Mégères non apprivoisées: les "Pussy Riots"
par Israël Adam Shamir
Elles n'ont jamais rien produit, mais sont universellement admirées; vous n'en voudriez sûrement pas chez vous, mais vous voulez absolument qu'elles fassent la loi chez vos adversaires, et qu'ils les adorent. Vous voulez que je vous fasse un dessin? Elles ont choisi un nom qu'on ne peut pas répéter en société, nous les appellerons par leurs initiales, les PR, et on ne saurait nier qu'elles aient du talent pour les relations publiques. Mais de quoi s'agit-il? Ce n'est pas un groupe de rock ou des punk. Un journaliste anglais s'en étonnait: elles n'ont jamais produit un air, une chanson, un graffitti, rien, nada de nada, nothing at all. Alors comment peut-on les qualifier d'artistes? Question délicate pour leurs supporteurs, mais ils s'en tirent élégamment: c'est le Département d'État US, réputé pour son amour de l'art, qui a payé pour leur premier et unique single, fabriqué par The Guardian à partir de quelques images et bruitages.
Chris Randolph, sur Counterpunch, a pris leur défense en les comparant à Igor Letov et son orchestre aussi contesté que contestataire des années 1990 Grazhdanskaya Oborona (Défense Civile). Mais la comparaison est bien mal venue. J'avais beaucoup de sympathie pour Letov, qui m'a lui-même dédié l'une de ses chansons, mais ce qu'il écrivait, c'était de la poésie, débordante d'obscénités, mais de la poésie quand même. Nous pouvons digérer obscénités et blasphèmes; personnellement j'admire sincèrement Notre Dame des Fleurs de Jean Genet, qui les combinait fort bien. Mais les PR n'ont jamais rien écrit, composé ou dessiné quoique ce soit qui tienne la route.
Fans de pub à mort, mais chahutées sur le plan artistique, trois jeunes femmes de Russie avaient décidé... On dirait un conte drolatique. Elles s'en allèrent voler un poulet congelé dans un supermarché et s'en servirent comme d'un godemiché; elles avaient filmé le tout, l'ont baptisé art et l'ont mis sur le net (et on le trouve toujours, mais je n'en dirai pas plus, je préfère éviter la réputation du baron de Munchhausen). A part ça, une orgie dans un musée, et une bite érigée, crûment exaltée, voilà leurs chefs-d'œuvre. Mais même dans ces exploits douteux, leur rôle était surtout technique: la gloire en est revenue à l'artiste israélo-russe Plucer-Sarno, qui a revendiqué l'idée, la réalisation et le copyright, et illico décroché un prix important en Russie. Les futures PR n'y ont rien gagné du tout, et ont été décrites par Plucer comme "des provinciales ambitieuses", ou pire.
Alors elles ont essayé de se raccrocher aux wagons de la politique. A nouveau, un flop. Elles ont déversé un torrent d'obscénités sur Poutine, sur la Place Rouge, dans les stations de métro, partout, pour rien. Personne ne les a arrêtées, elles n'ont pas eu une amende, elles ont juste été chassées pour nuisance. Et elles ne sont pas arrivées à attirer l'attention des foules. Il faut se souvenir que Poutine est un ennemi déclaré des oligarques, qui sont les propriétaires de l'essentiel des media russes, et ceux qui pourvoient aux besoins des littérateurs. Il se publie tellement d'invectives tous les jours contre Poutine, que cela en perd complètement son effet choc. Impossible d'inventer encore une diatribe contre Poutine, tout à déjà été dit et publié. Et Poutine n'a jamais interféré avec la liberté de la presse (si ce n'est peut-être une fois).
Mes amis journalistes étrangers s'étonnent généralement de l'unanimité et de la férocité des attaques contre Poutine dans les media russes. On peut comparer avec les attaques contre GW Bush dans la presse libérale aux USA, mais là-bas, il y a aussi beaucoup d'organes conservateurs qui le soutenaient. Poutine n'a pratiquement aucun soutien dans les media, qui sont tous propriété des barons de la com. La télévision fait exception, mais elle est explicitement apolitique, et offre principalement du divertissement ras de gamme, dont les présentateurs sont également des militants anti-Poutine comme Mlle. Xenia Sobtchak. Les PR avaient donc échoué à réveiller la bête.
