Vă rog să citiți acest text selectat de mine, în speranța că vă poate interesa. Cu prietenie, Dan Culcer
- La première réunion du G5 à Rambouillet (1975).
Le G7 vient de se réunir à Ise-Shima (Japon). Mais
alors que nous avons été abreuvés par les sommets précédents, celui-ci a
été à peine couvert par la presse internationale. C’est que cette
réunion a profondément changé d’objectif.
Dans le contexte du premier choc pétrolier, en 1974, cinq ministres
des Finances (Allemagne fédérale, France, Japon, Royaume-Uni, USA) se
réunirent sans ordre du jour à la bibliothèque de la Maison-Blanche,
juste pour échanger leurs points de vue. C’était le « Library Group ».
Sur ce modèle, les deux seuls survivants de ce groupe, Valéry Giscard
d’Estaing qui était devenu président de la République française et
Helmut Schmidt qui était devenu chancelier d’Allemagne fédérale, prirent
l’initiative d’inviter l’année suivante (1976), au château de
Rambouillet, les chefs d’État et de gouvernement des mêmes pays, plus
l’Italie, afin d’échanger leurs points de vue sur les grands sujets du
moment. À l’époque, les sommets internationaux étaient rares et
extrêmement formels. Le G6 tranchait par son absence de protocole, son
caractère simple, détendu et amical, dans une atmosphère de club privé.
Les discussions avaient lieu directement en anglais, sans traducteurs.
La réunion était annoncée au dernier moment. Il n’y avait pas d’ordre du
jour, ni de journalistes.
En 1977, on invita également le Premier ministre du Canada (G7), et à
partir de 1978 le président de la Commission européenne. En 1994, le
président russe fut invité et officiellement intégré en 1997 (G8). Les
Occidentaux étaient en effet persuadés qu’après l’effondrement de
l’URSS, la Russie était en train de les rejoindre de sorte qu’ils
allaient, ensemble, créer un monde unipolaire et le dominer. C’était
l’époque où se constituait une classe dirigeante transnationale à
l’ambition sans limite. Elle imaginait pouvoir balayer le droit
international et se substituer au Conseil de sécurité des Nations unies
afin de gouverner le monde sans contrôle.
En 2000, le G8 soutint la proposition de Paul Wolfowitz et de la
Banque mondiale d’annuler la dette des pays les plus pauvres. Il y avait
cependant une petite condition : ils devaient libéraliser totalement
leur économie, de sorte que les multinationales puissent les piller sans
restriction. Sur 62 pays concernés, seuls 9 États acceptèrent ce marché
de dupes. La prise de position du G8 souleva un mouvement mondial
anti-globalisation. Lors du sommet suivant, à Naples (2001), la
répression des manifestations fit un mort. Il fut alors décidé que
désormais ces sommets se tiendraient hors des grandes villes, sous une
importante protection policière et militaire. On pourrait y ourdir ce
que l’on souhaite à l’abri des regards.
Mais en 2013 les choses tournèrent au vinaigre : Vladimir Poutine
était de retour au Kremlin et les Occidentaux venaient de relancer la
guerre contre la Syrie malgré les engagements négociés par Kofi Annan et
confirmés par le Communiqué de Genève. Le sommet de Lough Erne se
transforma en affrontement à 1 contre 7. Il devait porter sur la lutte
contre les paradis fiscaux, mais la discussion fut accaparée par le
retournement occidental sur la Syrie. L’année suivante (2014), après le
coup d’État à Kiev, la division de l’Ukraine et l’adhésion de la Crimée à
la Fédération de Russie, l’Allemagne constata que la confiance entre
les participants était rompue et que la réunion ne pouvait pas se tenir
dans sa forme habituelle. Les Occidentaux décidèrent d’annuler en
catastrophe leur participation au sommet de Sotchi et se retrouvèrent
sans la Russie, à La Haye (Pays-Bas). Le G8 moins 1 redevenait le G7.
