marți, 3 iunie 2014

Comment un Jeune communiste passe au FN (témoignage et réflexions sur ce qui ronge le Front de Gauche)

Vă rog să citiți acest text selectat de mine, în speranța că vă poate interesa. Cu prietenie, Dan Culcer

Comment un Jeune communiste passe au FN (témoignage et réflexions sur ce qui ronge le Front de Gauche)


Cet article est peut-être une opinion, mais avant cela, il donne beaucoup d'informations sur le peuple réellement existant et que l'on doit prendre en compte.
Personnellement, ce que je remarque en plus par rapport à l'article, c'est la description de ces jeunes, FN ou FDG, c'est finalement leur culte du chef qui recouvre beaucoup de renforcement de tendances paternalistes consécutives à mes yeux à l'état de peur créé par la crise. Donc, un état régressif qui peut expliquer la régression vers le FN ...mais qui peut aussi expliquer la régression également au sein du PCF et du FDG sur des questions peu dangereuses, ne posant pas de gros risques...  Le risque en particulier de se lancer dans une guerre de classe par exemple, c'est à dire d'être prêt ou pas à risquer sa vie, ses prêts, ses achats dors et déjà bas de gamme, sa petite sécurité minimum de toute façon menacée par le capitalisme menaçant et conquérant.
Il en va du mariage pour (presque) tous comme de l'écologie soft, une façon non pas d'affronter les problèmes mais de les sectionner par petits bouts en se concentrant sur les moins contraignant et les moins risqués pour sa petite vie d'apprenti-bobo.
Question qui s'ajoute aux questions examinées dans cet article. Bref, Le Pen (père ou fille) ou Mélanchon ou Soral ou qui que ce soit, c'est peut-être toujours l'homme providentiel, le demi dieu (ou déesse ? ...à voir) que l'on cherche, traditionaliste ou LGTB  finalement peu importe ?
Historiquement, les questions gauche morale comme par exemple la promotion du laïcisme par rapport à la laïcité par les socialistes dénoncé par Maurice Thorez dans les années 1930 constituaient un paravent pour un abandon des questions de gauche sociale. Ne sommes nous pas revenus, en plus caricatural, à cette situation et comment répondre aux questions de moeurs dans un sens qui soit progressiste, mais non individualiste, et sans les opposer aux questions de progrès social ?
BD

Le Mardi 3 juin 2014 10h53, "tarik.m" a écrit :
 > Comment un Jeune Communiste passe au FN
> (témoignage et réflexions sur ce qui ronge le Front de Gauche):
>
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/comment-un-jeune-communiste-passe-152318

Comment un Jeune communiste passe au FN (témoignage et réflexions sur ce qui ronge le Front de Gauche)

Il ne s'agit pas de moi, mais de l'un de mes amis de la Jeunesse Communiste de la côte basque. L'un des seuls à entreprendre un Bac Pro, et pas des études à long terme comme c'est le cas pour une écrasante majorité de cette section. Autrement dit, l'un des seuls à être au contact de cette classe laborieuse que le PCF a historiquement défendue, et qui se tourne toujours plus vers le Front National.
 