Et voilà que les jeunes viragos ont été embrigadées pour un raid sur l'Église. A ce moment-là, elles auraient fait n'importe quoi pour un peu de publicité. Et la campagne contre l'Église a commencé il y a quelques mois, aussi soudainement que si c'était une opération sur commande.
L'Église russe avait vécu vingt ans de paix, et se remettait après la période communiste: la férocité de l'attaque l'a prise par surprise.
Cette question mériterait d'être développée, mais soyons bref. Après l'effondrement de l'URSS, l'Église est restée la seule force spirituelle soucieuse de solidarité dans la vie des Russes. Les régimes de Yeltsine et de Poutine ont été aussi matérialistes que les régimes communistes; ils n'ont cessé de prêcher le darwinisme social dans le plus pur style néo-libéral. L'Église offrait quelque chose au-delà des fugaces biens de ce monde. Les Russes qui regrettaient le lien fort de solidarité qu'offraient jadis les communistes se sont jetés avec passion dans l'alternative qu'offrait l'Eglise.
Le gouvernement et les oligarques traitaient bien l'Église, et dans l'Église il y avait une forte tendance anti-communiste, au moment où les nantis avaient encore peur des rouges qui pourraient prendre la tête des dépossédés. L'Église était florissante, bien des cathédrales ont été superbement reconstruites, et nombre de monastères ont reconquis le terrain perdu après des décennies de décadence. L'Église à nouveau puissante redevenait une force de cohésion en Russie.
En reprenant du poil de la bête, l'Église lançait des appels au nom des pauvres et des dépouillés; les communistes réformés, sous la direction de Gennadi Zuganov, qui va à la messe, allaient dans le même sens. L'économiste et penseur bien connu Michael Khazin avait prédit que l'avenir appartient à un nouveau paradigme de "christianisme rouge", quelque chose qui reprenait la pensée de Roger Garaudy dans sa jeunesse. Il s'agit d'un projet qui constitue une menace pour les élites et une espérance pour le monde, écrivait-il. Parallèlement, l'église russe prenait une position très nationaliste russe et anti-mondialisation.
Tout cela a probablement précipité l'assaut, mais ce n'était qu'une question de temps, les forces mondialistes hostiles à l'Église devaient faire un pas en avant et attaquer l'Église russe comme elles ont attaqué l'Église en Occident. Dans la mesure où la Russie est entrée dans l'Organisation Mondiale du Commerce (WTO) et a adopté les mœurs occidentales, elle devait adopter la laïcisation. Et l'Église russe s'est vue attaquée par les forces qui ne veulent pas que la Russie retrouve une cohésion: les oligarques, le monde des affaires, les seigneurs des media, l'intelligentsia pro-occidentale moscovite, et les intérêts occidentaux qui préfèrent de loin, bien entendu, une Russie divisée.
Cette offensive contre l'Église a commencé sur des sujets mineurs; des gens qui n'étaient pas membres de l'Église ont condamné le patriarche pour une montre très chère qu'il portait au poignet, et qui était un cadeau du président Medvedev. Tous les media se sont répandus là-dessus pendant un mois. Après quoi, l'union était faite entre la Fronde blanche (la mouvance anti-Poutine et pro-démocratie) et les militants anti-cléricaux. Les deux groupes se superposent mais pas tout à fait. L'Art, voilà le nouveau créneau choisi pour attaquer, parce que cela permet d'exprimer les vues les plus insultantes et de revendiquer un statut privilégié pour les artistes. De même qu'un artiste américain a présenté un Christ modelé avec de la crotte, et un crucifix trempant dans un verre de pisse, un artiste russe s'est mis à piétiner des icones, et à faire des églises en poires à lavement. Le public russe était outré, ce qui a corroboré l'idée que c'est une excellente méthode pour provoquer des empoignades entre croyants et athées.
Les PR ont fait deux tentatives pour provoquer l'indignation publique dans la deuxième cathédrale de Moscou, l'ancienne cathédrale Elochovsky; par deux fois, elles ont été mises à la porte, mais non arrêtées. La troisième, elles ont mis le paquet: elles sont allées à la cathédrale Saint-Sauveur qui avait été démolie par Lazare Kaganovitch dans les années 1930 et reconstruite dans les années 1990; elles ont rajouté une couche de blasphème bien salée en obscénités, et pourtant, elles sont encore une fois reparties tranquillement. La police a tout fait pour éviter d'arrêter les viragos, mais elle n'avait vraiment pas le choix après que les PR se mirent à projeter une vidéo de leur apparition dans les cathédrales, avec une bande-son obscène.
