanatisme et l’ironie commenceront à bouillir chez les révolutionnaires nationaux – jeunes, méchants, gais, intrépides, passionnés et ne connaissant pas de frontières. Pour eux – construire et détruire, gouverner et exécuter les ordres, réaliser le nettoyage des ennemis de la nation et se soucier tendrement des vieillards et des enfants russes. D’un pas furieux et allègre, ils s’approcheront de la citadelle usée, le Système pourrissant. Oui, ils ont soif du Pouvoir. Ils savent ordonner. Ils insuffleront la Vie dans la société, ils précipiteront le peuple dans le processus voluptueux de la création de l’Histoire. Des hommes nouveaux. Enfin sages et courageux. Comme il le faut. Percevant le monde extérieur comme un défi (selon l’expression de Golovin).

Devant la mort, l’écrivain fasciste français Rоbert Brasillach prononça une prophétie étrange : « Je vois qu’à l’Est, en Russie, le fascisme remonte, le fascisme immense et rouge ».

Remarquez : non pas le national-capitalisme fané, marron-rose, mais l’aube éblouissante de la nouvelle Révolution russe, le fascisme immense, comme nos terres, et rouge, comme notre sang.

notes
Extrait du livre d’Alexandre Douguine : Tampliery Proletariata [Les templiers du prolétariat], Moscou 1997.

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