Ce camarade (appelons-le Pierre, le nom étant modifié pour préserver l'anonymat) avait distribué des tracts et collé des affiches pour le Front de Gauche avec nous en vue de l'élection présidentielle d'avril 2012. Il manifestait un enthousiasme égal au nôtre (supérieur, peut-être au nôtre) à l'idée de ce programme qui réduirait les inégalités entre riches et pauvres, rendrait leur dignité à ceux qui l'avaient perdue. Comme nous autres, il était trop jeune pour comprendre l'ensemble des enjeux politiques et économiques, des mécanismes financiers et médiatiques à l’œuvre. Néanmoins son intuition lui disait que la société actuelle est bâtie sur des bases iniques, et il comprenait avec beaucoup de lucidité les débats concernant les salaires, les retraites, la démocratie au cours de la campagne. Faire la promotion de Jean-Luc Mélenchon lui semblait (nous semblait à tous) être la voie privilégiée vers la réduction des inégalités et la lutte contre le pouvoir de l'argent ; son admiration pour cet homme était de nature christique : il avait collé une affiche de Mélenchon au-dessus de son lit ; à la fête de l'Huma, lorsqu'il aperçut le tribun en personne, le prophète du socialisme et de la révolution en chair et en os, il repartir tout ému, presque bouleversé, de la poignée de main qu'il lui avait accordé.
De même, son père était un communiste de longue date, membre apprécié du Parti.
Bref, Pierre et son père étaient deux membres sincères, dévoués et actifs au sein du Front de Gauche, sans aucune attitude hétérodoxe ou idée droitière que ce soit ; rien ne laissait alors présager de ce qu'ils allaient devenir.
Puis il disparut de nos réunions et de nos discussions, donnant rarement des nouvelles.
Lorsque je l'ai revu il y a quelques mois, il m'a confié les raisons de son absence.
Tout avait commencé début 2013, à l'heure des polémiques autour du mariage gay. Il m'a regardé d'un air un peu gêné en me disant : « mon père m'a dit : « je ne veux pas que tu restes avec les pédés de la Jeunesse communiste  » ».. Contrairement à son père, le mariage gay ne le dérangeait pas , me disait-il, pas plus d'ailleurs que les opposants à cette loi. Il ne comprenait pas, en revanche, que le Front de Gauche s'engage à ce point dans le débat.
Ce sont les mesures annoncées par Najat Vallaud-Belkacem qui ont alarmé Pierre, et, à plus forte raison son père. « J'ai entendu des trucs flippants », m'a-t-il dit. « On ne naît pas homme ou femme, on le devient »...ça veut dire qu'on va «  effacer les différences entre filles et garçons  ». Il se montrait très dérangé par ces expériences qui consistaient à faire jouer les filles au camion et les garçons à la poupée, initiées par Belkacem. Son père, communiste en osmose avec les décisions du parti il y a peu, avait invité ses voisins à visionner des vidéos dénonçant la « théorie du genre » pour les alerter contre ce qu'il considérait comme un danger, suivant les conseils préconisés par Farida Belgoul. Bien entendu, les rumeurs concernant les livres que l'on introduirait à la maternelle (Coralie a deux papaspapa porte une jupe, etc...) ont accru son effroi.

Conclusion : «  avec mon père, on va sans doute voter FN aux européennes  ».. Bien entendu, je ne lui ai pas répondu par la rhétorique ordinaire de la Jeunesse Communiste, qui aurait consisté à lui enjoindre de ne pas sacrifier son droit de vote sur l'autel de ce parti «  réac, facho, homophobe, qui danse avec les néo-nazis de Vienne, qui s'allie avec Aube Dorée en Grèce... ».. Je me suis contenté de lui indiquer deux candidats souverainistes qui n'avaient pas l'inconvénient d'être passé du jour au lendemain du reaganisme à l'anti-libéralisme (François Asselineau et Dupont-Aignan).

L'écart entre les propos de Pierre, et celui des autres membres de la Jeunesse Communiste m'horrifiait par le gouffre qui les opposait. N'importe qui pourra en juger en les comparant. Pour une majorité des membres du PC (et pour une extrême majorité des Jeunes Communistes) le FN reste l'ennemi n°1, et Marine Le Pen la femme à abattre...ignorant bien souvent que bon nombre des ouvriers votent pour ce parti, ainsi, parfois, que certains de leurs camarades. Il ne s'agit pas d'un article visant à légitimer le FN, les propos rapportés ci-dessous sont là seulement pour illustrer la naïveté qui règne au sein du Parti, l'ignorance candide de certains des membres...qui tiennent un discours qui diverge parfois radicalement de celui de la classe ouvrière (qu'ils sont pourtant censés représenter).