Pendant le procès, la défense et les accusées ont fait de leur mieux pour indisposer la juge, la menaçant de la colère des USA (sic!) et vociférant des discours haineux contre les chrétiens. La juge n'a eu d'autre choix que de les reconnaître coupables d'incitation à la haine (hooliganisme assorti de haine religieuse, voilà la qualification du délit). Le procureur n'a pas donné cours à l'accusation de crime d'incitation à la haine plus grave, le délit qui aurait été "accompagné de tentative de provocation à l'affrontement religieux", alors même que cela aurait probablement pris. Dans ce cas, la sentence aurait été plus sévère; les gens qui dessinent des swastika et qui se retrouvent accusés de promouvoir des affrontements en prennent pour cinq ans.
Une peine de deux ans est tout à fait dans les normes européennes en vigueur. Pour des discours bien plus tièdes incitant à la haine des juifs, les pays européens condamnent habituellement les contrevenants à des peines de deux à cinq années de prison, pour les primo-délinquants. Les Russes ont appliqué les lois contre l'incitation à la haine à ceux qui attaquaient la foi chrétienne, et c'est probablement là l'élément nouveau apporté par la Russie. Les Russes ont prouvé qu'ils se font autant de souci pour le Christ que les Français pour Auschwitz, et c'est cela qui a choqué les Européens, apparemment persuadés que les "lois contre la haine" ne sauraient s'appliquer que pour la protection des juifs et des gays. Les gouvernements occidentaux réclament plus de liberté pour les Russes anti-chrétiens, et la refusent aux dissidents anti-juifs chez eux.
L'opposition anti-Poutine a fait bloc pour soutenir les PR. L'aile nationaliste de l'opposition (tel Navalny) est anti-chrétienne et flirte avec les vieux cultes païens. Du côté des libéraux, il y a beaucoup de gens d'origine juive (quoique pas autant que ce qu'on prétend parfois), et on ne trouve nulle tendresse pour l'Église Orthodoxe russe. Signalons cependant que les Russes d'origine juive qui ont rejoint l'Eglise sont nombreux, mais ils n'appartiennent pas à l'opposition.
L'organisateur supposé, et qui est certainement un grand promoteur des PR, est Marat Gelman, un collectionneur d'art russo-juif, qui a trempé dans d'autres performances artistiques contre l'Église. Autre militant russo-juif et hostile à Poutine, supporteur d'Israël, Viktor Shenderovich, a dit qu'il comprendrait fort bien que les les prêtres russes orthodoxes soient massacrés comme dans les années 1920.
Et nous avons le cas d'un autre personnage en vue, Igor Eidmann, qui a appelé à "exterminer la vermine", c'est-à-dire l'Église. Il a écrit dans L'Echo de Moscou, le bulletin principal de l'opposition: "Du temps de l'URSS, la vermine que constitue l'Église a été bouclée une bonne fois pour toutes et n'a plus élevé la voix. Désormais la vermine a retrouvé le goût du sang et a commencé à terroriser les libres penseurs, à commencer par les PR. Si nous n'écrasons pas la vermine elle va tout dévorer". (Il s'est servi d'une périphrase russe pour reprendre la devise de Voltaire "Écrasons l'infâme", en remplaçant "l'infâme" par "la vermine").
On présente Igor Eidman comme un "militant du mouvement démocratique, un expert en relations publiques et réseaux sociaux, un homme d'affaires, le directeur d'un Centre pour les innovations sociales, etc., qui réside à Berlin." Son appel, les organisations chrétiennes l'ont compris comme un "discours d'incitation à la haine dans le but de provoquer des affrontements". Quoiqu'il en soit, effectivement, ses efforts et ceux des PR parviennent effectivement à dresser les uns contre les autres les croyants et les athées.
