Vă rog să citiți acest text selectat de mine, în speranța că vă poate interesa. Je vous prie de lire cet article. Cu prietenie, Dan Culcer
Sursa http://www.politis.fr/articles/2016/04/les-oublies-de-tel-aviv-34583/
Les oubliés de Tel-Aviv
On compte aujourd’hui plus de
45 000 demandeurs d’asile en Israël. En janvier 2012, avec la loi
anti-infiltration, le pays fermait ses frontières avec l’Égypte,
empêchant les réfugiés africains de rentrer sur son sol. Mais depuis les
années 90, des milliers de migrants ont traversé le Sinaï égyptien.
« Welcome to Africa ! » lance Gil, notre guide israélien, lorsque nous
entrons dans les quartiers sud de Tel-Aviv. Voilà l’image que se font
une partie des Tel aviviens de ce quartier, habité en grande majorité
par des réfugiés et clandestins sub-sahariens : une petite Afrique. On
compte aujourd’hui environ 45 000 demandeurs d’asile entrés illégalement
en Israël. La majorité viennent d’Erythrée (environ 35 000) et du
Soudan. On compte également parmi eux quelques Congolais. La plupart
fuient la guerre civile ou la dictature mais seul un très petit nombre
obtient le statut de réfugiés.
« La petite Érythrée », comme ils l’appellent ici à Tel-Aviv, est
séparée du reste de la ville. Cette zone, la plus pauvre de la ville,
est laissée à l’abandon par le gouvernement israélien et par une partie
des habitants de Tel-Aviv. Une ségrégation spatiale qui irrite Oscar un
Congolais qui vit en Israël depuis vingt-deux ans : « On aimerait que
les demandeurs d’asile soient mieux répartis sur le territoire
israélien. Évidemment ils sont tous concentrés au même endroit, on a
l’impression qu’ils sont trop ! »
Une intégration quasi impossible
Depuis la loi « anti-infiltration » de janvier 2012 et la fermeture des
frontières, il est devenu presque impossible pour un réfugié d’entrer
dans le pays. Et, pour ceux qui sont arrivés avant, l’intégration est
presque impossible. Bien que la plupart des pays européens reconnaissent
aux demandeurs d’asile du Soudan et de l’Érythrée le statut de réfugiés
et qu'Israël soit l’un des premiers signataires de la Convention des
Nations unies sur le statut des réfugiés, ce dernier ne les a jamais
accueillis et refuse de leur donner un quelconque statut officiel.
Pour avoir le statut de réfugié, les demandeurs doivent attendre parfois
plus d’un an. Pendant ce laps de temps, ils jouissent d’une protection
toute relative : le visa dit de « résidence temporaire » renouvelable
tous les trois mois, qui ne les autorise pas à travailler et qui peut
être révoqué à tout moment. Ils ne reçoivent aucune aide financière de
l’État israélien. Or, pour arriver jusqu’ici, ces hommes et ces femmes
ont parfois du payer plusieurs passeurs. Ils arrivent donc en Israël
avec peu d’argent voire avec des dettes.
Se pose alors la question de l’accès au travail. « Ces gens ont faim. Et
puisqu’on ne leur donne pas de travail ils se donnent du travail
eux-mêmes », explique Oscar. Certains ouvrent par exemple une épicerie.
Épicerie qui peut fermer du jour au lendemain puisqu’elle a été ouverte
sans permis de la municipalité… D’autres travaillent au noir, en
particulier dans la restauration et l’hôtellerie. « Le salaire légal
minimum ici est de 25 shekels de l’heure (environ 6 euros). Mais
l’employeur, s’il sait que l’individu est sans papier, peut très bien
payer moins cher voire ne pas payer du tout ».
Une instabilité financière qui pousse certains de ces hommes et de ces
femmes vers le chemin de la délinquance. Mais pour Oscar, la criminalité
est avant tout le résultat de l’inaction du gouvernement : « Si on
donnait aux demandeurs d’asile un permis de travail temporaire de trois
ou six mois, une écrasante majorité d’entre eux sortirait de la
criminalité, s’énerve-t-il, pourquoi des mères célibataires se tournent
vers la prostitution ? Parce qu’elles n’ont plus le choix, elles doivent
nourrir leur famille ! »
Un statut juridique quasi inexistant
Beaucoup de migrants arrivés en Israël ont demandé le statut de réfugié
politique mais la majorité d’entre eux ne l’ont pas obtenu. Pour le
gouvernement israélien, il ne s’agit pas pour la plupart d’entre eux de
réfugiés politiques mais de migrants économiques : « Ce sont des gens
dont la motivation principale est d’améliorer leur vie », explique
Emmanuel Nahshon, porte parole du ministère des Affaires étrangères.