Lors d'une réunion en mai, notre ex-chef de section trouvait ainsi que la politisation des jeunes était une « bonne chose » ; enfin, «  sauf quand ça les pousse à militer pour le FN  »,s'empressa-t-il d'ajouter. Comme si militer pour le PS ou l'UMP, partis carriéristes qui laissent crever des centaines de clochards par an et se goinfrer toujours plus de riches, est plus respectable...
Peut-être pour rattraper ce propos maladroit, notre nouveau chef de section nous a montré un document créé par les « antifa » qui détaillait les différentes « extrême droites » en France : le FN et EetR y figuraient comme on peut s'y attendre, mais aussi «  les souverainistes  », les «  conspirationnistes  » de manière très vague, le Réseau Voltaire...et même l'UPR et le PRCF. (l'un des seuls partis de gauche à proposer la sortie de l'euro).
Lorsque j'ai qualifié ce papier de « torchon », il m'a répondu : « oui, je sais, ce qu'ils classent à l'extrême droite est contestable. Je ne pense pas, par exemple, que la LDJ [1] soit d'extrême droite  » ; on l'informe que cette organisation est qualifiée par Israël elle-même de «  terroriste » : « d'accord », a-t-il répondu ; « enfin, si tant est qu'un Juif puisse être d'extrême droite », a-t-il ajouté. Propos qui peut faire sourire, mais prononcé en toute bonne foi, et qui n'est pas rare au sein des jeunes du Parti.
Comme si «  l'extrême droite  », historiquement, n'était pas aussi une forme de domination capitaliste, impérialiste, anti-ouvrière et anti-syndicaliste, une forme de « terrorisme de classes », comme l'analysait le PCF des années 30.

Quelques semaines plus tôt, le chef de section d'une autre Jeunesse Communiste du Pays Basque se qualifiait de «  mondialiste convaincu  » et se prononçait pour la dissolution des nations. Un tract qu'il avait imprimé pointait la «  montée des nationalismes  » en Europe, comme un danger. Bien sûr, par «  mondialisme  », il entendait l'«  internationalisme  » marxiste ; c'était sincèrement qu'il voyait dans la disparition des nations une aubaine pour le socialisme. De même, il pensait avec sincérité que les « nationalismes » représentent aujourd'hui un danger.
Néanmoins, ce genre de propos innocemment prononcés, ont sans doute contribué à éloigner le Parti Communiste de la classe ouvrière...puisque la nation est vue par un nombre grandissant de citoyens comme un barrage face au capitalisme mondialisé, et le terme de «  nationalisme  », (au sens anticolonialiste des leaders tiers-mondistes) connaît une fortune de plus en plus heureuse.