Un dirigeant charismatique de l'opposition, le poète Edouard Limonov, a écrit que l'opposition a commis une erreur en soutenant les PR, parce qu'elle se place en opposition avec le sentiment populaire; effectivement le fossé entre les masses et l'opposition s'agrandit. Mais c'est une voix qui crie dans le désert, et le reste de l'opposition a joyeusement embrassé la cause des PR pour essayer d'en faire une arme contre Poutine. Les media occidentaux et les gouvernements en ont également profité pour attaquer Poutine. L'éditorialiste du Guardian a appelé Poutine à démissionner. Poutine a demandé la clémence pour les PR, et le gouvernement était bien embarrassé. Mais ils n'avaient pas le choix: les organisateurs invisibles derrière les PR voulaient que les viragos se retrouvent en prison, et y ont réussi.
Commercialement parlant, c'est le jackpot. Avec le soutien de Madonna et du Département d'État, elles sortiront de prison pour faire le tour du monde et une séance de photos à la Maison Blanche. Elles ont breveté leur nom comme une marque, et commencent à signer des contrats. Et leurs concurrentes, le groupe des Femen (dont l'art consiste à montrer leurs seins à des emplacements inhabituels) ont essayé de riposter à coups de hache sur une grande croix de bois installée à la mémoire des victimes de Staline. Plus haut c'est le soleil.
En août, la saison des congés, il n'y a guère d'évènements frappants, et les lecteurs de journaux sont à la plage ou à la campagne, si bien que le procès des PR a servi de distraction bien nécessaire aux uns et à la bête qui sommeille en d'autres. Espérons que tout cela retombera dès la fin de la saison stupide, mais je ne parierais pas là-dessus.
Israël Shamir, correspondant à Moscou, est joignable à l'adresse adam@israelshamir.net
Traduction: Maria Poumier
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Les Pussies Riot de Londres à Moscou, par Israel Shamir
Les Pussies Riot contre Poutine: une action concertée de Londres jusqu'à Moscou
par Israël Adam Shamir
[La réaction d'un certain lobby au texte de Shamir "Les Pussy Riots, mégères non apprivoisées" (http://www.israelshamir.net/French/PussyRiotFr.htm, déjà traduit en 6 langues…) ne s'est pas fait attendre: le Morning Star www.morningstaronline.co.uk ayant voulu republier l'article de Shamir sur les Pussy Riots, "mégères non apprivoisées" s'est vu vivement sommé de retirer l'article, et s'est exécuté illico. Shamir ne voit là rien d'étonnant, et il explique ce qui s'est passé.
Voici le paragraphe qui n'a pas plu du tout à certains:
Pour des discours bien plus tièdes incitant à la haine des juifs, les pays européens condamnent habituellement les contrevenants à des peines de deux à cinq années de prison, pour les primo-délinquants. Les Russes ont appliqué les lois contre l'incitation à la haine à ceux qui attaquaient la foi chrétienne, et c'est probablement là l'élément nouveau apporté par la Russie. Les Russes ont prouvé qu'ils tiennent autant au Christ que les Français à Auschwitz, et c'est cela qui a choqué les Européens, apparemment persuadés que les "lois contre la haine" ne sauraient s'appliquer que pour la protection des juifs et des gays. Les gouvernements occidentaux réclament plus de liberté pour les Russes anti-chrétiens, et la refusent aux dissidents anti-juifs chez eux.
Mais le fait que Shamir comparait l'affaire des Pussy Riots à la répression de la recherche révisionniste autour de l'Holocauste n'explique pas tout; voici les nouveaux éléments d'information et de réflexion qu'offre Shamir:
"Il s'avère que les grands soutiens des PR et qui sont également fort hostiles à l'Église en Russie sont Mm. Viktor Shenderovich, Igor Eidman, Marat Gelman, et sont d'origine juive. Ce ne sont pas des juifs pratiquants, mais ils ont apparemment hérité leur haine de l'Eglise de leurs aïeux. Et tous, d'ailleurs, soutiennent activement l'impérialisme occidental.
Certes, il y a beaucoup de non juifs qui détestent l'Église, autant que de descendants de juifs qui se rapprochent du Christ, mais la corrélation est bel et bien établie. En effet, les marxistes juifs anglais de la tendance tribale ou cachère réagissent parce que, comme l'écrit Gilad Atzmon, 'le marxisme juif est très différent du marxisme ou du socialisme en général. Tandis que le marxisme est un paradigme universel, je marxisme juif est dans le fond une utilisation éhontée de la terminologie marxiste pour défendre la cause tribale juive'. Atzmon pourrait aussi ajouter qu'ils soutiennent l'empire. Ils n'attendaient que l'occasion pour faire pression sur les communistes anglais du Morning Star, et ceux-ci ont immédiatement capitulé.
