LA JUDAISATION DES TUTSIS: IDENTITÉ OU STRATÉGIE DE CONQUÊTE. Bruxelles (BELGIQUE) le 18 avril mars, 2000 (GLAC). Depuis un certain temps, une nouvelle identification sociale est née chez les tutsi du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda. La réclamation d'une l'identité juive, les tutsi hébreux' ( Israéliens, peuple de Dieu, peuple saint etc. ) fait certainement son bonhomme de chemin et de façon non hasardeuse. Elle coïnciderait avec les causes et engins des guerres qui bouleversent la région de grands-lacs africains. Au regard simpliste, cette idée renvoie a la méfiance. A l'observation minutieuse, elle suscite une série de questions fondamentales aux malheurs de l'Afrique centrale. A la lumière des révélations récentes du journal canadien 'National Post', sur les vrais déclencheurs du génocide rwandais, qui pourtant ont été couverts pendant plus de deux ans par l'ONU, la conspiration internationale de Kagame dans la guerre en Afrique centrale ne fait plus de doute. Pour les présidents rwandais, burundals et ougandais, tous les moyens sont bons pour conquérir le cour de l'Afrique. Le processus de la judaïsation des tutsis par rapport aux guerres qui secouent la région des grands-lacs africains en est une. Presque deux ans après le renversement de la dictature de Mobutu au Congo, quatre ans après l'assassinat de Melchior Ndadaye au Burundi, quatre ans après l'assassinat du président Juvenal HABYARIMANA, comme au hasard, "Jerusalem Post" dans son édition du 23 novembre 1998 déclarait officiellement pour la première fois ce qui circulait en rumeur depuis un certain temps: " Nous lançons un appel a Israël et a la Communauté Internationale pour condamner et prendre des actions contre toute violence anti-israélite perpétrée par les non-israeliens a travers l'Afrique, y compris plus de 500 000 Tutsi- Hébreux Israéliens au Rwanda". Cette révélation allait donner un autre aspect certainement moins apparent mais très important a la crise qui secoue l'Afrique centrale et en particulier le Congo. Mardi 11 mai 1999, le journal canadien National Post publiait a la page 17, un grand article article sur les Lemba, un autre peuple noir, qui allègue certifier après analyses que selon les gênes sanguins qui déterminent l'hérédité, les Lemba seraient des juifs noirs descendants de Aron. L'article cite David B. Goldstein, un juif, généticien a Oxford (Angleterre): 'Le problème est qu'il y a eu des mixages avec les populations ôtes, ce qui a obscurci leur ascendance'. Cette façon de définir les termes 'mixage' et population ôte' a une connotation raciste. Car pour lui, certains ancêtres sont des vrais ancêtres et d'autres ne le sont pas. II) UNE CONFERENCE DANS LA CONFIDENTIALITE Dimanche 10 octobre 1999, une réunion est annoncée a Bruxelles dans la plus grande discrétion: c'est la conférence de Havila. Le lieu amenage pour la conférence est le prestigieux Centre de Séminaires de l'Hôtel «Mercure» situe en 'bordure du cadre exquis du Parc de Lauzelle, dans le Brabant Wallon belge' . Pour bien et rapidement situer le lecteur, mentionnons que 'Havila' est le mot attribue a la région des grands-lacs par ce mouvement de la judaïsation des tutsis. La conférence 'inaugurale des activités académiques de l'Institut de Havila' s'annonce par la judaïsation de tous les tutsi: 'Sous le signe des armoiries hébraïques de Havila: l'Etoile de David, caractéristique des États modernes d'Israël et du Burundi; les Tambours de Salomon dont les Souverains shebatiques de Havila sont les gardiens, autour des Sources les plus méridionales du Fleuve sacre des Pharaons (le Pishon biblique ou Nil); un fragment des Hassarad Hadivarim (les Dix commandements de Moise) qui sont la marque de l'Alliance mosaïque et la figuration de la «mémoire perdue» des peuples hébraïques de Havila'. III) L'INSTITUT DE HAVILA Un 'Institut des GRANDS-LACS' existe depuis un certain temps et regroupe dans la plus grande discrétion les grands intellectuels tutsis a travers le monde. Dans les milieux tutsis, il s'appelle 'Institut de Havila' et 'rassemble pas moins de sept centres de Recherche, d'Intervention et de Rayonnement, implantés sur presque tous les continents'. Ces centres ont l'objectif commun de restituer et de faire revivre la «mémoire perdue» des douze codes hébraïques qui ont caractérisé, depuis des millénaires, la civilisation des peuples kushitiques de l'Abyssinie Méridionale (Rwanda, Burundi, Buha, Ankole, Buhavu, etc.) et gardiens des Mines du Roi Salomon'. Chacun de sept centre de l'institut de Havila a sa mission. Selon l'importance de sept centre de l'institut de Havila, mentionnons: 1) Le Centre «GEDEON»: 'observatoire de la situation sécuritaire et stratégique des peuples shébatiques de Havila c Il fait régulièrement rapport a l'Institut afin que les membres de Havila s'habituent a avoir les pieds sur terre c d'avoir l'oil rive sur les contradictions de l'histoire présente, faites de crises transitionnelles, d'affrontements armes c' 2) «Le Centre «ROI SALOMON», s'occupe de l'Analyse économique et financière dans Havila. 'Comme par hasard, devons-nous rappeler des expressions véhiculées par les promoteurs de cette conquête en Afrique centrale: "Mines du roi Salomon" (le Kivu), les 'Pipelines du Roi Salomon' (projet en cours avec le gouvernement Kabila pour offrir l'eau du Fleuve Congo a Israël) . En essence, comme pour le cas du nom "Mulenge" dans la guerre actuelle qui a commence au Kivu, la mission que se donne 'le Centre Roi Salomon' de l'Institut Havila, soulève la curiosité de savoir ce qui restera aux Congolais en tant que peuple. 3) Centre «HAKIM» rassemble des spécialistes en Médecine, en sciences naturelles, en Écologie, charges d'étudier les conditions Ecosystemiques dans lesquelles ont émerge les civilisations anciennes de Havila, le mode de vie et d'alimentation des peuples de Havila, qui en ont fait dans le temps des peuples de centenaires, comme les caucasiens. 4) Le Centre «MULENGE» a la mission de maîtriser ce qu'on appelle les Nouvelles Technologies de Communication; il doit rassembler la documentation, les pièces d'archives, relatives a Havila, mais aussi publier, dans les Annales de Havila des dossiers documentaires sur toute question jugée cruciale par la direction de l'Institut. Le Centre d'«ISHMGO», qui appuie 5) Le Centre «TECHOUVHAH» s'occupe de la connexion mémorielle des peuples shébatiques du Nil Blanc : Havila (GRANDS-LACS) et du Nil Bleu : Guihon (Éthiopie, Somalie, Érythrée, Ogaden, Ghana, Nigeria), etc. 6) Le Centre «SACEGA»: Souvenir de l'institution du bâton de justice et de gouvernement dans Havila. En Kirundi ce bâton "Intahe" rappelle "la déconnection physique et mémorielle des peuples de Havila par rapport a la mémoire de l'antique Israël, dont ils gardent néanmoins les codes salomoniques et mosaïques, coules dans des traditions multimillénaires, jusqu'ici épargnées de toute tentative de décodage systématique". 7) Le Centre «BILKIS-REINE DE SABA» qui avait organise cette conférence, est charge de l'Analyse et de l'Intervention politique et diplomatique pour les questions relatives au destin des peuples de Havila; Pour les tutsis, la prophétie a ses caractéristiques: pas le retour historique vers Israël 'mais le retour vers l' Israël prophétique c que figure la «Techouvha», c l'espérance de la réunification des "Tribus perdues d'Israël " qui est l'espérance mystique centrale du peuple d'Israël, disperse aux quatre coins de la terre, depuis la destruction du premier Temple et la déportation a Babylone (-586) qui marque la dispersion dans les Nations'. Les sources de GRANDS-LACS Confidentiel indiquent que les grands intellectuels tutsis ont célèbre le 'troisième millénaire', par 'la réunification physique des tribus perdues de Havila, de Guihon et du Fouta Djalon' . Une 'gigantesque festival' était tenue pendant 10 jours (du dimanche 24 octobre au mardi 2 novembre 1999) a AGULERI dans l'Igboland (au Nigeria). Période conforme à la fête juive de la sortie de l'esclavage d'Égypte. IV) LES ORGANISATEURS Retenons quelques noms: l'-African Hebrew Organisation', la 'King Solomon Sephardic Federation (KSSF) ' et la diaspora juive rassemblée dans le 'Groupe industriel RIVKIN TECHNOLOGY' V) LA BIBLE, LES MYTHES ET LES FAUSSES PROPHETIES Vendredi le 18 septembre 1998 dans un article 'L'or du Kivu, engin cache du conflit en RDC', Agence France resse écrivait: 'Une légende vivace dans l'est congolais situe les mines d'or du roi Salomon dans cette zone' (Kivu), territoire qui alors était et qui reste encore sous le contrôle jaloux de Paul Kagame, le président rwandais de facto. Aujourd'hui comme alors, le pillage de l'or du Kivu battait son plein. Une autre version veut que ceux qui appuient les tutsis dans la guerre de conquête au Congo-expliquent l'invasion actuelle au Congo par la bible. A la conférence de Havila, quelques versets bibliques sont lus: le livre d'Exode 4, 17; 17, 5; 3,10; 3, 16-20 et 17, 5-7. Selon eux, 'la guerre actuelle de conquête tutsie dans la région de grands-lacs, 'HAVILA', et surtout au Congo est 'un fait prophétique, une volonté de Dieu d'Israël '. Et pour preuve disent-ils le livre biblique d'Esaie, chapitre 18, verset 1-2 est leur appui. Ici on parle des 'peuples de grande tailles' (les tutsis) qui hériteraient le pays situe entre deux fleuves au sud de l'Éthiopie (le Congo) . Cette région serait donc l'actuelle région des grands-lacs africains ou simplement en termes tutsis- hébreux: 'la terre sacrée de havila', 'la mémoire perdue de douze codes hebraïques des peuples kushites de l'Abyssinie Méridionale (Rwanda, Burundi, Buha, Ankole,Buhavu, etc.)' VI) UN NOM NOUVEAU, L'EMPIRE HIMA-TUTSI Selon un document confidentiel parvenue a GRANDS-LACS Confidentiel (Glac), les ambitions d'un empire hima sont plus reelles que nos lecteurs ne peuvent s'imaginer. La région de grands-lacs a une nouvelle appellation: 'HAVILA', 'la terre sacree de Havila' ou 'la memoire perdue de douze codes hebraiques des peuples kushites de l'Abyssinie Meridionale (Rwanda, Burundi, Buha,Ankole, Buhavu, etc.) Geographiquement, partant de cette derniere citation, la terre sacree de Havila se dessine comme suit; - Rwanda: l'actuel Rwanda,pays de mille collines avec capitale Kigali, - Burundi: capitale Bujumbura, - Buha: du nom Baha ou Muha (au singulier); peuple de la Tanzanieoccidentale. Par extension, Buha designe la Tanzanie. - Ankole: region de l'ouganda occidental habite majoritairement par les Banyankole, tribu a laquelle le President Museveni s'identifie par trichement. - Buhavu: Region habitee par les Bahavu c'est-a-dire l'actuelle region du Kivu de la Republique democratique du Congo. Le nom du chef-lieu du Sud-Kivu, 'Bukavu' serait une deformation du mot Buhavu. L'Empire des 'tutsis-hebreux', 'la terre sacree de Havila' (la region des grands-Lacs africains) englobera donc les pays suivants: Rwanda, Burundi, Buha (Tanzanie), Ankole (Uganda), Buhavu (Kivu, province orientale du Congo), etc. VII) LES TENORS DE LA CONFERENCE Que le lecteur se démystifie de la légèreté de cet empire hima-tutsi. Pour fait, les maîtres a penser de cet empire sont des personnes hautement instruites qui ont tisse des relations avec certains groupes juifs et plusieurs partenaire occidentaux qui leur permettront de réaliser leur projet au prix des richesses abondantes dont regorgent ces États. A titre d'exemple, nos sources indiquent que depuis la prise de Kindu en RD Congo, en octobre 1999, Paul Kagame a exporte au Rwanda "950 tonnes de cassitérite traitée en laboratoires, 280 tonnes de colombo-tantalite (pillées a la SOMINKI), 11000 tonnes de mais, 4500 fûts d'huile de palme; de quoi se nourrir suffisamment, consolider les alliances et acheter des nouvelles armes pour massacrer les Congolais". Parmi les grands ténors de l'Institut de Havila citons entre autre: 1. Jean BWEJERI: " Professeur, universitaire de haut vol, connu dans le monde de l'enseignement et de la recherche depuis une . quinzaine d'années. Forme a l'École de la Nouvelle Linguistique qui a revêtu les formes de la Pragmatique linguistique, de l'Analyse du Discours et de la Nouvelle Communication, il consacre actuellement le maximum de son temps et de ses compétences a la recherche post-universitaire orientée vers la trans-disciplinarite en sciences humaines, ratissant d'une traite les champs de la critique littéraire et textuelle, de la Nouvelle Linguistique, de l'Analyse du Discours, de l'Histoire ancienne et moderne, de l'Anthropologie africaine, de l'Analyse sociologique et politique, de l'épistémologie contemporaine des sciences sociales, des études bibliques, de la philosophie générale et africaine. 