Il y a 42 ans, le sommet se concluait par une brève déclaration
indiquant les sujets économiques qui avaient été abordés et soulignant
la cohésion du bloc occidental. Rapidement, ces communiqués furent
allongés, pour rassurer les investisseurs internationaux qu’aucune
décision importante ne se prenait dans cette réunion secrète. À partir
de l’invitation de la Russie et de venue en nombre de journalistes, on
adjoint une déclaration politique visant à montrer que le monde
s’unifiait autour de Washington. Puis on commença à publier de longues
dissertations sur l’état du monde et la bonne volonté des puissants pour
l’améliorer. Mais, jamais, absolument jamais, aucune décision ne fut
prise par le G8. Tout au plus annonça-t-on des engagements que l’on
s’empressa d’oublier (comme éradiquer la faim dans le monde) ou
promulgua-t-on des Chartes que l’on s’empressa de violer (sur les
Sources ouvertes par exemple).
- À
partir de 2001, le G8, qui s’affiche comme un gouvernement mondial
parallèle aux Nations unies, devient en réalité une réunion de
concertation sans enjeux. Sur cette photographie, interdite de
publication dans plusieurs pays, on voit le président Dmitri Medvedev
ivre au sommet de 2011.
- © Réseau Voltaire
Ce qu’est devenu le G7
Sur les 9 membres officiels du G7, 2 ont une double voix : les
États-Unis peuvent compter sur le président de la Commission européenne,
le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, qui a dû démissionner de ses
fonctions de Premier ministre après que l’on eut révélé son appartenance
au Gladio (service secret de l’Otan). L’Allemagne, quant à elle,
s’appuie sur le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk,
dont la famille est liée depuis le début de la Guerre froide à celle des
Merkel.
Désormais, le G7 est une simple rencontre de formatage. Les
États-Unis et l’Allemagne indiquent des éléments de langage que leurs
vassaux sont priés d’adopter. Des milliers de journalistes assistent à
cette grande messe. En définitive, le sommet d’Ise-Shima a publié une
longue déclaration économico-politique et six documents annexes qui
reflètent le langage des élites US. Tout y est parfait en apparence tout
au moins, car une lecture approfondie —nos allons le voir— est au
contraire scandaleuse.
Dans l’introduction de leur déclaration, les membres du G7 soulignent leurs valeurs communes dont les quatre principales sont :
la liberté
la démocratie
l’état de droit
le respect des Droits de l’homme.
Puis, ils affirment leur capacité à garantir
la paix
la sécurité
et la prospérité du monde.
Enfin, ils désignent leur priorité :
la croissance économique globale.
Un petit enfant comprend sans difficulté que ces « grandes
personnes », en affirmant que leur priorité est la croissance économique
globale, se moquent des idéaux et des objectifs qu’ils affichent.
- Les 9 membres du G7.
La déclaration finale du G7
Je me bornerais ici à étudier les passages de la déclaration relatifs
à la politique internationale vue par ces 9 personnes qui aspirent à
être les plus puissantes au monde [
1].
C’est un catalogue des 18 principaux mensonges occidentaux actuels. Il
fournit une occasion de passer en revue les principaux sujets de
conflit.
La « lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent » [
2].
C’est désormais une chose malheureusement acquise dans les sommets
internationaux, le terrorisme, y affirme-t-on, serait le fruit de
l’extrémisme violent. Il s’agirait uniquement de la maturation de
problèmes psychologiques personnels dans des contextes politiques
non-résolus. Le terrorisme ne serait donc pas une stratégie militaire,
aucun État ne le mettrait en œuvre et il serait exclusivement financé
par des dons privés et des trafics divers. C’est la théorie défendue
depuis décembre 2015 par le secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon,
venu se joindre au G7 pour y apporter l’illusion d’un consensus
mondial [
3] :
le seul ennemi, c’est la « radicalisation ». Une formulation qui permet
à ceux qui organisent le terrorisme de combattre n’importe quelle forme
d’opposition, sous prétexte de prévenir le terrorisme.
Comme nous le développons à longueur de colonnes depuis 2001, au
moins 8 des 9 membres du G7 sont directement impliqués dans le soutien à
Al-Qaïda et à Daesh en Irak, en Syrie et en Libye. Seul le Canada de
Justin Trudreau semble ne plus participer à cette guerre secrète.
« Les migrations et la crise des réfugiés » (et non pas la crise des réfugiés et des migrants).
On notera la distinction sémantique entre le flux des migrations et
la crise des personnes réfugiées. Les migrants choisissent de se
déplacer. Ils sont considérés comme un flux, pas comme des personnes, au
contraire des réfugiés qui sont contraints au déplacement et ont droit à
une protection internationale.