Le Morning Star n'a pas reculé en découvrant que les attaques provenaient du blog Harry’s Place, le blog de gauche sioniste le plus puant d'Angleterre, profondément pro-impérialiste, vicieusement anti musulman, positionné contre l'Iran et la Syrie, violemment anti-russe, et certes anti-Shamir. Ce site m'a estampillé comme 'l'antisémite négationniste collaborateur de Julian Assange, soutien de Lukaschenko et omniprésent Israel Shamir'. Je devrais mettre tout ça sur ma carte de visite… .
Si le Morning Star a plié le genou devant une poignée de marxistes juifs, comment pourraient ils tenir bon face à de veritables ennemis capitalistes?
Mais je ne voudrais pas finir sur une note déterministe, en condamnant les cocos et les juifs. Quelles que soient les corrélations, les gens sont libres de penser et d'agir. Nous sommes dotés du libre arbitre, et parmi les gens scandalisés par les PR il y avait des juifs-et-communistes, ou plus exactement des Russes de gauche de la tendance www.left.ru, les uns d'origine juive et d'autres pas, tous fermement antisionistes (ils ont même traduit et publié Israël Shahak). Voici des extraits de l'un de leurs porte parole, Valine Zorine. Il explique fort bien la position de la gauche russe anti-impérialiste, dont on souhaiteraient qu'ils aient une influence sur les anti-impérialistes de gauche comme de droite en Occident: ( Voir http://left.ru/2012/4/zorin215.phtml )
'…Non seulement leur nom (Pussy Riot) est en anglais, mais elles parlent comme si elles traduisaient de l'anglais. Elles utilisent la langue de l'autochtone complètement américanisé, qui parle la langue du colonisateur. Mais la Russie n'est pas une colonie de l'empire anglo-américain, pas encore, disons, mais certains sont sur la bonne voie, la colonisation est un processus sur le long terme…'
The PR appartiennent au paradigme bourgeois de la gauche radicale, adapté aux nations colonisées. Elles plongent leurs racines au début de la Guerre froide, lorsque les US ont décidé d'utiliser l'idéologie de gauche pour combattre le communisme: féminisme, beatniks, libération sexuelle, et même le mouvement pour les droits civiques étaient sponsorisés par les agences officielles et par des intérêts privés. Ce sont les mêmes qui ont développé les études "de genre", qui ont importé de France le post structuralisme de Foucault et de Derrida, et qui les ont à l'occasion exportées dans les cultures colonisées.
Pour quoi faire? Devine! Quel sera le meilleur soldat pour défendre la Russie, celui qui croit en "Dieu, mon roi et ma patrie", ou bien celui qui pense que toutes ces idées-là (mais non pas bien sûr le post-modernisme et du post structuralisme) ne sont que des fantasmagories créées expressément par les autorités? Plus simplement: qu'est-ce qu'ils devraient porter sous leurs uniformes de combat de marines russes, dans un combat corps-à-corps: - une croix, ou des sous-vêtements fashion, politiquement corrects?
Je sais, il suffit que je pose la question pour être définitivement banni du royaume de la gauche paradisiaque. Un maître français du post-quelque chose se gausserait, et les ultra-conservateurs sarcastiques applaudiraient, malheureusement. Mais c'est une question qui permet de recadrer l'affaire des PR dans la logique divine, car elle n'est pas de notre ressort, ni de celui de Poutine, ni même de l'Église.
Mais les maîtres du Discours décident du sens de l'affaire, et nous pouvons tout juste essayer de comprendre ce que nous constatons. Tous les journaux occidentaux l'ont mis en lumière: c'était Poutine contre le Pussy Riots; c'est Poutine qui persécute les PR, les PR sont contre Poutine. Cela a été repris par les media colonisés en Russie, par presque tout ce qui compte.