2. Maître Matthias NIYONZIMA: " Avocat au Barreau de Bruxelles. Docteur en Droit de la KUL et Lauréat de la prestigieuse Académie de Droit International de La Haye, ce brillant avocat enseigne actuellement a l'Université de Nantes. Il est spécialiste des questions relatives au Droit Africain Compare, au Droit des Affaires et au Droit du Commerce International. 3. Capitaine CIRAMUNDA Richard-Delvaux: Coordonnateur du Centre GÉDÉON pour la Stratégie et la Défense dans Havila. " Ce jeune officier est spécialiste en Criminologie et en Études de stratégie militaire. Il a obtenu ses diplômes universitaires et militaires a l'École Royale Militaire de Bruxelles et a choisi de mettre ses capacités d'analyse et d'engagement a la disposition de l'Institut de Havila, qui a urgemment besoin de comprendre et de faire comprendre au monde International ce qui se passe sur le terrain, en termes de stratégies géopolitiques et d'opérations militaires. 4. Monsieur Gaspard KIROMBO: Coordonnateur duCentre MULENGE>- " Lauréat de la Faculté des Sciences Politiques et Sociales de l'UCL, et diplôme des Sciences Religieuses de la même Université, Monsieur KIROMBO avait accepte d'être Modérateur de cette Conférence inaugurale 5. Le même document confidentiel, mentionne aussi 'la diaspora juive rassemblée dans le Groupe industriel RIVKIN TECHNOLOGY' D'autres sources nous indiquent que parmi les conseillers stratégiques pour l'implémentation de l'empire Havila, on retrouve des personnalises comme Kimenyi Alexandre (Professeur, americain d'origine tutsi-rwandaise), Deogratias Bugera (ancien réfugié rwandais au Congo passe pour un munyamulenge), Bizimana Karahamuheto (cousin de Kagame, originaire du Rwanda, un autre munyamulenge, Jerome Gapangwa Nteziryayo (Eveque d'Uvira, Docteur en Histoire Ecclesiastique) et quelques hommes d'affaires tutsis. VIII) LES FAITS DE LA GUERRE Le prestigieux journal tanzanien 'Daily Mail', dans son édition du 14 janvier 1999 sous le titre de 'George Bush, Museveni own shares in Congo mines' publiait un article dans lequel il pointait du doigt un ancien général de l'armée israélienne David Agmon comme l'un des hommes qui pillent les minerais congolais dans le territoire congolais occupe par le Rwanda. Les sources fiables ont indique a GRANDS-LACS Confidentiel que les armes qui ruinent le Congo viennent de la Roumanie, des États-Unis et d' Israël. Elles sont envoye au Rwanda et a l'Ouganda sous prétexte de coopération bilatérale militaire' avant d'être acheminées au Congo par le Rwanda ou l'Ouganda. Les mêmes sources indiquent que certains dignitaires du gouvernement israélien fournissent a Museveni et Kagame. Panafrican News Agency (PANA) dans un article date du 27 janvier 2000 venait encore renforcer ce qui était alors repris comme légende par AFP. Annonçant un projet consistant a drainer l'eau du fleuve Congo pour l'offrir gratuitement aux Israéliens, PANA révèleque le projet prendrait le même nom juif qui véhiculait les mythes des minerais au Kivu. Le projet de l'eau du fleuve Congo s'appellerai : 'les pipelines de Salomon'. Ce projet ambitieux mettant ensemble certains congolais de la diaspora et des hommes d'affaires américains est une affaire qui ne convainc que les initiateurs. A la lumière des origines de la guerre actuelle au Congo et les conséquences sur sa population, est-il inapproprié que quelques ministres du gouvernement en guerre, décident sans consulter la population, d'une question aussi capitale et importante que l'eau du fleuve Congo, question qui implique toute la vie d'une nation pendant plusieurs générations à venir En toute bonne foi, le Congo n'a pas vraiment de spécialistes environnementaux. et hydrologues qui peuvent démontrer hors de tout doute que le projet 'Solomon Pipeline' n'aura pas d'impact sur leCongo dans les générations futures. Par contre, ceux qui en profiteront n'auront pas de peine a faire avaler aux Congolais qu'il n'y aura aucun danger ou impact environnemental. Dans les pays organises, une question comme celle de 'Salomon Pipeline' aurait nécessite un referendum pour recueillir l'opinion populaire. Au bureau de Westrac (la compagnie du projet 'Salomon Pipeline'), on se contente d'expliquer cela avec une xtrême légère simplicisante: 'C'est !'eau qui va ramener la paix' au Congo (car Salomon signifierait paix). C'est un projet qui va transformer le Congo, moins ue ne l'ont fait ses fils et filles pendant 40 ans passes; avec la constructions des 'églises, mosquées, ôpitaux, stationnements, parcs, logement, centrescommerciaux et des écoles'. IX) CONNECTION AUX MEDIAS BELGES Au lendemain de la conférence de Havila, les connections tutsies belges font diffuser par 'coïncidence historique' a la chaîne culturelle francophone «Club RTL» le célèbre long métrage d'Andrew COMPTON et Bennett MARTON consacre aux Batutsi de Havila, sous le titre évocateur : « Les Mines du Roi Salomon ». Avec Havila 'tout n'est pas fini', ' quelque chose de nouveau commence', un réseau qui tisse des connivences avec les Américains, les> Juifs, les Belges etc. pour disloquer le Congo et mieux dominer la région de grands-lacs africains. Le président Kabila avait tout compris quand il avertissait d'avance les Congolais que la guerre va 'trop durer'. Erik Kennes,CEDAF - Afrika Instituut Africa Museum
Le chercheur belge Erik KENNES reconnaît l'authenticité de ce texte produit , selon lui, par l'Agence de Presse Grands Lacs.
D'autres chercheurs chevronnés devraient nous dire ce qu'ils pensent du contenu dudit texte. Ont-ils interrogé les personneés concernées, mentionnées comme les cerveaux de cette organisation? Cette organisation a-t-elle existé? Existe-t-elle encore ou a-t-elle perdu sa raison d'être? Quel est son apport dans la recherche des solutions à nos problèmes dans les Grands Lacs?
Que vous révèlent vos sources et services des renseignements? Pourquoi ce si grand silence?
Je crois bien que nos spécialistes comme Claudine VIDAL devraient entreprendre des recherches approfondies sur de telles organisations.
Mon confrère, Maître NIYONZIMA Mathias, présent sur DHR et l'un des tenors de l'Institut Havila, pourrait nous apporter son éclairage.
Innocent TWAGIRAMUNGU
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- Jochanan Bwejeri est le Président fondateur et maître de l'Institut de HAVILA
- Mathias Niyonzima est son bras droit.
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Hebraic Traditions of the BatutsiBy Yochannan Bwejeri
I have been told of Kulanu’s heavy interest in Hebraïc techouvah of dispersed tribes of Israël. So I am very proud to have your direct confirmation of such a prophetic purpose.
Our own organization, Havila, develops a similar program on a restrictive area: We focus our efforts on the Hebraïc remnants of pre-talmudic tribes of Israël, isolated on the "other side of the rivers of
Ethiopia," according to Zephaniah, 3,10.
The historical and geographical land pointed out by the Zephanian prophecy has been identified by the prestigious talmudist RASHI (Rabbi Shlomo ben Yitzhak) as the White Nile basin. The biblical name of that land is Havila, according to Genesis 2,11. One of the Hebraïc tribes isolated in the sacred land of Havila is called Tutsi or Batutsi.
During these last 40 years, the Batutsi have almost been exterminated, and till now they are being hunted because of their Hebraïc identity and their Solomonic legacy. According to their Solomonic and Samsonic memory and legacy, they claim to be the descendants of two Israelite Tribes -- Judah and Dan. Those who perpetuated the Solomonic Kingdom of Zagwe in the land of Havila (South of Ethiopia, particularly Burundi, Rwanda, Kivu, MasisiI, and Shaba) claim to be the sons of King Solomon and the Queen of Sheba.
Some clans among Batutsi are contemporary with the time of Moses, people who moved from Egypt, judging by the exact knowledge they display about the laws of Moses. Others joined their brothers after the different misfortunes that affected the Israëlite people, such as the destruction of the Holy Temple of Yerusalem. The Batutsi Halakhah has kept encoded references to these events, such as the annual Festival of Sukkot, called Umuganuro (literally "the festival of return").
The cultural and religious references of Batutsi allude to either the pharaonic monotheism of the 18th Dynasty of Egypt or Moses's laws in the Hebraïc Torah.
The Havila Institute has concentrated its efforts on the description and analysis of the biblical culture as carried by the ancient Batutsi. The parallelism of pharonic practices and symbols with the Batutsi standards refers to the culture of the 18th Dynasty of Egypt and explains the Mosaïc faith of the Batutsi. The antiquity of Batutsi monotheism has always been astonishing to the European witnesses, including those who reached the land of Havila in the early 19th century.
The political organization of the Batutsi kingdoms (from the Kush Kingdom until post-Zaagwe Kingdoms -- 1270-1960) are strictly related to the Solomonic system. The Hebraïc "kashrut" under the Levitic law is the staple of Batutsi feeding. The Batutsi system of law is the exact copy of the Deuteronomic Code, and none can attest that such a system is of recent import.
Among the numerous witnesses of the Batutsi Hebraïcity, we point out the famous 9th century traveler, Eldad HaDani. He has confirmed the authenticity and the anteriority of the Mosaïc civilization of the Hebraïc Tribes settled around the River Pishôn (White Nile) in the biblical land of Havila. The geographical localization of the land of Havila and the River Pishôn around the lower Nile, part of Ethiopia, has been attested to in a precious document that has been transmitted from generations to generations of scholars. We are referring to the famous Letter addressed by Eldad HaDani to the Jews of Spain, in 883:
This was my going forth from the other side of the rivers of Ethiopia, he said.
And then he relates the local memory of the four tribes which crossed from Israël to Ethiopia, after the death of Sennacherib, king of Assyria:
And these tribes, being Dan, Naphtali, Gad, and Asher, dwell in the ancient Havilah, where gold is, and they trusted in their Maker, and the Lord helped them.
Eldad notes strict observance of kashrut:
No unclean thing is to be found with them, no unclean fowl, no unclean beast, no unclean cattle, no flies, no fleas, no lice, no fox, no scorpions, no serpents, and no dogs. All these were in the idolatrous land, where they had been in servitude. They have only sheep, oxen, and fowls, and their sheep bring forth twice a year.
Batutsi means literally "Those whose permanent occupation is to lead cattle to the pasture," Eldad confirms this:
These four tribes have gold and silver and precious stones, and much sheep and cattle and camels and asses, and they sow and they reap, and they dwell in tents, and, when they will, they journey and encamp in tents, from border to border, two days by two days’ 'journey, and in the place they encamp there is no place where the foot of man enters
Eldad testifies to the Mosaic faith of the Batutsi:
They are of perfect faith and their Talmu [i.e., ancient Halakha] is all in Hebrew, and thus they learn, ...But they know no Rabbis, for these were of the Second Temple and they did not reach them.
Indeed, Havila Institute has already pointed out numerous linguistic roots which support the Batutsi lexical system. These linguistic particles are common in Hebrew and Batutsi idiom.