Or, il y a en réalité très peu de réels réfugiés. La grande majorité
des Syriens qui ont fui leur pays a refusé de le défendre face aux
jihadistes parce qu’elle était persuadée que la République allait être
renversée par l’Otan. D’autres ont fui les combats en espérant revenir
après la victoire des jihadistes et la construction d’un véritable État
islamique. Mais le droit international ne reconnaît pas la qualité de
réfugiés aux insoumis qui refusent de porter les armes pour défendre
leur patrie attaquée de l’étranger, ni à ceux qui espèrent une victoire
sans avoir à se battre.
Il ne fait pas de doute que le phénomène de fuite des Syriens a été
encouragé par les États qui attaquent le pays et espéraient ainsi le
vaincre en le vidant de ses habitants. Or, tous les membres du G7 ont
participé à ce plan.
La Syrie
Le G7 condamne avec la plus grande fermeté les violations de la
cessation des hostilités par le « régime syrien ». Certes, mais il ne
dit mot ni sur les violations commises auparavant par les groupes
armées, ni —et c’est cela qui est important— sur les violations qu’il a
lui même commis en premier. Je parle par exemple de la livraison de
2 000 tonnes d’armes et de munitions par le département US de la
Défense, ainsi qu’attesté par le revue
Jane’s. Des armes et des
munitions dont au moins la moitié ont été remises à Al-Qaïda et à Daesh
que le G7 prétendait combattre quelques lignes plus haut [
4].
Le G7 condamne également « le régime » (expression péjorative
désignant un État membre de l’Onu et visant à souligner que le but de
guerre du G7 est de « changer le régime ») pour avoir bloqué l’accès
humanitaire international. Or, les cas cités par l’Onu correspondent à
un non-respect par l’Onu elle-même des dates ou des trajets
préalablement convenus avec le gouvernement syrien. Outre que le G7 ne
condamne pas les groupes armés pour avoir bloqué l’accès de plusieurs
localités, il annonce qu’il prendra prétexte de ce qu’il reproche
abusivement au « régime » pour autoriser le Programme alimentaire
mondial à parachuter de l’aide dans les zones jihadistes. Or, le PAM
n’ayant pas lui-même les moyens de ce type d’opération, il les
sous-traitera à l’US Air Force qui ne parachute pas que des vivres et
des médicaments, mais aussi des armes et des munitions. Ce type
d’opération n’a que l’apparence de l’humanitaire car les vivres et
médicaments parachutés dans les zones jihadistes seront immédiatement
confisqués par les groupes armés qui les revendront à prix d’or aux
populations sous leur coupe, voire les exporteront vers la Turquie comme
on l’a constaté récemment.
Enfin le G7 évoque la question des armes chimiques, sans désigner
aucun camp ; signe qu’il pourra toujours utiliser cette accusation
contre n’importe quel acteur, y compris les groupes armés et la Turquie.
C’est un moyen de chantage sur l’imprévisible gouvernement Erdoğan.
L’Irak
Le G7 soutient « l’unité, la souveraineté et l’intégrité
territoriale » du pays. Il félicite le gouvernement irakien pour sa
lutte contre Daesh et annonce qu’il soutient d’ores et déjà les efforts
de Bagdad pour venir en aide aux populations dans les zones libérées.
Cependant, vu qu’il n’a pas également félicité le « régime » syrien pour
ses victoires contre Daesh, on en conclut que —contrairement aux
résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu— son objectif principal
n’est pas la lutte contre le terrorisme.
Les membres du G7 annoncent dépenser actuellement plus de 3,6
milliards de dollars pour aider les autorités irakiennes, y compris
kurdes. Ce faisant, il contredit ce qu’il écrivait quelques lignes plus
haut : en effet, il prétend soutenir l’unité du pays, mais il livre des
armes directement à une province qu’il encourage à ne plus obéir au
pouvoir central.