Poursuivons: Qui a rendu les PR tellement célèbres et triomphales, qui a assuré leur place dans l'histoire? C'est Poutine, Poutine c'est notre alpha et notre oméga. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est elles! Elles n'ont pas demandé à la Vierge d'en finir avec la propriété privée, les maffias de la banque, les trafiquants d'êtres humains, les oligarques, les banquiers, la police, la Sixième flotte, moi ou n'importe quoi d'autre. Elles lui ont juste demandé de jarter un petit bonhomme invraisemblable appelé Poutine. Et au cas où les PR se seraient trompées, le Département d'Etat, Mme Clinton, Madonna et Mme Merkel, et le New York Times et le Guardian ne peuvent s'être tous trompés. Ils savent tous que derrière Poutine il y a une force qui pose des limites à l'omnipotence impériale et au monopole des Maîtres-du-sens-des choses.
Sans Poutine, c'est-à-dire sans une Russie indépendante qui barre la route à l'empire occidental, personne n'aurait fait attention aux PR, nous non plus, ni nos plus gros oligarques.
C'est déplaisant à entendre, mais sans Poutine, nous deviendrions une simple province reculée et sans importance dans l'empire, bonne pour les affaires ou pour les vacances, mais sans aucune importance politique. Une petite garnison des troupes impériales suffirait à nous contrôler. Seulement voilà, malgré tous les efforts de l'Empire, Poutine est toujours là, bien campé au Kremlin.
Quel est le secret de sa longévité politique? Une répression cruelle? Mais si c'était le cas, où sont les martyrs? Le seul qui pourrait être considéré comme un prisonnier politique est l'oligarque Khodorkovsky. Le second sur la liste, Udaltsov, n'a jamais passé plus de quinze jours en détention. Le secret ne résiderait-il pas dans le soutien des masses qui refusent de voir leur pays sombrer dans l'insignifiance?
Il y a beaucoup de bonnes raisons pour critiquer l'Église, et elle consacre la violence capitaliste. Mais si les masses en ont besoin comme du "cœur d'un monde sans cœur" pour survivre, alors… soit. Et si les masses soutiennent silencieusement Poutine, parce qu'il n'y a aucune autre force capable de résister à l'assaut de l'empire et de la nullification, eh bien c'est un bon signe aussi.
Traduction: Maria Poumier
Către musulmanii dezlănţuiţi de Pat Condell, 20 septembrie 2012
Suntem din nou martorii unor numeroase accese de furie din partea religiei care se simte mereu ofensată. Există lucruri care nu se schimbă niciodată, nu-i aşa? Islamul iarăşi se auto-detonează (iertaţi-mi expresia) şi arată iarăşi de ce este cam la fel de bine venit pe această planetă ca şi un asteroid.
Vedem iarăşi mii de musulmani smintiţi renunţând pentru moment la ciomăgirea nevestelor lor pentru a-şi arăta partea lor simţitoare. În ce fel? Prin distrugerea oraşelor în care trăiesc, incitaţi fiind de clerici ignoranţi ale căror motive sunt de un nivel şi mai scăzut decât nivelul de instruire al adepţilor lor.
Noi, cei din lumea civilizată, suntem iarăşi îndemnaţi să ne auto-cenzurăm din respect pentru o religie care violează drepturile umane a jumătate din oamenii de pe planetă şi care este dublată de o ideologie politică imposibil de distins de nazism. Ar fi comic… dacă n-ar fi atât de obscen. Sau e viceversa?
A califica aceste revolte drept infantile şi imbecile ar însemna să li se acorde o demnitate pe care n-o merită. Ele nu pot fi descrise decât ca… islamice. S-o spun limpede: suntem ţinuţi să arătăm toleranţă şi respect pentru o religie care nu cunoaşte sensul nici unuia din aceste cuvinte şi face imposibilul pentru a o dovedi permanent.
Suntem ţinuţi să ne ajustăm noi valorile noastre pentru a ne adapta la o religie care nu se adaptează la nimeni şi nimic. Da-da, n-aveţi decât să visaţi, asta nu se va întâmpla! Asta pentru că în Islam totul este în sens unic. Lecţia asta am învăţat-o cu sacrificii. Nu ne mai putem permite şi mai multă toleranţă şi respect. Am fost storşi până la capăt. Şi am obosit de doleanţele islamice inventate.
