duminică, 6 decembrie 2009

Trois banques israéliennes rendent une partie des fonds des victimes de la Shoah

Trois banques israéliennes rendent une partie des fonds des victimes de la
Shoah

LE MONDE |

Tel-Aviv Envoyé spécial

De guerre lasse, et en espérant que ce versement serait considéré comme
solde de tout compte, trois banques israéliennes ont versé, fin octobre, 25
millions de shekels (4,7 millions d'euros) à la Holocaust Victims Assets
Restitution Company, la société qui a été chargée par la loi israélienne de
retrouver les biens des victimes de la Shoah et de les restituer à leurs
bénéficiaires. Pour Zvi Kanor, le président de cette société créée en août
2006, ce remboursement représente une première victoire dans un long
processus.

Les banques israéliennes, rappelle-t-il, n'ont jamais entrepris la moindre
démarche pour retrouver les rescapés de la Shoah, ou leurs héritiers." Quant
à l'Etat israélien, ajoute-t-il, il avait en sa possession, dès sa création
en 1948, des dossiers sur les biens spoliés pendant la Shoah, et sans doute
aussi les moyens de retrouver une partie des bénéficiaires. Or il n'a rien
dit, rien fait. Le double constat iconoclaste dressé par Zvi Kanor remue
beaucoup de souvenirs, et de mauvaise conscience.
Sur le même sujet
Les poursuites engagées par les autorités israéliennes contre les banques
suisses qui détenaient des avoirs juifs aboutiront à un règlement en juillet
1997. En Israël, il faudra cependant attendre le début de l'année 2000 et la
publication d'un livre du professeur Yossi Katz, de l'université Bar Ilan,
pour que commencent à être pointées du doigt les responsabilités de l'Etat
et des banques privées, qui détiennent les "biens de la Shoah".
En 2002, la Knesset, le Parlement israélien, crée une commission d'enquête,
présidée par Colette Avital. C'est de ses travaux que naîtra, à l'issue d'un
nouveau délai de quatre ans, la compagnie présidée par Zvi Kanor. Trois ans
plus tard, en novembre 2009, ce dernier ferraille toujours avec les banques
pour récupérer les centaines de millions de shekels qui ont fructifié
pendant plus de soixante ans sur des "comptes dormants".
Cinq institutions financières israéliennes détiennent toujours d'importants
avoirs (terres, immeubles, actions et comptes bancaires) appartenant aux
survivants de la "solution finale" ou à leurs descendants : les banques
Leumi, Hapoalim, Discount, Hamizrahi et Mercantile.
Ce sont les trois premières qui ont fait ce geste de 25 millions de shekels
(dont 20 millions pour la Leumi). Les deux autres établissements n'ont
encore admis aucune responsabilité : "Jusqu'à une date très récente, précise
Zvi Kanor, les banques ne voulaient pas nous parler, prétextant que nous
n'avions aucune preuve."
On comprend pourquoi : à la seule banque Leumi (ancienne Anglo Palestine
Company), la Compagnie pour la restitution des biens des victimes de
l'Holocauste réclame 350 millions de shekels, qui seraient disséminés sur
quelque 3 500 comptes bancaires. Nul ne sait avec exactitude le montant
total des biens spoliés, d'autant qu'il n'est pas encore question d'ouvrir
le dossier, ô combien sensible, des intérêts générés par ces avoirs,
lesquels se présentent aussi sous forme d'actions au capital desdites
institutions financières !
"Non seulement les banques n'ont rien fait pour retrouver les survivants ou
leurs héritiers, souligne Mme Avital, mais pendant des années, elles ont
opposé une fin de non-recevoir à ceux qui venaient les voir avec des
documents, des lettres, des carnets, de leur père ou grand-père, prouvant
leur droit de propriété. "
Aujourd'hui, une âpre bataille judiciaire se déroule entre les avocats des
banques et ceux de la société présidée par Zvi Kanor. Celle-ci a déjà
identifié quelque 740 millions de shekels d'avoirs divers revenant de droit
aux victimes de la Shoah et à leurs héritiers.
Plus de 200 millions de shekels ont déjà été versés aux plus démunis d'entre
eux, mais on est loin du compte. L'identification des survivants et de leurs
familles reste un défi majeur. Une campagne internationale de
sensibilisation, dans les journaux et les communautés juives à travers le
monde, va être lancée début décembre.
Par souci de couper court à une fâcheuse publicité, les banques pourraient
se résoudre à un règlement amiable. Il restera alors à l'Etat d'Israël à
expliquer pourquoi il a gardé un silence assourdissant pendant plus de
soixante ans sur les biens des survivants de l'Holocauste.
Laurent Zecchini
Article paru dans l'édition du 17.11.09

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es-victimes-de-la-shoah_1267715_3218.html

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