Iran
Avec aplomb, le G7 se félicite de l’accord 5+1 conclu il y a un an
avec l’Iran. Or, celui-ci prévoyait la levée des sanctions
états-uniennes, européennes et internationales, ce qui aurait dû
permettre à l’Iran de jouir à nouveau de 150 milliards de dollars
bloqués un peu partout dans le monde. Cependant, si de petits pays ont
effectivement débloqué les fonds qu’ils avaient été contraints de geler
—par exemple, la Suisse pour 12 millions de dollars—, l’Iran n’a
toujours pas vu la couleur du moindre centime bloqué aux États-Unis ou
dans l’Union européenne. Pire, alors qu’officiellement Washington venait
de faire semblant de débloquer 450 millions de dollars, ils ont
immédiatement été placés sous séquestre par un juge états-unien
« indépendant » au motif de dédommager les victimes des attentats du
11-Septembre dont les États-Unis n’avaient jamais accusé l’Iran durant
les 15 dernières années. La prise de position des 9 membres du G7 vient
ici en réponse à la plainte déposée par l’Iran au Conseil de sécurité
avec le soutien du Mouvement des États non-alignés [
5].
Le G7 poursuit en condamnant les recherches iraniennes en matière de
missiles qui contreviendraient à la résolution 2231. Or, cette
résolution n’aborde pas cette question. L’ambassadrice Samatha Power
avait d’ailleurs rappelé lors du débat au Conseil de sécurité que l’Iran
devrait non seulement se conformer à la résolution mais aussi appliquer
d’autres règles internationales en matière de missiles balistiques [
6].
Les États-Unis savent qu’ils ne peuvent lier la question des missiles
balistiques et celle du nucléaire, d’ailleurs depuis l’accord 5+1 ils
n’ont déposé aucune plainte contre l’Iran.
République populaire démocratique de Corée
Le G7, condamne les recherches nucléaires de ce qu’il appelle la
« Corée du Nord », soulignant ainsi que les États-Unis sont en guerre
contre elle depuis 1950. De fait, il peut s’appuyer sur plusieurs
résolutions du Conseil de sécurité. Cependant, en l’absence de traité de
paix et vu la pression exercée durant 10 ans contre l’Iran qui n’avait
pas de programme nucléaire militaire, on comprend que Pyongyang ne s’y
soit pas conformé.
« Ukraine/Russie »
Le G7 réaffirme l’obligation de respecter « la souveraineté,
l’intégrité territoriale et l’indépendance » de l’Ukraine. Puis, il
condamne l’annexion illégale de la Crimée par la Russie. C’est un
exemple de plus de l’hypocrisie occidentale. Car, ce sont les membres du
G7 qui ont organisé le coup d’État à Kiev, violant ainsi la
souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine. Les citoyens qui refusaient
le putsch ont d’abord tenté d’entrer en résistance. Ils se sont
rapidement rendu compte que la population se divisait géographiquement
entre pro-atlantistes et pro-russes. Les zones pro-russes, la Crimée, le
Donbass et Lougansk ont proclamé leur indépendance, mais seule la
Crimée a réagi assez rapidement pour demander son rattachement à la
Fédération de Russie.
On observera juste une phrase critiquant la corruption du
gouvernement ukrainien ; signe que les membres du G7 sont bien encombrés
par leur nouvel allié.
Libye
Le G7 apporte son soutien au gouvernement présidé par Fayez al-Sarraj
—seule autorité aujourd’hui reconnue par l’Onu— de manière à pacifier
le pays, à permettre son exploitation pétrolière et à lutter contre
Daesh.
Le pays n’ayant plus de chef légitime s’est divisé en tribus. Le
gouvernement al-Sarraj a été constitué par l’Onu lors des Accords de
Skhirat (avril 2015). Mais il n’a jamais été investi par la Chambre des
représentants qui avait été créée par l’Otan après l’assassinat de
Mouamar el-Kadhafi. Il n’est donc pas plus légitime que les autres, même
s’il est plus obéissant. Quoi qu’il en soit, les membres du G7
annoncent soutenir la levée de l’embargo sur les armes à son seul
profit, ce qui devrait lui permettre soit de massacrer ses rivaux, soit
de relancer la guerre civile.
Afghanistan
Les membres du G7 soutiennent tout « processus de paix animé par les
Afghans », ce qui est pour le moins effarant 15 ans après l’invasion
anglo-US et les accords de Bonn imposés par les vainqueurs. Ils se
félicitent de la participation de l’Afghanistan au sommet de l’Otan, en
juillet prochain à Varsovie, ce qui en dit long sur ce processus de paix
« animé par les Afghans » et sur la volonté de poursuivre
l’encerclement militaire de la Russie.