Le pire reste sans doute les débats autour du mariage des homosexuels et de la théorie du genre...ah, excusez mon lapsus, il n'y a pas de théorie du genre, je me corrige : les débats autour des « études sur le genre »... Il faut manifester pour le mariage gay, pour la théorie du genre : voilà la doxa qui règne au sein du Parti et qu'il est très difficile de contester. Peu importe ce qu'en pensent les ouvriers ! Peu importe si une partie non négligeable des médias capitalistes sont partisans de la théorie du genre !
Peu importe si nous devons défiler côte à côte avec le PS ! Le danger, c'est «  le fascisme  », ce sont «  les rouge-bruns  », les «  nazis d'Egalité et Réconciliation  », les «  homophobes  ».
Que l'on se mette à dire que la théorie du genre inquiète une grande partie des classes populaires, détourne le vote du FdG vers le vote FN : tout de suite, on est suspecté de connivence avec «  l'extrême droite  », d'être un de ces «  vieux cons de communistes  » des années 60 qui considèrent l'homosexualité comme une « dérive bourgeoise ».
Soyons clair : les personnes qui ont prononcé ces propos ignoraient totalement qu'elles étaient en décalage avec ceux qu'elles sont censé représenter (les classes populaires). Elles voient sincèrement en le FN le pire des dangers pour la liberté et l'égalité. Ils croient sincèrement, avec les antifa, que les «  souverainistes  », les «  complotistes  », l'UPR, présentent un danger réel pour la République.
Ils pensent sincèrement que le « nationalisme » est un danger, que le fédéralisme européen qui entraîne la dissolution des nations est une chance...
Plus inquiétant sans doute est que l'on retrouve ce genre de propos, consciemment prononcés par des hiérarques du PG et du PC.
L'exemple le plus caricatural est certainement celui de Martine Billard, co-Présidente du Parti de Gauche.
Elle appelle à défendre les réformes scolaires annoncées par N-V Belkacem, contre des personnes «  ouvertement homophobes, antisémites et antimusulmanes  », contre ces manifestations opposées au mariage gay et à la théorie du genre (...pardon, aux « études sur le genre »...) qui rassemblent une « convergence de toutes les ailes radicalisées  ». [2]
Plus tôt, Mme Billard avait exclu sans discussions préalables un militant intègre accusé de manière ignoble et mensongère par Rue 89 «  d'antisémitisme  ». Il s'agit de René Balme, compagnon de route du PC jusqu'à sa dérive social-démocrate, puis maire exemplaire de la ville de Grigny, qu'il a gérée selon une ligne de socialisme municipal et de démocratie locale. René Balme avait le malheur de tenir un site internet sur lequel des commentaires antisémites ont été publiés : le temps qu'il ne s'en aperçoive et ne les supprime, Martine Billard avait déjà décidée de son exclusion. Plus tard, elle effectue un lien entre son pseudo-antisémitisme et son soutien aux thèses "complotistes" (à entendre comme un anti-impérialisme et un anti-capitalisme certainement trop radicaux pour Martine Billard).
Le témoignage extraordinaire de Christian Goubert, qui rapporte ces événements, est à lire :
Martine Billard déclare certaines formes de pensées interdites au Front de Gauche (les thèses capitalistes ? Non !). La remise en cause de la version que donne George Bush du 11 septembre, par exemple, («  complotisme  » , qui mène droit à l'extrême droite, selon elle). Mais aussi l'idée de démocratie par tirage au sort, prônée par Etienne Chouard : une forme de «  confusionnisme  », qui rapprocherait le Parti de Gauche de l'extrême droite...[3]

Elle ignore par là qu'en parlant de «  complotisme  », elle répète un vocable inventé par la C.I.A.[4] pour stigmatiser ceux qui osaient remettre en question la version officielle de la mort de Kennedy ; et qu'en avalisant la version de George Bush, elle se base sur la parole d'un homme et d'un système qui n'ont pas hésité à mentir sciemment pour déclencher une guerre moyen-orientale qui a tué un million d'irakiens.
Qu'en parlant de «  confusionnisme  », elle parle à l'unisson des « antifa », dont les connivences idéologiques et financières avec le grand capital ont maintes et maintes fois été démontrées. [5]