Now, everyone can remember the bitter debates that followed the Eldad testament through the centuries, until now. Thanks to the constant efforts of scholars, working in the Havila framework, under my supervision, it is now possible to give precious and systematic indications on that wonderful phenomenon of encoding Hebraïc memory. The ancient material civilization of Batutsi, their language, their mythology, their religion, their political legacy and their general way of life, all those matters can be described exactly as related by Eldad HaDani.
The crossing of Kulanu and Havila paths is certainly written in the Highest's wills. I am now confident that many things will change very soon, in the destiny of all the peoples concerned by our common preoccupations.
(The writer, a Burundi-born Tutsi scholar, lives in exile in Brussels, where he founded the Havila Institute.)
En comparant le judaïsme talmudique à leurs pratiques religieuses ancestrales, les Tutsi (ou une partie d'entre eux) se reconnaissent donc comme juifs à cause des nombreux points de convergence : un monothéisme strict très ancien (D. = I..mana = A donaï-ékhad) , la cache-route, les « imiziro/mitsvot », la vache rousse , etc. mais également l'attachement à la Tradition, le refus du baptême chrétien (les derniers grands rois et chefs tutsi comme Mwezi, Mutaga, Maconco, Rwabugiri et Musinga ont combattu l'évangélisation jusqu'à en mourir pour certains) et de l'assimilation, l'hostilité de l'Eglise catholique romaine ainsi que l'expérience du génocide et la vie quotidienne dans un environnement dominé par des populations ethniquement différentes et souvent hostiles. Le judaïsme des Tutsi est cependant prétalmudique, comme celui des Patriarches, des rois David et Salomon.
Les tutsi préfèrent la qualification de "Cuschites" (Tutsi = Kushi) en référence à l'ancien empire de Kusch où régna la Reine de Saba et son fils Ménélik 1er ( = David II, dont le père aurait été le Roi Salomon d'Israël). La tradition éthiopienne (voir le Kebré Neguest, le livre sacré de la “Gloire des Rois” d'Ethiopie) veut que la Reine de Saba
Le terroir géographique des Tutsi est l'ensemble de toutes les régions qui entourent le Nil Blanc (Pischon ; Gen 2, 10) près de ses sources les plus méridionales-l'Eden primitive? Jadis, cette région constituait le prolongement naturel du Pays de Guihon (Nil bleu; Gen 2, 10-13) et formait avec ce dernier l'Abyssinie antique. Cette dernière aurait inspiré toutes les grandes civilisations antiques de l'Egypte au du Moyen-Orient. Bien avant la numérotation babylonienne sur base du chiffre 60 (tablettes de Nippur:-2200-1350), la numé-rotation égyptienne sur base de 10(papyrus Rhind : -1650), les kuschites connaissaient un système numérique sur base de 12 et des multiples de 4 (voir le bâton d'Ishango ; -20000 : les 4 noms de la dynastie, les 12 mois,ou plutôt, les 12 « lunes » de l'année, les 12heures de la journée, etc.) qui auraient été ensuite adopté par le peuple hébreu. Kusch, espace du premier homo sapiens est aussi celui du pays de NIMROD, comme il est écrit : « Cusch engendra aussi Nimrod ; c'est lui qui commença à être puissant sur la terre » (GEN10, 8-9). Et c'est auprès d'un cushiteque Moïse apprit l'art de gouverner la multitude (lire Ex 18, 13-26). L'on comprend maintenant pourquoi Salomon appela Makeda Reine de «Saba».
I have been told of Kulanu’s heavy interest in Hebraïc techouvah of dispersed tribes of Israël. So I am very proud to have your direct confirmation of such a prophetic purpose.
Our own organization, Havila, develops a similar program on a restrictive area: We focus our efforts on the Hebraïc remnants of pre-talmudic tribes of Israël, isolated on the "other side of the rivers of
Ethiopia," according to Zephaniah, 3,10.
The historical and geographical land pointed out by the Zephanian prophecy has been identified by the prestigious talmudist RASHI (Rabbi Shlomo ben Yitzhak) as the White Nile basin. The biblical name of that land is Havila, according to Genesis 2,11. One of the Hebraïc tribes isolated in the sacred land of Havila is called Tutsi or Batutsi.
During these last 40 years, the Batutsi have almost been exterminated, and till now they are being hunted because of their Hebraïc identity and their Solomonic legacy. According to their Solomonic and Samsonic memory and legacy, they claim to be the descendants of two Israelite Tribes -- Judah and Dan. Those who perpetuated the Solomonic Kingdom of Zagwe in the land of Havila (South of Ethiopia, particularly Burundi, Rwanda, Kivu, MasisiI, and Shaba) claim to be the sons of King Solomon and the Queen of Sheba.
Some clans among Batutsi are contemporary with the time of Moses, people who moved from Egypt, judging by the exact knowledge they display about the laws of Moses. Others joined their brothers after the different misfortunes that affected the Israëlite people, such as the destruction of the Holy Temple of Yerusalem. The Batutsi Halakhah has kept encoded references to these events, such as the annual Festival of Sukkot, called Umuganuro (literally "the festival of return").
The cultural and religious references of Batutsi allude to either the pharaonic monotheism of the 18th Dynasty of Egypt or Moses's laws in the Hebraïc Torah.
The Havila Institute has concentrated its efforts on the description and analysis of the biblical culture as carried by the ancient Batutsi. The parallelism of pharonic practices and symbols with the Batutsi standards refers to the culture of the 18th Dynasty of Egypt and explains the Mosaïc faith of the Batutsi. The antiquity of Batutsi monotheism has always been astonishing to the European witnesses, including those who reached the land of Havila in the early 19th century.
The political organization of the Batutsi kingdoms (from the Kush Kingdom until post-Zaagwe Kingdoms -- 1270-1960) are strictly related to the Solomonic system. The Hebraïc "kashrut" under the Levitic law is the staple of Batutsi feeding. The Batutsi system of law is the exact copy of the Deuteronomic Code, and none can attest that such a system is of recent import.
Among the numerous witnesses of the Batutsi Hebraïcity, we point out the famous 9th century traveler, Eldad HaDani. He has confirmed the authenticity and the anteriority of the Mosaïc civilization of the Hebraïc Tribes settled around the River Pishôn (White Nile) in the biblical land of Havila. The geographical localization of the land of Havila and the River Pishôn around the lower Nile, part of Ethiopia, has been attested to in a precious document that has been transmitted from generations to generations of scholars. We are referring to the famous Letter addressed by Eldad HaDani to the Jews of Spain, in 883:
This was my going forth from the other side of the rivers of Ethiopia, he said.
And then he relates the local memory of the four tribes which crossed from Israël to Ethiopia, after the death of Sennacherib, king of Assyria:
And these tribes, being Dan, Naphtali, Gad, and Asher, dwell in the ancient Havilah, where gold is, and they trusted in their Maker, and the Lord helped them.
Eldad notes strict observance of kashrut:
No unclean thing is to be found with them, no unclean fowl, no unclean beast, no unclean cattle, no flies, no fleas, no lice, no fox, no scorpions, no serpents, and no dogs. All these were in the idolatrous land, where they had been in servitude. They have only sheep, oxen, and fowls, and their sheep bring forth twice a year.
Batutsi means literally "Those whose permanent occupation is to lead cattle to the pasture," Eldad confirms this:
These four tribes have gold and silver and precious stones, and much sheep and cattle and camels and asses, and they sow and they reap, and they dwell in tents, and, when they will, they journey and encamp in tents, from border to border, two days by two days’ 'journey, and in the place they encamp there is no place where the foot of man enters
Eldad testifies to the Mosaic faith of the Batutsi:
They are of perfect faith and their Talmu [i.e., ancient Halakha] is all in Hebrew, and thus they learn, ...But they know no Rabbis, for these were of the Second Temple and they did not reach them.
Indeed, Havila Institute has already pointed out numerous linguistic roots which support the Batutsi lexical system. These linguistic particles are common in Hebrew and Batutsi idiom.
Now, everyone can remember the bitter debates that followed the Eldad testament through the centuries, until now. Thanks to the constant efforts of scholars, working in the Havila framework, under my supervision, it is now possible to give precious and systematic indications on that wonderful phenomenon of encoding Hebraïc memory. The ancient material civilization of Batutsi, their language, their mythology, their religion, their political legacy and their general way of life, all those matters can be described exactly as related by Eldad HaDani.
The crossing of Kulanu and Havila paths is certainly written in the Highest's wills. I am now confident that many things will change very soon, in the destiny of all the peoples concerned by our common preoccupations.
(The writer, a Burundi-born Tutsi scholar, lives in exile in Brussels, where he founded the Havila Institute.)
L'ORIGINE JUIVE DES TUTSI.
Un texte NIYONZIMA Mathias, avocat au barreau de Bruxelles
Il est difficile d'expliquer en mots ces racines car elles apparaîssent, non pas à travers un système théorique cartésien, mais plutôt à travers les manifestations d'une mémoire ou spiritualité collective transmise de génération en génération par un processus ésotérique (dans le sens le plus positif de ce terme), c'est-à-dire une suite de rituels quotidiens de la vie pastorale, auxquels participent les « initiés » (tout Tutsi adulte est supposé initié aux rituels pastoraux) et leurs descendants. Le rituel permet à ces derniers l'acquisition spontanée des connaissances à travers les cinq sens. Nil intellectu quid nun prius in sensu : la participation au rituel précède la compré-hension intellectuelle. La Loi des Anciens tutsi était donc contenue dans des « Codes ésotériques », qui, au vu de leur contenu, sont des « Codes hébraïques » prescrivant entre autres des règles strictes en matière alimentaire (la cacheroute tutsi) ainsi que divers autres commandements et interdictions divins (imiziro = mitsvot).
En comparant le judaïsme talmudique à leurs pratiques religieuses ancestrales, les Tutsi (ou une partie d'entre eux) se reconnaissent donc comme juifs à cause des nombreux points de convergence : un monothéisme strict très ancien (D. = I..mana = A donaï-ékhad) , la cache-route, les « imiziro/mitsvot », la vache rousse , etc. mais également l'attachement à la Tradition, le refus du baptême chrétien (les derniers grands rois et chefs tutsi comme Mwezi, Mutaga, Maconco, Rwabugiri et Musinga ont combattu l'évangélisation jusqu'à en mourir pour certains) et de l'assimilation, l'hostilité de l'Eglise catholique romaine ainsi que l'expérience du génocide et la vie quotidienne dans un environnement dominé par des populations ethniquement différentes et souvent hostiles. Le judaïsme des Tutsi est cependant prétalmudique, comme celui des Patriarches, des rois David et Salomon.
Les Tutsi font partie d'un ensemble de peuples appelés "hamites" par les mis-sionnaires chrétiens qui, confrontés à la résistance des Tutsi à la conversion au christianisme, voulaient, à tort, faire retomber sur ces descendants de Cham (mais pas seulement de Cham vu les mélanges avec les hébreux depuis l'époque de Moïse jusqu'au Roi Salomon et plus tard encore) la malédiction de Noé alors que ladite malédiction est adressée à un des fils de Cham, à savoir Canaan (petit-fils de Noé), et pas à Cham lui-même ou aux trois autres fils de ce dernier (Cusch- père de Saba et Havila- Mitsraïm et Puth ; Gn 10, 6-7): “Lorsque Noé se réveilla de son ivresse, il apprit ce que lui avait fait son fils le plus jeune. Et il dit: maudit soit Canaan!” (Gen 9, 24-25) .