« Processus de paix au Proche-Orient »
Le G7 admet par cette formule que le conflit israélo-palestinien est
en réalité un conflit israélo-arabe. Compte-tenu des mauvaises relations
avec l’actuel Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le G7
soutient l’initiative française d’une conférence internationale… sans
les Israéliens, ni les Palestiniens ; seul moyen selon lui de faire
avancer la « solution à deux États ».
Yémen
Avançant avec précaution, le G7 affirme que la paix au Yémen passe
par la reprise de la transition politique. Une formulation indirecte
pour signifier qu’il soutient le président de transition chassé par la
rue, Abd Rabbo Mansour Hadi, qui est porté à bouts de bras par l’Arabie
saoudite et Israël.
Afrique
Alors que le G7 avait traité en détail des États précédents, il ne
s’encombre pas de la même attention pour le Burkina Faso, le Burundi, le
Mali, le Nigeria, la République centrafricaine, la République
démocratique du Congo, la Somalie et le Soudan du Sud, ainsi que
quelques autres États pas même nommés du Bassin du Tchad, du Sahel et de
la Corne de l’Afrique. Tous sont expédiés en un seul paragraphe qui
liste quantité de problèmes et les invite à renforcer les organisations
inter-gouvernementales pour les résoudre. Le Pentagone n’a toujours pas
digéré que l’AfriCom n’ait pas été accueilli à bras ouverts par les
Africains lors de sa création.
Ce paragraphe a été rédigé en présence du président tchadien, Idriss
Déby, qui avait été invité en marge du sommet. La sacro-sainte règle
états-unienne selon laquelle aucun chef d’État ne doit briguer plus de
deux mandats consécutifs ne s’applique pas dans ce pays. M. Déby, au
pouvoir de manière interrompue depuis plus de 25 ans, est accusé de
nombreux crimes dans son pays et au Darfour, mais c’est le meilleur
allié pour un déploiement militaire sur le continent noir.
Venezuela
Le G7 souhaite à la fois un dialogue entre le gouvernement et les
citoyens et entre le gouvernement et le parlement. Cette formule suggère
habilement que le gouvernement est un régime autoritaire contesté à la
fois par son peuple et par les partis politiques.
En réalité, Washington ayant échoué à organiser des émeutes (la « Guarimba ») en 2014 [
7], à réaliser un coup d’État en février 2015 [
8] a décrété que le Venezuela était « une menace contre [sa] sécurité nationale » [
9],
puis a fabriqué un dossier pour accuser l’un des principaux leaders
bolivariens, Diosdado Cabello, d’être un trafiquant de drogues [
10].
Malgré les politesses du président Obama lorsqu’il rencontra son
homologue vénézuélien, il a renouvelé son décret en 2016. Le 25 février,
le SouthCom et les Forces spéciales US rédigeaient un plan de
déstabilisation du pays qui a malheureusement fuité [
11]. Son objectif est, dans les années à venir, de provoquer le chaos comme cela a été fait au Levant.
Sécurité maritime
Le G7, qui se pose en garant de la sécurité maritime bien que ses
membres aient organisé les pirates de la Corne de l’Afrique dans les
années 2009-10 [
12],
critique les revendications de Pékin en mer de Chine en s’appuyant sur
le droit de la mer, ce qui n’est absolument pas le problème.
Les revendications de Pékin sont historiquement légitimes et ne
gênaient personne jusqu’à la découverte de gisements de pétrole. Les
îles Spratleys et Paracels furent considérées comme chinoises jusqu’au
XVIIIe siècle. Mais comme elles étaient largement inhabitées, jamais
l’Empereur n’y envoya de représentant. Elles furent abandonnées lors de
la colonisation de la Chine au XIXème siècle. De fait, elles peuvent
donc être revendiquées aujourd’hui aussi bien par Taipei que par Beijing
selon la manière dont on interprète la décolonisation. Et bien
évidemment, les anciennes puissances coloniales n’ont pas la même
lecture des événements que le peuple chinois qui les a boutées hors de
son pays.
Non-prolifération et désarmement
On se doute bien que le G7 est favorable à la non-prolifération
nucléaire et au désarmement, puisque son discours est toujours
pacifique, bien que sa pratique soit impérialiste.