De même, l'idée de «  sortir de l'euro  » est de plus en plus présentée comme une idée d'extrême droite. Bien sûr ! Qui défend la sortie de l'euro ? Le Front National ! Ceux qui défendent la sortie de l'Euro sont donc des crypto-fascistes, des membres du Front National déguisés en hommes et femmes de gauche. C'est pourquoi Alexis Corbière, cadre important du Parti de Gauche, a pu suggérer sans soulever de tollé que l'économiste de gauche Jacques Sapir aurait des sympathies pour le Front National. [6]
Ces exemples montrent le gouffre qui est en train de se creuser entre la phraséologie soixanthuitarde du Front de Gauche et les aspirations beaucoup plus conservatrices sur le plan sociétal de la classe ouvrière. Entre son européisme de plus en plus intolérant et l'eurosceptissisme grandissant des pauvres. Entre la fertilité et le succès incroyable de certaines idées (la démocratie par tirage au sort...), la frilosité du Front de Gauche à les faire siennes...et la rapidité avec laquelle il les classe à « l'extrême droite ».
Dans l'esprit des militants du FdG, progressisme social et sociétal vont de pair. On ne peut pas être pour le socialisme sans être pour le mariage gay. À l'inverse, si on est contre le mariage gay, alors on est contre la retraite à 60 ans, les hausses des bas salaires, selon bon nombre de militants FdG...
En réalité, un sondage [7] montre que les ouvriers seraient à 46% contre le mariage gay (48% seraient pour, 2% sans avis), et à 63% contre l'adoption des enfants par des couples homosexuels (parmi eux, 45% y sont « tout à fait opposés »...). La plupart des Jeunes Communistes défendent farouchement des projets, s'imaginant être représentatifs des ouvriers...auxquels les ouvriers sont majoritairement opposés ; ils qualifient de « fascistes » les opposants à ces projets, s'imaginant être représentatifs des ouvriers...alors que 63% des ouvriers sont, selon les plus extrémistes d'entre eux, des « fascistes ». Pourtant, il ne fait aucun doute que les ouvriers sont moins néolibéraux que marxistes : ce sondage prouve que la gauche sociétale et la gauche économique et politique ne concordent plus, tout comme la droite sociétale et la droite politique et économique ; nombreux sont les travailleurs pauvres, partisans de réformes sociales mais opposés aux mesures sociétales d'Hollande ; les grands bourgeois mondains, favorables au néolibéralisme le plus sauvage, mais aussi au mariage gay et à ce qui s'ensuit, ne sont pas rares non plus.
Quelles que soient nos convictions personnelles sur ces sujets, force est de constater que les questions du mariage gay, de l'adoption, de la "théorie du genre", ne peuvent se résumer à un simple questionnaire à deux réponses : «  pour  », «  contre  ». En effet, il faut prendre en compte leurs conséquences sur les forces politiques en présence., il faut prendre en compte une réalité que les pro comme les anti mariage gay, etc.... ont du mal à accepter : ces questions créent de NOUVEAUX CLIVAGES, ils DIVISENT des forces autrefois unies.
Où sont passés les 55% de personnes qui, en 2005, ont voté pour le NON au référendum sur le traité dictatorial et antisocial de Lisbonne ? Où sont passées les millions de personnes qui ont défilé pour le maintien de la retraite à 60 ans en 2011  ? Pourquoi ne s'unissent-ils pas en un Front commun, social, souverainiste et démocratique ?
Une telle chose est impossible : des questions subalternes (« pour ou contre le mariage gay ? La théorie du genre ? Et la PMA ? Et sur le fascisme ? Comment, quel fascisme ? Mais celui de la Manif pour Tous, voyons ! ») divisent les partisans de progrès économiques, politiques et sociaux en électeurs du FdG et du FN.
Ces notions vont jusqu'à produire une redéfinition des concepts de gauche et de droite, qui finissent par perdre tout leur sens.
Historiquement, un certain nombre « d'hommes de gauche », comme Robespierre, Jules Vallès, Jean Jaurès, ou Ambroise Croizat (et de nos jours, Hugo Chavez) se sont revendiqués comme tel en définissant« la gauche » comme un ensemble de valeurs équivalent à :

  • La défense d'un progrès économique et social
  • La volonté de réduire les inégalités
  • La volonté de créer une démocratie plus directe ou participative
  • La défense de la souveraineté nationale
  • La lutte contre tous les impérialismes

Autrement dit, un homme de gauche était, selon cette définition, le partisan d'un progrès économique et politique dans un sens plus démocratique et plus égalitaire.
Avec ces nouveaux débats (mariage gay, adoption, genre...), les notions de gauche et de droite commencent à perdre tout leur sens. Pour un cadre du PS, être de gauche se résume à :

  • Lutter contre le « racisme » (sens très large et très vague)
  • Militer pour toutes les formes de progressisme sociétal (mariage homo...)
  • Considérer tout opposant à un progrès sociétal comme un « fasciste »