Les tutsi préfèrent la qualification de "Cuschites" (Tutsi = Kushi) en référence à l'ancien empire de Kusch où régna la Reine de Saba et son fils Ménélik 1er ( = David II, dont le père aurait été le Roi Salomon d'Israël). La tradition éthiopienne (voir le Kebré Neguest, le livre sacré de la “Gloire des Rois” d'Ethiopie) veut que la Reine de Saba
( = la Reine Makéda en Ethiopie ) reçut de la part de Salomon un traitement spécial. Cela pourrait s'expliquer par le fait qu'elle représentait les ancêtres de la descendance de Moïse (Saba=grand-père), qui était marié à une éthiopienne, une union protégée par le Saint béni soit Il (lire NO 12, 1-15). Prenant comme référence le Roi Salomon, les tutsi se situent donc dans la tribu de Juda et adoptent, comme les empereurs d'Ethiopie, le Lion comme animal-symbole. On se souvient de Hailé Sélassié qui se nommait « Lion de Judée » et des cinq Rois Lion/NTARE (parmi les 17 rois au total) qu'a connus le Burundi depuis le 13ème siècle à peu près, lorsque les tutsi dits «Abanyaruguru/ben ruguru» (= les fils du Nord) descen-dirent de la Corne de l'Afrique pour se disperser "au-delà des rivières d'Ethiopie" (So, 3,10). Ainsi, la dynastie tutsi qui a été renversée en 1966 au Burundi a été fondéepar NTARE I RUSHATSI CAMBARANTAMA (= Roi Lion I « le Hirsute à la Tunique de bête ») vers 1270 de l'ère profane. NTARE aurait emmené avec lui la mémoire collective juive de l'époque du Roi Salomon. Beaucoup de noms de clans venus avec lui gardent toujours de nos jours des références à leur racine hébraïque « ben » (= fils de), comme par exemple les Ben-engwe, Ban-yakarama, Ban-yamurenge, Ban-yiginya, etc. L'influence de l'hébreu ne peut pas être confondue avec l'influence tardive de l'arabe, les arabes n'ayant jamais réussi à pénétrer dans les territoires contrôlés par les tutsi jusqu'au début de la colonisation européenne (1903). A l'époque des indépendances, la mémoire collective juive des Batutsi se concrétisa notamment par l'adoption de l'étoile de David sur le drapeau du Burundi.
Le terroir géographique des Tutsi est l'ensemble de toutes les régions qui entourent le Nil Blanc (Pischon ; Gen 2, 10) près de ses sources les plus méridionales-l'Eden primitive? Jadis, cette région constituait le prolongement naturel du Pays de Guihon (Nil bleu; Gen 2, 10-13) et formait avec ce dernier l'Abyssinie antique. Cette dernière aurait inspiré toutes les grandes civilisations antiques de l'Egypte au du Moyen-Orient. Bien avant la numérotation babylonienne sur base du chiffre 60 (tablettes de Nippur:-2200-1350), la numé-rotation égyptienne sur base de 10(papyrus Rhind : -1650), les kuschites connaissaient un système numérique sur base de 12 et des multiples de 4 (voir le bâton d'Ishango ; -20000 : les 4 noms de la dynastie, les 12 mois,ou plutôt, les 12 « lunes » de l'année, les 12heures de la journée, etc.) qui auraient été ensuite adopté par le peuple hébreu. Kusch, espace du premier homo sapiens est aussi celui du pays de NIMROD, comme il est écrit : « Cusch engendra aussi Nimrod ; c'est lui qui commença à être puissant sur la terre » (GEN10, 8-9). Et c'est auprès d'un cushiteque Moïse apprit l'art de gouverner la multitude (lire Ex 18, 13-26). L'on comprend maintenant pourquoi Salomon appela Makeda Reine de «Saba».
Mathias Niyonzima
En depit des contre-verites que ce texte contient, qui en disent tout de meme long sur le delire de son auteur, il a ete distribue par plusieurs organisations juives. La liste des sites qui ont distribue ce texte est longue. Voici quelques uns de ces sites:
Le site www.sefarad.org appartient a une organisation basee a Bruxelles connue sous le nom de Merkaz Haïm - Institut Sépharade Européen-, domiciliee a Espace Ytzhak Rabin, 52 rue Hotel des Monnaies, B-1060 Bruxelles, en Belgique.
On peut raisonnablement penser que le sieur NIYONZIMA entretient des rapports avec cette organisation. Il reste a savoir si elle est solidaire des theses que cet individu defend et jusqu a quel degre elle s implique dans les actions qui sous-tendent ce discours obscurantiste et raciste.
Que des survivants du genocide dont les Tutsi du Rwanda ont ete victimes et que des survivants du genocide juif soient manipules par de tels individus, voila qui jette le discredit sur la lutte legitime et obligatoire contre le negationnisme ou le revisionnisme et complique a souhait le travail de memoire et donc la reconstruction de la societe rwandaise.
MYTHE DES ORIGINES, IDEOLOGIE HAMITIQUE ET VIOLENCE EN AFRIQUE DES GRANDS LACS : COMPRENDRE ET AGIR
Dr Lazare Ndayongeje, Directeur ,Politique & Géopolitique Burundaise, BRI Inc.
INTRODUCTION
Les contradictions à l’origine des tensions et des conflits socio-politiques ne sont pas toujours apparentes. Bien souvent, les groupes d’intérêt les masquent en leur donnant une pseudo explication mystificatrice. Un des rôles de l’idéologie politique est non seulement de fournir une interprétation du monde mais également d’indiquer un idéal social. C’est pourquoi elle est souvent le lieu théorique où s’investissent les falsifications intéressées de l’histoire et de la réalité sociale et politique.
Pour l’Afrique et singulièrement pour la région des Grands Lacs, deux mythes idéologiques ont été cultivés et n’ont pas encore cessé de faire des ravages : il s’agit du mythe des origines et de celui du tutsi-hamite, et plus récemment du tutsi juif. Le terme mythe a plusieurs sens et de ce fait est ambigu. Du grec muthos : parole, récit, le mythe signifie à la fois une représentation collective de haute teneur psychologique et affective ( mythe du progrès, mythe de l’âge d’or) et un récit dont le fondement rationnel est absent et qui pour fournir une explication recourt aux ressources d’un imaginaire fabuleux.
Dans le mythe, il y a un défaut d’explication rationnelle compensé et masqué par les séductions d’un artifice poétique, religieux ou fantastique et fantasmatique. Le mot idéologie est également polysémique. Il signifie un système d’idées destiné à voiler ou à justifier par un « arôme spirituel » la domination d’une classe sociale ( K. Marx) ; une projection dans un imaginaire consolant d’une situation intenable et contradictoire (L. Feuerbach) ; ou une rhétorique incapable d’expliquer ses concepts et qui est l’expression détournée des intérêts d’une classe sociale ( L. Althusser). Dans ses investissements historiques successifs l’idéologie hamitique a revêtu tour à tour et parfois concomitamment les aspects d’un mythe, d’une illusion rassurante, d’un masque des intérêts et d’une volonté de domination. Mythe et idéologie ont ici en commun la manipulation intéressée de l’illusion (entendue dans le sens freudien comme croyance dans laquelle la force du désir fait méconnaître la réalité) et des fantasmes.
Au regard du potentiel mortifère du mythe des origines et de l’idéologie hamitique, il nous paraît important de revisiter leur genèse dans l’espoir de susciter un débat et des engagements salutaires
1. Mythe des origines: théories de l’espace, déterminisme géographique et naturalisme.
Dans l’entendement ordinaire, l’espace pourrait être considéré comme quelque chose de vide, un réceptacle neutre sans impact sur les personnes et les choses. En réalité les penseurs qui ont abordé l’analyse de cette notion ont divergé. Le même désaccord peut être constaté à propos de l’influence du lieu géographique de naissance, certains considérant qu’il constitue un facteur identifiant , d’autres n’y voyant qu’un élément plutôt secondaire. Au demeurant, l’homme est-il l’œuvre de la nature ?
1.1. L’espace : le vide ou l’ordre des coexistences possibles ?
Aristote définit l’espace comme un lieu doté d’une certaine puissance organisatrice(1). Chaque chose est amenée à rejoindre sa place naturelle : les choses terreuses en bas , le feu en haut , l’eau et l’air dans l’intervalle. Il y a violence chaque fois qu’un objet est éloigné de sa place naturelle : par exemple quand je jète un caillou en l’air…Heureusement le naturel va revenir au galop. Pour le physicien Isaac Newton, l’espace est un cadre indépendant des objets qui l’occupent tandis qu’Albert Einstein y voit une simple possibilité de position. Une boîte par exemple délimite une possibilité de position (2). Leibniz pour sa part définit l’espace comme l’ordre des coexistences possibles tandis R. Descartes se démarque en définissant l’espace comme la substance matérielle des choses : l’espace ce n’est pas le lieu de la chose , c’est la chose même dans sa consistance matérielle. « …la même étendue qui constitue la nature du corps constitue aussi la nature de l’espace(3) .»
Si nous retenons la définition de l’espace comme l’ordre des coexistences possibles , « non seulement entre les existants , mais encore entre les possibles comme s’ils existaient » il se pose dès lors une série de questions sur ces coexistences. S’agissant de la coexistence des hommes avec la nature environnante , trois thèses peuvent être envisagées : le primat du monde physique , le primat de la culture , ou alors une synthèse dynamique entre le naturel et le culturel.
1.2. Du déterminisme géographique au « régionalisme.
Jean Bodin , dans son ouvrage La république, au livre V chapitre premier, a théorisé en le politisant l’impact des zones climatiques. Le Nord , le Midi et la zone tempérée produiraient des types d’hommes différents. L’homme du nord serait brutal , versatile , sans parole donnée, chaste et pudique. Il serait gouverné par la force. L’homme du midi serait plutôt rusé et vindicatif , lubrique, porté vers les sciences et la contemplation. Il serait gouverné par la religion . L’homme du climat tempéré , porté aux sciences politiques, les lois, la grâce de bien discourir , serait gouverné par la raison et la justice. On voit là un déterminisme géographique qui imposerait des caractères spécifiques et définitifs. Jean Bodin , pour qui les vents rendent les hommes inquiets alors que les montagnes les rendent indépendants et farouches pour leur liberté, a dû reconnaître la possibilité pour la discipline, donc l’ éducation, de changer le naturel. « Voilà , écrit-il, quant aux naturelles inclinations des peuples, lesquelles toutefois n’importent point de nécessité…mais qui sont de bien grande conséquence pour l’établissement des républiques, des lois , des coutumes …(4) »
On sait par ailleurs que Montesquieu a repris , au livre 14 de L’Esprit des lois (1748) la théorie des climats. Le froid , pensait-il, resserre les extrémités des fibres de notre corps et augmente leur force, le chaud les allongerait et diminuerait leur force. Et avec la force causée par le froid , la confiance en soi, la hardiesse dans l’entreprise, moins de désir de vengeance, peu de sensibilité à la douleur, aux plaisirs, à l’amour. Montesquieu fait l’apologie des peuples du nord qui briseraient les fers forgés au midi. « C’est là que se forment ces nations vaillantes qui sortent de leur pays pour détruire les tyrans et les esclaves , et apprendre aux hommes que , la nature les ayant fait égaux la raison n’a pu les rendre dépendants que pour leur bonheur. » Mais déjà , s’insinue dans la pensée de Montesquieu une contradiction : qu’est-ce qui détermine l’esprit des nations : le climat ou de la raison ? Accusé de spinozisme (affirmation de la nécessité s ‘imposant aux hommes ) Montesquieu fut obligé de rédiger en 1750 une Défense de l’Esprit des lois et d’affirmer le rôle des causes morales. Plus les causes physiques portent les hommes au repos, plus les causes morales les en doivent éloigner écrit-il, insistant sur la responsabilité des législateurs. Au total , le climat chez Montesquieu restera un facteur parmi d’autres, à côté de la religion , des mœurs et des lois , des maximes du gouvernement, et des exemples des choses passées.
On le devine aisément : le déterminisme géographique , basé sur l’idée que la zone géographique et son climat influencent de façon décisive les qualités des gens tant au plan intellectuel que moral peut être à l’origine de divisions sur la base de la provenance provinciale ou régionale. Sans être explicitement revendiquée , une telle pseudo-théorie sous-tend la démarche de certains politiciens à court d’arguments politiques, qui indexent telle ou telle région comme « produisant » des hommes naturellement …méchants.
1.3. Nature humaine et racisme.
On peut définir la nature comme ce que l’homme trouve , ce qui n’est pas l’œuvre de l’art ou de la culture en général, ce qui n’est pas fabriqué. Sur le plan biologique, est naturel ce qui est inné et se transmet par hérédité. S’agissant de la nature humaine , la question est de savoir si nous naissons hommes ou si nous naissons potentiellement hommes. Y a-t-il un concept universel de l’homme qui soit nécessaire et qui se réalise inévitablement dès que celui-ci naît ? L’affectivité , l’intelligence , la créativité sont-elles inscrites dans ses gènes ?