Suntem atât de acriţi încât acum, când auzim vreun măscărici bărbos sau vreo fufă încotoşmănită spunându-ne cât de ofensaţi sunt, nici nu mai catadicsim să mai râdem. Nici chiar când Primul Ministru turc vine cu cererea ridicolă ca islamofobia să fie declarată crimă contra umanităţii deşi, date fiind probele, există motive mult mai bune pentru a declara islamul drept crimă contra umanităţii. De altfel, Turcia, ipocrită, este deja vinovată de una din cele mai grave crime contra umanităţii din istorie – genocidul armenian. O crimă pe care nici măcar nu are bărbăţia s-o recunoască.
Când musulmanii vor începe să manifeste acelaşi nivel de mânie pentru lucruri care sunt cu adevărat ofensante, cum ar fi miile de femei şi fete care sunt ucise, mutilate sau violate în fiecare an în ţările lor, atunci am putea să-i luăm un pic mai în serios. Situaţia fiind aşa cum este, nu există pe lume nimic care să merite mai puţină înţelegere sau respect decât mânia musulmană. De fapt, aceasta are ceva profund comic. Este atât de artificială şi de abject inconştientă, încât este imposibil să fie luată în serios chiar dacă am dori-o. Şi nimeni întreg la minte n-ar mai dori-o.
A fost o vreme când mulţi occidentali au acordat islamului beneficiul îndoielii. Acum însă credem că este o otravă şi ne-am fi dorit să nici nu fi auzit de el, căci 20 de ani de plângeri continue şi nejustificate şi sentimentul automat de a fi fost jignit ne-au arătat ce este de fapt această religie şi ne-a făcut să ne displacă, să n-o credem şi să n-o mai respectăm niciodată. Şi nu ne pasă ce cred musulmanii despre asta. Pentru această religie orice este o insultă, orice constituie o jignire.
Ei bine, să ştiţi că nimănui nu-i mai pasă. Aţi sărit peste cal. Aţi omorât găina care făcea ouă de aur. Aşa că, dacă eşti un musulman ofensat, în ceea ce ne priveşte, n-ai decât să te spânzuri. Iar dacă crezi că dacă continui cu violenţa, Occidentul o să cedeze în cele din urmă, te înşeli. Chiar dacă politicienii vor vrea, oamenii n-o s-o permită. Vom continua să spunem ce avem pe suflet în mod deschis şi liber, deoarece acesta este un drept de-al nostru prin naştere şi nu ne poate fi luat; poate fi numai abandonat, iar noi nu i-l vom abandona islamului.
Pentru că islamul nu ne aduce nimic. Este o religie care mereu cere. Dă-mi, dă-mi, dă-mi este tot ce auzim. Respectă-mă deşi n-am meritat, acordă-mi tratament preferenţial că altfel mă voi simţi jignit iar tu vei trece drept rasist… Ei bine, suntem sătui şi obosiţi să tot auzim refrenul acesta. Suntem sătui şi obosiţi de islam şi suntem sătui şi obosiţi de conflictele inutile şi intimidările care vin de la această religie la orice pas.
Toată săptămâna i-am auzit pe musulmani spunându-ne că noi, occidentalii, trebuie să înţelegem ce important este pentru ei Profetul. Dar noi înţelegem – şi nu ne pasă. Acesta este punctul esenţial. Nu ne pasă acum, şi nu ne va păsa vreodată. Obişnuiţi-vă cu ideea. De sentimentele voastre nu ne pasă nici cât negru sub unghie. Mai importante ne sunt sentimentele noastre. Iar sentimentele noastre ne spun că suntem sătui până peste cap să tot auzim de religia voastră. Aşa că lăsaţi-o baltă?
Nici un fel de violenţă nu va reuşi să schimbe aceasta. Cu cât mai mult vă veţi rebela, ţipa şi striga, cu atât mai puţin vă vom asculta. Acestea nu vor face decât să ne întărească hotărârea de a nu fi intimidaţi şi manipulaţi de oameni ale căror valori nu le respectăm deoarece nu ne-aţi dat nici un motiv să le respectăm şi, mai mult, pentru că sunteţi incapabili să ne furnizaţi vreunul.
Pe scurt, nu ni se va dicta ce putem şi ce nu putem să spunem. Nici de către voi şi nici de nimeni altcineva. Nici acum şi niciodată. Indiferent câte steaguri veţi arde. Indiferent câte ambasade veţi asalta. Libertatea de expresie va învinge şi va trebui s-o înghiţiţi şi să vă consolaţi cu faptul acesta.
Pat Condell, 20 septembrie 2012
Publicat fără permisiunea autorului.
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