Bref, pour de plus en plus de jeunes du PCF (et, j'imagine, pour de plus en plus de membres du FdG), être de gauche veut dire militer pour les droits des LGBT, pour le progrès sociétal, contre le « fascisme »(compris comme une opposition au mariage gay, etc...).
Autrement dit, aujourd'hui, des hommes classés « à droite » car opposés aux réformes sociétales auraient été classé « à gauche » il y a quelques années car partisans de progrès économiques et politiques.
Cette confusion n'épargne pas plus les hommes politiques que les électeurs. Où classer Belkacem ou Christiane Taubira, officiellement de gauche mais économiquement de droite ? Et que dire de François Asselineau, que l'on classe à droite mais dont le programme est plus à gauche que les convictions de n'importe quel député du PS ?
Que le PS, qui a abandonné les thématiques économiques et sociales depuis 1983, se rabatte sur le terrain sociétal pour faire mine d'avoir encore des différences avec les partis officiellement « à droite » n'a rien d'étonnant. Que des partis de gauche anti-libérale (PCF, PG...) reprennent à leur compte cette définition de la gauche, comme progressisme sociétal et « antifascisme », l'est beaucoup plus.
Avant l'élection de 2012, je prenais à la légère les insultes de bon nombre de personnes qui recevaient nos tracts ou nous répondaient sur internet : « bobos », « européistes », « mondialistes » etc... je prenais au sérieux, en revanche, la montée du Front National, la dangerosité de la vague bleue, la puanteur de la peste brune...tout comme la «  menace homophobe  », qui s'exprimait d'ores et déjà à travers ces «  réacs  » qui s'opposaient à une loi progressiste avant même qu'elle ne soit proposée à l'Assemblée.
La douche froide qu'a constitué le résultat d'avril 2012 m'a mis la puce à l'oreille et m'a poussé à prendre plus au sérieux certains propos, à ne plus considérer comme « fasciste » qui voterait FN, comme « homophobe » qui serait contre le mariage gay, etc...
J'attendais une réaction semblable de la part du PCF et du PG, des cadres et des militants. Car visiblement, le discours « antifasciste », pro-mariage gay, n'avait pas fonctionné.
Mais ces questions n'ont même pas été débattues !
« Le problème, ce n'est pas le programme, voyons ! Le mariage gay est une mesure légitime ; manifester pour le mariage gay est donc légitime ; oui, le FN constitue bel et bien un danger fasciste ; oui, la Manif pour Tous est un rassemblement de cette France qui refuse la République depuis deux siècles.
Notre discours n'est pas entendu par les classes populaires ?
Il y a plus d'ouvriers dans les Manifs pour Tous que dans les cortèges « de gauche » ?
Nos paroles n'effleurent qu'une fraction des classes moyennes-aisées en quête de sensations fortes ? Certes. Mais nous avons raison. Le problème, c'est l'électeur, pas le programme. L'ouvrier, pas l'idée. Les travailleurs, pas les projets. Puisque le mariage gay (et tout ce qui s'ensuit) est légitime, puisque les gens ne votent pas pour nous, c'est eux qui sont en tort. »
Ces conclusions semblent presque évidentes à une grande partie des Jeunes Communistes
Puisque notre programme ne touche pas le peuple, alors il faut changer...le peuple. Évident, non ?

George Orwell, dans 1984, nommait «  novlangue  » un langage bureaucratique qui cherche à exprimer le réel à travers l'idéologie du Parti. Il faisait dire à un personnage :
« Le but de la Novlangue est de restreindre les limites de la pensée. À la fin, nous rendrons toute opposition [au gouvernement] littéralement impossible, puisqu'il n'y aura plus de mots pour exprimer cette opposition ».