Abordant la question , Lucien Malson , dans Les enfants sauvages écrit : « Le problème de la nature humaine, c’est en somme celui de l’hérédité psychologique…rien n’est plus contestable que la transmission par le germe de « propriétés » définies, décelables dans l’ordre de la connaissance et de l’affectivité -donc de l’action. (5)» L’étude des enfants sauvages privés d’éducation, a montré que sans société ni socialisation dans les délais convenables, le potentiel intellectuel , affectif et moral s’atrophie et l’on ne peut plus espérer avoir un humain accompli, mais un être qui se comporte comme les bêtes auprès desquelles il a grandi. De plus , deux jumeaux monozygotes élevés dans des milieux différents auront des comportements et des capacités intellectuelles différents.
Néanmoins , François Jacob dans « Le Monde » du 11 /12 février 1972 recommandait d’éviter deux extrêmes : celui de la fatalité génétique où tout, dans l’intelligence , les sentiments et les comportements serait déterminé par l’hérédité ; et celui de la cire vierge où tout serait acquis. « Le programme génétique met en place ce qu’on pourrait appeler des structures d’accueil qui permettent à l’enfant de réagir à son milieu, de repérer des régularités, de les mémoriser puis de combiner les éléments en assemblages nouveaux » . De la sorte , il y a interaction entre le génétique et le socioculturel dans une perfectibilité relative.
En fin de compte , on ne parle plus de nature humaine , mais de potentialités humaines pouvant être plus ou moins développées. Les travaux des anthropologues et les recherches sur l’intelligence humaine et animale ont dégagé ces potentialités : la liberté dans le temps et l’espace car l’action humaine n’est pas seulement liée au présent ou à la présence des objets ; la capacité de combiner les objets pour attendre un but et l’invention des signes pour faciliter et représenter cette combinatoire, l’invention et la pensée de la pure chose (x) liée à chaque objet, c’est-à-dire l’abstraction formelle ; l’exigence des règles dont la prohibition de l’inceste ; la pratique du don et de l’échange ; l’exigence de réciprocité.
De là , on comprend que les hommes n’étant pas le seul résultat de leurs gènes , mais aussi de l’éducation, on ne peut les figer une fois pour toutes dans un déterminisme biologique et que les ghettos organisés autour de la pureté raciale n’ont pas de fondement réellement humain. Or le raciste explique les différences sociales et culturelles comme l’effet de l’hérédité . La division d’une société en classes est fondée, pense-t-il, sur les propriétés héréditaires. « Ceux qui sont aujourd’hui des prolétaires doivent leur situation inférieure aux tares héréditaires de leur corps et de leur esprit. (6)» La femme est minoritaire parce que génétiquement inférieure , le nègre est esclave parce que génétiquement , naturellement déficient…
S’il n’y a pas de rapport de nécessité entre un programme génétique invariable et des qualités intellectuelles , affectives et morales d’un individu ou d’une race ; s’il ne peut encore moins y avoir un lien absolu entre un trait culturel ( religion, langue, coutume) et un peuple, une ethnie ou une race, à cause du caractère contingent et évolutif de la culture ; s’il n’ y a pas non plus de relation de cause à effet entre la zone géographique et climatique et ‘l’esprit ‘des gens qui y habitent, le déterminisme naturel fixiste sur lequel s’appuient les théories régionalistes et racistes ne devrait qu’être rangé au musée des erreurs passées . Malheureusement , ces erreurs , devenues des mensonges profitables , des idéologies politiques , n’ont pas cessé de hanter les hommes, même les savants et soi-disant éclairés. Tel est le cas de l’idéologie hamitique.
2. L’idéologie hamitique : une arme de combat et de domination.
Le terme hamite ou chamite enveloppe une des plus funestes manipulations de la réalité historique et culturelle. Partant de la malédiction consécutive à la faute présumée de Cham, l’idéologie hamitique servira aux Hébreux pour frapper d’infamie les Egyptiens et les Noirs, ensuite elle servira pour justifier l’esclavage et la colonisation, puis par une transmutation due à Gobineau, elle servira à dénier aux peuples Noirs toute contribution à la civilisation universelle, toute innovation culturelle africaine étant attribuée à l’apport fécondant de Hamites d’origine blanche. Après avoir servi à nier l’apport des Noirs dans la civilisation égyptienne, elle va être utilisée pour présenter les élites des pays des Grands Lacs comme étrangères, apparentées aux colonisateurs et naturellement appelées à participer avec eux au parachèvement de l’œuvre civilisatrice. Avec l’idéologie hamitique, le venin du racisme va pénétrer dans cette région de l’Afrique, semant des divisions et des haines qui ont culminé dans des génocides. Elle déforme encore la conscience de certaines élites à tel point que Drake aurait encore raison de titrer, comme en 1959, son article : « Détruire le mythe chamitique, devoir des hommes cultivés. (7) »
2.1. De la malédiction de Cham à la malédiction des Noirs
Le mot chamitique ou hamitique vient du nom Cham, l’un des trois fils de Noé. Dans la Bible, Ancien Testament, le livre de la Genèse dit au chapitre 9 versets 18-27 que Cham ayant vu son père ivre et nu, il en avait averti ses frères, Sem et Japhet. Le père une fois sorti de son ivresse apprit « ce que lui avait fait » son jeune fils, et maudit Canaan, fils de Cham en le condamnant à être l’esclave de ses frères. Au chapitre 10, la Genèse présente comme fils de Cham, Kouch, Misraïm , Put et Canaan. Et comme fils de Kuch, Séba, Havila, Sabta, Ragma, et Sabteka. Comme fils de Ragma, Saba et Dédan. A ce niveau, tous les peuples de la terre sont présentés comme issus d’un même père. Mais certaines traditions juives vont exploiter l’histoire de la malédiction de Cham pour la transformer en celle des Noirs. Une confusion, peut-être intéressée et délibérée, a été faite entre Cham et trois racines de l’égyptie n ancien : ham qui signifie être chaud, brûler ; hm,hmw qui veut dire esclave, disciple et km, kam qui signifie être noir, brunir. Kmt est à la fois une chose noire, la terre noire fertile par opposition à deseret, terre rougeâtre et stérile, l’appellation de l’Egypte, du roi et des habitants de l’Egypte. Kami désigne le dieu Osiris etc. L’auteur de la Genèse « aurait identifié les contenus sémantiques des trois points ou de deux seulement comme le fera plus tard Philon d’Alexandrie qui , commentant ce passage(Gen. 9, 18-27), identifiera km et la chaleur(hm) d’autant plus facilement que ham en hébreux a le même sens que dans l’égyptien ancien. (8)» Dans une étude sur l’hypothèse hamitique , son origine et sa fonction diachronique, Edith R . Sanders montre que la malédiction passa des noms de Cham, de Canaan, d’Egypte etc à la couleur noire de la peau et même à la physiologie et à la conduite morale des Noirs « comme le montrent clairement les traditions rabbiniques du Talmud babylonien dans lequel les descendants de Canaan deviennent des Noirs et des dégénérés.(9) » En fait la Genèse escamote le vrai motif de la malédiction et les traditions sur l’ivresse de Noé varient : l’une dit que Noé a été castré par Canaan, l’autre qu’il a été émasculé par Cham, tandis qu’une troisième raconte qu’il l’a été par un lion. Dans la mythologie (grecque et hittite par exemple), le mythe de la castration du père est fréquent : Chez les Grecs, Ouranos est émasculé par Kronos, qui a son tour est émasculé par Zeus. Les Hébreux ont récupéré ce thème mythique pour l’exploiter contre les peuples du sud et les Noirs. « Tout cela provient du fait qu’à un moment donné de l’histoire réelle des peuples, les Hébreux qui avaient des prétentions sur la terre des Cananéens ou des Philistins alors alliés des Egyptiens vers l’époque de Ramsès III(1182-1151), avaient besoin d’une puissante idéologie de caractère cosmique pour légitimer leurs prétentions politiques. (10)» Cette i déologie de la malédiction des Noirs restera désormais latente au long de l’histoire. Au XIVème siècle Ibn Khaldun essaye même de la combattre et d’expliquer que la couleur noire n’est pas la suite de la malédiction de Noé mais plutôt l’effet de l’air sous une très grande chaleur. Il constate dans son Muqaddimah ou Introduction à l’histoire universelle qu’il est dit dans la Torah que Noah a maudit son fils Ham mais qu’aucune référence n’y est faite à la couleur noire .
Aux 18è et 19è siècles, l’idéologie de l’infériorité des Noirs se donne de plus en plus les apparences de la science, étant relayée par des penseurs éminents.
Le siècle dit des Lumières n’apportera pas de rayons d’objectivité sur la réalité humaine des Noirs (11). D. Hume trouvait que les nègres n’ont aucun signe d’intelligence , Voltaire trouvait qu’ils sont irrémédiablement les derniers sur le plan intellectuel, le naturaliste Cuvier n’y voyait que des barbares proches des singes , tandis que le philosophe Hegel trouvait que l’Afrique était encore « enveloppée dans la couleur noire de la nuit ».
Les hommes d’Eglise et autres exégèses insistent sur la peine héréditaire « qui pèse sur une portion de la race africaine . »(Lamennais dans L’avenir , 1830). A.L. Montandon écrit en 1848 dans son Etude des récits de l’Ancien testament…« Il suffit de vous désigner les nègres pour vous rappeler à quel point la sentence de Noé s’est accomplie sur la postérité de Cham » Mais, pendant que le mythe de la malédiction des Noirs justifie l’esclavage et la colonisation, l’idéologie hamitique prend un tour inattendu avec le comte Arthur de Gobineau.
2.2. Les Chamites selon Gobineau ou la négation de la créativité des Noirs.
Gobineau intervient pour contrer la thèse , défendue par exemple par Volney sur le caractère noir et africain de la civilisation égyptienne ancienne. Il s’ingénie à récupérer le concept péjoratif de Chamite pour lui donner une nouvelle signification.
Avec son Essai sur l’inégalité des races humaines(1853) le comte Arthur de Gobineau va donner au racisme et à l’idéologie hamitique une autre tournure non moins dangereuse. Gobineau distingue notamment les races Caucasienne, Sémitique , Japhétide , Jaune et Noire /Chamitique . Chaque race a selon lui sa spécificité intellectuelle et morale. « Les deux variétés inférieures de notre espèce, la race noire, la race jaune, sont le fond grossier , le coton et la laine , que les familles secondaires de la race blanche assouplissent en y mêlant leur soie, tandis que le groupe arian, faisant circuler ses filets plus minces à travers les générations ennoblies, applique à leur surface , en éblouissant chef-d’œuvre, ses arabesques d’argent et d’or.(12) » Le Noir incarne la laideur, la superstition, la brutalité, l’anthropophagie , la médiocrité, la souillure. La civilisation égyptienne serait le résultat du mélang e de touristes blancs, éléments civilisateurs, avec des Noirs autochtones. Les Chamites de Gobineau sont primitivement des Blancs mais leur destin a été de se mêler à la race ‘’mélanienne’, de se métisser et de disparaître. « Les anciens Chamites blancs allèrent se perdant chaque jour, et finirent par disparaître. Leur descendance mulâtre, qui pouvait très bien encore porter leur nom comme un titre d’honneur, devint par degrés, un peuple saturé de noir .(13)» Selon lui, les Chamites qui ont fondé les civilisations nord africaine et mésopotamienne telles que celles de Carthage, de Ninive, de Babylone étaient des Noirs ayant assimilé du sang blanc ou ‘’arian’’. Après Gobineau, les Noirs se divisent en vrais et faux nègres , et toute trace de civilisation est imputée à la présence du sang des chamites.