L’hypocrisie occidentale est ici incarnée par Barack Obama qui reçut
le prix Nobel de la Paix pour avoir annoncé sa volonté d’en finir avec
les armes nucléaires, mais qui, une fois au pouvoir, a au contraire
modernisé et étendu l’arsenal nucléaire US. Juste après le sommet, il
s’est rendu à Hiroshima où il a prononcé un discours. Bien sûr, il n’a
pas présenté d’excuses —il n’est pas responsable de ce que son
prédécesseur a fait—, mais il n’a pas répondu à la question de la
légitimité du bombardement atomique, ce qui ne laisse pas de doute sur
le fond de sa pensée.
Le G7 feint d’ignorer que, l’année dernière, une famille a réussi à
se procurer la bombe atomique et a déjà utilisé au moins deux bombes
tactiques au Yémen [
13].
C’est pourtant un danger tangible, bien plus grave que celui représenté
par les essais nord-coréens. En outre, le fait que les Séoud aient
acquis cette technologie à titre privé et non pas au nom de leur État,
l’Arabie saoudite, ouvre une brèche supplémentaire dans le Traité de
non-prolifération.
Réforme des Nations unies et des opérations de paix
Comme il se doit, le G7 se montre favorable à une évolution de
l’organisation des Nations unies. Il en profite pour réaffirmer son
soutien aux décisions du sommet sur les Opérations de paix que le
président Obama avait présidé à l’Onu.
Le problème, c’est que le principe même des opérations de maintien de
la paix est contraire à la Charte de l’Onu. Lors de sa création, les
fondateurs avaient prévu des missions d’observation pour vérifier
l’application d’accords de paix. Elles n’étaient possibles et utiles
qu’en cas d’accord entre les parties au conflit. Au contraire
aujourd’hui, le Conseil de sécurité impose sa solution aux parties,
c’est-à-dire se range d’un côté ou d’un autre, et déploie une Force
armée pour contraindre à son respect. C’est simplement l’habillage en
droit international d’une pratique coloniale.
Droits de l’homme
Ce court paragraphe illustre parfaitement le fond de mon propos : qui
serait opposé aux Droits de l’homme ? Personne. Cependant, le texte
présente le respect de ces Droits comme « un partenariat entre les États
et les sociétés civiles ». Ce faisant, il reprend la définition
britannique de ces Droits et celle d’Emmanuel Kant pour la société
civile.
Selon le G7, les Droits de l’homme sont une protection des individus
face à la raison d’État. Chacun doit pouvoir ester en justice contre les
abus qu’il estime subir. La « société civile », c’est-à-dire les
acteurs politiques —autrefois, les roturiers— qui ne participent pas à
la vie des partis politiques, doivent donc pouvoir représenter les
citoyens contre l’État. Ce charabia est la négation des Révolutions
française, russe, cubaine et iranienne pour qui le premier Droit de
l’homme est de questionner la légitimité du Pouvoir et non de s’en
protéger. Ce faisant, le G7 affirme que la nouvelle classe dirigeante
internationale n’entend pas se laisser renverser.
Sécurité nucléaire
Le G7 distingue ici la sécurité des techniques (safety) de la
sécurité politique des installations (security). Il appelle les
actionnaires des multinationales concernées à respecter la Convention
internationale qui régit leur activité. Et il se félicité du sommet
organisé par la Maison-Blanche sur la prévention du vol d’armes
nucléaires par des groupes terroristes.
En distinguant la question d’éventuelles armes atomiques détenues par
des terroristes de celle de la non-prolifération, le G7 montre
clairement qu’il ne poursuit sérieusement aucun de ces deux objectifs.
La non-prolifération, c’est uniquement l’interdiction faite aux
puissances non-nucléaires de rejoindre le club des puissances
nucléaires. Le sommet de la Maison-Blanche c’était un prétexte pour que
le Pentagone puisse « aider » chaque État et donc mieux les contrôler.
L’avenir du G7
L’histoire du G7 reflète l’évolution des relations internationales.
Durant la Guerre froide, c’était un club de chefs d’État et de
gouvernement qui se réunissaient discrètement pour apprendre à
travailler ensemble. Après l’effondrement de l’Union soviétique, il se
transforma en sommet des grands de ce monde qui entendaient le régenter
en dehors des Nations unies. Paradoxalement, son effondrement actuel
n’est pas dû à une cause politique, la révolte russe, mais à une
distinction sociologique : les leaders russes sont de la même trempe que
ceux qui étaient jadis au pouvoir en Occident, ils n’ont rien en commun
avec la nouvelle classe dirigeante qui se rencontre à Davos.