Ainsi, la société de castes décrite dans son roman est nommée «  socialiste  ». Celui qui propose de changer de société pour la rendre plus égalitaire devient un «  capitaliste  ». La «  liberté  » devient synonyme d' «  esclavage  » ; la « paix  » devient l'équivalent de la «  guère  » etc.... Il n'y a donc plus de mots pour exprimer les concepts de liberté, de paix, de socialisme, puisque les mots par lesquels on désigne la «  liberté  », la «  paix » ou le « socialisme » veulent dire respectivement l'esclavage, laguerre, le capitalisme.
De telles définitions mensongères et inversées sont utilisées par tous les partis, sans exceptions. Le Front de Gauche comme les autres.
Qu'est-ce qu'un «  fasciste  » ? Historiquement, c'est un anticommuniste, partisan d'une dictature anti-syndicalistetotalitaire et impérialiste.
Dans la phraséologie de certains cadres (et, hélas, jeunes et militants) du FdG, devient « fasciste » toute personne qui s'oppose au mariage gay, à « l'Europe sociale ».
Qu'est-ce qu'un «  souverainiste  » , un «  eurosceptique  » ? Quelqu'un qui pense que l'U€ est vouée à la faillite, qui conteste sa nature démocratique et sociale, qui pense que l'Euro est une monnaie néfaste aux pauvres.
Selon certains cadres du FdG, un « souverainiste » c'est, ou bien, un «  maréchaliste  », ou bien un sympathisant du FN...bref, presque un « fasciste »...
Qu'est-ce qu'un opposant au mariage gay, à la PMA, à la théorie du genre ? Un opposant au mariage gay, à la PMA, à la théorie du genre.
Selon l'un de mes camarades, pourtant, «  l'anti-mariage gay, c'est aussi plus ou moins l'anti-immigré, l'anti-arabe... ». Selon Mélenchon en personne (dans une interview donnée à Mediapart), ceux qui sont «  pour une VIème République  » sont aussi «  pour le mariage homo  »...Selon les affiches du NPA, c'est un «  réactionnaire  »... Bref, presque un «  fasciste  »...
Le fait d'être qualifié de « fasciste » à tout va, en exprimant démocratiquement et pacifiquement son opposition à des projets de lois polémiques (mariage gay, théorie du genre), ou, pire,de « rouge-brun », de « réactionnaire », lorsqu'on défend des idées de GAUCHE ou qui peuvent l'être (souveraineté nationale, sortie de l'Euro, démocratie par tirage au sort...) explique peut-être, en partie, pourquoi on retrouve tant d'anciens communistes au FN.
Ce n'est pas parler comme un « réactionnaire » que de prôner l'unité autour de mesures politiques (démocratie participative, débat autour d'une nouvelle Constitution, refus du traité de Lisbonne) et économiques (retraite à 60 ans, nationalisation des banques, des transports et des grandes entreprises, refus des délocalisations, participation ouvrière dans la répartition des bénéfices, hausse du SMIC...).
à l'évidence, les propriétaires des médias au service du système capitaliste [8] ont suivi à la lettre l'adage « diviser pour mieux régner » ; à l'évidence, ils ont lu Machiavel lorsqu'il écrivait dans le Prince  : « Les princes ont employé différents moyens pour maintenir sûrement leurs États. Quelques-uns ont désarmé leurs sujets ; quelques autres ont entretenu, dans les pays qui leur étaient soumis, la division des partis  ».
Alors qu'une majorité « de gauche » (au sens de progressisme économique et politique) aurait pu se dessiner, rien de tel qu'une question aussi embarrassante que celle du mariage gay pour effacer de vieux clivages (progressisme économique et politique vs conservatisme économique et politique) et en créer de nouveaux (progressisme sociétal vs conservatisme sociétal). Le corps électoral se trouve donc divisé en hommes et femmes :
  • de gauche économique et politique et de gauche sociétale (grosso modo, FdG) vs
  • de gauche économique et politique et de droite sociétale (grosso modo DlR / FN) vs
  • de droite économique et politique et de droite sociétale (grosso modo UMP) vs
  • de droite économique et politique et de gauche sociétale (grosso modo PS) vs

Et tant que le Front de Gauche :
  • Désignera le FN, et pas le système mafieux PS-UMP comme l'ennemi n°1,
  • Aura une attitude partisane et intolérante concernant les questions sociétales,
  • Considérera tout partisan de la sortie de l'euro et de l'Europe comme un crypto-réactionnaire,
  • Verra des « fascistes » et des « réacs » autre part que dans l'oligarchie capitaliste, ses structures de domination (le FMI, l'U€), ses armées (OTAN) et ses représentants (UMPS),
  • Jugera des idées (la démocratie par tirage au sort, la remise en cause de la version Bush du 11 septembre) d'après des rumeurs sur ceux qui les promeuvent (cf le mensonge concernant les soi-disant liens d'Etienne Chouard avec l'extrême droite) plutôt que par leur contenu propre, tant que le FdG répétera les mensonges médiatiques, se fera l'écho des thèses du PS ou appuiera le capitalisme dans sa volonté de diviser ses ennemis, il ne parviendra pas à fédérer les citoyens en quête de démocratie et de progrès sociaux.
Si le FdG restait neutre sur les questions sociétales pour mettre l'accent sur les questions économiques et politiques, il pourrait ramener le schéma ci-dessus à celui-ci :
  • Droite économique et politique (capitalisme et technocratie) vs
  • Gauche économique et politique (socialisme et démocratie)