Les linguistes, les anthropologues, les ethnologues et les égyptologues vont s’engouffrer dans la brèche ouverte par Gobineau et chercher des hamites derrière toute civilisation africaine. Chez certains linguistes, les langues sont classées en relation avec la hiérarchie culturelle et raciale de leurs locuteurs Ainsi par exemple , Carl Meinhof écrit en 1936 que « les créateurs de langues à classes ne sont pas des natifs de l’Afrique et (…) n’étaient pas des nègres ». Et l’anthropologue J. Deniker dans Les races et les peuples de la terre (Paris, 1900) affirme que « l’élément dit khamitique, d’origine asiatique ou européenne(…) se superposa sur les nègres, les négrilles et les boshimans ». De plus, dans son article intitulé « Détruire le mythe chamitique, devoir des hommes cultivés », Drake cite l’ouvrage de Friedrich Ratzel intitulé Histoire de l’humanité et publié à Londres en 1895 dans lequel Ratzel explique que le terme chamitique doit être appliqué aux « tribus dont le type de physionomie approche les plus nobles formes de visages blancs bien que leur couleur soit aussi noire que celle du Noir typique . (14)»
Mais l’un des anthropologues les plus acharnés à hamitiser l’Afrique fut sans aucun doute Sir Harry Johnston(15). Pour lui, en effet , les Hamites étaient linguistiquement et racialement de même origine que les Sémites et viennent peut-être « du sol fertile des peuples conquérants » de l’Asie du Sud-Ouest. Les Hamites sont la forme primitive ou modifiée du caucasien. « Les nègres Nilotiques sont très tôt sous l’influence de la forme primitive de l’homme blanc, le Hamite ».Ce sont les ancêtres des dynastes égyptiens. Ils conquirent l’Egypte et l’Afrique noire jusqu’au Cameroun et à l’ouest de l’Afrique. A l’Est, ils descendirent jusque dans les pays des grands Lacs . Ce sont eux qui ont apporté l’usage du métal. Ce sont des aventuriers égyptiens qui, en descendant devinrent partout des chefs, des demi-dieux à cause de leur peau claire, de leurs beaux traits et de leurs arts. Les civilisations africaines sont tributaires et redevables au sang blanc des Hamites, de l’Egypte au Zimbabwe, des Grands Lacs au Bénin en passant par les Bashi et les Lubas qui devraient aux Hamites l’art de la métallurgie. « Sometimes one is disposed to think that those remarkable cattle-keeping aristocracies of the heart of Central Africa- the Bahima, the Batutsi, the Makarka, and Mangbettu are descended from Egyptian colonists of 2,000 and 3,000 ago »,note Johnston.
2.3. Les Hamites des Grands Lacs, des explorateurs aux « savants », des colons aux missionnaires .
Le dix-neuvième siècle dit de l’histoire était féru de recherche de l’origine et de l’évolution des choses. Les langues , les peuples , les civilisations , les races, l’esprit, etc. tout fut appelé à donner sa source et de prendre place sur l’échelle de l’évolution au sommet de laquelle trônait , bien entendu, la civilisation occidentale chrétienne et technicienne . Tout ce qui, en Afrique, portait la marque du génie dans l’organisation politique et sociale, dans l’élaboration métaphysique , les sciences , les arts , l’architecture etc. fut attribué à des éléments fécondants blancs.
L’explorateur anglais J.H.Speke , qui passa dans la région dans les années 1850 ( au Burundi en 1858) impressionné par l’organisation de l’Afrique des Grands Lacs avança l’hypothèse d’une migration galla venue d’Ethiopie. Et après lui ,Oscar Baumann écrira : « Les peuples étudiés ici appartiennent linguistiquement tous au groupe bantou. Cependant du point de vue anthropologique on sera obligé ici de les grouper en hamites et en nègres, les premiers étant représentés par les tribus des pasteurs, watussi ou wahuma. Sur les populations agricoles bantu établies depuis des temps immémoriaux s’est déversé, il y a plusieurs millénaires , un courant d’immigrants de pasteurs hamites originaires de l’Abyssinie du sud des pays nordiques des Galla. (16) »
Le congrès Universel des races de 1911 fit l’éloge des hamites à la grammaire admirable , au nez aquilin, au beau crâne vaste et orthognate (17). Et le docteur Richard Kandt reprit l’idéologie en 1914 en ces termes : « Les Watussi sont une caste noble d’étrangers sémitiques qui ont subjugué toute la zone interlacustre et dont la taille géante dépassant parfois les deux mètres, fait penser au monde des fées. »( Caput Nili). Pour sa part le Duc de Mecklenburg fera le portrait robot des hutu , agriculteurs bantu , laids, esclaves bons pour les travaux durs , et les tutsi venus d’Egypte et d’Arabie…Membre d’une expédition scientifique allemande en Afrique centrale dirigée par ce duc , l’ethnologue Jan Czekanowski dira que les Batutsi et les Bahuma doivent être mis en relation avec les tribus nilo-hamitiques de la rive Est du bassin du Nil.
Les administrateurs coloniaux, informés et déformés par ces clichés s’employèrent à les faire pénétrer dans la tête des élites des Grands Lacs , singulièrement du Rwanda et du Burundi. « Les Batutsi étaient destinés à régner . Leur seule prestance leur assure déjà, sur les races inférieures qui les entourent un prestige considérable .(18) » Voilà comment s’exprimait P. Rychmans qui fut administrateur résident du Burundi pendant dix ans.
Les missionnaires ne furent pas en reste : des évêques aux prêtres et aux abbés , l’Eglise catholique participa activement à l’enracinement de l’idéologie hamitique. Mgr Gorju, s’interrogeant sur les rois tutsi trouva cette réponse : « Sans doute d’audacieux chefs de bande, l’infiltration de blancs au milieu des noirs, c’est-à-dire des apathiques bantu …(19) » De même , Mgr Léon Classe qui fut archevêque du Rwanda écrivait en 1922 « La population du Rwanda est formée de trois races : les Batutsi, la classe noble , les Bahutu, ou le peuple, les Batwa ou pygmées… Les Batutsi ne sont pas des bantu, ce sont , si vous voulez, des négroïdes : c’est le peuple de l’Afrique qui possède le plus fort indice hamitique. Autrefois, longtemps avant l’ère chrétienne , il y eut d’Asie Mineure de fortes migrations de peuples qui passèrent en Egypte puis peuplèrent l’Abyssinie, et, peu à peu, s’écoulèrent vers le sud. Là est l’origine probable de nos Batutsi… » Le prélat ne manquait pas de parler de la grande taille des Batutsi , de leur physionomie agréable « parfois même rappelant de près la race sémitique. (20)»
Le père Pagès, du Rwanda, écrira à son tour , en 1933, Un royaume hamite au centre de l’Afrique. Dans cet ouvrage le prêtre étend aux peuls le qualificatif de hamite et prétend que les tutsi sont des hamites-sémitiques venus d’Egypte et d’Abyssinie, dans des caravanes avec des porteurs nègres. «On rencontrera souvent le mot « hamite »…il sert à désigner les ‘Batutsi’ qui sont les mêmes que les ‘Bahimas’ de l’Uganda et du Nkole…les ‘Banyambo’ du Ndorwa et du Karagwe. Les ‘Peuls’ou ‘Peulhs’( au pluriel Foulbé ou Foula) du Soudan…paraissent eux aussi, fortement apparentés à la race des Hamites . (21) »
Parmi les autochtones, l’Abbé rwandais, Alexis Kagame a joué un rôle important dans l’enracinement de l’idéologie hamitique, d’une part à cause de sa contribution dans l’écriture de l’histoire du Rwanda , d’autre part à cause de la respectabilité des hommes d’Eglise. Il restera le symbole même de l’intellectuel incapable de se départir d’une idéologie que les faits qu’il étudiait ne cessaient de démentir. Nous le verrons plus loin. Un quart de siècle après l’indépendance du Rwanda et du Burundi, paraissait en 1978, de Paul Del Pérugia , Les derniers rois mages. On y lit que « Le Hamite …ne gravit que très tard, à la fin du XIIième siècle, la zone inter-lacustre. …Tout rendait ces immigrants irréductibles aux Bantous. Les hamites ne sont ni négroïdes, ni européïdes. L’origine de leur race splendide demeure toujours mystérieuse. (22)»
2.4. Présomptions sans fondement et mépris des faits.
Aucun de ceux qui ont répandu l’idéologie hamitique n’a pu lui fournir une assise scientifique. Et l’on reste étonné par la disproportion entre cette absence de base et la ténacité avec laquelle elle continue de hanter l’Afrique , de diviser et détruire ses enfants. L’échantillon ci-après, tiré des documents respectifs cités ci-haut montre avec quelle légèreté ses partisans la présentent : « Il paraît impossible de croire, à en juger par l’apparence physique des Wahûma, qu’ils puissent être d’une autre race que celle mi-shem mi-hamitique d’Ethiopie » écrivait John Hanning Speke. « Là est l’origine probable de nos Batutsi » écrivait Léon Classe pour qui « On peut établir tout un faisceau d’indices tirés de la constitution physique, des mœurs et coutumes, des légendes des Batutsi. Aucun argument ne peut être pris dans la langue… » Le père Pagès parlait de « quelques présomptions et quelques données sur l esquelles on peut s’appuyer pour essayer de faire un peu de lumière. »
Ceux des propagateurs du hamitisme qui se sont efforcés de lui trouver des assises n’ont pas réussi et ont été obligés de tordre les faits , cédant à l’impératif d’un a priori récurrent. Ce fut le cas notamment d’A. Kagame et de Mgr Gurju.
Dans un article intitulé : « Les Hamites du Rwanda et du Burundi sont-ils des Galla ? (23) » Alexis Kagame, déjà convaincu que les Batutsi étaient des hamites les répartissait en trois groupes : les Couchites : Somali, Galla ; les Nilo-hamites : Sud-Est du Soudan, Nord-Est de l’Ouganda, Ouest du Kenya, Nord-Est du Tanganyika ; les Hamites inter-lacustres : Bahima, Bahinda, Batutsi du Rwanda, du Burundi et du Buha. Il constatait que « Les différences entre ces trois groupes se situent dans les systèmes linguistiques, dans les institutions sociales et politiques, ainsi que dans divers éléments culturels qui en découlent. Ces facteurs de différenciation n’empêchent cependant pas qu’il y ait, même du point de vue culturel, une certaine unité fondamentale, parallèle à celle de la race. S’il en était autrement, ils auraient été difficilement groupés sous l’étiquette commune de’ civilisation hamitique’ qui le ur est appliquée. »
L’étiquette: voilà l’ultime recours quand les faits culturels censés fonder cette pseudo civilisation hamitique si recherchée font défaut. En effet, étudiant comparativement six traits culturels importants à ses yeux, l’Abbé Kagame constate une nette différence. Les galla pratiquent la circoncision, « Les Hamites interlacustres n’ont aucune idée de cette coutume. » « Les galla utilisent la chèvre dans leurs cérémonies les plus vénérées…or chez les hamites inter-lacustres, la chèvre constitue une impureté.» Il constate qu’alors que chez les Batutsi la brebis partage le mythe de la vache et constitue avec elle un animal divinatoire, chez les galla c’est plutôt le bouc qui a ce statut, alors qu’il est tabou au plan social et divinatoire chez les Batutsi. Kagame fait le même constat à propos du Zébu : les Galla élèvent la vache zébu (ingwêba) . « Mais les Batutsi et les Bahima considèrent comme impur le la it de la vache zébu, au même titre que celui de la chèvre. Nos Hamites préféreraient mourir de faim plutôt que de se souiller en buvant de ce lait. ». Chez les Galla le forgeron devient un paria « or non seulement le forgeron n’est pas un paria chez nous, mais encore le Roi du Rwanda lui-même est le forgeron suprême du pays. » Enfin, il relève que « l’institution galla qui marque , d’une manière plus spectaculaire , l ‘absence de relation culturelle entre ces couchites et les hamites inter-lacustres » c’est-à-dire les Gada ou classes d’âge qui conditionneraient leur structure sociale et organisation politique. « Les Hamites inter-lacustres ignorent les classes d’âge…Le système socio-politique, en leur zone est axé sur la monarchie de droit divin. » Et l’Abbé de conclure sans appel : « Les Galla et les Hamites inter-lacustres en dehors de leur appartenance à la même civilisation pastorale et à la même race Hamitique n’ont jamais pu entrer en contact et s’influencer culturelle ment. »
L’autre homme d’Eglise qui a lancé (après J.H. Speke) l’idée des tutsi-galla ( dans Entre le Victoria, l’Albert et l’Edouard, paru en 1920) , et qui s ‘est perdu dans des contradictions, est Mgr Gorju du Burundi. Après avoir écrit que les princes burundais de la dynastie ganwa se disaient d’origine hutu, il s’est contredit, probablement sous la pression, pour propager une phrase qu’aurait prononcé le jeune prince Baranyanka: « notre dynastie est hamite ». En effet , il a noté dans un écrit intitulé Zigzags à travers l’Urundi comment son préjugé s’était heurté aux faits : « Lorsque , à force de faire et zigzags et enquêtes, nos idées se furent modifiées dans le sens de l’origine bantu de nos Hamites, nous conclûmes. » Mgr Gurju précisait ses preuves : les « affirmations très nettes de nos princes, vieilles légendes stéréotypées qu’on s’est transmises sous (leur ) couvert, nous ont fait adopter longtemp s l’opinion contraire et conclure à l’origine bantu de leur dynastie ». Entre autres princes , Gorju citait le grand chef Nduwumwe qui avait affirmé clairement : « Ne te méprends pas sur notre origine ; nous autres princes, notre premier aïeul était Muhutu, nous ne sommes que des bahutu .(24)» Une telle affirmation à une époque où n’était noble que ce qui était tutsi a requis du chef Nduwumwe un attachement certain à la vérité. Et Gorju insiste : « Il est des princes dont le faciès est du bantu pur. Nous nous fatiguerions à citer des noms parmi les anciens et les nouveaux. Bref , pris dans l’ensemble nos princes sont moins hamites que les simples pasteurs et, quand ils le paraissent, cela doit vraisemblablement être attribué à des unions incessamment répétées dans le stock hamite. » Gorju continue ainsi : « Leurs coutumes viennent à l’appui de leurs dires. Leurs hommes de confiance sont toujours parmi les manants. Un prince, lorsqu’il épouse une fille mututsi, accomplit des cérémonies dans une hutte d’un muhutu, constituée expressément pour cela par des bahutu, dans un kraal de bahutu. Lorsqu’un prince sent la mort venir , il se fait porter dans la hutte d’un de ses bahutu pour y mourir. (25)»
Malgré tout cela, semblable à Galilée contraint de se déjuger, Gorju écrit sans conviction: « Les rois barundi ne sont bahutu que parce qu’on les appelle bahutu. Le roi de l’Urundi est muhutu en théorie. (26) » L’historien Jean-Pierre Chrétien reprend le témoignage de Gorju en le citant : « Tout le monde le dit ici et les princes eux-mêmes m’ont affirmé qu’ils ne descendent pas d’un mututsi .» Et Chrétien à son tour écrit que « les traditions orales les plus largement répandues …donnaient au fondateur de la dynastie, Ntare Rushatsi, une origine méridionale…et n’excluaient pas une appartenance hutu. Sous l’influence conjuguée d’un grand chef du Nord-Ouest, Pierre Baranyanka, et de l’évêque Julien Gorju…tous deux fascinés par la culture rwandaise, une autre version est officialisée, à coup de bricolage des sources et même de pressions sur certains informateurs : elle donne au roi fondateur une origine r wandaise et tutsi, fondant en quelque sorte les lettres de noblesse de l’aristocratie dynastique burundaise. (27»