Pourtant, Mutassim, 29 ans, est plutôt venu ici pour sauver la sienne.
C’est pour cette raison qu’il a quitté le Darfour, théâtre depuis 2003
d’un violent conflit entre l’armée du gouvernement et des rebelles
armés. Installé depuis 2009 à Tel-Aviv, il préside aujourd’hui une ONG.
Celle -ci défend le droit des réfugiés africains à vivre dans de
meilleures conditions. « Ce sont des gens qui devaient partir de chez
eux, ils ont fuit la guerre et les génocides. Ils ont le droit de vivre
dignement en Israël, seule démocratie du Moyen-Orient », estime
Mutassim, visiblement plein d’illusions, ou excellent diplomate… Selon
Oscar, la vérification par les services israéliens des demandes d’asile,
n’est pas faite de façon honnête : « Ils identifient les individus mais
ne procèdent pas aux vérifications permettant de voir si les raisons
avancées par l’individu sont compatibles avec le statut de réfugié. On
dit qu’ils sont venus travailler. Mais si ils ne vérifient pas, comment
peuvent-ils le savoir ? »
Un manque de reconnaissance juridique qui s’étend jusqu’à la deuxième
génération d’immigrés, puisque les enfants dont l’un des deux parents
entrer illégalement en Israël n’a pas la nationalité israélienne. Un
système, jugé injuste par de nombreuses ONG, mais que le gouvernement
actuel ne compte pas modifier. « Changer la loi risquerait d’encourager
l’arrivée de nouveaux migrants, ce qui créerait des situations très
compliquées ici », explique Emmanuel Nahshon.
L’obsession des « infiltrés »
En effet, le gouvernement n’a aucun intérêt à aider les réfugiés à
s’intégrer au sein de la société israélienne. Au contraire : « Le
politicien vous vend un projet de société. Quand il n’a pas un bon
projet de société à vous vendre, alors il vous vend un produit qui
marche toujours : la xénophobie ! ». Le racisme, un credo largement
utilisé par l’actuel gouvernement de Netanyahou. En mai 2012, Miri
Regev, l’actuelle ministre de la Culture israélienne, avait d’ailleurs
comparé les migrants africains à un « cancer ».
L’élargissement de la loi « anti-infiltration » aux migrants africains,
votée cette même année, s’appliquait à l’origine uniquement aux
Palestiniens. Le but affiché ? Protéger le territoire israélien des
possibles attaques terroristes. Aujourd’hui, le mot infiltré s’applique à
deux réalités différentes : les « terroristes » palestiniens et les
réfugiés africains. Le but du gouvernement est donc de susciter un
climat de méfiance, de créer la peur de l’autre : « Quand tu ignores
tout de moi tu peux facilement penser que je suis un bandit. Mais si tu
me connais tu te diras, mais non c’est pas un bandit c’est un étudiant
de mon université ou c’est mon voisin ! », commente Oscar.
C’est dans ce contexte que la société civile joue un rôle essentiel.
Puisque le gouvernement bloque l’intégration des réfugiés, ces derniers
se tournent vers des associations ou des ONG. Certaines leur permettent
d’apprendre l’hébreu pour pouvoir faire les démarches administratives du
quotidien et chercher du travail. D’autres versent des aides
financières. L’actuel projet de loi qui oblige les ONG à rendre publique
tout fonds reçu par des pays étrangers, a, entre autre, pour but
d’entraver ce système d’aide alternatif.
Aujourd’hui, le gouvernement est en négociation avec le Rwanda et
l’Ouganda. L’idée ? Envoyer dans ces deux pays tous les réfugiés
africains actuellement sur le sol israélien. Toutes nationalités
confondues. Avec quelle contrepartie ? Le porte-parole du ministère des
Affaires étrangères n’a pas voulu répondre à cette question...
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