C'est autour d'un consensus politique et économique, pas sociétal, que les Révolutions citoyennes d'Amérique latine ont eu lieu, c'est autour de ce consensus qu'un Conseil National de la Résistance, coalition à qui l'on doit notre sécurité sociale, a pu naître.
Ce qui a impliqué de renvoyer certaines questions à ce qu'elles sont : des broutilles. Pourquoi le Front de Gauche n'imite-t-il pas les partis révolutionnaires d'Amérique latine, qui font campagne sur des questions consensuelles autour du socialisme, de la souveraineté populaire et nationale ? Pourquoi n'écoute-t-il pas la réponse de Rafael Correa, président de gauche de l'Equateur, à la question : « que pensez-vous du mariage gay ? » (sur laquelle il a proposé un référendum) :
« C'est une bêtise, qui fait beaucoup de mal aux projets de gauche en Amérique latine et dans le monde. C'est loin d'être une priorité face à la lutte contre la misère et la pauvreté » [9]






[1] Ligue de Défense Juive : organisation islamophobe agissant par la violence au nom de l'extrême droite israélienne...qui pourtant la qualifie de « terroriste »).
[3] Communiqué de Martine Billard dans lequel, sous prétexte de lutte contre l'antisémitisme, interdit les militants du PG d'entretenir tout lien avec des personnes comme...Etienne Chouard : http://www.martine-billard.fr/post/2014/01/04/Tenir-des-propos-antis%C3%A9mites-ne-rel%C3%A8vent-pas-de-la-libert%C3%A9-d-expression,-c-est-un-d%C3%A9lit- !
[6] Un témoignage parmi d'autres, qui dévoile à quel point la sortie de l'euro est un sujet dangereux et tabou au FdG : 
 
Notons que cette frilosité ne touche pas seulement le Parti de Gauche mais aussi le Parti communiste français : Jacques Généreux, l'économiste du Front de Gauche, rapporte que s'il n'a pas réussi à imposer l'idée de sortie de l'euro, c'est à cause de l'opposition des cadres du Parti communiste ...lesquels ne voulaient pas se brouiller avec le PS ! 
 
[7] Sondage de CSA selon lequel les classes populaires sont majoritairement hostiles à l'adoption des enfants par les couples homosexuels : http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2013/opi20130404-les-francais-le-mariage-des-couples-homosexuels-et-l-adoption.pdf
[8] Voir le documentaire les nouveaux chiens de garde de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat à ce sujet, disponible sur internet.
[9] (http://reloaded.e-llico.com/article.htm ?le-president-correa-oppose-a-ladoption-par-des-couples-homosexuels&articleID=30918

PS. marrant aussi ce soit disant refus proclamé du racisme anti-arabe et anti-musulman qui passe par refuser à ces dernier-e-s d'être eux/elles-mêmes par eux/elles-mêmes, c'est à dire, par exemple de pouvoir s'habiller selon ses convictions, de croire en toute liberté à ce qu'ils veulent croire et de refuser la société de la convoitise (la définition bien avant mai 1968 version bobo dany est de Gyorgyi Lukacs, philosophe marxiste s'il en est) et une vision de la femme qui devrait être réduite à sa "liberté" d'être un objet moulant, aguichant par ses cuisses, sa poitrine, ses hanches, ses lèvres, ses coiffures, mais pas par ce qui se pense sous ses cheveux ni par ce que ses lèvres pourraient bien vouloir dire sur d'autres sujets que l'apparence, le look et les revues "féminines".
Et puis quand est-ce que le FDG s'attaquera-t-il au crédit et à l'usure ? Qui n'est que l'autre versant de la société atomisée de consommation et de croissance illusoire.

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