3. La judaïsation des Tutsi, stade ultime de l’idéologie hamitique.
Nos l’avons dit : le terme hamitique a subi des déformations philologiques , des assimilations linguistiques et des manipulations idéologiques(28). Mais alors qu’on pensait l’idéologie hamitique en voie d’extinction sous sa forme explicite, elle est en train de resurgir sous une forme que certains n’hésitent pas à présenter comme une nouvelle stratégie d’exploitation de l’Afrique , celle des Grands Lacs en particulier.
3.1. Havila : terre des Juifs d’Afrique ou une idéologie de l’occupation?
Le 18 mars 2000, Grands Lacs Confidentiel (29) titrait ainsi un article signé de Erik Kennes : « Judaïsation des Tutsis : identité ou stratégie de conquête ? » L’auteur notait que « depuis un certain temps, une nouvelle identification sociale est née chez les tutsi du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda. La réclamation d’une identité juive, les tutsi hébreux…fait certainement son bonhomme de chemin et de façon non hasardeuse. ». Cette identification aurait déjà des échos en Israël, puisque , dit Kennes, le Jerusalem Post du 23 novembre 1998 aurait écrit : « Nous lançons un appel à Israël et à la communauté internationale pour condamner et prendre des actions contre toute violence anti-israélite perpétrée par des non israéliens à travers l’Afrique , y compris plus de 500.00 tutsis-hébreux israéliens au Rwanda. . » L’auteur souligne que « Havila est le mot attribué à la région des Grands Lacs par ce mouve ment de la judaïsation des tutsis ». Institut, centres de recherche et manifestations sont voués , dans la discrétion, à la promotion de l’identité des tutsis-hébreux. Erik Kennes signale l’existence de 7 centres de recherche liés à « l’Institut des Grands Lacs » qui regrouperait « dans la plus grande discrétion les plus grands intellectuels tutsis à travers le monde ».
L’objectif commun de ces centres serait de restituer et de faire revivre la « mémoire perdue des douze codes hébraïques qui ont caractérisé depuis des millénaires, la civilisation des peuples kushitiques de l’Abyssinie méridionale (Rwanda, Burundi, Buha,Ankole, Buhavu etc.) et gardiens des mines du roi Salomon ». Kennes détaille les missions de chacun des 7 centres. Ainsi , le Centre Gédéon serait chargé de la sécurité et de la stratégie, le centre roi Salomon des analyses économiques et financières, le centre Hakim de la médecine , des sciences naturelles, de l’écologie et des écosystèmes dans Havila ; le centre Mulenge de la maîtrise des nouvelles technologies de la communication, de la documentation et des archives cruciales relatives à Havila. Le centre ISHMGO appuierait Mulenge en logistique et s’occuperait de la muséologie de Havila, des manifestations culturelles et folkloriques ainsi que de la « fabrique d’Ishango » au sein de laquelle les artisans reconstitueraient l’art et l’artisanat salomonique de Havila. Le centre Techouvhah s’occuperait de la connexion mémorielle des peuples shébbatiques du Nil Blanc et du Nil Bleu (Ethiopie, Somalie, Erythrée, Ogaden, Ghana, Nigeria) etc. Le centre Sacega s’occuperait du souvenir de l’institution du bâton de justice et du gouvernement dans Havila…par rapport à la mémoire de l’antique Israël, dont ils gardent … les codes salomoniques et mosaïques…dans des traditions multi-séculaires. Enfin, le centre Bilkis-Reine de Saba s’occuperait de l’analyse et de l’intervention politique et diplomatique concernant les peuples de Havila.
Le texte mentionne également l’organisation , du dimanche 24 octobre au mardi 2 novembre 1990, à Aguleri, dans l’Igboland au Nigeria, d’un festival tutsi « célébrant la réunification physique des tribus perdues de Havila, de Guihon (Ethiopie, Somalie, Erythrée, Ogaden, Ghana, Nigeria ) et du Fouta Djalon. » Les organisateurs auraient été l’African Hebrew Organisation, le King Solomon Sephardic Federation et le Groupe Industriel RIVKIN TECHNOLOGY.
L’auteur cite comme ténors de la conférence le professeur Jean Bwejeri, linguiste, l’avocat Mathias Niyonzima du barreau de Bruxelles et professeur de droit à l’Université de Nantes, le capitaine Ciramunda Richard-Delvaux, criminologue et stratège de Havila, Gaspard Kirombo, lauréat de la faculté des Sciences politiques et sociales de l’UCL, coordinateur du centre Mulenge et modérateur de la conférence inaugurale. A ceux-là s’ajoutent le professeur Alexandre Kimenyi(USA), Déogratias Bugera, Bizimana Karahamiheto et Jérôme Gapangwa Nteziryayo, évêque d’Uvira, docteur en histoire ecclésiastique.
De la lecture des écrits des promoteurs de Havila dont le siège est à Bruxelles, en Belgique , il se dégage un certain nombre de principes à la fois antidémocratiques et proches d’un essentialisme fixiste dont le raciste le plus simple d’esprit peut faire un fonds de commerce. En effet, derrière l’obsession des traditions se cache ici l’idée d’une perfection immémoriale et définitive . De même le paradigme monarchiste propre à Havila dont le chef, Jean Bwejeri, se dit prince de Nkoronko ; la mystique raciale tendant à promouvoir un culte des Tutsis , le mythe d’un passé codé sacralisé mais manipulable à souhait , tout cela amène à se demander si Havila n’est pas une école de racisme , un virus idéologique des plus dangereux. Quand par exemple J. Bwejeri écrit dans un article intitulé « Havila et les Tutsi hébreux » que « Durant les quarante dernières années, les Batutsi ont été exterminés et sont encor e en train d’être exterminés, à cause de leur identité hébraïque et de leur héritage salomonique » par qui voudrait-il être pris au sérieux ? Peu lui importe : l’assimilation des tutsis à des victimes d’un nazisme et d’un antisémitisme africains est en marche.
3.2. Recherche de fraternité ou moyen de division et d’exploitation ?
Derrière les proclamations d’une fraternité entre les Tutsi et les Juifs, certains voient la poursuite du dessein consistant à diviser les Africains pour mieux les exploiter. Car, se demandent-ils, en quoi un Tutsi est-il plus frère d’un Juif que d’un Africain qui partage avec lui la vie quotidienne et le passé récent ? Il s’agirait plutôt d’une manipulation idéologique , visant à utiliser certains groupes ethniques , à les dresser contre d’autres africains en leur donnant une origine extra-africaine , noble , supérieure. Comme hier les Tutsi , les Galla, les Hima, les Peuls, les Lemba etc. furent dits des Hamites, des blancs dans la peau noire, aujourd’hui, les mêmes , avec des Nigérians , des Ghanéens etc. sont en voie d’être rebaptisés Juifs. Des informations dignes de foi font penser que les Fangs d’Afrique centrale sont également visés par ce projet de judaïsation .
De même que Edith Sanders, en 1969 , voyait dans le hamitisme une idéologie destinée simplement à rationaliser l’exploitation de l’homme noir et à spolier le continent(30), Kennes voit derrière la prétendue volonté de retrouvailles fraternelles un projet de mainmise économique sur les ressources de la région des Grands Lacs, à partir de l’instrumentalisation des Tutsi et des autres ethnies rebaptisées juives pour les besoins de la cause. « Les maîtres à penser de cet empire (Hima-Tutsi) sont des personnes hautement instruites, qui ont tissé des relations avec certains groupes juifs et plusieurs partenaires occidentaux qui leur permettent de réaliser leur projet au prix des richesses abondantes dont regorgent ces Etats ».Il s’agirait donc de la complicité des certaines élites africaines avec des multinationales étrangères pour piller l’Afrique. Erik Kennes cite par exemple le projet Solomon Pipeline de la compagnie Westrac qui viserait à donner gratuitement à Israël l’eau du fleuve Congo. Dans certains écrits quelques idéologues de Havila affirment que le roi Salomon leur a donné en héritage la région des Grands Lacs et que les Bantous sont des immigrés à titre précaire. Qu’ils n’ont qu’à se soumettre aux lois des maîtres du pays ou partir ! De même , en se proclamant gardiens des mines du roi Salomon , ils chercheraient à justifier le pillage des minerais de la région.
Mais encore : à y regarder de près, les derniers développements de l’idéologie hamitique tutsie judaïsante sont une insulte pour les Tutsis et pour le bon sens. Les pseudo savants de la patrie Havila proclament en effet que la religion tutsie est un monothéisme en rapport avec le modèle mosaïque de la dix-huitième dynastie d’Egypte, que le système juridique doit être l’exacte copie du code déteuronomique, que le Tutsi doit être monarchiste politiquement, et qu’il doit être gardien de vache puisque tutsi veut dire d’après le prince de Nkoronko « ceux dont l’occupation permanente est de conduire le bétail au pâturage ». Bref les Tutsi n’auraient pratiquement plus rien à inventer et n’auraient qu’à se tourner vers leurs savants , qui , organisés en brillants centres de recherches se sont donnés la mission d’exhumer les trésors de leur humanité et de leur restituer l’intégralité de leur mémoire perdue. Seu lement , hélas, au prix de quels abandons et de quels risques ? Et quand Jean Bwejeri, le prince de Nkoronko, écrit une œuvre intitulée : Les Batutsi II . L’histoire confisquée il ne croit pas si bien dire . Seulement ce qu’il n’avoue pas , c’est que ce n’est pas l’historiographie classique qui a confisqué cette histoire , c’est lui et ses chercheurs , qui, ô paradoxe fratricide ! veulent enfermer les Tutsis dans le passé en en faisant des momies dorées. A se demander si les patrons de Havila aiment les Tutsis…
4. Comprendre et agir
Le mythe des origines et l’idéologie hamitique sont une entreprise délibérée visant à affaiblir l’Afrique pour l’exploiter facilement. Ils se servent d’un racisme anthropologique , social et culturel ainsi que d’une falsification de l’histoire africaine pour dresser les africains les uns contre les autres. D’où la nécessité d’engager une action pour démasquer et neutraliser ses avatars et réconcilier les africains , singulièrement ceux des Grands Lacs autour de l’idée d’un destin commun.
4.1. Par-delà les fausses généalogies, les vraies parentés.
L’analyse historique de cette idéologie nous ramène au constat que les pasteurs de l’Afrique des Grands Lacs sont des Bantous, parlent des langues bantoues. Ils ne constituent pas une race à part. De plus, les pasteurs de l’Afrique des Grands Lacs ne sont pas tous des Tutsis ou des Himas. Des Bashis, des Hutus etc. ont élevé du bétail en combinaison avec l’agriculture.
En outre les aristocraties de cette région ne sont pas issues d’une immigration blanche mais d’une différenciation socioprofessionnelle locale.
Et contrairement à l’idée courante les vocables Hutu, Tutsi, Hima, Twa etc. ne désignaient pas originairement des ethnies culturellement distinctes les unes des autres, mais des clans ; c’est-à-dire des communautés issues d’un même ancêtre connu : Muhutu, Mututsi, Muhima, Mutwa etc., cela n’excluant nullement un ancêtre commun avant la spécialisation professionnelle relative des uns et des autres. Le fait que Hutus, Tutsis et Twas, Himas aient des noms de lignages communs pourrait plaider dans ce sens.
De plus, les différences morphologiques observées ne relèvent pas de caractères raciaux génétiquement figés mais de divers facteurs : alimentaires notamment.
Par ailleurs les ressemblances morphologiques entre pasteurs d’Afrique dues surtout à l’alimentation ne font pas d’eux des parents proches tout comme elles ne créent aucune affinité culturelle directe : on l’a vu notamment à propos des Gallas et des pasteurs des Grands Lacs.
L’idéologie raciste plaquée sur la région a eu pour effet de diviser artificiellement ses peuples en races différentes , hiérarchisées, dont certains pasteurs faussement affublés d’une ascendance blanche constitueraient l’élite prédestinée à gouverner les nègres en coopération avec le colon.
Pour le Burundi par exemple, l’amalgame hamitique a fait que la dynastie des Baganwas, traditionnellement de souche hutue soit reclassée tutsie et d’origine étrangère pour la simple raison qu’elle avait du bétail et des pouvoirs. Les Bahimas furent rebaptisés Batutsis alors que c’étaient des Bahimas c’est-à-dire descendants de Muhima et non de Mututsi. Des Hutus riches et qui avaient du bétail, voyant que les colons appelaient Tutsis les riches, les puissants et les nobles, revendiquèrent et acquirent le titre de Tutsi. Le paradoxe aujourd’hui est que les Bahimas qui depuis 1966 se disent les porte-flambeau de la noblesse tutsie du Burundi ne sont même pas des Batutsis au sens authentique du terme et qu’avant la colonisation ils étaient plutôt un clan méprisé , à part quelques lignages. Le mot Tutsi , au départ synonyme de descendant de Mututsi est venu signifier pasteur, riche, noble, Blanc dans une p eau noire. Et, suite aux manipulations coloniales le mot Hutu a été assimilé à tort à serviteur, esclave alors que les termes umusuku, umuja exprimaient adéquatement ces statuts. Cette oeuvre de faussaire a fini par fragmenter, pétrifier et polariser la société.
4.2. L’idéalisation des Tutsis et la diabolisation des Hutus : un même piège
Nous avons vu plus haut à quel point une certaine littérature a adulé et porté aux nues la beauté et les qualités des Tutsis. Encore aujourd’hui la presse occidentale manifeste une sensibilité très inégale devant la mort des Hutus et des Tutsis. Autant le génocide des Tutsis du Rwanda fait l’objet d’une commémoration quasi religieuse, autant les trois millions de congolais emportés par l’agression rwando-ougandaise et les milliers de Hutus rwandais massacrés par le FPR sont l’objet d’un oubli ordinaire. Ils sont « banalement mortels ». Et une habitude atypique mais calculée s’est installée dans certains journaux de parler d’extrémistes, de génocidaires Hutus, tendant à enraciner dans les esprits que Hutu rime avec crime, violence , méchanceté, génocide. Cette diabolisation de toute une communauté est non seulement intolérable mais relève du dessein inavoué d’empêcher la réconciliation et la bonne cohab itation des Hutus et des Tutsis. Se prêter à une telle entreprise c’est se faire le complice actif d’un racisme sournois qui sous-entend qu’il y a un « esprit Hutu » et un « esprit Tutsi ». Ce n’est pas en tant que Hutu ou Tutsi que le méchant ou le juste l’est .
Mais la diabolisation des Hutus et l’oubli du génocide des Hutus du Burundi en 1972 (voyez son absence cruelle dans le numéro 76 de Manière de voir, Bimestriel du Monde Diplomatique, sur Les Génocides dans l’histoire !) d’une part et d’autre part l’idéalisation des Tutsis ainsi que la sur-médiatisation du génocide rwandais de 1994 ne doivent pas faire croire aux Tutsis qu’ils sont tous choyés par les puissants de ce monde. Les Tutsis du Rwanda ont été abandonnés dans la détresse la plus extrême parce que « cela arrangeait » certains intérêts .
Les idéologues qui se proclament les champions des Tutsis se servent de leurs frères comme prétexte politique. Ils sont prêts à les abandonner à la misère et aux massacres pourvu que leurs intérêts et leur pouvoir soient préservés. Dans un témoignage de plus de trente pages, un ancien militaire du Front Patriotique Rwandais , ABDUL RUZIBIZA a décrit comment le FPR et son armée patriotique ont abandonné les Tutsis de l’intérieur en proie au génocide et refusé de les secourir alors qu’ils en avaient les moyens(31). Il écrit notamment, en grands caractères : « KAGAME NOUS A EMPECHE DE VENIR EN AIDE A NOS PARENTS ALORS QUE NOUS EN AVIONS LA CAPACITE ET LA VOLONTE. » Il ajoute: « Un Tutsi a fourni aux tombeurs des Tutsi le prétexte de les exterminer et les a délaissés après. » Et plus loin : « …Kigali comptait plus de 12000 hommes de troupes Inkontanyi et les Tutsi continuaient à être massacrés partout…Il n ’était pas question pour ces militaires d’aller au secours des gens, parce que Kagame ne l’avait pas spécifié dans les ordres qu’il avait donnés.» Un autre témoignage d’un militaire qui a évolué dans les services de renseignement du Général Kagame et dans sa garde rapprochée, le ‘ second lieutenant ‘ Aloys Ruyenzi, matricule OP 1460, est tout aussi révélateur . Au point 32 Ruyenzi,écrit, très amer : « Il n’épargna pas ses propres frères tutsi. Bagogwe et Banyamulenge du Zaïre furent tués pour sauvegarder ses intérêts personnels. (32)»
En les présentant comme les perles sacrées de l’Afrique l’idéologie hamitique a séparé les tutsis de leurs frères, en les dressant contre eux. Ils sont tout comme les Hutus, des victimes de cette supercherie. Et la recherche légitime des racines, à défaut d’aboutir scientifiquement sur l’unité de la race humaine, ne devrait pas conduire à la création et à l’entretien de ghettos idéologiques, rendant l’Afrique encore plus vulnérable à certaines multinationales dont le profit est le seul frère et ami. Et qu’on le veuille ou non, chaque fois qu’un peuple se dit supérieur, élu et d’une pureté immaculée, cela sonne comme un défi, une provocation pour les autres considérés, certainement à tort, comme recalés par Dieu... C’est donc ensemble que Hutus, Tutsis et Himas ont à lutter contre ce qui en Afrique des Grands Lacs continue d’oblitérer leur fraternité.
4.3. Combattre activement l’idéologie hamitique
Si l’on fait le bilan des pertes humaines causées par l’exacerbation de cette idéologie, on comprend la nécessité et l’urgence d’une lutte déterminée contre ce fléau. Après les génocides du Burundi(1972) et du Rwanda(1994) , la responsabilité de la communauté internationale n’est pas seulement de juger et sanctionner les coupables : elle doit s’appliquer aussi à inventorier les formes directes et indirectes de ce racisme, identifier les institutions, les compagnies, les publications et les auteurs qui les véhiculent , adapter les législations et prendre des sanctions qui s’imposent.
L’autre arme contre le racisme hamitique est une éducation avisée des jeunes qui les mettrait à l’abri des travers ethniques et racistes. Et c’est là la responsabilité des pouvoirs publics, des autorités religieuses et des médias qui, directement ou indirectement, façonnent les consciences et les opinions. L’éducation civique des enfants devrait mettre résolument l’accent sur la tolérance des différences, sur la richesse de la diversité et montrer l’universalité de l’humain par-delà les particularités culturelles.
Selon toute vraisemblance les pouvoirs oligarchiques sécrètent l’élitisme négatif, le népotisme et le racisme ethnique. Seul un régime démocratique peut dissiper les manies aristocratiques figées et cultiver une citoyenneté tolérante et créatrice. On entend encore des défenseurs discrets mais têtus de l’oligarchie dire que la démocratie n’est pas une panacée, qu’on a vu dans l’histoire des « dictatures démocratiques » ou « des démocraties tyranniques » Certes, mais si un régime issu des urnes peut décevoir , se corrompre et devenir odieux , cela ne disqualifie pas pour autant la vraie démocratie, mais engage plutôt à prendre des mesures de sauvegarde.
Conclusion.
L’étude du mythe des origines et de l’idéologie hamitique nous a donné l’occasion de montrer l’inconsistance de la théorie des climats, du déterminisme géographique, ainsi que du racisme qui expliquent les différences socio-culturelles par l’impact du climat ou de l’hérédité génétique. Elle nous a également permis de comprendre que les Hébreux ont forgé la malédiction des Cananéens, des Egyptiens et des Noirs pour s’en servir comme arme idéologique. La tradition judéo-chrétienne faisant des Noirs des êtres maudits justifiera l’opprobre historique jetée sur eux dans l’esclavage et la colonisation.
Au dix-neuvième siècle, le hamitisme prendra un tour nouveau. En effet, choqués de découvrir, suite aux conquêtes napoléoniennes, à l’égyptologie et au déchiffrage des hiéroglyphes que l’ancienne civilisation égyptienne était l’œuvre d’Africains noirs, les racistes et colonialistes européens trouveront en Gobineau un grand maître à penser. Désormais Cham n’est plus un Noir maudit avec toute sa descendance, mais un Blanc qui par le sacrifice de sa race s’est mêlé aux Mélaniens, leur transmettant par son sang, leur part d’intelligence, de civilisation et de beauté. Toutes les civilisations africaines seront désormais réputées chamitiques, œuvres de Blancs à peau noire.
L’Afrique des Grands Lacs sera un champ privilégié dans l’implantation de l’idéologie hamitique. Située dans le prolongement géographique de l’Egypte et en amont du Nil, cette région va à la fois fasciner et être victime de manipulations falsificatrices de son histoire, de sa sociologie politique et de son anthropologie. Un coin idéologique a été enfoncé entre les filles et fils d’Afrique tendant à amputer ce continent d’une partie de ses ethnies, de son phénotype jugé caucasien, et plus récemment, juif. A force d’être magnifiées, flattées, favorisées parfois par les colonialistes racistes, certaines élites tutsies et himas ont été prises au piège d’une idéologie qui se sert d’eux pour diviser et dominer l’Afrique. Mais au regard des violences qu’a entraînées le mythe de la spécificité et de la supériorité tutsie, il est du devoir des intellectuels, des politiciens , des éducateurs , des chefs religieu x et des organisations anti-racistes de combattre ce virus qui est, disons-le, une arme de destruction massive. Réaliser la fraternité des Hutus , des Tutsis et des Himas dans la famille bantou, c’est en même temps réaliser la fraternité humaine. A cette fin Havila et ses structures constituent un obstacle à lever.
Dr Lazare Ndayongeje, Directeur de Programme,
Politique & Géopolitique Burundaise,
Burundi Réalités International (BRI Inc.)
Contact :Politique@Burundirealite.org
http://www.BurundiRealite.org
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